(inachevé) Catch me if you can ~ Lex & Ash

20h, enfin. La journée de boulot était enfin terminée et j’allais enfin pouvoir rentrer chez moi et regarder ce que j’ai loupé à Oxford aujourd’hui. Mieux que la télé, mieux qu’un film de Tarantino : espionner la vie des bonnes gens d’Oxford. Ouais, j’aimais faire ça bien que ça paraisse un brin voyeur. Mais disons que je suis connectée à toutes les caméras de la ville et autant en profiter. Je ne l’utilise pas pour faire le mal et encore moins pour faire le bien. Ça me diverti de voir que ce célèbre PDG ou ce piètre boulanger trompent leurs femmes avec la voisine d’à côté ou pire : avec une amie de la pauvre cocue. Il faut dire que grâce à ces caméras, je pouvais repérer ma prochaine proie, changer d’identité, appeler Liloo et réduire à néant la gente masculine d’Oxford, tous ces connards qui ne pensent qu’à fourrer leurs queues dans le premier trou qui passe devant eux. Enfin bref, avant de rentrer chez moi et retrouver mes écrans familiers, je comptais bien manger ici tout en rangeant un peu. Je suis multifonctionnelle, c’est génial. J’appelle le resto italien du coin et commande une pizza. Dix minutes après, le livreur arrive devant la boutique. Je lui ouvre, le paie et il repart. Je pose la pizza sur le comptoir et entame la première part. Dieu que ça fait du bien de manger avec une longue journée. Je mets en route la musique et commence le ménage. Je danse, je chante, je mange et entre tout ça, je nettoie.

Une heure et demie après, la boutique est propre, à peu près, et la pizza est terminée. J’enfile ma parka parce qu’il fait froid à Oxford au mois de mars. Printemps de rien du tout ouais. Je sors, carton de pizza à la main, et ferme la porte à clé. Je jette le carton dans la première poubelle venue et marche en direction de mon duplex. Mais après quelques minutes à marcher dans la nuit et le froid de la ville déserte, je sens une présence derrière moi. Génial encore un gars qui veut faire le mariole alors que j’ai pratiqué différent arts martiaux pendant des années. Mais avant de me préparer à me battre, je saisis mon téléphone qui se trouve dans ma poche et me connecte à l’antenne téléphonie de la ville afin de savoir qui peut bien me suivre à cette heure. Enfin, je veux surtout savoir si c’est bien un homme. En quelques minutes j’ai la confirmation que c’est bien un homme. Un certain Alexander Norrington. Jamais entendu parler. Je ferais des recherches plus tard. J’ai deux options. Soit je passe en attaque directement, soit je joue la pauvre fille apeurée. J’ai envie de jouer. La deuxième option me semble meilleure pour le coup. Je respire un bon coup afin de faire apparaitre de fausses larmes dans mes yeux et ça fonctionne. Merci le froid. Puis je m’arrête et me tourne vers mon suiveur avec un air faussement apeuré et lui dis d’une voix tout aussi faussement tremblante :

« Ex… Excusez-moi ? Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ? »

Parfait, j’avais vraiment l’air de la pauvre étudiante apeurée. S'il voulait jouer, on allait jouer. Il n'allait pas être déçu.

    

Je détestais avoir cette impression d’être suivie. Enfin, je ne suis pas du tout le genre de fille à avoir peur la nuit ou à se promener avec une bombe lacrymogène dans chaque main. Je savais me battre, me défendre. Je n’ai jamais été réellement suivie mais ce soir, je savais que je l’étais. Je savais qu’il y avait quelqu’un derrière moi et ce quelqu’un n’allait pas faire long feu. En piratant rapidement son téléphone, j’ai les informations qu’il me faut sur lui. Je suis plutôt fière de moi, je dois l’avouer. Le pauvre ne sait sans doute pas à qui il a affaire. Mais il me faut une parade pour pouvoir le questionner en toute discrétion. Si ce gars en est après moi, si jamais c’est un gars d’interpole, je vais vraiment devoir me méfier et riposter. Mais son nom ne me dit rien alors si ça se trouve, c’est juste un mec un peu trop bourré qui recherche du réconfort auprès d’une fille un peu perdue. Il va être servi. J’affiche l’air d’une étudiante apeurée et effrayée lorsque je me retourne. Je fais semblant de pleurer et je fais trembler ma voix lorsque je parle. Putain je mériterais un Oscar pour une telle performance. Il se stoppe à quelques mètres de moi, décontenancé. Parfait, mon petit jeu d’actrice fonctionne à merveille. Il me répond qu’il ne me veut rien et qu’il habite juste dans le coin. Mon cul ouais. Je ne me laisserais pas berner. Je l’espionnerais ce soir ce cher Alexander. Je renifle théâtralement et j’essuie les fausses larmes avec mes manches.

« Je suis désolée, je suis assez stressée lorsque je rentre chez moi la nuit et vu que je n’ai aucun moyen de défense…»

Ma voix est faible et fluette, on dirait une adolescente. Je m’épate vraiment parfois, je dois l’avouer. Je l’observe de loin et j’en viens à lui sourire. Allez Ash, montre lui vraiment de quoi tu es capable. Je me rapproche de lui et une fois face à face, je lui tends ma main :

« Recommençons : je m’appelle Ash et je propose qu'on se tutoie »

Je lui souris encore plus, je n’ai pas l’habitude Et j’ai décidé de lui donner mon vrai prénom car je sais qu’il ne pourra rien contre moi. Il n’est pas d’Interpol, j’en suis sure. Et pas des Services Secrets non plus. Enfin qui qu’il soit, j’ai la certitude que je pourrais me défendre face à lui.

