(inachevé) Just need some help ~ Will & Ash

Putain ça tape dans ma tête. J’ai l’impression d’avoir trois chantiers à l’intérieur de mon crâne. C’est affreux. Je tente de me redresser mais toute ma chambre tourne et tangue autour de moi. Je me recouche mais c’est pire. Je vais gerber. Bordel non je ne peux pas. Je ne sens plus aucune partie de mon corps, j’ai l’impression de n’être qu’un chewing-gum. J’essaye de me souvenir de ma soirée d’hier, en vain. Je ne me souviens de rien du tout. Pour être honnête, je ne sais même pas comment j’ai réussi à rentrer chez moi, en vie, en un seul morceau. J’ai abusé. J’ai beaucoup trop abusé pour cette fois. Promis, j’arrête de boire. Plus jamais. Enfin, je me dis ça à chaque fois. Mais tout de même, c’est la première fois que je me retrouve dans cet état. C’est fou les dégâts que l’alcool peut faire n’empêche. Il faut quand même que je me lève, je ne vais rester toute la journée dans mon lit. Je regarde mon téléphone. Eblouie. Bordel. Je baisse la luminosité et je remarque alors qu’il est 15 heures. 15 heures putain, mais j’ai dormi combien de temps ? Je me traine alors hors de mon lit, je me guide jusqu’à ma cuisine à l’aide des murs. Une fois arrivée à la cuisine, je me vautre sur un tabouret au comptoir. C’est froid. Ça fait du bien. Puis je me prends un café. Et un autre. Et quatre autres. Cinq cafés, au moins ça réveille. J’avale ensuite deux aspirines et j’attends que ça fasse effet. Après une demi-heure passée à moitié allongée sur mon comptoir, je me lève et ô miracle ! Je tiens debout. Ça ne tourne plus. Je vais aussitôt prendre une bonne douche, je revêtis un jean noir et un sweat au couleur d’Oxford, ma paire de Converses blanches et je sors de chez moi. Besoin de prendre l’air.

Il fait plutôt bon en cet après-midi mais je ne regrette pas mon sweat. De toute façon je suis toujours à moitié un cadavre les lendemains de soirée. J’ai essayé de cacher les dégâts avec un peu de maquillage, tout de même. Je déambule dans les rues d’Oxford tel un zombie, avec ma capuche sur la tête. Je n’ai même pas pris mon téléphone. Je suis sortie sans rien. Putain je suis conne. Tant pis, je ne retourne pas. Je veux juste marcher. J’heurte quelques personnes de l’épaule et je m’excuse aussitôt. Grande première. Ça doit être la fatigue. Et le restant d’alcool et de drogue. Je tourne dans une rue où il n’y a plus beaucoup de passant et je me sens étrangement observée. Putain non, pas là. Pas alors que j’ai rien sur moi. Je jette un coup d’œil et je remarque une voiture de flics. Putain. Depuis que ce flic est sur mon dossier, on dirait bien que tous les flics d’Oxford veulent avoir une promission en trouvant une des personnalités recherchées par Interpol. Hors de question. Je ne les laisserais pas m’avoir. Sans réfléchir, je rentre dans le premier immeuble à ma portée. Heureusement, la porte était restée ouverte. Putain un immeuble de riche, encore mieux. Je deviens parano. Si ça se trouve ces flics ne faisaient qu’une patrouille. Si ça se trouve ils sont encore là. Ils me cherchent. Ils veulent m'enfermer. Merde. Alors sans plus réfléchir, je tente d’ouvrir une porte et bordel… ils ne ferment pas leur porte ici ? J’m’en fous. Je rentre, claque la porte derrière et m’adosse à celle-ci pour souffler quelques instants. Est-ce que je viens vraiment de faire une crise de panique ? Je suis minable aujourd’hui, ça ne me ressemble pas. Je relève la tête et je me retrouve face à face avec le propriétaire. Ok Ash. Sois normale. N’agis pas comme une folle échappée d’asile.

« Hm… Salut ! Désolée j’ai eu un problème dehors et … voilà »

Je ne sais pas quoi dire, je suis minable, il faut l’avouer. Je tente de sourire puis je me rends compte que j’ai encore ma capuche sur la tête et que je dois avoir l’air d’une délinquante des rues. Je l’enlève aussitôt et je regarde l’homme en face dans moi. Je ne sais même pas qui il est. Génial.


