(terminé) Les voies du Seigneur sont impénétrables

Les deux anciens amants.

Nous sommes dimanche matin, il est tot le soleil se lève à peine. Pourtant Angelus est déjà debout, dans son petit apparemment d'Oxford, il termine d'enfiler son jogging. Seulement le bas, il n'aime pas courir avec un tee-shirt. Son MP4 sur les oreilles il dévale les escaliers avant d'arriver dans sa rue. Là il court, il est quasiment seul sauf quelques fêtards tardifs qui rentrent à peine chez eux. Lentement son torse se couvre d'une transpiration fraîche, son souffle est court, il presse le pas. Il ne sait pas pendant combien de temps il court, mais cela li fait du bien. Les écouteurs dans ses oreilles crachent un bon vieux rock Français, Noir Désir pour les connaisseurs. En murmurant les paroles de Un homme pressé il arrive jusqu'à un petit bistrot ouvert toutes les nuits, non stop. Là il s'achète deux muffins aux myrtilles, une bouteille de jus d'orange et déguste le tout en revenant chez lui à pied.

Une fois dans son appartement, il jette la bouteille vide et les deux emballages de muffin et file sous la douche pour effacer les dernières traces de sa course. En jetant un coup d’œil à l'horloge pendu dans sa salle de bain, il s'habille sobrement d'un pantalon de costard noir, d'une chemise blanche et d'une veste noire également. Comme tous les dimanches matins, il va à la messe. C'est une habitude qu'il tient de ses parents et ensuite de Mira, sa mère adoptive. Elle l’emmenait à la messe, ils sont allé en pèlerinage au Vatican. Elle a fait de lui un bon catholique qui suit les préceptes de sa religion, sans pour autant s’empêcher de vivre. Angelus ne se pose pas de limite si ce n'est pas de drogue, c'est le minimum. Enfin il sort de chez lui et marche jusqu'à une petite chapelle qu'il rejoint plusieurs fois par semaine. C'est un lieu calme et incroyablement serein. En arrivant il fait un bref signe de tête aux bonnes sœurs présentes. L'une d'elle lui adresse un sourire, sans doute étonnée de voir tous les dimanches un jeune homme venir à la messe.

Il entre dans la chapelle, plonge son index et son majeur droit dans le bénitier à disposition. Enfin il fait le signe de croix, silencieusement. Quelques personnes sont déjà là. Comme toujours il prend place au fond, sur un des bancs les plus reculés. Il joint ses mains, ferme les yeux et prononce quelques mots. « Pater noster, qui es in coelis... » Mais avant de poursuivre sans prière en latin, son attention est attirée par des bruits de pas tout proche de lui. Des talons claquent au sol, sur les dalles en pierre de la chapelle. Lentement il tourne la tête et ouvre les yeux. Son regard reste perdu une seconde, est-ce une intervention divine, une création de son esprit fatigué ? Non c'est elle.

Angelus & Daisy.

C’était les vacances et pourtant, Daisy devait rester au sein de l’université le temps des Varsities. La plupart des élèves sont convaincus que c’est son père, le Doyen de l’université, qui l’ait poussé à s’inscrire, mais que nenni. Daisy est une jeune femme intelligente, elle est capable de s’inscrire sans qu’on lui force la main. Quoi qu’il en soit, elle participait à deux épreuves lors des pré-sélections ; une épreuve sportive, et une épreuve d’intelligence. Bien que la demoiselle soit confiante quant aux résultats, elle était tout de même stresser. Après tout, elle avait une foi inébranlable en ses capacités, mais qui lui garantit que son adversaire ne sera pas un surdoué, un sportif professionnel ?

Hier soir, Daisy est sortie boire un verre, et à amasser quelques informations sur son adversaire de la semaine, Niall Fitzgerald. D’après ces amies cambridgienne, c’est un vrai coureur de jupons. Daisy a eu du mal à comprendre pourquoi les étudiantes qu’elle a croisé étaient si fières de lui révéler cette information. La fidélité n’est-elle plus un principe fondamental ? Le mariage à l’Église n’est-elle plus important aux yeux de la nouvelle génération ? Probablement préfèrent-ils simplement signer un simple bout de papier à la mairie sans aucune réelle signification. Certes, d’un point de vue juridique, c’est le contrat qui prévaut, mais quand est-il de la loi du cœur ? Sur ces belles pensées, la fille du Doyen se préparait pour la messe quotidienne. La damoiselle est loin d’être une habituée, mais ces derniers temps, elle avait besoin de chance. Peut-être que le tout-puissant pourrait lui en fournir si Daisy devenait une fidèle servante ? Ou peut-être que le fait d’y croire l’aiderait. Après tout, personne ne sait exactement comment la foi fonctionne.

Tandis que l’étudiante terminait de se préparer, elle jeta un rapide coup d’œil dans son miroir plein pied qui trônait fièrement au sein de son appartement. Elle paraissait aussi douce que le jour, aussi innocente qu’une enfant. C’était parfait. Daisy s’était munie d’une petite robe blanche, avec des fleurs brodées. Ces manches, trois quarts, et le décolleté dans le dos, donnaient du caché au vêtement. Pour compléter sa tenue, et comme la demoiselle était de taille moyenne, elle se munit d’une paire d’escarpins. Une petite touche de rouge à lèvres rosés, très frais pour la saison, elle quitta la résidence Abraham, celle dédiée aux seconds cycles.

Une fois aux alentours de la chapelle Bartlemas, Daisy cru reconnaitre un homme. Un homme de son passé, un homme qu’elle eut aimé par le passé. Probablement, un homme dont elle est toujours secrètement amoureuse. Si vous lui poser la question, la demoiselle vous répondra probablement de vous mêler de vos affaires, même si son cul est certainement plus intéressant que le vôtre. Regardant l’étudiant en costard entrer dans l’église, Daisy enleva ses lunettes de soleil, puis entra à son tour. La demoiselle connaissait les coutumes, elle trempa donc son majeur ainsi que son index dans l’eau bénite avant d’effectuer un signe de croix dans les règles de l’art en chuchotant « au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit ». Par la suite, elle vint se placer directement à côté du mystérieux jeune homme. Après toutes ses années, Daisy ne s’était pas trompée, c’était bel et bien Angelus Debussy. Un fin sourire vint se glisser sur ses lèvres, tandis que son regard parcourait déjà le corps du séduisant étalon assis à ses côtés. La messe allait être forte intéressante aujourd’hui, si Daisy en captait seulement les prémices. Son esprit étant déjà bien loin de la cérémonie.

Après quelques secondes, la fille du Doyen se décida à entamer la conversation, tout en chuchotant. « Bonjour Angelus, quelle surprise. Un cadeau de Dieu ? Je suis ravie de te retrouver après toutes ses années » dit-elle simplement en lui touchant légèrement la main.

Les deux anciens amants.

Devant lui le prêtre commence à prononcer quelques mots en latin. Un latin impeccable où percent un accent Anglais très prononcé. Il comprend chaque mot que prononce l'homme d'église tout simplement car il parle le latin et l'araméen, la langue du Christ. En étudiant la théologie, il ne peut en être autrement surtout si il veut comprendre les sujets qu'il étudie en classe. Mais son attention est ailleurs, totalement ailleurs. Une jeune fille du nom de Daisy Hamilton prend place juste à ses côtés. Elle fait partie de son passé qu'il pensait disparu à jamais. Il n'aurait jamais pensé la revoir, pas elle. Et certainement pas dans une église. D'après ses souvenirs elle n'est pas très croyante, enfin pas assez pour venir à la messe du dimanche matin.