« Est-ce que tu pourrais me raccompagner jusque chez moi s’il te plait ? »

Je lui fais les yeux doux, je l’implore limite. Allez mon grand, montre-moi ton vrai visage.


    

Il me suivait, j’en étais certaine. Je ne l’ai jamais vu dans le quartier et là, il me dit qu’il habite près d’ici. Il ne faut pas me prendre pour une conne, j’en ai vu d’autres des comme lui et des meilleurs menteurs. Lui, il se noie dans son mensonge. Mais grâce à mon magnifique jeu d’actrice, j’arrive à retourner la situation à mon avantage, comme toujours. Je le déstabilise, parfait. Qui qu’il soit, il ne saura rien de moi. Il peut toujours courir. Alors je joue. Je joue l’étudiante apeurée, je suis l’étudiante sans défense. Mon dieu, s’il savait ce que j’étais. Qui j’étais. Alors je me présente, et il me répond. Je le savais déjà. Je me retiens de lever les yeux au ciel et je lui souris et lui tends ma main :

« Enchantée Alexander. »

Bien, toujours pactiser avec l’ennemi. Je suis certaine qu’il n’est pas non plus un violeur ou quoi, il n’aurait pas été si déstabiliser sinon. Il me sert alors la main et je le regarde droit dans les yeux. Il semble une fois de plus déstabilisé et il lâche ma main. Je lui souris. Putains de sourires faux. Il me demande ensuite si j’habite loin d’ici et qu’il peut me payer le taxi. Tiens donc ? Il veut déjà se débarrasser de moi ? Que c’est triste. Dommage pour lui, je n’habite pas loin. Le taxi ne servira à rien.

« Oh je te remercie mais non, je n’habite qu’à un pâté de maison d’ici, je pense qu’on peut marcher. Et puis il fait bon »

Ma voix est dynamique, limite enjouée. C’est ce qu’il faut. Il faut qu’il me fasse confiance. Qu’il rentre dans mon jeu et que je le manipule. Alors je me remets à marcher, l’invitant à marcher avec moi. Tel un gentleman, il doit me raccompagner. Question de principe. Puis je me dis qu’il faut que j’en sache plus sur lui.

« Et sinon, tu étudies je suppose ? Ou tu travailles déjà ? »

Je tourne la tête vers lui, curieuse de savoir qui il est vraiment. Bien évidemment, je vérifierais les informations histoire de vraiment savoir à quel jeu il joue. Je sais que pour l’instant il n’a pas confiance en moi mais ça va venir. Je vais le prendre dans mes filets. Il n’est pas né celui qui réussira à avoir Ash Montgomery.


    

Je le déstabilise. Je le sais, je le sens. Et puis, ça se voit. Il hésite à me serrer la main et puis une fois qu’il s’est décidé, il la retire comme s’il avait pris un coup de jus. Je ne sais pas vraiment pourquoi il me suit et surtout, pourquoi est-ce que maintenant, il n’assume plus trop. Il a pris le risque de me suivre alors maintenant, il faut qu’il assume jusqu’au bout, il n’a pas le choix de toute façon. Il ne pensait surement pas qu’il allait tomber sur une fille comme moi, qui joue la fille apeurée, sans défense, qui a peur de rentrer chez elle toute seule. Alors qu’en réalité, je pratique plusieurs arts martiaux et je saurais le mettre la terre et lui demander ce qu’il me veut en un rien de temps. Il ne sait pas à qui il a à faire. Peut-être qu’il n’avait que des suppositions à mon sujet ou alors peut-être fait-il parti d’une sous branche d’Interpol, je n’en sais rien. Mais le voir réagir ainsi, me prouve que j’ai l’avantage. Sa voix est hésitante lorsqu’il me dit qu’il est lui aussi enchanté et je lui souris. Un sourire de défi. Un sourire carnassier. Ouais, il ne sait vraiment pas dans quoi il s’est fourré.

J’ai bien envie de jouer avec lui, c’est pourquoi je refuse le taxi. Il m’intrigue et manipulatrice que je suis, j’ai vraiment envie de m’amuser. Le pauvre, il n’est pas au bout de ses peines. Il est d’accord pour me raccompagner et donc, nous commençons à marcher dans les rues d’Oxford afin de rejoindre mon appartement. Voulant parler et apprendre qui il est vraiment, je suis lui donc s’il étudie ou s’il travaille, d’une voix fluette, bien différente de ma voix normale. Je le regarde du coin de l’œil, il marche lentement, les mains dans ses poches. Puis il me répond, me disant qu’il étudie le droit et qu’il travaille en même temps dans un cabinet d’étudiant. Quelle blague. Je lui souris et … un étudiant en droit ? Sérieusement ? On me fait une blague. Il va en avoir des choses à raconter dans sa thèse, c’est moi qui vous le dit. Je lui réponds aussi :

« J’étudie l’informatique et je bosse au Games Workshop. Ouais je suis une vraie geek, on ne dirait pas comme ça hein ? »

Je ris doucement, je suis vraiment une excellente comédienne, je m’épate. Puis une question me vient à l’esprit. Je connais ce quartier par cœur et il n’y a pas de cabinet d’avocats. Mais bon il habite dans le coin, à ce qu’il m’a dit. Mais dans ce cas, pourquoi passer par cette rue alors que le bus doit surement passer non loin d’ici ? Je veux dire, le seul cabinet d’avocat se trouve à pas loin d’un kilomètre d’ici. Alors je lui demande, curieuse :

« Mais dis-moi… le seul cabinet d’avocat que je connaisse se trouve assez loin d’ici. Enfin il n’y en a pas dans ce quartier. Tu ne préfères pas prendre le bus ? »

Il faut que je découvre ce qu’il cache, c’est vital pour moi. Et je vais trouver. Rien ne m’échappe. IL, ne m'échappera pas.