J’étais un vrai passionné de cheval. Et c’était bien encore la seule chose qui parvenait à me faire sortir de ma tanière. Alors j’y passais le plus clair de mon temps. Parfois je montais et d’autres non, je me contentais de flâner dans le coin. Le fait est que maintenant j’avais pas mal de connaissances dans le club et que c’était le bon endroit pour les croiser, on n’avait chacun des emplois du temps plus ou moins surchargé. Aujourd’hui j’étais là depuis le matin, j’avais monté mon hongre. On avait fait une bonne séance de dressage avant une légère balade pour détendre les muscles. Ce n’était pas un mauvais bougre, mais il était un peu revêche sur les bords. Il avait encore beaucoup de choses à apprendre, mais il était curieux comme tout et il apprenait rapidement. Ce qui n’était pas le cas de tous les chevaux. J’avais profité qu’il n’y ait pas trop de monde pour le lâcher dans le manège pendant une petite demie heure. J’aimais prendre du temps avec mon cheval, que ce soit dans des temps de soin, ou simplement dans le fait de le laisser gambader un peu en liberté. Il m’arrivait de passer parfois toute une matinée exclusivement en compagnie de mon cheval, et j’avais toujours l’impression que c’était trop peu. Mais je passais tous les jours au moins une heure. Je tenais à être régulier, il n’y à que comme cela que je pourrais être régulier. Et la complicité commençait doucement à se créer entre nous deux. Cela faisait un peu moins d’une demie-heure que j’avais terminé. Je sortais de l’écurie quand j’aperçus Finnian monter sa jument. Elle aussi était vraiment coriace. Je l’observais de loin jusqu’à ce qu’il termine sa séance. Allant ranger mes affaires, je finis par aller à son encontre.

« Salut, ça va bien et toi ? Oui, mais tu as quand même fait de sacré avancées avec elle. Y a un mois t’en étais même pas à essayer de sauter avec elle. Alors je trouve que ce n’est pas si mal que ça ! » Je souris doucement tout en flattant l’encolure de sa jument. Finnian était vraiment sympathique, et il était un bon cavalier. Il nous arrivait de monter ensemble parfois quand l’occasion se présentait. Je dois bien avouer que son physique ne me laisse pas de marbre, mais je n’ai qu’Aaron dans la tête. Et puis, je ne sais pas s’il est attiré par les hommes. J'ai tendance à penser que tout le monde est hétéro, ça évite les déceptions. « Non, je suis monté ce matin. Et vaut mieux que je laisse Estos tranquille, ce n’est pas son bon jour on va dire ! » Je hausse les épaules, tandis que je m’accoude sur la porte du box. Le regardant faire.

De toute façon, je suis d’avis qu’avec sa jument, il ne peut qu’avancer. Et personnellement je préfère les chevaux qui me donnent du fil à retordre, au moins on pouvait se sentir fier quand on parvenait à quelque chose avec eux. Mais je dois bien avouer que Kalinka était bien plus compliquée que mon cheval, le mien était juste un peu trop rebelle pour être monté par n’importe qui, pas de quoi s’inquiéter en somme. J’amusais souvent la galerie en compétition, quand mon cheval avait décidé de faire tout le contraire de ce que je lui demande. Je n’ai pas beaucoup de chute à mon compte, mais bon nombre d’éliminations. Enfin, je ne faisais pas cela pour l’argent, ni le prix, simplement pour le plaisir de participer à une compétition. Je n’avais jamais eu l’occasion de monter en compétition avec Finnian, car on n’était jamais sur les mêmes dates. Je finis par caresser l’encolure de Kalinka avant d’éclater de rire à sa question.