Il termine sa prière avant de se lever, sous ordre du prêtre. Rapidement il la regarde du coin de l’œil et lui adresse un petit sourire. « Bonjour Angelus, quelle surprise. Un cadeau de Dieu ? Je suis ravie de te retrouver après toutes ses années » Lui dit-elle alors qu'il laisse son regard glisser sur les quelques personnes présentes. Il sent également la main de la belle frôler la sienne, un frisson remonte le long de son échine, il ferme plus fort les yeux afin de contenir cette envie de se tourner vers elle. « Oui un cadeau de dieu sûrement. Je suis également enchanté de te voir. » Lui répond l'étudiant avant de se rasseoir, pour que la messe reprenne. Il n'écoute pas vraiment, son attention est totalement portée sur Daisy à ses côtés. Il aurait tant de chose a dire, trop de chose à lui demander même.

Mais en entendant les deux étudiants parler, même discrètement, quelques personnes se tournent vers eux avec un regard agacé. Il leur jette un sourire narquois, tête à claque comme il sait si bien le faire. Enfin il se rapproche d'elle jusqu'à être totalement collée à la belle. Afin d'être plus tranquille et qu'elle seule entende ce qu'il va lui dire. « En qu'elle honneur je peux croiser la belle Daisy dans cette chapelle, un dimanche matin ? » Lui demande Angelus avec un sourire amusé. Ça fait des années qu'il ne l'a pas revue, il ne pensait jamais revoir la seule femme de sa vie. Car avec Daisy même si l'histoire fut brève, il en était véritablement tombé amoureux. Mais ne sachant comment la garder et s'accrocher à elle, il l'a lâchement laissée s'enfuir et s'éloigner de jour en jour. Il ne sait pour quel motif elle c'est éloignée de lui, ils étaient pourtant bien ensemble. Ils ont passés quelques semaines de bonheur pur et brut, véritable. Il c'est réellement senti bien avec elle.

« Je suis heureux que tu sois là. » Lui avoue Angelus, sincèrement. Il ne sait pas exactement quoi dire alors pendant quelques minutes il écoute la messe, sagement. « Que deviens-tu ? » Lui demande le beau brun en tournant un regard interrogatif vers la belle. Il la détaille, elle semble ne pas avoir changée. Physiquement du moins, il ne peut pas dire si elle est toujours la jeune fille naïve et innocente qu'elle était à l'époque. Elle semble plus sure d'elle, comme si quelque chose c'était passé dans sa vie, et l'avait changée à jamais. Il faut avouer que lui même est un autre homme, la vie n'a pas été toujours douce avec lui.

Angelus & Daisy.

Daisy ne faisait pas partie du Newman society contrairement à son cousin. Elle n’était pas très croyante, mais dans de rares occasions la demoiselle ressentait le besoin de se recueillir auprès d’une force supérieure. Une force qui pourrait l’aider de sa main bénie, un père qui prendrait soin d’elle sans qu’elle ne le sache. C’est ainsi, que la veille des Varsities, elle vint prier à la chapelle du campus, la chapelle hantée. La fille du Doyen voulait mettre toutes les chances de son côté. Quand elle reconnut Angel, Daisy prit cette coïncidence pour un signe du destin. Elle devait s’y rendre.

La messe débuta, et le prêtre se mit à parler dans un langage ancien. La jeune femme comprit quelques passages, mais tout comme Dieu, le reste du récit demeurait un mystère. Angel était concentré sur la messe, aucun doute sur le fait qu’il comprenne le sermon de A à Z étant donné que ces langues font partie de ces connaissances personnelles, de ses études. Daisy ne réussit pas attendre la fin de la messe, et à la première pause venue, alors qu’ils étaient censés prier, Daisy prit la parole, dans un chuchotement. Angel lui confirme que c’est un signe de Dieu, que ces retrouvailles n’étaient pas au programme, mais qu’il était tout de même ravi de la revoir. Tandis que les deux jeunes gens se rassirent pour que le prêtre puisse reprendre la messe, Daisy sourit. Au fond, elle était heureuse que le jeune homme ne lui demande pas tout simplement de partir, comme elle l’a fait des années plus tôt. Peut-être pourraient-ils repartir sur de bonnes bases ? Ou peut-être pas, la fille du Doyen le saurait bien assez tôt.

Tandis que certaines personnes se retournent pour les dévisager, Daisy ne peut s’empêcher de leur faire son sempiternel regard, celui qui veut dire « Qu’est-ce que tu veux toi ? Baisse les yeux. » Certes, les pèlerins sont censés garder le silence durant la messe, mais ce n’est pas comme s’ils hurlaient du premier rang. Tout est relatif. Soudainement, Angel se rapproche de la belle, leurs deux corps étant collés l’un à l’autre de sorte à ce qu’ils forment une bulle. Une bulle où ils pourraient chuchoter d’une oreille à l’autre sans que personne ne les entendent. « Ce n’est pas un lieu auquel je suis habituée, c’est bien vrai. J’espérais recevoir de l’aide du tout-puissant pour mes épreuves de la semaine. Histoire de mettre toutes les chances de mon côté, mais je préfère de loin le cadeau qu’il m’a fait en ce jour. » Son regard restait invariablement fixé sur l’autel, mais c’était difficile de ne pas céder à la tentation de le fixer droit dans les yeux. Il avait de si beaux yeux bleus, avaient-ils changé ses huit dernières années ?

Le fait qu’il lui avoue qu’il est heureux qu’elle soit là, en cet instant, lui insuffle du rouge aux joues. Pendant quelques minutes, seule la voix du prêtre résonne au sein de l’édifice. Puis, il lui demande ce qu’elle est devenue, tout en osant pour la première fois lui jeter un regard interrogateur. Daisy tourna alors légèrement la tête afin de regarder ces deux grands yeux bleus, ceux qu’elle affectionnait tant à l’époque. « Bien des choses ont changé ses huit dernières années, pourtant, je me sens redevenir la jeune et naïve Daisy à tes côtés. C’est étrange. En réalité, je suis capitaine du club d’escrime, et j’ai d’ailleurs gagné les Jeux olympiques l’an dernier. Je suis également co-capitaine du club d’équitation avec ta cousine. Pour mon père, je dois rester Major ce qui n’est pas toujours évident avec mon double cursus. À l’occasion, je fais quelques séances shootings pour de grandes marques. Niveau sentimental, personne n’a su faire chavirer mon cœur. » Était-ce ce qu’il voulait savoir ? Où désirait-il des informations plus personnelles ? D’un point de vue technique, Daisy avait fait rapidement le tour. Sa curiosité l’emportant, elle ne put s’empêcher de lui retourner sa question. « Et toi, que deviens-tu ? Ça fait longtemps que tu étudies à Oxford ? »

Les deux anciens amants.

Il se permet de lui demander les raisons de sa présence ici, en ces lieux peu commun et inhabituel. Daisy n'a jamais été vraiment croyante, elle croit en elle même et ce n'est déjà pas mal. Disons à l'époque elle ne croyait pas vraiment, il ne sait pas si cela à changé avec le temps. Apparemment oui sinon il ne l'aurait jamais croisé en ce lieu. Elle lui dit qu'elle vient prier afin d'avoir de la chance dans les épreuves à venir, elle parle sans doute des Varsities. La connaissant, elle doit être inscrite dans les épreuves, de toute façon elle doit représenter son école ainsi que son statut important dans celle-ci, il ne pouvait en être autrement. Lui même adresse une petite prière afin que Oxford gagne les épreuves, sinon les élèves de Cambridge seront imbuvables jusqu’au Varsities suivant. Et il n'est pas prêt de supporter les humeurs de ses rivaux de toujours. Une rivalité puissante et violente oppose depuis toujours les deux universités, Oxford dépassant Cambridge de plusieurs points. Ces derniers n'ont jamais accepté la deuxième place de la meilleure université du pays, après Oxford évidemment. Alors depuis la nuit des temps, ils se tirent mutuellement dans les pattes et ça ne changera pas cette année. Lorsque les élèves se retrouvent face à face, il n'est pas rare qu'une bagarre éclate.