   

J’en avais déjà eu des gueules de bois. Mais la plupart du temps ça passait au bout d’une heure mais là, j’avais l’impression que ma tête allait exploser. Je voyais trouble. J’avais la bouche pâteuse et les membres engourdis. Je ne sais même pas comment j’ai réussi à sortir de chez moi sans déconner. On me dévisageait comme si j’étais un fantôme, je devais avoir le teint d’un fantôme d’ailleurs. Un zombie déambulant dans les rues d’Oxford à la recherche d’air frais. Air frais que je n’ai pas trouvé. J’en pouvais plus. Je voulais que ce mal de crâne passe. Et puis les flics sont arrivés et là, j’ai vraiment que j’allais m’effondrer. Pour la première fois de ma vie, je me suis faible et vulnérable, comme si la fin de ma cavale était arrivée, comme si le glas de ma liberté avait sonné. Il fallait que je me reprenne. Au moins un minimum. Alors c’est sans gêne, comme à mon habitude que je suis rentrée chez quelqu’un. Quelqu’un que je ne connaissais pas. Je ne mettais pratiquement pas les pieds dans ce quartier donc bon. Mais je m’en foutais. Premièrement, parce que j’avais trop mal au crâne pour m’en foutre. Deuxièmement, parce que c’était en quelque sorte vital pour moi. Je ne peux pas aller en prison. Je ne peux ni ne veux pas retourner aux Etats-Unis. Alors voilà, j’ai ouvert cette porte, prétextant ainsi habiter ici. Les flics ne m’ont pas suivi, tant mieux.

Bien vite, le propriétaire me remarque et il me fixe depuis son canapé. Bon, au moins il n’a pas de fusil pointé sur moi, c’est déjà ça. Il plaisante en me disant que la journée porte ouverte était hier et je souris doucement avant d’enlever ma capuche et de le saluer. En plus d’avoir un air de cadavre, je devais avoir la gueule d’une délinquante. Il sourit et me demande si vraiment rentrer chez un inconnu peut m’éviter les ennuis. J’ouvre légèrement la bouche, choquée que pour une fois on ose me répondre ainsi. Je fais mine de réfléchir avant de répondre :

« Mieux vaut pour moi que j’aie des ennuis avec un inconnu plutôt qu’avec les flics. T’es pas d’accord ? »

Ma voix est lente, rauque mais je me permets de lancer un petit rire. Ouais, la situation est assez ridicule après tout. Moi, dans une situation pitoyable, arrivant à peine à bouger la tête, face à un parfait inconnu, plutôt pas mal je dois le reconnaitre, qui ne prend pas peur. Non, pour lui on dirait que c’est commun que des fous rentre chez lui. C’est d’ailleurs pour ça qu’il laisse sa porte ouverte. Bien évidemment. Je délire. Je le vois alors se lever, son chat dans les mains et il s’approche de main. Putain il va me lancer son félin sur la gueule. Je le regarde à la limite effrayée puis il me demande des explications parce qu’il ne compte pas me foutre à la porte. Avec un air gentil. Je suis tombée sur un gentil. Je ne pouvais rêver mieux. Je ris doucement avant de lui dire :

« Hum…. Ça ne te dérange pas si on va s’asseoir ? Enfin je sens plus mes jambes et c’est assez long… »

Je le tutoie, je ne sais même pas pourquoi. Surement parce qu’il doit avoir mon âge. Ou alors nous n’avons pas beaucoup d’écart. Puis je me dirige vers son canapé et je m’assoie. Ah, le bonheur. Je suis vraiment sans gêne. Je m’excuserais auprès de lui quand tout ce merdier sera terminé et je lui donnerai quelque chose. Je réfléchis à ce que je vais bien pouvoir lui dire. Je ne vais certainement pas lui dire que je suis recherchée par Interpol. Je ne vais pas lui dire que ma tête est mise à prix. Je dois me contenter d’un truc banal, flou.

« Alors comment te dire… Disons que j’ai eu plusieurs différents avec les flics et là justement, une voiture me suivait. Je ne suis pas du genre à prendre peur quand je les croise mais là… sûrement que l’alcool m’a fait paniquer. Donc je suis rentrée »

J’hausse les épaules, un petit sourire aux lèvres. Ouais, ça suffisait ça. Enfin j’espère que ça lui suffira tout du moins.


