(inachevé) Correspondance entre Angelus et Daisy

Dear Angelus,

Ces derniers mois ont été quelque peu mouvementés… Je sais qu’il est très difficile d’accepter la présence de Zacharia, notre fils, après toutes ces années et que tu m’en veux plus que je ne peux l’imaginer, mais j’aimerais que tu saches que ce secret n’était pas contre toi. Mais pour toi. Ça a toujours été pour toi, je n’ai jamais pris une décision aussi difficile que te quitter il y a sept ans de cela pour avoir notre fils. Une décision difficile, mais que je ne saurais regretter. Nous étions jeunes, fougueux, amoureux, mais certainement pas prêts à abandonner nos études et nos familles pour élever un enfant. Tu étais trop brillant, avec un avenir prometteur pour tout foutre en l’air, je sais que tu m’aurais apporté ton soutien, quitte à tout sacrifier sauf que je ne pouvais pas te laisser foirer ton avenir.

Malgré tout, tu as toujours été le seul homme à avoir réussi à attraper mon cœur, et il sera à jamais à toi. Même si la situation est vraiment un bordel sans nom, ton arrivée à Oxford ne peut être une coïncidence, je refuse de croire que le destin nous ait réunis après toutes ces années sans raison… Je t’en supplie, laisse-moi une autre chance, une chance de faire mieux.

Je suis de retour à Oxford, et Alice m’a dit que tu étais parti faire un stage en Amérique, mais si à ton retour nous pourrions avoir une discussion fait-moi signe. En attendant, je te laisse une photo de Zacharia et moi en France, espérant que l’on puisse un jour former une famille ou du moins, qu’il puisse un jour connaître son père.

Je t’embrasse,
À jamais ta Daisy.

Daisy,

Je ne peux pas dire qu'apprendre l'existence d'un fils de 10 ans ne m'a pas choqué. J'en suis encore retourné, même alors que je sors d'un stage qui m'a permis de m'éloigner et de me changer les idées. Je t'en veux en quelque sorte mais surtout je crois que j'en veux à la terre entière. On aurait pu élever notre enfant, être bien, se débrouiller. La vie n'aurait peut-être pas été si facile mais au moins nous aurions été ensemble et honnêtement c'est tout ce qui comptait. J'ai dix ans à rattraper avec un petit garçon qui peut-être, ne sait pas qui je suis. Ne sais pas comment je m'appelle. Il connaît mon prénom ?

Tout ceci est très flou dans mon esprit. Je me demande ce que j'aurais fait si je l'avais su avant. Ce que nous serions devenus. C'est étrange, j'ai l'impression de sortir d'un coma et de ne pas comprendre ce qui m'arrive.

Et sache que tu as toujours été la seule à attraper mon cœur également. Et à avoir de l'importance. Tu en as toujours d'ailleurs.

Je viens de rentrer, ce matin même. Mon retour a un léger goût amer quand je vois qu'Eden campe toujours sur ses positions.

Merci pour la photo, vous êtes très beaux... Notre fils te ressemble mais il semble avoir la forme de mon visage. Il est vraiment magnifique. J'aimerais te voir bientôt. Vous voir à tous les deux... Et peut-être comme tu le dis, former cette famille que nous aurions pu être.

A bientôt Daisy.

Dear Angelus,

Je me doute que la pilule n’a pas été facile à avaler, laissant un goût amer sur son passage … J’aurais aimé que les choses se passent plus en douceur, mais tout s’est enchainé si vite ! A peine te l’ais-je annoncé que l’Oxymoron l’a rendu public –merci Eden–, puis mon départ précipité en France, puis le tien en Amérique, nous n’avons pas vraiment eu l’opportunité d’en discuter. Tu as totalement le droit de m’en vouloir, je m’en veux moi-même de te l’avoir caché si longtemps, mais parfois tout est tellement plus simple caché. Comme si le secret arrêtait le temps, nous glissait dans une bulle protectrice. Seulement, lorsque la bulle explose, elle fait plus de mal que de bien. Je m’en rends compte. Maintenant, tout le monde va vouloir s’immiscer d’une façon ou d’une autre dans notre vie, connaître les moindres détails, et s’est exactement ce que j’essayais d’éviter pour Zacharia. Je ne veux pas qu’il subisse les pots cassés. Je ne veux pas non plus que tu souffres, mais c’est trop tard.