L'une des dernières bagarres opposait plusieurs élèves dans un bar, il y a eu plusieurs blessées mais heureusement pas de mort. Angelus était dans la bagarre, il en garde une belle cicatrice à l'arrière de la tête, reste d'une bouteille de bière qu'on lui a explosé sur le crane. Rapidement il se rapproche d'elle pour se soustraire aux regards agacés des gens autours d'eux, mais aussi pour qu'elle soit la seule à attendre ce qu'il va lui dire. Ainsi personne ne pourra leur faire remarquer qu'ils perturbent encore la messe. Il lui demande ce qu'elle devient, enfin elle le regarde bien en face. Il est frappé par sa beauté, ayant quelque peu oublié la femme si spéciale que Daisy représente. Il plonge son regard océan dans les yeux vert/bleuté de la belle, admirant son charme. Elle est tellement plus sure d'elle, plus que la dernière fois qu'il ne l'a vu. Elle semble écraser le monde dans la paume de sa main, comme si la terre entière lui appartenait. Sa force explose au visage de Angelus. Il la trouve... Sexy. Plus sexy que n'importe qu'elle femme qu'il a pu côtoyer dans sa vie.

Il retient que personne n'a jamais fait craquer la belle encore, ainsi la place est libre. Tout comme il note dans son esprit les occupations de la belle, il ira sans doute la voir dans un des clubs un jour. Elle lui retourne la question, il lui sourit avant de répondre. « Je suis à Oxford depuis longtemps, mais je ne sors pas souvent ce qui explique que nous ne nous sommes jamais croisé. Je suis également nageur dans le club d'équitation et capitaine de l'équipe de cricket. Je viens de m'inscrire dans le club d'escrime, nous aurons la chance de nous voir. Je pratiquais ce sport avant mais je n'avais jamais le temps de rejoindre le club. J'ai une maison à Londres maintenant, j'ai quitté la France et je suis basé sur Oxford pour mes études. » Il laisse ses yeux se poser sur l'autel alors que le prêtre termine sa messe, lentement. « Je suis en 7ème année d'histoire moderne et je suis un double cursus en théologie. Mes cours sont plus souple, quoi que je prépare ma maîtrise donc... Je suis plus souvent à la bibliothèque que dans les locaux d'Oxford. » Ajoute Angelus avec un haussement d'épaule. Il ne quitte plus ses livres depuis trois ans, son travail est principalement personnel depuis qu'il prépare son master. La messe se termine, il se lève avec les autres personnes présentes pour prendre l'hostie, distribué par le prêtre. Il se présente humblement devant ce dernier, glisse entre ses lèvres le morceau de pain sans levain et ensuite sort de la chapelle. Sagement il attend que Daisy revienne vers lui, chose qui ne tarde pas.

Il remarque qu'il n'a rien dit sur sa propre vie sentimentale, mais il choisit d'oublier ce détail volontairement, pour voir la réaction future de la belle. « Ça fait longtemps nous deux... Veux-tu prendre un café ? Aller quelque part. Seulement si tu désires discuter, sinon je comprendrais. » Toujours gentleman, toujours à disposition de l'autre. Autour d'eux le silence se fait, les fidèles rentrent chez eux. Angelus regarde la belle, les fantômes du passé refont surface, c'était il y a tellement longtemps.

Angelus & Daisy.

La concurrence entre Oxford et Cambridge a toujours été de mise, depuis la nuit des temps. Pourtant, c’est un combat que les deux écoles semblent apprécier. Dès qu’ils en ont l’occasion, les étudiants s’amusent à casser du sucre sur le dos des élèves du camp adverse. En ce moment, une dénommée Breeony est dans le collimateur de Daisy. La raison ? Elle est probablement jalouse, envieuse, de la fille du Doyen. Sinon, pourquoi irait-elle exhiber mensonge sur mensonge afin de ruiner la réputation de la belle ? Dire qu’Oxford est obligé de les accueillir, de rester respectueux –dans la mesure du possible– et quand retour, ils se permettent de telles extravagances. Scandaleux. Malgré ces prises de bec, Daisy connaissait un moyen efficace de leur faire mordre la poussière, à ces étudiants. Gagner. Gagner est un bon moyen de les renvoyer moisir dans leur trou.

Quand Daisy eut fini le topo sur sa vie ses huit dernières années, Angel lui sourit avant de lui répondre. Il était si beau quand il souriait. Ses yeux d’un bleu azur transperçaient son âme, si bien que la belle jeune femme pût en oublier son nom. Ainsi, il était à Oxford depuis des années, et il n’avait jamais essayé de reprendre contact avec Daisy. Que devait-elle en conclure ? Probablement qu’il a tourné la page. Qu’elle ne méritait pas de refaire partit de sa vie à nouveau, ou qu’il n’avait pas besoin d’une fille qui s’éloigne du jour au lendemain comme elle l’a fait par le passé. Pourtant, il n’avait pas essayé de la retenir. Daisy venait de comprendre qui était son nouveau co-capitaine. Celui dont son père était si fier de lui présenter. Son Daddy ignorait tout de leur passé, mais cela devait rester ainsi, caché. Quels étaient ces mots exacts, ah oui, « Je t’ai trouvé quelqu’un capable de se hisser à ton niveau. Intelligent, beau, et extrêmement doué avec un fleuret. D’ailleurs, lui aussi à déjà remporté les Jeux olympiques une fois par le passé. » Dans son esprit, c’était l’homme à abattre. Son père le voyait comme un atout non-considérable pour Oxford, Daisy le voyait comme son potentiel concurrent, mais ça, c’était avant. Avant de savoir que cet étudiant était Angelus Debussy. Avant de savoir qu’il vivait à Oxford. « Mon père m’a parlé d’un nouveau co-capitaine pour remplacer Lynn au club d’escrime. Il est extrêmement fier de sa trouvaille. Il parlait de toi ? Deux tireurs professionnels dans son équipe. Un vrai joyau. »

Angel, le séducteur de ces dames, le fêtard, ne pas sortir ? La fille du Doyen avait du mal à se l’imaginer, mais soit, cela lui faisait plaisir de voir qu’il c’était posé. Les clubs dont il faisait partie étaient un très bon choix. Le voir nager, voilà un plaisir pour les yeux. Son corps musclé se déplacer avec grâce dans l’eau aquarelle de la piscine devait être un vrai délice. Le cricket quant à lui est le sport préféré des anglais, mieux que le golf. Ce sport lui serait utile dans le monde du travail, pour conclure des contrats en dehors des bureaux. « Ce sont de très bons choix, tu pourras peut-être m’apprendre à jouer au Cricket. Je n’ai jamais vraiment eu l’occasion d’en faire. »

Le temps passait à vitesse grand V en la compagnie d’Angel, c’était déjà l’heure de la communion. Daisy n’était pas baptisée, mais elle connaissait la marche à suivre. Son cousin la traînait de temps à autre dans une église pour parfaire son statut au sein du Newman Society qui, entre nous, est une supercherie. Toutefois, voir son cousin mettre en place un plan si parfait uniquement pour échapper à l’autorité parentale est tout bonnement un plan génial. Le casse du siècle. Daisy est fière de lui. Angel lui parlait de son double cursus, et Daisy fut heureuse de voir qu’elle n’était pas la seule à enchaîner les matières. Bien qu’Angel ait davantage de travail personnel. Ne plus avoir de compte à rendre aux professeurs doit avoir quelque chose de jouissif, mais se retrouver seul pour préparer son avenir doit quand même être stressant. Quand Angel se leva pour aller récupérer l’hostie, Daisy mit les mains en croix sur son buste, et baissa la tête afin de recevoir l’onction sur le front. Une fois cette étape terminée, elle rejoignit Angelus à l’extérieur tandis qu’elle adressa un dernier sourire aux mamies que la demoiselle avait pu déranger durant la demi-heure.

