(inachevé) C)oeurs ravagés (Cat

L’horreur absolue de se sentir abandonnée par un être important, je pensais ne plus jamais la ressentir. Je pensais que c’était loin derrière moi, que maintenant le bonheur continuerait à remplir ma vie. J’étais probablement totalement naïf de croire cela. Que le malheur ne ferait toujours pas parti de ma vie. Je pensais que j’en avais assez traversé avec Aaron pour qu’on me fasse un tel coup bas. Je ne comprenais tout simplement pas. Serais-je maudit ? L’amour m’est-il impossible ? Qu’ai-je fait pour être constamment dans le malheur et n’avoir droit qu’à des trêves de bonheur que de quelques mois. À peine je me relève que l’on m’assène un coup fatal et que je sombre encore plus bas, j’avais l’impression à chaque fois d’atteindre le fond.

De plus ces derniers temps, je finissais passablement ivre chaque soir. Moi qui ne boit pratiquement jamais, je me sentais le besoin irrépressible de boire encore et toujours. J’avais besoin d’oublier, et la boisson était le meilleur moyen que j’ai trouvé. Oublier qu’aaron avait disparu sans aucune explication. Oublier que Catherine, avant que je ne sombre totalement dans la perdition, était tout bonnement injoignable. Elle était celle qui me tenait debout, celle qui m’empêchait de virer à l’était d’épave. Oublier également que je ne suis qu’un pantin de cette vie misérable aussi. Ne plus penser. Mais pourtant à chaque fois que l’alcool s’évaporait, toute la douleur reprenait le dessus. Encore plus dure qu’avant, plus insipide. Plus sournoise aussi. J’allais devenir fou. Je commençais même à songer à arrêter toute cette douleur. Tout cette souffrance inutile.

Pourtant je n’avais jamais eu l’état d’esprit suicidaire. Mais Aaron était ma vie, mon roc. J’avais besoin de lui pour vivre, pour respirer. Sa disparition ne fait pas que m’inquiéter. J’ai peur qu’il lui soit arrivé quelque chose alors j’harcèle les hôpitaux de toute l’état. Rien. Pas une piste. Après des semaines de recherches, l’amère constat est là : il a tout simplement disparu. Sans me laisser le moindre indice. Sans même que je ne sache pourquoi il a disparu. Volatilisé. Il a toujours été comme ça, je ne peux même pas lui en vouloir, de toute manière, j’en suis bien incapable. Je m’en veux simplement d’être bien trop dépendant de lui.

La seule personne capable de lui en vouloir pour deux voire même la terre entière, c’est ma meilleure amie. Elle n‘a jamais porté dans son coeur Aaron, pour de multiples raisons. Mais elle ne s’est jamais cachée, et ne m’a jamais empêché de refaire ma vie avec lui. Elle a toujours été là pour moi. Elle est mon âme-soeur au féminin, j’en suis convaincu. Ces dernières semaines sans de ses nouvelles a été terrible. Je n’ai pas pu m’empêcher de sombrer. Je ressemble à une vraie loque désormais. La barbe bien plus longue et pas du tout entretenue, toute mon apparence physique ressemble à un SDF. Je ne vais d’ailleurs pas tarder à avoir un nez rouge à force de boire. Le parfait alcoolique de base.

Mais elle était réapparue. Elle ne m’avait pas contacté, non. Mais j’étais passé par pur hasard, je n’avais pas ouvert depuis des semaines mon portable. Et j’avais vu cette photo qui m’avait glacé le sang, ou plutôt la légende au-dessous. Alors ni une ni deux, j’avais foncé jusqu’à chez elle. J’étais inquiet, terriblement. La savoir en danger n’arrangeait définitivement pas mon angoisse. Pas elle. J’ai trop besoin de ma meilleure amie dans ma vie pour que je la laisse également s’échapper. Arrivant en trombe devant chez elle, je ne prends pas le temps de me garer correctement, de toute manière, ça ne sert à rien. Je sors de la voiture pour aller tambouriner à sa porte. « Ouvre-moi Cat. » Je n’étais définitivement pas dans mon état normal. Deux longues gorgées de Whisky avant de sortir de la voiture y était probablement pour quelque chose.