« Je dirais même que ce n’était pas son jour. Monsieur avait apparemment aucune envie de travailler. » J’affiche un sourire, Le regardant se mouvoir autour de sa jument. Je n’empêche pas mon regard de se promener le long de ses courbes tandis qu’il est dos à moi. Il n’y à pas à dire il est vraiment très agréable à regarder. Je souris doucement tandis qu’il fait une étreinte à sa jument avant de me décaler quand il sort du box, qu’il soit libre de refermer la porte derrière lui. Je m’appuie sur le mur opposé tandis qu’il donne une friandise à Kalinka. J’éclate de rire à sa phrase tout en secouant la tête, il avait totalement raison. Estos n’était pas mieux quand il sentait un sucre, tous les mêmes. « Ne m’en parles pas, Estos marcherait presque au pas rien que pour un sucre. On pourrait leur faire faire n’importe quoi, vraiment. »

Je finis par sortir de l’écurie quand il me demande si j’ai pris une douche. Je hausse les épaules « J’avais l’intention de la prendre chez moi, mais bon pourquoi pas ! Et comme ça si tu le souhaites, je te ramène. » Je savais que Finnian n’avait pas de moyen de locomotion, et moi j’avais une voiture, alors autant que je lui propose de revenir avec moi, ce serait plus rapide. Le suivant dans le local des douches, je finis par ôter le haut avant de balancer mon tee shirt sur une des chaises présentes.

J’ai cette drôle d’impression dans ce local, qu’avec Finnian il y a quelque chose qu’il ne me dit pas. Mais je ne peux pas le forcer à me dire ce qu’il en est. Je ne peux que lui dire et lui répéter que je resterais un ami pour lui quoiqu’il arrive. Cela me fait donc plaisir de le raccompagner chez lui, j’avais entendu parler de ce fameux accident. Et je sais que depuis cet accident, il a interdiction de conduire. Je ne sais pas le fin mot de l’histoire, mais cela me paraît gros de ne pas le voir conduire alors qu’il semble en pleine forme. Mais soit, je préfère le raccompagner moi-même plutôt que de savoir qu’il serait dans les transports en commun. Je me souciais de la sécurité de mes amis, et donc je serais ainsi plus tranquille. Commençant à retirer mes vêtements. Je me retourne tout en remarquant qu’il semblait bloquer sur mon corps. C’était furtif , rapide, mais j’avais eu cette impression. Je ne le fais pas remarquer, semblant que ça allait le mettre mal à l’aise, je n’insiste donc pas, mais cela me fait légèrement sourire. C’est toujours plaisant de savoir que l’on est regardé. Même si je ne suis pas narcissique, et que c’est de la part d’un ami. Je finis de me déshabiller pour finir en boxer et de filer sous la douche. Bon sang comme cela me faisait du bien?. C’était vraiment relaxant, c’était franchement une bonne idée de la prendre avant de rentrer. J’éteins l’eau et enroule une serviette autour de ma taille tout  en sortant et attrapant ma seconde serviette pour me frotter les cheveux. Je jette un regard à Finnian avant de sourire à ses paroles.

« C’est avec plaisir, et je peux tout à fait comprendre tes parents, mais est-ce que toi tu te sens de conduire à nouveau ? Enfin je pense que physiquement tu le peux, ce n’est que mon avis ! » Je prends mon sac pour prendre mes affaires de rechange. Je lui jette un coup d’oeil furtif, remarquant ainsi qu’il semble de nouveau me reluquer. J’ai moi-même était bien tenté de le faire. Je me redresse avant de lui sourire. « La vue te plaît ? » Je le taquine gentiment alors que je passe près de lui pour ouvrir la porte et sortir de ce local.

Je souris davantage en le voyant aussi gêné. Parce qu’il n’y avait vraiment pas lieu d’être aussi gêné de s’être fait prendre en train de me mater. C’était quand même très flatteur, je dois bien l’avouer. Surtout de la part d’un ami. Je laisse couler quand il change de sujet. Je ne veux pas le mettre plus mal à l’aise qu’il ne l’est déjà. Alors j’embraye sur un tout autre sujet : son accident. J’avais un petit doute sur le fait qu’il y avait anguille sous roche. Mais je sais que c’est un sujet sensible avec lui, alors j’y vais avec prudence. Et jamais je ne le forcerais à me dire quoique ce soit. Je me tourne face à lui avant de lui répondre.