Respirant un bon bol d’air, Daisy était tout de même contente que la messe soit terminée. Elle pouvait enfin discuter librement avec son interlocuteur. Le détailler de la tête aux pieds. Quand il lui propose un café, Daisy meurt d’envie d’accepter, mais il ne lui a pas dit s’il avait quelqu’un dans sa vie. La fille du Doyen ne voulait pas devenir une roue de secours, une amante sans importance. Toutefois, un café n’engageait à rien. « Je n’ai rien de prévu, je peux t’accompagner pour boire un café, mais toi, personne ne t’attends chez toi ? » Daisy posa subtilement la question, avait-il une femme qui l’attendait chez lui.

Les deux anciens amants.

« Mon père m’a parlé d’un nouveau co-capitaine pour remplacer Lynn au club d’escrime. Il est extrêmement fier de sa trouvaille. Il parlait de toi ? Deux tireurs professionnels dans son équipe. Un vrai joyau. » Il hoche la tête en souriant. Il n'avait pas le temps de s'inscrire dans un club et d'être actif avant cette année, mais il compte bien rattraper le temps perdu. Pendant ses années lycées en revanche il était dans un club d'escrime, c'était un excellent tireur. Cette capacité l'a emmenée jusqu'aux Jeux Olympiques qu'il a remporté, après des mois et des mois d’entraînement. Mais l'année suivante son entrée au sein d'Oxford l'a empêché de poursuivre sa carrière. Même si il aurait adoré ça. Il doit avouer que pour l'instant il est un peu rouillé, chose que Daisy lui fera remarquer sans gêne quand elle le verra à l’œuvre. « Je te verrais régulièrement. » Lance Angelus, sans maîtriser la portée de ses mots. Elle lui demande si il serait d'accord pour lui apprendre le cricket, il imagine la scène un instant. Trouvant l'instant incroyablement sensuel, il lui fait son regard le plus charmeur.

« Quand tu veux Daisy... » Et la messe se termine. Ils sortent de la chapelle en silence. Ils attendent que les fidèles s'éloignent légèrement. Parce que parmi les fidèles il a reconnu quelques élèves d'Oxford, et il sait que tout se sait dans la ville et surtout dans l'université. Il ne veut pas risquer qu'on rapporte ses mots, ses paroles à l'Oxymoron même si sans aucun doute ce sera fait d'ici le lendemain. Il aurait même juré avoir entendu le flash d'un appareil photo au moment où il c'est rapproché d'elle. Mais autant lui se moque complètement de sa réputation, autant ce n'est pas la même chose pour Daisy. Elle est la fille du doyen, elle se doit d'avoir une image totalement maîtrisée et acceptable, en toute circonstance. Alors une fois que les fidèles sont loin, il lui propose d'aller quelque part si elle le désire, il voudrait lui parler un peu savoir si elle a des choses à lui raconter. Après toutes ces années il se doute que les choses ont du changer, qu'elle doit avoir des choses à lui dire. Après tout même si elle le fait craquer comme au premier jour et que ce n'est pas réciproque, ils peuvent toujours être bon amis.


« Je n’ai rien de prévu, je peux t’accompagner pour boire un café, mais toi, personne ne t’attends chez toi ? » Il sourit, amusé de voir qu'il n'a rien précisé sur sa situation et qu'elle lui pose subtilement la question, tout de même. Afin de s'amuser un peu, il lui offre son bras tel un gentleman et lui répond d'une voix de velours. « Je ne sais pas, peut-être que si, peut-être que non... » Et il lui fait un clin d’œil. Mais en voyant la petite mine que la belle affiche, il décide d'être totalement franc avec elle. « Je ne suis pas en couple, si c'est ça que tu voulais savoir. » Rassure Angelus alors qu'ils arrivent à pied, dans une allée particulièrement fréquentée. Pourtant ils ne restent pas longtemps dans la foule, rapidement l'étudiant pousse la porte d'un petit café-restaurant ouvert toute la journée. Il s'efface pour la laisser passer devant lui comme le veut la tradition. Il la conduit vers une table un peu reculée afin d'être à l’abri des regards et des oreilles attentives. Au moins ici personne ne viendra déranger les deux anciens amants. L'endroit est parfois fréquenté par les élèves d'Oxford, pourtant en ce dimanche matin ils ne croisent que 2/3 clients venus prendre leur café du matin. Sans parler pourtant, les yeux du beau brun se posent sur le visage impassible de la belle. Elle est magnifique, elle rayonne d'une classe incroyable qui semble la suivre dans tous ses gestes, ses mouvements et même ses regards. Elle bouffe le monde et les gens des yeux, en contre-partie les personnes autours baissent les yeux devant une femme doté d'une telle classe.

Sauf lui. Il la regarde, l'admire. Déjà à l'époque il était sans doute le seul homme dans cette petite fête à oser laisser son regard traîner sur la belle, elle ne lui faisait pas peur. Les autres hommes l'évitaient, elle intimidait son monde mais pas lui. C'est ça qui a rapproché les deux amants, c'est ça qui lui plaisait chez elle. « Tu dois bien avoir des choses croustillantes à me raconter... » Demande Angelus avec son plus beau sourire pour la faire céder. Le serveur arrive sans un bruit, la mine désolée de déranger un couple si bien accordé. Il vient prendre leur commande, Angelus se tourne vers Daisy avec un regard interrogateur.

Angelus & Daisy.

L’escrime était bien plus qu’une passion pour la demoiselle, c’était un objectif à atteindre. Daisy poussait les limites encore et encore, n’étant jamais satisfaite des efforts qu’elle fournissait. Certes, elle s’entraînait tous les jours, avait remporté les Jeux olympiques une fois, mais ce n’était certainement pas une raison pour se reposer sur ces lauriers. Le fait qu’Angelus est rejoint le club serait un enjeu de plus à remporter. Certes, elle s’entraînait tous les jours, avait remporté les Jeux olympiques une fois, mais ce n’était certainement pas une raison pour se reposer sur ces lauriers. Peut-être que les JO les rapprocheront encore davantage. Quand il lui sourit et lui lança qu’il allait la voir régulièrement, la fille du Doyen se rapprocha de son corps musclé dans son sublime costard. « Prépare tes défenses, je compte bien les briser une par une » lui glissa-t-elle avec un sourire. Une métaphore. Maintenant que Daisy l’avait retrouvé, elle ne comptait plus le laisser filer.

Toujours dans le domaine sportif, imaginer Angelus l’aider à maîtriser le cricket, leur corps accolé l’un contre l’autre n’avait rien d’innocent. Daisy connaissait d’autres joueurs de cricket, mais elle n’avait jamais voulu apprendre jusque-là. « Profitons des vacances, l’université est déserte depuis quelques semaines, tu pourras me montrer en toute intimité ». Les allusions que la belle lançait étaient tout juste subtiles, mais peut-être était-ce le but de toute cette manœuvre.

Une fois la messe terminée, Angelus lui propose d’aller boire un café, et Daisy en profite pour savoir si personne ne l’attend chez lui. Pour toute réponse, il lui offre son bras tel un chevalier servant. Il lui répond, légèrement joueur, que rien n’est moins sûr. La jeune femme hausse un sourcil peu convaincu de sa réponse, puis il clarifie ses dires en lui avouant être célibataire. Daisy saisit alors son bras, prête à aller boire un café avec l’homme qui a hanté son passé, et ses rêves pendant toutes ses années. Rester indifférente n’était pas une masse à faire, mais ils avaient tous deux changé depuis le temps, et ils devaient se redécouvrir mutuellement. « Célibataire ? Même pas quelques filles avec qui t’amuser de temps à autre ? » Se risqua-t-elle à demander.

Ils marchent quelques minutes en silence, c’est un silence agréable et léger, qui se termine quand Angelus pousse la porte d’un petit café-restaurant où il la laisse entrer en première. L’air ambiant est frais, cela change de la chaleur suffocante qui règne à l’extérieur. Daisy reconnaît deux-trois étudiants qu’elle ne s’abaisse pas à saluer. Daisy possède une réputation que peu d’étudiants au sein d’Oxford seraient capables d’assumer, l’image qu’elle retransmet d’elle-même la protège de bien des façons. Attendant que son partenaire la rejoigne, elle détaille d’un rapide coup d’œil le lieu qu’il a choisi. « C’est un bel endroit, très cosy, tu as bien choisi » dit-elle simplement, pour relancer la conversation tandis qu’il détaillait étrangement. Angelus était probablement le seul homme à se risquer de regarder la jeune femme de la sorte, pas que cela lui déplaise, mais il avait quelque chose d’intimidant. Peut-être parce que Daisy savait pertinemment que son jeu de petite fille impassible ne marcherait pas avec lui, il la connaissait trop bien pour tomber dans le panneau. Tandis que tout semble disparaitre autour du duo, tous deux se regardant dans les yeux, se détaillant, Angelus finit par lui demander si elle n’a pas quelques rumeurs croustillantes. Daisy connaît quasiment toutes les rumeurs qui méritent d’y prêter attention au sein de l’université. C’est avec un sourire mesquin qu’elle lui répond « Veux-tu connaitre le sort des deux derniers étudiants qui se sont risqué à me jouer des tours ? » Daisy n’était pas une personne foncièrement mauvaise, mais elle avait un dicton qui lui allait à merveille « œil pour œil, dent pour dent. » Le serveur vint les interrompre, et avec un sourire fin à l’égard du serveur, elle répondit simplement « je prendrais un thé à la cannelle, sans sucre, sans lait. Merci. »

Les deux anciens amants.

« Prépare tes défenses, je compte bien les briser une par une » Il hausse un sourcil. Croit-elle vraiment lui faire peur ? Il en combattu des plus coriaces qu'elle. Il connait Daisy mieux que personne, elle ne lui fait pas peur. Mais l'idée d'être son rival lui plait. Plutôt que faire équipe, ils ont l'esprit de compétition alors évidemment, ils vont s'affronter discrètement pour prouver que l'un où l'autre, mérite la première place dans le club. Le combat sera rude, plus qu'elle ne le pense. Angelus pratique l'escrime depuis qu'il sait marcher, pire encore il est sur d'être né avec un fleuret dans la main droite et un casque sous le bras gauche. Ses premiers mots étaient des mots de victoires. Il devrait demander à ses parents de confirmer cette idée qu'il se fait de sa naissance. Mais ça sera quand il aura battu Daisy, pas avant. Enfin elle lui propose de lui montrer lorsque Oxford sera déserte. Il sourit en entendant la façon dont elle prononce le mot intimité. Oserait-elle lui faire du rentre dedans ? Oui elle oserait.

Ensuite elle lui demande si il est vraiment célibataire et si il ne traine pas avec des filles. Il sourit et hausse les épaules, c'est tellement inintéressant. « Si bien évidemment. Mais disons qu'aucune n'attire mon attention. Et puis elles ne t'arrivent pas à la cheville... » Rajoute le bel étudiant, charmeur, en entrant dans son petit jeux de séduction. L'arrivée dans le café brise cet instant de charme qui s'installe entre eux depuis quelques minutes. Comme toujours lrosqu'ils sont ensembles, ils ont besoin de se charmer, d'attirer l'attention de l'autre par des phrases, des mots, des piques bien placées. Ils ont toujours été ainsi, il a besoin de la bousculer afin qu'elle le remarque. Elle le complimente sur son choix une fois qu'ils sont assis autour d'une table un peu en retrais, tranquillement. Elle regarde tout le monde de haut, comme toujours c'est ce qu'il a toujours aimé chez elle. Cette façon d'être naturellement supérieure aux autres, mais pas dans les yeux d'Angelus. Elle n'a jamais tenté de le rabaisser, de se placer au dessus de lui. Elle n'a jamais réussie.

« Veux-tu connaitre le sort des deux derniers étudiants qui se sont risqué à me jouer des tours ? » Il sourit et se penche lentement vers elle. Comme pour partager un secret que personne ne doit entendre. Mais alors qu'il ouvre la bouche, la voix du serveur le fait sursauter alors qu'il se recule aussi vite qu'il le peut. Elle commande, il tourne vers le serveur un regard un peu agacé. Il aura brisé ce moment, vraiment. « Un chocolat chaud et quelques muffins. Merci. » Le serveur repart aussitôt en reconnaissant les deux personnes devant lui, et surtout après avoir croisé le regard noir d'Angelus. Ce dernier se tourne vers Daisy. Il n'aurait jamais pensé en se levant ce matin, croiser la seule et unique femme dans sa vie qui avait eu le pouvoir de le faire tomber amoureux. Pendant quelques mois, Daisy avait été une femme, une lumière pour lui. Et même si elle s'éloignait, il avait tenté en vain de la retenir. Pour rien bien sur car elle c'était éloignée de lui sans qu'il ne puisse rien faire. Impuissant il avait vu son premier amour s'enfuir, alors que ses bras n'étaient plus assez puissant pour la garder auprès de lui. Un combat perdu d'avance, mené contre une femme qui de toute façon ne voulait même pas rester.

« Alors ? Qu'est ce que tu as osé faire aux deux étudiants dont tu me parlais ? » Demande Angelus, poliment, en voyant le serveur revenir avec un plateau. Sans bruit ce dernier dépose devant Daisy le thé, devant Angelus la tasse de chocolat chaud et enfin au centre de la table, une coupe contenant plusieurs muffins. « Alors Daisy ? Depuis combien de temps nous ne nous sommes pas vus ? Tu as tout de même des choses à me raconter ? » Lentement il attrape un muffin au chocolat le découpe en morceaux et en glisse un entre ses lèvres. Il ne la lache pas des yeux, son regard la transperce comme si il pouvait lire en elle. « Nous qui avons été si proche... » Il pourrait en dire plus mais il laisse sa phrase en suspend. Là il baisse la tête, attrape deux sucres posés dans la soucoupe de sa tasse. Il les plonge dans le liquide chocolaté, avant d'accompagner le tout de sa cuillère pour venir remuer son chocolat chaud. Une fumée blanche s'échappe de la tasse et vient chatouiller les narines de l'étudiant alors qu'il relève les yeux pour poser sur la belle, un regard bleu glacial, plein de douceur et de malice. « Je suis sur que tu n'as pas été qu'une brillante élève et une sportive de haut niveau... »

Angelus & Daisy.

Daisy observait chacune des réactions d’Angelus, cet homme qu’elle avait tant aimé par le passé, et qu’elle avait malheureusement du laisser derrière elle en même temps que son bébé. Un évènement qui changea à tout jamais le caractère de la jeune femme. Certes, certaines personnes diront qu’elle était une peste arrogante enfant, et qu’elle l’est encore aujourd’hui, mais en réalité, son agressivité camoufle son mal-être. Se retrouver face à face avec son ancien amant est comme jouer avec le feu, comme le papillon irrésistiblement attirait par la flemme, par la chaleur incandescente du soleil. C’est effrayant, mais en même temps palpitant, excitant. C’est comme si Daisy se redécouvrait, comme si elle dépassait ses limites. Angelus est la seule personne à lui procurer cet effet, il est le seul qui n’est jamais compter à ses yeux. Lui. C’est pour lui que son cœur bat la chamade, c’est pour lui qu’elle est destinée. Peut-être ne le sait-elle pas encore, peut-être ne le sait-il pas encore, mais ils possèdent cette étrange connexion dix ans après s’être quittés, comme si dix ans représentait tout juste dix secondes. C’était troublant, mais enivrant. Daisy prenait un malin plaisir à jouer avec son compagnon, après tout, la vie n’est qu’un jeu auquel on souhaite tous gagner. Le prix diffère juste d’une personne à l’autre. Et s’ils étaient leurs propres récompenses, comment réagiraient-ils ? La suite dans le prochain épisode.

Daisy n’était pas dupe, c’est une jeune femme intelligente qui sait ce qu’elle veut, et qui ne perd jamais de vue ce qui l’intéresse. A vrai dire, la fille du Doyen écoute attentivement les propos de son amie proche Alice Kensington quand il s’agit de sa famille espérant ainsi grappiller quelques informations sur son charmant cousin, et comme toujours, si Alice n’en parle pas Daisy s’arrange toujours pour poser une question de courtoisie à son sujet ce qui lance inévitablement la conversation sur Angelus. De ce fait, Daisy savait à l’époque, et sait encore, qu’Angelus est un homme à femmes. C’est étrange car cette caractéristique devrait la rebuter, mais c’est tout l’inverse qui se produit. Savoir qu’il peut avoir toutes les femmes dont il a envie lui donne envie de se faire courtiser, de lui rendre la tache compliquée, de voir jusqu’où il serait prêt à aller pour la conquérir. Se contenterait-il de la simplicité, ou prendrait-il l’enjeu avec plaisir ? C’est ce que Daisy souhaite découvrir. Ses vacances risquent d’être palpitantes. Quand il hausse les épaules et déclare qu’aucune fille ne lui arrive à la cheville, Daisy ne peut s’empêcher de sourire. L’entendre dire ça, c’est comme si elle venait de gagner un trophée, un trophée pour lequel elle compte bien se battre bec et ongles pour le garder. Personne, personne ne prendra sa place. Jamais. Elle veillerait au grain.

Une fois installée dans le café, Daisy lui propose de lui révéler ses dernières mesquineries. Peu de personnes sont au courant de ce qu’elle manigance, mais avec Angelus, Daisy se sent assez en confiance pour se confier. C’est également une manière de se faire remarquer, de capter son attention. Un air de dire, je ne suis pas une sainte, moi aussi je peux être une vraie bad girl. Bien qu’elle ne finisse jamais à poil sur un bar, ou ivre-morte à la couverture d’un tabloïd. La fille du Doyen possède quelques limites, quelques limites qu’elle a tendance à repousser de plus en plus ces derniers temps. Tandis qu’il se rapproche d’elle, le cœur de la jeune femme a un raté. Penché ainsi, leur visage à proximité, c’était trop beau pour être vrai. Quand le serveur arrive Angelus s’éloigne d’un bond gracieux, et ils commandent ainsi tout deux leurs boissons. L’électricité dans l’air est retombé, mais ce moment n’est pas terminé.

Quand Angelus lui demande ce qu’elle a fait aux étudiants en question, elle a un regard complice, et un léger sourire se dessine sur son visage. Cette fois, c’est l’étudiante qui va à sa rencontre en se penchant légèrement. Le serveur revient avec leurs commandes, mais Daisy n’y prête aucune attention. Aussitôt arrivé, aussitôt reparti. « Eh bien, tu as du entendre parler d’un étudiant qui aurait mystérieusement fini nu sur l’estrade lors de la soirée de fin d’année ? Il se pourrait que je n’y sois pas totalement étrangère. Il se pourrait qu’il ne soit pas totalement insensible à mes charmes. » Aedan est un boursier auquel Daisy s’amuse à jouer au chat et à la souris, tout du moins, elle s’amusait. Ces derniers temps, le jeune homme a eu un surplus de confiance en lui qui énerve la fille du Doyen. Et dire qu’ils ont une dissertation à faire ensemble. Vient ensuite le tour d’Eden Winchester. « Mon action la plus récente, pour laquelle tu as très probablement entendu parler étant donné que tu connais la personne en question concerne une soirée clandestine, et ils se pourraient qu’ils aient un peu trop abusé de laxatif. Cette soirée restera inévitablement dans les annales. » Daisy ne peut s’empêcher de sourire intérieurement. Certes, ses actions sont mesquines, mais il faut dire que sa haine envers Eden n’a aucune limite. Les deux jeunes femmes se détestent au plus haut point. Dire que cette Junkie est la meilleure amie d’Angelus. Berk. Un jour, cette amitié, et inimitié, risque de peser sur chaque duo. A bien y réfléchir, étais-ce une bonne idée de lui révéler ça ? Aie. Peut-être pourrait-elle essayer de mettre les choses au clair à ce propos… « J’espère sincèrement que tu ne me tiendras pas rigueur de mon inimitié avec Eden Winchester, elle et moi, c’est une relation compliquée. » Compliquée, oui, ou comment dire autrement qu’elles se font les pires crasses au monde sans vraiment s’affronter corporellement ? Un jour, peut-être en viendraient-elles aux mains, mais pour une excellente raison. Une raison comme Angelus. Le meilleur-ami pour l’une, l’amant passé et peut-être futur pour l’autre.

Quand Angelus lui demande depuis combien de temps ils ne se sont pas vu, la fille du Doyen revient sur ses gardes. S’asseyant correctement dans son fauteuil, elle capte le regard d’Angelus tandis qu’elle cherche une réponse satisfaisante. Commençons par la partie facile, la durée pendant laquelle ils sont restés éloigné l’un de l’autre. « Ca fait exactement huit ans que nous nous sommes perdus de vue. » Perdu de vue, un terme bien joli très loin de la réalité. C’est Elle qui est parti, c’est Elle qui a mis un terme à leur relation, la faute repose uniquement sur Elle. Peut-être voudrait-il en connaître la raison ? Ou peut-être ne préfère-t-il pas revenir sur le passé et avancer. Comment Daisy lui annoncera-t-elle pour l’enfant ? Une question qui la perd dans ses pensées, pourtant, elle n’a pas fini de répondre à sa question. « Je ne sais pas trop quoi te dire, je me rends en France chaque vacances, je participe à quelques shoots pour de grandes marques quand l’occasion se présente, je tente de faire de mon mieux niveau scolaire, et sportif. Quand à mon père, toujours la même chose, c’est bien la seule chose qui n’est pas évolué durant toutes ces années. » Son Daddy est très important à ses yeux, malgré son comportement exigeant il aime sa fille, et ne souhaite que le meilleur pour elle. Certains parents sont je-m’en-foutiste, comme sa mère, et d’autres deviennent autoritaires et exigeants pour pousser leur progéniture dans le droit chemin. C’est le cas du Doyen. Revenant sur la planète Terre, Daisy voulait savoir ce qu’Angelus avait fait ses huit dernières années, ce qui semblait plus intéressant à ses yeux. « Et toi ? Qu’as-tu à me raconter ? Tu as pu retrouver ta cousine en venant vivre ici tu dois être content » Daisy sourit amicalement à cette dernière phrase. Elle sait qu’ils sont tous deux très proches.

Quand il découpe son muffin, Daisy le regarde faire, imperturbable. Toutefois, sa grâce dans ses gestes, sa précision, la font fondre de l’intérieure. Quand il laisse sa phrase en suspens, quand il lui rappel à quel point ils étaient proches à l’époque, c’est comme si un couteau l’avait transpercé de tout son être, une souffrance intérieure, un pincement au cœur. Il a été le seul homme capable d’attraper son cœur, le seul qui lui fasse comprendre la signification du mot « amour », mais également celui à travers lequel elle a pu en quelques sortes affronter la dure réalité de la vie. Décisions, choix, solutions, problèmes, sont des mots auxquels elle n’avait jamais réellement fait face jusqu’à l’âge de seize ans. Jusqu’à qu’elle tombe enceinte. Pourquoi n’a-t-elle pas avorté, et continuer sa vie à ses côtés ? Pourquoi n’a-t-elle pas gardé l’enfant tout en lui annonçant ? Pourquoi a-t-elle préféré fuir ? Tout simplement parce qu’elle avait peur de le perdre, et voilà que maintenant cette étrange sensation venait refaire surface. Sauf que cette fois, elle ne prendrait pas la fuite, cette fois elle comptait bien tout lui avouer. « Tu es le seul qui a réussi à m’approcher d’aussi prêt, auquel j’ai réussi à me lier. Je suis tellement heureuse de t’avoir retrouvé aujourd’hui… Je sais que c’est moi qui suis partie, mais tu m’as terriblement manqué durant ces dernières années… » C’était dit, Daisy avait été honnête sur ses sentiments, du moins sur une partie.

