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Contexte du forum
Septembre 2014, Oxford - Royaume-Uni
Mon Oncle, Me voilà enfin dans la prestigieuse université d'Oxford et elle est...comme tu me l'avais dit : unique et enivrante. Nous nous tenons là tels des pantins pour satisfaire l'insatiable fierté de nos familles respectives, nous sommes officiellement l'élite de la nation, les enfants prodiges du Royaume-Uni. La concurrence et les suspicions sont telles que les réputations peuvent être faites ou détruites au cours d'une seule soirée puisque dans cette école, l'on existe que par nos vices. Nous sommes condamnés à étudier entre des murs de pierre qui sentent la dépravation pour contenter une société qui ne nous correspond plus. On nous vend l'amour pour que cette société reste correcte alors que plus personne ne sait qui il est. Dehors, les femmes sont destinées à apprendre aux hommes à aimer mais ici, elles nous apprennent à mentir et à trahir. Puis, il y a les Riot, ce club qui était le tien il y a des années, ce cercle très secret de l'université qui a fait de la débauche et de la démesure son modèle depuis trois siècles. Pendant leurs diners légendaires, ses membres se targuent sur l'hédonisme et la conviction que l'argent peut acheter quoi que ce soit. Cette congrégation n'offre pas l'adhérence à un clan ou une normalité quelconque, elle offre un avenir à des mecs capables d'envoyer chier le monde. Ce sont eux qui font bouger le campus et qui donnent un sens à cette mascarade que nous vivons et qui nous prédétermine assurément à devenir des freluquets avisés en charge des plus hautes institutions du pays. Mais, pour le moment, on goûte l'interdit d'Oxford en poussant chaque jour nos limites encore plus loin : on vit tout simplement jusqu'à l'excès…
Janvier 2016, Oxford - Royaume-Uni
Mon Oncle, Le gout de l’interdit s’est s'insinué dans mes veines les mois passant avant de devenir une continuité de mon être. Je ne parle plus, je me vends. Je ne fais plus l’amour, je baise violemment. Je ne subis plus, j’extermine. Le pouvoir rend avare, étouffe et libère. Certain matin, je ne sais plus qui je suis ; c’est à peine si je me souviens où j’étais la veille. Puis, découvrant la compagnie dans mon lit, dévêtue, me regardant dans le miroir : tout me revient en mémoire. Je suis l’élite d’une génération en chute libre, le futur brillant d’un monde terne. Je suis l’élite dont les reproches et contraintes ne touchent pas. L’Administration ne m’atteint pas. Le Doyen redouble d’effort pour nous contenir ; il y échoue violemment. Ses diners n’impressionnent personne (celui de Snell l’an dernier ou celui de cette année) ; au contraire, ils offrent le meilleur terrain de jeu. Mon Oncle, tu aurais dû le voir en Septembre dernier, à parler en vers, à l’envers. Tu aurais dû le voir hilare, drogué qu’il était. Tu aurais dû le voir se discréditer, balayant ce qu’il avait mis en place l’année précédente avec les associations et Varsities. Tu aurais dû voir, simplement. Et puis, il a voulu reprendre les choses en main ; terrible idée que de tenter de contenir le monstre. Le monstre, c’est moi. C’est eux. C’est celui qui tapi en chacun de nous. C’est celui qui a tué Balthazar, un élève de Cambridge qui a payé de sa vie son arrogance. Je veux dire, mon Oncle, il n’avait rien à faire ici ne serait-ce que semer les graines de la Discorde. En juste réponse, il a été abattu. PAN, une balle en pleine gueule avant d’être lâchement abandonné sur le sol de la maison hantée alors que toute l’Université était présente. Ça m’a choqué, de le voir comme ça. Ça m’a choqué de me rendre compte qu’il est si aisé de voir une vie … s’éteindre. Dans l’Ombre, il se murmure que c’est à cause des clubs. Des grands clubs, ceux dont tu m’as parlé. Clubs qui sont la cible d’un autre : ASTRAL. Tu les aurais vu débarquer le 28 janvier sur l’Université, c’était impressionnant. Une menace directe. Qui ne m’empêchera pas de vivre jusqu'à l'excès…
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