« C’est compréhensible, puis se sont des parents, ils s’inquiètent toujours pour rien très rapidement. Peut-être que c’était un signe qu’il fallait tout leur dire. » À voir sa réaction lorsqu’il m’avoue qu’il aimait les hommes, je ne peux que lâcher un petit rire. « Ce n’est pas la chose la plus facile à avouer, j’en conviens parfaitement. Mais si tes parents t’aiment, jamais ils ne te jugeront par rapport à cela. »

J’éclate cette fois-ci franchement de rire « Héhé ... t’en fais pas tu n’as pas besoin de te justifier. Et puis, est-ce que je me plains que tu me regardes ? Tu en as le droit, c’est ... très flatteur. »

Je finis par me rapprocher de lui, gardant ce sourire mystérieux. Je ressemblais plus à un prédateur qui encercle sa proie en ce moment même. Mais ce n’est pas du tout le cas. « Et ne soit pas gêné. Même si je trouve cela mignon. » Je souris passant une de mes mains dans ses cheveux. Passant finalement à ses côtés pour aller me rhabiller entièrement. Je ne le sentais pas à l’aise, et ça finissait par commencer à me mettre mal à l’aise. Et ce serait quand même dommage que l’ambiance entre nous se dégrade pour un simple jeu de séduction. Rangeant mes affaires, je passe de nouveau à côté de lui, lui tenant la porte pour sortir. « Pas de souci, c’est avec plaisir ! » Je finis par me diriger vers ma voiture avant de la déverrouiller et de l’ouvrir en attendant qu’il grimpe. « Tu veux que je te dépose quelque part ? »

Je trouvais cela totalement adorable et vraiment touchant de savoir que je pouvais encore plaire. Parce que, oui j’en doutais. Depuis ma violente séparation d’avec Aaron, je doutais de beaucoup de choses. Mais le fait est que finnian me rassure dans le fait que je peux continuer à plaire. Même si je suis et serais toujours amoureux d’aaron. Mais je n’insiste pas car je sens que cela le met vraiment très mal à l’aise. Partant vers la voiture, le trajet se fait en silence. Ce n’est pas vraiment dérangeant mais j’aimerais bien que l’ambiance ne s’alourdisse pas trop. Grimpant dans la voiture, côté conducteur, j’attends qu’il se soit attaché pour démarrer et lui demander où l’amener. « Très bien ça me va ! Et tu n’as pas besoin de me remercier, comme je t’ai dis ça me fait plaisir, vraiment »

Je finis par reprendre la route en direction du campus. Le trajet se fait dans un silence plus léger. Les dernières paroles avait permis de détendre l’atmosphère. Laissant la radio couvrir notre silence. Je jette de furtifs regards à Finnian. Il semblait parti ailleurs. On arrive devant le campus, je me gare avant d’éteindre le moteur et de me tourner de son côté. « Nous y voilà... » Je souris légèrement avant de l’observer un peu plus. Penchant la tête sur le côté, je me mordille la lèvre inférieure, je ne peux pas ignorer qu’il est attirant. « Tu sais, tout ce que tu as dit tout à l’heure est vraiment flatteur, pas grand monde me dit ce genre de choses aujourd’hui.... »

Je n’aimais pas le silence, c’était quelque chose d’angoissant généralement pour moi. Mais étrangement, cette fois-ci je respecte son silence. J’attends simplement d’être arrivé pour le remercier de ses mots, de ses compliments. Qui ne serait pas flatté d’entendre ce genre de compliment. Et même si c’était un peu trop poussé pour de simples amis, j’avais certainement bien besoin d’entendre toutes ces choses. Je souris que davantage sous ses paroles. C’était vraiment très flatteur. Même si j’aurais vraiment beaucoup aimé que ce soit Aaron qui me dit ce genre de choses. « Ou je ne les entend pas de manière générale. Mais je vais finir par te croire finalement. » Je hausse les épaules négligemment avec un petit sourire en coin.

