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 Quand le hasard fait mal les choses [Pv : Daisy Hamilton]

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Daisy - Quand le hasard fait mal les choses [Pv : Daisy Hamilton] Empty
MessageSujet: Quand le hasard fait mal les choses [Pv : Daisy Hamilton]   Daisy - Quand le hasard fait mal les choses [Pv : Daisy Hamilton] EmptyDim 7 Juin - 19:45



Quand le hasard fait mal les choses


Daisy Hamilton & Lynn Forester

Un silence apaisant régnait sur la bibliothèque bodléienne. Il était presque vingt-deux heures, et la totalité des étudiants avait déjà déserté les lieux, se ruant vers le réfectoire universitaire, les résidences étudiantes, ou les excès alléchants que promettait la ville d'Oxford. Restée seule, Lynn contemplait les hauts rayonnages, emplis de livres vieux de plusieurs siècles, sur lesquels ruisselait doucement la lumière tamisée que diffusaient les lustres oscillant lentement, suspendus au plafond. Leurs tranches rouge fané, vert passé ou bleu roy portaient des inscriptions en lettres dorées, abîmées par le temps. Certaines étaient écrites en latin ou en grec. Les hautes fenêtres donnaient sur la cour de l'université, où l'agitation journalière achevait de se disperser, vu l'heure tardive. Un battant ouvert laissait par à-coups pénétrer les bruits du dehors, éclats de voix atténués par la distance ou claquements de pas rapides sur les pavés. Quand le vide s'était fait dans la cour, on pouvait même distinguer le bruissement régulier de l'eau de la fontaine, qui coulait paisiblement, immuable depuis des siècles, en plein coeur d'Oxford. Un vent printanier pénétrait par cette fenêtre ouverte et, envahissant la bibliothèque, parvenait aux narines de Lynn empreint des saveurs fruitées de la cire d'abeille, utilisée sur les rayonnages en bois et le parquet ancien de la bibliothèque. La jeune femme ferma les yeux quelques instants, heureuse de la quiétude des lieux. Elle était restée jusqu'à l'heure de fermeture de la bibliothèque, pour terminer un devoir de littérature anglaise, dernier devoir du semestre à rendre. La fin des cours approchant, la plupart des étudiants désertait la bibliothèque, n'ayant plus de travaux à faire, comme c'était le cas ce soir. Mais Lynn appréciait d'avoir ce lieu respirant l'Histoire rien qu'à elle. Le silence ne l'effrayait pas, pas plus que la solitude et, seule à son bureau au milieu des rangées de tables vides, elle se sentait à sa place, au coeur d'Oxford.

Entendant sonner la clochette, signe de fermeture, loin, très loin, à l'autre bout de la bibliothèque, elle soupira et acheva de ranger ses affaires dans son sac Chanel, avant de se diriger vers la sortie. La bibliothèque, comme à peu près tous les bâtiments d'Oxford, était truffée de passages un peu isolés et de portes en tout genre, si bien qu'elle n'eut pas à retraverser toute la bibliothèque pour sortir, et se contenta d'une petite porte coincée entre deux rayonnages, qui l'amena dans un haut couloir en pierre, descendant vers la cour, mais dans lequel les étudiants se rendaient peu souvent tant il était isolé et en retrait vis-à-vis du reste du bâtiment. Toujours perdue dans ses pensées, essayant de retrouver le sentiment d'apaisement que lui procurait quelques minutes auparavant l'odeur de cire d'abeille, Lynn regardait à peine devant elle. Elle s'engagea, en talons aiguilles dans l'escalier, les bras chargés des livres qu'elle n'avait pas pu faire entrer dans son sac. Le silence était complet dans cette partie du bâtiment, encore plus que dans la bibliothèque, la jeune femme était persuadée d'être seule. Toutefois, elle devait être vite détrompée. A un tournant un peu brusque de l'escalier en pierre, qui ne permettait pas de voir qui venait en face, elle heurta de plein fouet une silhouette qui montait le dit escalier et qui visiblement, était autant qu'elle perdue dans ses pensées. Les deux dégringolèrent sur quelques marches, lâchant les papiers et livres qu'elles tenaient respectivement à la main. Atterrie un peu plus bas, se redressant péniblement à genoux en se frottant la tête, qui avait heurté un peu durement une marche, Lynn grommela, tout en rassemblant à nouveau en pile les livres qui lui avaient échappés des mains :
"C'est pas vrai..."

Quand les livres en question furent à nouveau assemblés, elle se releva, se tournant vers l'inconnue qui avait fait de même de son côté et qui à présent la toisait, deux marches plus haut, s'apprêtant à lui faire passer l'envie de faire tomber Lynn Forester dans un escalier. Sauf que son visage, déjà glacial, ne risquait pas de s'illuminer en découvrant qui se tenait face à elle. Daisy Hamilton.
*Super...* pensa la jeune femme.

