à la folie

« Oxford » - elle souffle, Kali, un sourire aux lèvres, Olivia et Stuart sur les talons. « Man', t'entends ? OXFUCKINGFORD ! » - elle trébuche sur le tapis, manque de se cogner le front sur la rampe des escaliers tandis que sa mère la réprimande parce qu'aucune grossièreté n'est tolérée dans l'enceinte du loft bien loin du grand standing londonien. Les O'Keefe vivent comme la classe moyenne. Chez les O'Keefe, il n'y a que Kali qui vit comme la classe aisée, pourrie gâtée par un oncle gâteau (célibataire endurci, stérile, homosexuel non assumé, qui voit en elle la fille qu'il n'aura jamais). Chez les O'Keefe, Kali se permet parfois de péter plus haut que son popotin de prolétaire et, se permet même de se croire au dessus des règles qui régissent le bon fonctionnement de la maisonnée. Après tout, elle, c'est une Calthorpe. « William est derrière tout ça » - elle se fiche, Kali de qui est derrière tout ça, même si, elle voit clairement qu'il s'agit encore d'une démonstration de la puissance des Calthorpe. Pas un hasard,  surtout après un an déjà tiré dans une université quelconque de Londres. Sa candidature avait été refusé, l'an dernier. Qu'est-ce qui aurait changé ? Une donation importante, des retrouvailles avec un ami , autour d'un dîner, un ami qui se révélerait être bien placé dans la hiérarchie administrative de cette faculté de haut vol. « Je veux. Il faut bien que ça serve d'être la préférée de mon cher oncle ». Cher. Oh, ça, il l'est. La complicité qui les lie est parfois déroutante et quiconque les voit ensemble pense être en présence d'un père et sa fille. Parce que, Papa O'Keefe, lui, il est un peu cinglé. Un peu bizarre, qu'il n'a jamais été un modèle de père et qu'il a fini par prendre la tangente, trois ans plus tôt. Certains disent qu'il a été aperçu dans l'East London en train d'uriner sur un mur, d'autres prétendent l'avoir vu éponger des bières dans un pub près de West Ham. Elle inspire, Caroline déteste voir sa fille jubiler, déteste contempler ce que le manque de tendresse d'un père a fait d'elle, ce que ses propres choix ont crée. « Tu ferais bien d'apprendre l'humilité, Kali, j'y suis allée et figure-toi, qu'ils ne feront qu'une bouchée de toi ». Elle secoue la tête, Kali, passe une main dans les cheveux de son petit frère, tout juste âgé de six ans et qui n'a même pas eu le temps de bien connaître Patrick. Heureusement pour lui, il n'a pas eu sa malchance, ni celle d'Olivia. «  Maman, tu me connais, j'les dévorerai sans assaisonnement ». Elle l'a connait, elle sait, Caroline, que derrière cette nonchalance et cette façon de hair le monde, de le croire microscopique comparé à elle, Kali, elle a l'coeur trop tendre, trop faible. Kali, elle avale les mètres, vient déposer un baiser sur la joue de sa mère : « J'vais annoncer la nouvelle à mes potes, elles vont être vertes ces garces». Sur ce, elle s'éloigne non sans se recevoir une énième remarque de sa mère qui retourne derrière les fourneaux. Le plus dur ne sera pas de quitter cet appartement branlant, ni sa mère mais, son petit frère. Ce petit bout de chou qui squatte son lit presque tous les soirs et qui chiale toutes les larmes de son petit corps. Parfaitement conscient que les bambins qui se moquent ont fortement raison : son père est siphonné. Et, il y a de grandes chances qu'il ait effectivement été vu à s'vider la vessie sur un mur. Putain. Elle chasse la culpabilité, Kali, en se disant qu'elle va se saigner pour réussir et les sortir de là. De cette vie quelconque et pauvre. Elle se le dit et elle le fera. Calthorpe et O'Keefe, les deux, à la fois.

Zoey :42:
Bienvenue parmi nous ! :hiii: