(inachevé) JAYDEAH ღ « Tu réapparais au moment où je commençais à faire le deuil de notre histoire.. »

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Nous avons tous une histoire à raconter. quelque chose dont il faudrait réussir à se débarrasser, pour avancer.

Aujourd’hui, comme chaque jeudi après-midi, j’allais faire les courses de la semaine au supermarché après avoir été recherchée Zoélie à l’école. Décidément, je ne pouvais vraiment pas me plaindre de cet enfant, elle était particulièrement souriante et sociable, les fois où elle boudait ou faisait la tête était rare. Certes, comme chacun, elle avait ses défauts tels que le fait d’être têtue comme une mule. Mais, je ne pouvais lui en vouloir, elle tenait ça de ses parents. C’était une petite fille vivante, un vrai petit bout en train et elle posait toujours des milliers de questions. De manière générale, ça ne me dérangeait pas, ça montrait qu’elle se posait des questions et s’intéressait à la vie. Mais, de temps à autre, quand j’ai passé une mauvaise journée au boulot ou que je suis concentrée, cette rafale de questions peut me rendre nerveuse, comme c’était le cas aujourd’hui.

Alors que nous nous baladions de rayon en rayon dans le magasin et que je cherchais désespérément le contenu de ma liste, elle ne s’arrêtait pas de parler, elle sera présentatrice télé plus tard, ça ne fait aucun doute. En tout cas, elle en aurait les qualités. « Dis, maman, la bague qui est à ton doigt, c’est Papa qui te l’a offert ? » « Non, ma puce, c'était à ma maman à moi. » « Bizarre, on dirait une bague d'amoureux. » Je ris légèrement en prenant les céréales. « Papa et toi, vous étiez mariés ? » « Non.. » Malgré les années qui avaient passées, le sujet « Jayden » était toujours un sujet assez sensible, je n’aimais pas en parler, ça me serrait toujours autant dans la poitrine mais.. Je ne pouvais pas cacher des choses ou ne pas répondre aux questions de Zoélie à ce sujet, elle était en droit de savoir, de connaitre tout ce que je pouvais lui dire sur son père. « Pourquoi ? » Je soupirais doucement avant de poser ma main sur son épaule frêle. « On était encore jeune à l’époque, on ne se connaissait pas depuis longtemps.. On pensait avoir tout notre temps. » Soudain, elle se tut, ce qui était une prouesse pour Zoé. Je savais d’avance qu’il y avait quelques choses qui n’allait pas mais je préférais attendre qu’elle m’en parle d’elle-même. Evidemment, sa question ne tarda pas à arriver. « Et, dis, maman, tu trouveras un autre amoureux un jour ? » « Oula, je ne sais pas, Zoé, je n'y pense pas pour le moment. Mais, sans doute. J'espère en tout cas. » « Et tu auras des bébés ? » « Tu m'en poses des questions. Je ne sais pas, peut-être. » Ma petite princesse se stoppa alors net et fit cette petite moue triste que je connais tant. « Qu’est ce qui se passe ? », lui dit-je d’un ton doux. « Tu vas pas m’oublier quand t’auras un autre bébé, hein ? » Je ris légèrement avant de lui ébouriffer les cheveux. « Bien sûr que non, mon cœur ! On ne peut pas oublier une petite fille comme toi, tu seras toujours le bébé d’amour de maman. » Un large sourire refit surface sur sa petite bouille et elle serra mon cou de ses petits bras avant de prendre ma main et de continuer notre chemin à travers les rayons.

Lorsque, subitement, alors que je ne m’y attendais pas, elle me lâcha hâtivement la main avant de s’écrier « Papa !!! » et de courir vers la droite. Quelques secondes plus tard, je me retournai pour voir ce qui avait bien pu lui prendre et je vis mademoiselle serrer la jambe d’un jeune homme qui devait plus ou moins avoir mon âge. Je souris légèrement et gênée, je m’approchai de cet individu qui me tournait le dos pour l’instant. Je me demandais bien ce qui avait bien pu passé dans la tête de Zoélie pour courir ainsi vers un inconnu. Certes, il est vrai que de loin, on pourrait penser qu’il s’agit de Jayden mais.. Elle sait pertinemment qu’il est décédé au combat.. Enfin..

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I just know you saved my life, you saved me. I'mma be alright, you saved me. How can I stand next to you all alone and do nothing at all? It starts in my hands, straight to my bones, head spinning when you fall. With my heart safe and sound, I stay. And my feet on the ground, I say. I've never been higher. Let the world catch fire. Living, loving, I stay. ▲ Hedley

J’avais été retenu un peu plus que prévu par le préfet d’éducation qui voulait que l’on révise ensemble certains dossiers sur les étudiants les plus difficiles. Un rôle que je prenais très à cœur, trop même, conditionné à me renseigner sur une personne et à agir en conséquences. Au final, m’occuper d’étudiants qui avaient besoin de mon aide et d’un certain recadrage n’était pas si différent et ce métier entrait dans mes cordes, bien que, si on me l’avait demandé un jour, j’aurais ri au nez de la figure de la personne qui m’aurait dit que je finirais à l’université d’Oxford avec ce titre.

J’allais filer droit vers mon appartement quand je me souvins que mon frigo était tristement vide et que, bien sûr, mon estomac crierait famine d’ici quelques heures. Un coup d’œil à ma montre pour vérifier l’avancée de la journée avant de me diriger vers le supermarché. Je m’emparai d’un cadi et au fil des allées, le remplis de tas de choses différentes, utiles comme inutiles, chips se mélangeant aux salades, sans oublier ma fidèle bouteille de bourbon. Alors que j’attrapais la boite de raviolis en haut de l’étagère, je sentis un petit choc à ma jambe. Je baissai le regard et découvris une petite fille aux yeux perlés, agrippée à celle-ci. Je souris, amusé de la situation avant de me retourner, à la recherche de potentiels parents de la petite. Au même moment que son visage entra en ligne de mire de mon regard, son odeur si fraiche, fruitée et florale à la fois. Des milliers de souvenirs me revinrent à l’esprit. « Leah… » laissais-je échapper en un soupir de stupéfaction. Je manquai même d’en faire tomber la boite que j’avais en main. Oui, je voulais la retrouver, mais pas ici. Pas comme ça. Mon regard se riva à nouveau sur l’enfant. Elle avait ses traits. Elle tout craché. Pas de doute, s’était sa fille. Ce que je redoutais le plus venait de se confirmer : elle avait refait sa vie. Pire, elle avait carrément fondé une famille. Je me sentais désemparé, vidé de tout espoir et de toute énergie. L’idée que je m’étais faite de nos retrouvailles s’étaient évanouies en un éclair. Je ne pouvais pas revenir comme ça et m’immiscer dans sa vie, la faire revenir en arrière. Elle avait avancé, et je m’étais juré de na pas lui en vouloir pour ça.

Des tas d’envies et de sentiments entraient en moi, mais je leur faisais violence. J’avais envie de la prendre dans mes bras, de la serrer, d’humeur ses cheveux, de sentir sa chair sous mes doigts, de l’embrasser, comme au premier jour. Mais rien de ceci ne pouvait se faire. Je ravalai une boule de salive tout en refoulant mes pulsions. « Elle est aussi belle que toi … » dis-je en reposant les yeux sur la fillette qui était restée agrippée à moi tout ce temps.

Je m’étais imaginé nos retrouvailles à de nombreuses reprises, mais jamais ce scénario ne m’était venu à l’esprit. J’étais totalement désemparé. Dans l’idéal, je serais allé la trouver moi-même et aurais engagé la conversation de manière plus « normale ». Là, tout semblait si confus et chaotique à la fois. Je n’arrivais même pas à garder mon attention sur son beau visage, dont je n’avais oublié aucun trait. La discussion que j’engageais était vide de sens, complètement surréaliste. « J’aurais aimé venir te voir plus tôt. » et j’étais sincère, j’aurais dû me lancer, bien que l’idée m’effrayait.

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Nous avons tous une histoire à raconter. quelque chose dont il faudrait réussir à se débarrasser, pour avancer.

Ma fille avait toujours été très sociable, elle aimait le contact humain et pouvait émerveiller parfois la journée des personnes qu’elle croisait par un simple sourire. Sa réaction ne me surpris donc qu’à moitié mais, par contre, ce qui m’avait interloqué, c’était son « Papa » qui semblait être sorti si naturellement. M’avançant doucement vers les deux silhouettes, j’aperçu ma fille me pointer du doigt alors que le jeune inconnu se retournait. Mon cœur ne fit qu’un bond lorsque je pus enfin voir le visage du jeune homme en question, visage que j’aurais reconnu entre des millions, celui de l’homme dont j’étais tombée amoureuse il y a des années de cela : Jayden.

A ce moment précis, des millions de questions firent irruption dans ma tête : il n’était donc pas mort ? Pourquoi avoir arrêté de m’écrire si tel était le cas ? Que faisait-il ici ? Même l’hypothèse du frère jumeau caché me passa par la tête, c’est pour dire.. Depuis que ses yeux avaient croisé les miens, aucun son n’était sorti de nos bouches, nous étions comme paralysés. Plus rien n’existait autour de nous, j’en avais même presque oublié la présence de ma fille, de notre fille. Comment allait-elle réagir ? Comment allait-il réagir ? Je sentais renaître cette émotion violente que je n’avais plus ressenti depuis tellement longtemps, ce nœud au creux de l’estomac qu’aucun autre homme n’était parvenu à me procurer. J’avais à la fois envie de lui sauter dans les bras, de l’embrasser, de rattraper le temps perdu et, d’un autre côté, un puissant besoin d’explications, de crises de colère et de coups qu’il ne sentirait évidemment pas. Mais.. Au lieu de tout ça, je restais figée devant lui, attendant qu’il réagisse, qu’il prenne la fuite ou me serre contre lui..
« Leah ? », cette fois, c’était une évidence, ça ne pouvait être que lui. Sa voix à la fois virile et mielleuse m’emplit de nostalgie alors que je sentais les larmes me monter aux yeux. Des milliers d’émotions me submergeaient.. Je portais rapidement mon regard sur ma fille qui m’observait d’un air accusateur. « Je ne pensais pas te revoir.. », dis-je lentement en remportant mon attention sur Jayden. J’aurais voulu dire autre chose, quelque chose qui aurait exprimé ce mélange d’amour intense et de rancœur violente que je ressentais en ce moment mais, ce sont les seuls mots qui avaient réussi à sortir de ma bouche. Et croyez-moi, c’était déjà un effort immense.

« Elle est aussi belle que toi … » Je ne pus m’empêcher de sourire face à ce compliment de sa part. Il était le seul auprès duquel je me sentais belle, le seul auprès duquel les mots qu’ils venaient de prononcer prenait un sens.. Elle me ressemble, c’est vrai. Mais elle lui ressemble encore plus. C’est l’impression que j’ai en tout cas, sans doute parce que durant toutes ces années, elle a été l’unique chose qui me rattachait encore à lui. Je n’ai pas arrêté de le voir en elle.. Lorsqu’elle se met en colère, qu’elle mange de la glace ou qu’elle me sourit avec tendresse, c’est son père tout craché. De nouveau, les mots restaient coincés dans ma gorge. Que voulez-vous dire à l’homme de votre vie après tant d’années sans le voir ? Trop de choses à dire.. C’était sans doute ça le problème. « J’aurais aimé venir te voir plus tôt. » Ces paroles pourtant sans aucune méchanceté me firent sortir de mes gonds. C’était un comble ça ! Il ne donnait pas de signe pendant des années et il ose venir me dire ça. « C’est pas grave, Jayden.. », je lui souris faussement avant de reprendre : « Tu n’as que 3 ans et 9 mois de retard ! »

La voix tranchante et déçue de ma fille me fit me calmer net : « Tu m’as menti, maman ! ». Elle me lança un regard noir que je ne l’avais jamais vu employer envers qui que ce soit. Je m’en voulais de la décevoir à ce point, je m’en voulais d’avoir bâti sa vie sur un mensonge mais.. Je croyais réellement à l’histoire que je lui contais. Maintenant, je ne connaissais même plus la vraie version, qu’est ce qui était arrivé à Jayden ? M’avait-il tout simplement laissé tomber ? Je fis un pas vers elle avec un regard triste. « Zoé.. » Sa réaction fut sans appel, elle se cacha derrière son père, ne m’offrant même plus un seul regard.