Pendant qu’il sirote son café au lait, Daisy en profite pour souffler très légèrement sur son thé qui est brulant. Le gardant entre ses mains, elle observe par-dessus sa tasse le jeune homme qui fait de même. Quand Angel lui dit qu’elle n’a pas dû être qu’une brillante élève, et une sportive, elle sourit, son esprit revenant dans le jeu de la séduction. « Que veux-tu dire par-là ? » Demande-t-elle d’un ton innocent.

Les deux anciens amants.

Un jour il osera lui dire, lui parler à cœur ouvert. Un jour quand il aura le courage, qu'il ne sera plus lâche, il regardera Daisy en face et lui dira comme elle a été importante pour lui. Il lui dira que pour lui elle a été un rayon de soleil, un phrase dans la nuit lorsqu'il dérivait. Que son sourire a émerveillé sa vie bien plus que tout autre sourire. Alice, Eden, aucune n'a eu ce pouvoir sur lui. Il n'a pas eu un départ facile, une vie simple et douce. Trop tôt lâché par ses parents il a été bien seul pendant des années, et lorsqu'il est devenu adulte tout seul il a quitté le nid familial pour rejoindre la seule femme qu'il considérait comme sa mère. Sa nourrice l'a élevé et a fait de lui un homme, les années prêt d'elle ont été douce quoi que difficile, ses parents ne l'ont jamais vraiment lâché. Ils voulaient le voir revenir, ils voulaient trainer sa mère adoptive en justice. Mais il était adulte et émancipé aux yeux de la justice, il pouvait vivre où il le voulait sans s'attirer de problème. Vivant sur son héritage et des économies misent en banque depuis des années, il doit également avouer que son image l'a aidé pour vivre et faire des études.

Daisy a été pour lui un ange tombé du ciel, toutes les filles qu'il a croisé avant ça n'ont jamais attiré l'attention d'Angelus assez longtemps pour qu'il reste avec. Mais Daisy était spéciale, une forme de mystère, elle avait été un défis pour lui. Il savait qu'il ne pourrait pas l'avoir vraiment, que toute les journée avec elle serait comme un cadeau. Elle était là sans vraiment l'être, perdue dans son esprit et dans son cœur. Partagée et présente avec Angelus, mais une part sombre d'elle restait inaccessible pour le jeune homme. Jamais Angelus n'a essayé de briser sa carapace, il n'aurait pas réussi de toute façon. La seule fois où il a essayé, c'est lorsqu'il a senti qu'elle partait, qu'elle lui échappait et qu'il n'était pas assez fort pour la garder. Si seulement il en avait eu le courage il se serait battu sans relâche pour elle, il n'aurait jamais cessé de la harceler pour avoir ne serais-ce qu'un regard. Si seulement... Ils n'en seraient peut-être pas là aujourd'hui. Il aurait du chercher les raisons de son départ. Il avait seulement 18 ans, si jeune, si fou et fougueux. Jamais il n'aurait pensé être aussi attaché à la belle Daisy. Ce n'est qu'une fois loin de ses bras qu'il c'était bien évidemment rendu compte de l'étendue de ses sentiments, car des sentiments il en avait. Il ne pouvait plus lutter.

Et tout ce qu'il ressent pour elle, malgré les années, semble se réveiller douloureusement alors qu'il la voit sourire. Il lui demande de lui parler des étudiants qu'elle s'amuse à faire tomber. Le sourire qui naît sur les lèvres de la belle fait rater une battement au cœur d'Angelus, il n'est me^me pas sur si ce dernier sait comment fonctionner correctement. Elle avait sa vie entre ses mains, elle ne s'en ai sans doute jamais rendu compte. Il est entré dans un sommeil douloureux lorsqu'elle est partie. En veille il a enchaîné les conquêtes sans même se poser de questions, refusant de s’attacher où de s'attarder sur une femme qui ne valait pas le quart de Daisy. Sans lâcher son sourire elle lui parle d'un élève nu sur l'estrade à la fin de la soirée de fin d'année. Il se souvient vaguement de ce passage, mais ce qu'elle lui dit ensuite le fait rire doucement. « Alors c'est toi l'auteur de ce massacre ? En effet ça fait encore jaser... » Murmure Angelus en parlant des laxatifs dans le cocktail lors d'une soirée improvisée.

En quelques secondes elle aborde le sujet Eden, il l'écoute et enfin hausse les épaules. « Elle est ma meilleure amie. Mais je ne me mêle pas de vos histoires qui sont assez... Spéciales disons. Tant que l'une et l'autre vous ne me demandez pas de choisir. » Choisir quoi ? Il n'y a rien à choisir. Mais ce n'est pas comme si il comptait lâcher Daisy après l'avoir retrouvée. Au contraire. Elle lui répond que cela fait 8 ans qu'ils ont coupés les ponts. Enfin que Daisy est partie plutôt. Il devrait lui demander, pourtant il sent comme une retenue encore, il hoche la tête alors que son attention se reporte sur son café au lait. Il prend une gorgée silencieusement pendant qu'elle souffle sur son thé. « Je ne sais pas trop quoi te dire, je me rends en France chaque vacances, je participe à quelques shoots pour de grandes marques quand l’occasion se présente, je tente de faire de mon mieux niveau scolaire, et sportif. Quand à mon père, toujours la même chose, c’est bien la seule chose qui n’est pas évolué durant toutes ces années. » Il lui sourit et amusé, lui parlé après avoir fourré entre ses lèvres un morceau de muffin. « Aucune folie ? Une petite cure de désintoxication, une dépression, un petit ami qui devient gay, une rave-party ? Rien de fun ? La vie quoi ! » Murmure Angelus en riant doucement.

« Moi... Je n'ai pas fais grand chose. Les études, la vie. Les retrouvailles avec Alice en effet, les soirées. Je profite tant que j'ai le temps et aucune attache. Je n'ai rien fais de glorieux. Je compose un peu, j'ai la chance d'avoir hérité du don de mon arrière grand père enfin... Une petite partie. Mais rien de plus, aucun gala de charité, de déplacement, de compétition. Si un peu d'escrime comme tu le sais ! » Résume rapidement le beau brun. Sa vie est calme, à son image. Quelques folies pendant des soirées mais rien de grave, rien qui n'attire l'attention de l'Oxymoron en tout cas. Il est assez posé dans sa vie de tout les jours, Angelus est discret. « Tu es le seul qui a réussi à m’approcher d’aussi prêt, auquel j’ai réussi à me lier. Je suis tellement heureuse de t’avoir retrouvé aujourd’hui… Je sais que c’est moi qui suis partie, mais tu m’as terriblement manqué durant ces dernières années… » Il l'écoute pendant ses confidences, n'osant pas la couper. Elle est honnête et sincère avec lui, il s'en voudrait de briser ce moment.

Décidant d'ignorer volontairement sa dernière question qu'elle vient de lui poser d'un œil malicieux et brillant, il lève vers elle son visage. Il plonge ses yeux dans le regard de Daisy, cherchant toute l'honnêteté dont elle peut faire preuve. Il lit en elle comme devant un livre ouvert, elle semble incapable de lui mentir. Comme avant... « Pourquoi tu es partie ? » Demande Angelus, sans colère, sans haine.Un peu comme un enfant qui demande pourquoi le ciel est bleu où pourquoi une orange s'appelle comme ça. En rapport avec la couleur où le fruit ? D'un air penaud, il lui sourit. Il la supplierait presque de lui répondre. « S'il te plaît j'ai besoin de savoir. On était bien ensemble. Enfin je le pensais... Pourquoi ? Il y a bien une raison... » Il veut savoir coûte que coûte, même si cela doit faire mal.

Angelus & Daisy.