   

Il faut avouer que je ne suis pas du genre parano ou peureuse. J’ai toujours su éviter les flics, les faire tourner en rond pour au final m’en sortir. Mais aujourd’hui, à cause d’une accumulation de tout, j’ai pris peur et je suis rentrée chez un inconnu. J’ai eu peur de cette voiture alors qu’au final, elle ne me suivait même pas. Mais pour la première depuis longtemps, j’ai eu peur. Peur de croupir en prison, peur de retourner aux Etats-Unis où je croupirais dans une prison pire encore, peur. J’ai juste eu peur, j’ai paniqué et je n’ai pas réfléchi, il fallait juste que je me cache quelque part. Lorsque je me retrouve dans ce loft face à cet inconnu, il me demande des explications. Normal en même temps, je viens de débarquer chez lui alors que je ne le connais pas. Je lui dis que je préfère alors avoir des ennuis avec un inconnu qu’avec un flic et, un sourire aux lèvres, il me répond qu’il est peut-être un flic. J’écarquille les yeux, place ma main sur la poignée derrière moi mais il se reprend bien vite, me disant qu’il n’est qu’un simple professeur de musique et blaguant sur le fait qu’il pourrait m’assommer avec son violoncelle mais que j’ai déjà une tête assez horrible. Cette taquinerie me décroche un sourire et je lui réponds :

« Ça me rassure alors, je pense pouvoir me défendre face à un prof de musique ayant un chat comme celui-ci »

Ouais, il n’a pas l’air trop violent ou quoique ce soit alors je pourrais me défendre si jamais l’envie de m’assommer avec son instrument lui reprenait. Enfin quoique… j’ai plus aucune force alors il pourrait bel et bien m’assommer et me laisser là. Ou dans sa cave. Ligotée. Non impossible, ce gars à une gueule d’ange, c’est carrément impossible. Il s’approche un peu plus de moi avec son matou dans un bras et je le regarde peu rassuré. Il est gros. Et je préfère les chiens aux chats. Les chats, ils sont fourbes, vicieux et je suis certaine qu’ils complotent contre les humains. Passons. Il me demande de plus amples explications et je lui demande si toute fois on peut s’asseoir. Parce que je ne sens plus mes jambes. Parce que je suis épuisée. Il acquiesce de la tête et je me dirige donc vers le canapé. Il me suit de près et s’assoit sur le fauteuil en face moi, son chat sur les genoux. Je lui explique alors que j’ai eu des problèmes avec les flics, que j’ai pris peur et donc, je suis rentrée. Il me regarde un instant sans rien dire puis il prend la parole, me disant qu’il s’attendait à plus et il plaisante sur le fait que je pourrais être une tueuse en série. Je rigole doucement puis j’ajoute, en plaisantant comme lui :

« Eh bien… en fait je n’ai tué qu’une personne, donc je ne suis pas vraiment une tueuse en série »

Je rigole doucement. Techniquement, moi, je n’ai jamais tué personne. Mais le gang, lui, a déjà tué. Plus d’une fois. J’omets ce détail. Il n’a pas besoin de savoir tout ça. Vraiment pas. Il poursuit en me demandant si ça m’arrive souvent de rentrer comme ça. Je lui souris avant de lui répondre :

« Eh bien non, c’est la première fois. Je ne suis pas du genre parano d’habitude mais là… je ne sais pas ce qu’il m’a pris. Instinct de survie je suppose. Et je suis plein de choses mais pas une voleuse. Enfin pas une petite voleuse quoi. »

Merde. J’en ai trop dit. J’espère juste qu’il n’y fera pas attention. Il se lève et je le suis du regard jusqu’à la cuisine. Le chat vient à côté de moi et je l’observe avec méfiance. Il complote lui aussi. Je le vois dans son regard. Je l’entends faire couler de l’eau puis il revient, me tendant le verre en question et je le remercie avec un sourire franc. Ce qui est rare. Il se présente alors et me demande mon prénom. Je bois une gorgée de la boisson, gorgée très agréable puis je me décide à lui répondre.

« Alors moi c’est Ash Montgomery, enchantée Will. Monsieur Rivers, ça fait trop conventionnel »

Je rigole doucement puis je rebois et termine mon verre que je pose sur la table basse devant moi. Puis je m’appuie contre le dossier du canapé et je soupire. Je suis bien là, je pourrais y dormir sans déconner. Le chat, décidément à l’aise, se décide à venir sur moi. Je le caresse avec précaution, me méfiant quand même et il ronronne. Bon, ok c’est peut-être un gentil chat. Je lève la tête vers Will et lui demande :

« Comment il s’appelle ? Je n’aime pas les chats habituellement mais lui, je pourrais bien l’aimer. »

Je lui souris et continuer et caresser le chat et appuie sa tête contre ma paume. Je pourrais apprécier ce professeur de musique au final. Il a l’air cool, pas de prise de tête, pas de morale. Je suis bien ici, je suis bien tombée.