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Les yeux de la petite Zoé me transperçaient et me piquaient le cœur à vif. Je le voyais tellement en elle, l’imaginant aussi gracieuse que sa mère, aussi douce et aussi belle. Le genre de fille à faire fondre les cœurs plus tard. J’avais l’impression de la dévisager, d’être mal poli, mais je n’arrivais à me détacher d’elle. La même bouche si fine, des yeux profondément marron et des cils recourbés de manière à vous faire chavirer en un battement. Je m’étais imaginé père, c’est vrai. Je m’étais dit qu’un jour, je serais prêt et que de toute évidence, ce serait aux côtés de Leah. C’est même cette idée que je me faisais d’une vie de famille imaginaire qui m’avait fait tenir à certains moments. Je nous voyais dans une villa dans un quartier retiré et familial où les enfants peuvent traverser les rues sans danger et passent de jardins en jardins pour retrouver leurs copains. Je m’étais imaginé neuf mois de soutiens, d’attente et d’impatience, les discussions et parfois disputes quant à la couleur de la chambre ou encore l’école où l’enfant irait. Le métier qu’on le verrait faire plus tard, les ambitions que nous mettrions en lui, le soutient que nous lui apporterions. Et ce depuis les couches puantes en passant par les premiers pas, ensuite lui apprendre à rouler à vélo, à lire, à écrire, à calculer, et puis très vite à conduire. Cet idéal que je m’étais construit à l’intérieur de mon esprit, je m’y perdais parfois, pensant que l’enfer dans lequel j’étais vraiment n’était en réalité qu’un rêve et que la vie que je rêvais était la réalité. Voir Leah et sa petite fille me fit vite redescendre sur terre.

La réalité, elle était là, face à moi. Leah avait refait sa vie. Intérieurement, je me répétais la promesse que je m’étais faite. Pourtant, j’avais envie d’exploser. Pourquoi ne m’avait-elle pas attendu ? En plus, à en juger par la taille du petit bout, elle n’avait pas perdu de temps pour faire un enfant avec ce nouvel homme. Le connaissait-elle déjà du temps où nous étions ensemble ? Prévoyait-elle de me quitter à l’époque ? Ma disparition tombant « bien » pour le coup ? Et puis d’un autre côté, je l’avais enfin retrouvée. Elle était là, devant moi. J’avais envie de la serrer dans mes bras, de lui dire que tout allait bien et que tout allait être comme avant. Mensonge. Rien ne pouvait plus être comme avant, même si Zoé n’était pas là. J’avais vécu beaucoup trop de choses pendant quatre ans, et à l’évidence, elle aussi. « C’est pas grave, Jayden.. Tu n’as que 3 ans et 9 mois de retard ! » Je la regardai, incrédule. Comment pouvait-elle penser ça ? Le souffle coupé, je ne savais pas quoi répondre. Pensait-elle vraiment que j’avais pu l’abandonner comme ça ? Et surtout oser me pointer de la sorte après tant d’années, comme une fleur ?

« Leah, ce n’est de toute évidence ni le lieu ni le moment d’en discuter … » répondis-je, tout en désignant Zoé du coin de l’œil. La petite n’avait rien à faire dans cette histoire. « Tu m’as menti, maman ! » Cette dernière adoptait d’ailleurs un comportement étrange, se cachant derrière mes jambes. Ou peut-être étais-ce normal ? Moi et mon manque de tact avec les enfants. Impossible pour moi de savoir quel comportement pourrait être normal ou non. Peut-être étais-ce dans son caractère d’agir comme ça, et donnerait du fil à retordre à sa mère. Je m’abaissai pour me mettre au niveau de la petite fille. « Zoé, et si tu retournais aux côtés de ta maman ? Je pense que vous avez des courses à finir. »[/color] lui dis-je sur un ton calme et rassurant. Contre toute attente, la petite me sauta au cou et me serra fort. Je levai le regard vers Leah. « Je ne me défile pas, il faut que l’on ait cette discussion, c’est certain, mais pas ici. » J’attrapai Zoé dans mes bras, me levai et la tendit à sa mère. « Tu n’auras qu’à me dire quand tu es libre. » dis-je avec regret. J’aurais voulu que notre rencontre se fasse autrement.

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