Daisy n’éprouvait jamais le sentiment de honte en présence d’Angelus, elle pouvait tout lui révéler, même son côté garce qui faisait fuir tant de monde autour d’elle. Au fond, la jeune femme savait qu’il en faudrait bien plus pour effrayer Angelus, plus, comme le secret qu’elle garde précieusement depuis des années. Quand il lui demande de ne pas l’obliger à choisir entre sa meilleure amie, Eden, et son ex petite-amie, Daisy boit une gorgée de thé pour éluder. Elle ne lui demandera jamais de choisir, après tout, elle n’aimerait pas qu’il lui demande de choisir entre Lorenzo et lui. Toutefois, c’est réconfortant de savoir qu’il ne lui tient pas rigueur de ces petites querelles avec cette hippie. Daisy sait pertinemment qu’elle va se venger pour la soirée « laxatif », mais c’était tellement drôle, qu’elle prend l’embrase le risque avec plaisir.

Quand il lui demande si elle n’a fait aucune folie, rien qui ne mérite la Une de l’Oxymoron, Daisy hausse un sourcil. Rien, elle est restée sage, n’a fait aucune vague, mais elle pourrait largement remporter la palme d’Or des scoops en quelques secondes. « Comme tu le sais, je ne touche pas à la drogue, je n’ai pas eu de vrais petits amis depuis notre rupture, mais un de mes partenaires a fini en couple avec un homme et son enfant ce qui est assez bizarre en soit, la dépression me poursuit à chaque fois que je rentre de France… Mais je ne peux jamais vraiment être déprimée en public sans que certaines personnes profitent de ma faiblesse, fouinent, donc, rien de fun. Dit comme ça, ma vie n'est pas très palpitante, mais je ne me suis pas encore mit au tricot donc y a de l'espoir » Elle sourit, mais le cœur n’y ait plus, le fait de repenser à son petit garçon la met toujours dans tous ces états, elle sait qu’en rentrant ce soir elle va regarder toutes les photos, dessins, qu’elle possède et pleurer en silence.

Daisy ne peut s’empêcher de grappiller la moindre de ses paroles, il n’a eu aucune attache ce qui lui donne espoir, mais la rend également triste pour cet homme qu’elle considère tellement. Elle ne souhaite que son bonheur, c’est pour ça qu’elle est partie il y a huit ans de cela. Quand il relève son visage vers Daisy, qu’il plonge son regard dans le sien, c’est comme s’il sondait son âme. Dans ces cas-là, elle était comme une araignée prise au piège dans sa propre toile. Il a des yeux si magnifiques, qu’il est difficile de s’en défaire, quand il lui demande pourquoi elle est partie, son corps se momifie. Elle ne répond pas de suite, mais quand il lui redemande, qu’il la supplie de lui dire, son cœur se met à battre la chamade. Elle reste calme, mais ce n’est qu’une façade, au fond, elle meurt de trouille de lui révéler la vérité. « On était bien ensemble, vraiment, j’étais vraiment heureuse avec toi. Probablement la seule fois de ma vie où j’ai été aussi heureuse… Mais, il s’est passé quelque chose qui allait nous affecter tous les deux si je ne me serais pas éloignée, et je ne voulais pas qu’il t’arrive quoi que ce soit de mauvais par ma faute, donc je me suis éloignée… J’ai disparu de tous les radars pendant un an, avant de venir étudier à Oxford. Je ne désirais pas te blesser, c’était bien la dernière chose que je souhaitais… »  

Les deux anciens amants.

Il l'écoute parler sans pour autant la lâcher des yeux, incapable de regarder ailleurs car aucune autre personne dans cet établissement n'a le pouvoir d'accrocher son regard. Daisy a été spéciale pour lui, plus incroyable que les autres femmes même si leur histoire n'a pas durée aussi longtemps qu'il l'aurait voulu. Si seulement il avait su qu'il serait aussi attaché à elle, il ne l'aurait jamais lâchée mais il était si jeune, imprudent et insouciant. Elle a laissée un vide en lui qu'il n'a jamais pu combler avec la présence d'une autre femme. Aucune autre de toute façon n'avait le niveau de Daisy, aucune pour le bonheur de la belle et pour son grand malheur à lui. C'est horriblement frustrant de passer autant d'années sans pouvoir s'enlever une seule et unique personne de l'esprit. Il croit aux âmes-sœurs, mais ce serait parler trop vite que de dire que la belle est son âme-sœur. Enfin en espérant avoir les réponses de ses questions il ose lui demander les raisons de son départ. Daisy est une femme incroyablement mystérieuse et secrète, peut-être qu'elle refusera de lui donner les bonnes raisons mais au moins il demande, c'est toujours ça. Il butte sur quelques mots qui franchissent la barrière des lèvres de la belle, alimentant la curiosité d'Angelus qui ne la lâche pas des yeux, plus intensément encore si c'est possible.

Il c'est passé quelque chose ? Quelque chose qui allait l'affecter ? Quelque chose de mauvais ? Tout cela pique sa curiosité, il la fixe afin de savoir si elle va lui en dire plus mais elle ne semble pas décidée à lui dire exactement mot pour mot les raisons de son départ. Il ne veut pas, il ne peut vraiment pas en rester là. Pas après tout ça, pas après avoir retrouvé Daisy dans cette chapelle un dimanche matin « Dis moi tout. S'il te plaît... Donne moi les raisons de ton départ. J'en ai besoin. » Pour avancer, pour comprendre surtout. Il pensait vraiment avoir été totalement correct avec elle, seul si quelque chose était venu balancer le bonheur parfait et fragile qu'ils ce sont construis au fur et à mesure des mois. « Ne me cache rien, je peux tout entendre. » Il ne se doute de rien, dans son esprit rien n'est assez grave pour expliquer le départ de la belle. Des menaces, la pression familiale, la peur de l’engagement. Il a pensé à tout pendant des nuits, il ne dormait plus, il tournait encore et encore dans son lit sans pouvoir trouver le sommeil et les raisons de l'éloignement de la femme qu'il aime. Il n'a jamais rien trouvé d'assez énorme pour qu'elle parte. Il ne se doute pas une seconde du secret qu'elle cache. Un peu naïf peut-être, légèrement idiot sans doute, ses yeux transpercent d'une innocence presque enfantine. Si seulement il savait.

Angelus & Daisy.

Daisy ne pouvait décocher son regard du sien, toujours plus intense, toujours plus profond, toujours plus hypnotisant. C’était troublant. Daisy ne désirait pas tout lui avouer de but en blanc lors de leur retrouvaille, c’était une chance que le destin lui offrait, et elle n’avait pas envie de la laisser passer, de la gâcher. Ce qui a été fait par le passé, était excusable à l’époque, mais l’est-il encore de nos jours ? Probablement pas. Elle le sait, elle s’en mord les doigts chaque matin, chaque seconde de son existence. Comment se passera-t-il quand il saurât ? Heureusement, à moins de le deviner, personne n’est en mesure de lui annoncer à sa place. Déjà que l’abandon en lui-même est difficile à révéler, la trahison révélée par une personne extérieure est toujours pire.

Bien que des détails ai été donnée, c’est une énigme en soit. Angelus désire savoir, mais Daisy n’est pas encore prête à sauter le pas. Le jeune homme en face d’elle, ressemble en ce moment même au jeune homme qu’elle a connu des années plus tôt. Il l’a fait fondre, et c’est difficile de lui cacher quoi que ce soit. Dans ce moment si intense, son téléphone sonne, et c’est comme une échappatoire. S’excusant auprès de son très tendre ami, elle décroche brièvement avant de raccrocher, légèrement contrariée. « Je dois rejoindre mon père pour la suite de l’épreuve, c’est à mon tour de montrer à ces cambridgiens qui commande ici. Je suis vraiment désolé de partir, encore une fois, mais je t’expliquerai tout la prochaine qu’on se voit. Je te le promets, écris-moi pour qu’on se retrouve après l’épreuve. S’il te plait ». Se levant de sa chaise, elle dépose un baiser sur sa joue avant de partir.