Je pense tout le temps à ce qu’aurait pu être notre vie, tu sais, quels genre de parents on aurait été. Est-ce qu’on se serait aimé jusqu’à la fin, ou aurions-nous fini par nous déchirer ? Aurait-on fini nos études, ou aurions-nous abandonné ? Mais ce sont des questions sans réponses, les ressasser n’aide personne…

Zacharia a déjà entendu parler de toi, évidemment, et d’une certaine manière, il te ressemble tant. Il a ta gentillesse, ta passion pour la musique, il est tellement adorable et marrant. Aucun doute, toutes ces qualités viennent de ton côté. Maintenant que mon père est au courant, il a demandé à ce que Zacharia vienne passer une partie des vacances à Oxford, mais il restera avec moi dans mon appartement. J’espère que nous pourrons enterrer la hache de guerre avant son arrivée, tu pourras enfin le rencontrer. Alice veut également le rencontrer, mais elle saura être patiente nous laissant le temps de nous retrouver tous les trois.

Je ne désire pas parler d’Eden, mais je suis heureuse de savoir que tu es rentrée de ton stage. Nous pouvons prendre un café demain, ou après-demain si tu as besoin de rattraper des heures de sommeil après ton vol ?

Je te vois bientôt,
Daisy.

Daisy,

Rien ne reste bien longtemps caché au sein d'Oxford et évidemment, notre petit secret a rapidement été découvert. Eden a abusée je sais le reconnaître et depuis, nous ne nous parlons plus. Cela regardait que deux personnes, toi et moi, pas l'université toute entière. J'aurais aimé qu'on règle ça ensemble et peut-être que cela aurait été plus simple, j'aurais rencontré notre enfant et nous aurons été tranquille. Si seulement l'Oxymoron n'avait pas tout balancé en effet. Il semblerait que cela m’aie poussé à fuir, les rumeurs et les ragots, là où j'ai toujours été effacé, du jour au lendemain je suis devenu le premier visé par les qu'en dira-t-on. Je ne supporte pas cela, tu le sais bien. Mais je ne pouvais rien faire alors je suis parti et je dois reconnaître que cela va mieux depuis mon retour, j'avais besoin de m'éloigner. Désolé, j'ai pensé un instant à te contacter pour te demander de voir Zacharia mais... Je n'ai pas osé. J'aurais du.

Je pense que nous étions trop jeunes oui. Mais amoureux. Peut-être que notre histoire aurait fonctionné, c'est tout ce que je souhaite en tout cas. Mais peut-être qu'on aurait fini par se détester. Tu m'aurais haïs de t'avoir fait un enfant. Je t'aurais détestée de m'avoir emprisonné avec un bébé. Et notre histoire aurait éclatée, c'est peut-être mieux ainsi.

Je suis heureux et touché que Zacharia sache que j'existe, que je suis son papa. Je suis également surpris de voir que tu lui a donnée un prénom que j'adore, il lui va si bien. Je viendrais le voir et je constaterais par moi même qu'il me ressemble, tout en ayant l'empreinte indélébile de sa mère. Il doit être un savant mélange de nous deux, une perfection sans limite qui est l'apothéose de notre histoire, de nous. Après tout cet enfant a été fait dans l'amour, car nous nous sommes vraiment aimés. Préviens moi lorsqu'il viendra à Oxford, si tu acceptes, j'aimerais passer une journée avec lui. Je pourrais l'emmener manger quelque part et ensuite... Je ne sais pas. Aller au zoo, au parc, lui apprendre la guitare si il aime tant la musique. J'aimerais être le père que je n'ai pas pu être. Un père présent, tout ce que mon propre géniteur n'a pas été.

Alice... Je n'ai aucune de ses nouvelles, je dois la contacter mais nul doute qu'elle sera enchantée de le rencontrer dés que nous lui donnerons notre aval.

Non, demain ce sera un plaisir. J'ai hâte de te voir, je veux te pardonner pour ce petit secret. Je comprends ce qui t'a poussé à ne rien dire. Et puis je ne veux pas, je ne peux pas t'en vouloir.

Angelus.