Daisy était la fille chérie du directeur d'Oxford et une des personnes que Lynn aurait le plus aimé voir loin, très loin d'elle, et si possible, se démenant dans d'atroces souffrances. Car, entre les deux femmes, le passif était lourd. Quelques années auparavant, Lynn avait découvert que Daisy était enceinte, et avait fait adopter le bébé par sa mère, pour que personne n'apprenne ce secret, qui pourrait compromettre sa situation. Arrivée à Oxford, Lynn en avait profité pour faire chanter la jeune femme, utilisant sa position de fille du directeur pour asseoir sa légitimité de fille populaire, étudiante brillante et potentielle Posh. Sauf que Daisy avait, au bout d'un an, réussi à rétablir l'équilibre. Lynn n'était pas une sainte et avait eu une relation brève et secrète avec un professeur. Le problème était que Daisy en avait obtenu une preuve, et pourrait donc l'utiliser contre Lynn, ce qui menacerait potentiellement sa carrière universitaire et sa réputation en général...  Par conséquent, les deux jeunes femmes se haïssaient cordialement, ayant conscience malgré tout qu'elles étaient dépendantes l'une de l'autre. Voilà pourquoi Daisy Hamilton était vraiment la dernière personne que Lynn avait envie de croiser après une soirée tranquille. D'autant plus qu'elles étaient dans une aile du bâtiment totalement déserte, c'est à dire seules toutes les deux, donc sans l'obligation sociale les forçant à se faire passer pour de bonnes amies quand elles étaient en public, hypocrisie pourtant moins fatigante que les piques qui risquaient de se mettre à pleuvoir.

Avec un sourire forcé qui ne trompait personne, Lynn fit un signe de tête à la jeune brune, ne s'embarrassant pas de formalités, vu qu'elles étaient sans témoin :
"Daisy... Si tu as quelque chose à dire, je t'en prie, fais le vite, je passais une assez bonne journée jusqu'à ce que je te croise. Sinon, restons en là, je me contenterais de tourner les talons en te faisant croire que je te souhaite de passer une bonne soirée."

Prête à tourner les talons et continuer sa descente de l'escalier, Lynn attendit la réaction de la jeune femme. Après tout, qui sait ? L'échange pourrait être intéressant. Ses sens étaient en éveil, à présent, la chute l'avait sortie de la douce torpeur dans laquelle elle se trouvait à la bibliothèque, et elle était prête à une petite joute, si joute il devait y avoir.

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MessageSujet: Re: Quand le hasard fait mal les choses [Pv : Daisy Hamilton]   Daisy - Quand le hasard fait mal les choses [Pv : Daisy Hamilton] EmptySam 13 Juin - 12:19

Daisy et Lynn

« Quand le hasard fait mal les choses. »


Les examens de fin d’année étaient passés, et Daisy pouvait enfin décompresser. Son nombre de soirées augmentaient au fur et à mesure que les professeurs les dispensaient de venir à leurs cours. Toutefois, elle ne sortait pas tous les soirs, et ne finissait jamais tel un déchet sur les trottoirs londoniens. Non, elle restait raisonnable, tout juste de quoi se faire bien voir aux yeux de la société, et pratiquer quelques excès avec des gens de confiance.

Après les cours, la plupart des étudiants quittent les murs de l’université pour rejoindre leurs chambres, ou les bars du centre-ville. Daisy quant à elle se rend à la bibliothèque pour emprunter des livres qu’elle rapportera à la fermeture, vers vingt-deux heures. Même si la bibliothèque du campus est calme ces derniers temps, l’étudiante préfère bouquiner dans le cloitre de Magdalen qui se situe à proximité. La chaleur ambiante enveloppe alors l’étudiante dans une bulle de confort, rassurante, apaisante. S’installant sur un banc, elle déposa les trois bouquins qu’elle comptait lire dans l’après-midi. Tous les trois portant sur son cours de Psychologie, qui malgré la fin des examens, continuait jusqu’à la clôture officielle de l’année scolaire. Tant qu’il y aurait des cours, il y aurait du travail. Autant dire que certains élèves regrettaient amèrement leur choix concernant cette matière. Pour Daisy, ce n’était pas un souci, elle adorait l’étude de la psychologie. Ils apprenaient le comportement humain, des statistiques pour comparer différentes époques, et le mode de vie. Autant de choses qui pourront toujours resservir dans le futur.

Les horaires estivaux permettent de rester dehors beaucoup plus longtemps, et bien des fois, Daisy a l’impression qu’il est 17h alors qu’en réalité il est déjà 21h. Rassemblant ses affaires, elle jeta un rapide coup d’œil à sa montre qui affichait 21h30, l’heure de se dépêcher avant que la bibliothèque ne ferme ses portes. Dans cette université, les étudiants ressemblaient tous à des moutons, des clowns, et n’essayaient même pas de découvrir les passages secrets, les raccourcis, qu’offrait Oxford. Une chance pour la demoiselle qui les connaissait tous sur le bout des doigts.  L’un deux était un escalier en colimaçon. Sans réfléchir une seule seconde, Daisy monta les marches les unes après les autres dans l’obscurité de la nuit. Arrivé mi-parcours, elle heurta quelque chose de dur, et tomba sur les marches se faisant mal à la cheville. « Merde ! » lâcha-t-elle tandis que sa main se porta instinctivement à sa cheville « les gens ne peuvent pas faire attention ?! » continua-t-elle à grommeler.

Amassant ses livres, et passant une main dans ses cheveux, elle se redressa quand elle entendit une voix familière. Une voix familière, mais pas pour autant appréciée de la jeune femme, bien au contraire ! Voilà qu’elle se retrouvait nez-à-nez avec Lynn, alors que c’était bien la dernière personne qu’elle voulait croiser à cette heure-ci. Tentant de passer son chemin en montant une marche, elle dû se tenir au mur avant de retomber. Pour ne rien arranger, Lynn lâcha une pique qui irrita au plus haut point Daisy. « Toi et ta maladresse, vous ne faites jamais les choses à moitié, à croire que c’était prémédité. »

© Chieuze

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