Il finit par sortir de la voiture. Elle avait beau être spacieuse et confortable, ça n’en reste pas moins une voiture et de toute manière on était arrivé. Je le vois cependant revenir, j’ouvre donc ma vitre pour voit ce qu’il veut me dire. J’éteins le moteur avant de me tourner vers lui, une mine interrogatrice collée à mon visage. Cependant je souris sincèrement à sa proposition avant de décrocher ma ceinture et d’attendre qu’il se recule afin que je puisse sortir de ma voiture. « Et bien avec plaisir, pourquoi pas. » Je sors de la voiture avant de la verrouiller. Je le suis en direction de sa chambre, je ne sais pas où elle se trouve. Je profite d’être légèrement derrière lui pour l’observer, il n’était vraiment pas déplaisant.

Je souris doucement, après tout je me laissais simplement porter par l’ambiance de ce moment. Je n’avais vraiment aucune arrière pensées. Mais j’étais juste un peu perdu. Depuis que j’ai perdu le seul homme qui était capable de m’aimer sincèrement et que j’aimais également d’un amour inconditionnel. Maintenant je peux totalement dire que je fais tout et n’importe quoi parce que je ne réfléchis plus. terminant de me garer, je descend de voiture avant de le suivre pour monter dans sa chambre. Rentrant dans sa chambre, je jette un regard circulaire à sa chambre avant de sourire à ses paroles. « Les joies du colloc’ ça ! C’est vrai que quand on a pas l’habitude d’être seul, la solitude peut être effrayante » Je le sais que trop bien puisque je l’ai vécu pendant de trop longues années, les plus difficiles ce sont les premiers temps où la solitude est la plus mesquine, perfide. Mais à la longue on finit par s’en faire.

J’étais plutôt heureux maintenant de le voir être plus à l’aise en ma présence, en tout cas il semblait se détendre en ma présence. Je souris en m’adossant contre le mur du salon. Croisant mes bras sur ma poitrine, je ne me détache pas de mon sourire. Il avait une certaine facilité à rougir, que ça pourrait sérieusement commencer à me gêner de le mettre autant mal à l’aise. « Si tu un jus d’orange, ça sera parfait. Ou un soda ça me va aussi, comme tu veux, ça dépend de ce que tu as dans ton frigo. » Je souris doucement avant de me déplacer vers lui. Penchant la tête sur le côté, je ne lâche pas son regard, comme si j’étais captivé, hypnotisé par sa petite personne. Son regard semblait tout aussi ancré au mien, et bon sang, ça ne faisait qu’accroître mon petit plaisir. M’approchant encore vers lui, je finis par rentrer dans son espace personnel. Ne lâchant pas son regard, je fini par poser mes mains de chaque côté de son visage avant de me pencher pour murmurer. « Je ne sais pas pour toi, mais je sens que ce soir il y a quelque chose de spécial entre nous… » Je laisse mes lèvres frôler sa mâchoire avant de me redresser pour plonger de nouveau mon regard dans le sien.

Je l’ai suivi jusque dans son appartement, chose que je n’aurais jamais dû faire. Pour la simple et bonne raison que je suis complètement perturbé ces derniers temps. J’avais revu, quelques jours auparavant, Aaron, de loin, je n’avais pas osé l’aborder. Savoir qu’il était là et rendre concret la chose, c’était quand même bien différent. et, depuis, j’étais complètement perdu, dans un état second. Ce soir je n’étais pas vraiment dans mon état normal, je n’avais pas vraiment conscience de ce que je faisais. Mais toujours est-il que je me laisse emporter par cette vague de douce chaleur. Ce soir je devais dissiper les démons d’Aaron. Je n’étais pas encore prêt à faire face à sa colère, illégitime. Je me rapproche de Finnian, sans vraiment savoir ce que je fais, j’attrape cette brique de jus d’orange, avant de la reposer sans même me servir. Glissant ensuite mes bras autour de sa taille, pour le maintenir, je l’embrasse, sans aucune douceur, sans même aucun sentiment autre qu’amicaux. Mais j’avais besoin de refouler toute cette frustration que je garde depuis des années. Rien de sentimental, je ne peux pas l’accepter, parce que je n’aime qu’un seul homme. Attirant Finnian un peu plus contre moi, je laisse mes pensées m’échapper vers le seul homme que je suis capable d’aimer : Aaron. Plaquant le corps de Finnian contre un mur, mes mains se font plus baladeuses.