Sauve sa vie. (Aliegh)

J’avais passé tous les jours chez Eliakim, l’inquiétude me rongeant un peu plus les sang à chaque fois que je ressortais de chez lui. Non pas que je voulais m’en aller, mais Eliakim ne me laissait pas le choix. Je sentais le pire arriver. Je voyais la déchéance d’un être que j’aime le plus profondément possible. Et je ne pouvais pas laisser une telle chose se produire. Alors je pris le taureau par les cornes, littéralement et décide d’appeler Alice. Si je veux qu’eliakim se soigne et aille mieux, je n’ai pas vraiment d’autres choix. Et je ne suis pas le genre de personnes à me réjouir du malheur d’autrui. Au contraire, Alice avait redonné la vie à Eliakim, et je lui serais toujours reconnaissant, par contre je ne pourrais pas accepter qu’elle détruise sciemment la vie d’un homme qu’elle aime par ma faute. Je suis donc en route pour chez Eliakim, encore, et décide de l’appeler à peine sortie de mon appartement. Je laisse plusieurs tonalités retentir dans mon oreille, priant silencieusement pour qu’elle finisse par décrocher. Et même si je devais tomber dix fois sur sa messagerie, je ne laisserais pas tomber.

JJ’avais décidé d’aller à pied chez Eliakim, pour me donner le temps de parler avec Alice pour clarifier la situation. J’ai beau avoir décidé de lui ‘laisser’ Eliakim, je ne m’en inquiète pas moins pour lui. Et je suis bien déterminé à ce qu’elle ne fasse pas la même erreur que moi. Elle a de la chance de pouvoir réparer les pots cassés, elle devait la saisir, et ne pas faire comme moi.
Moi j’avais laissé passer ma chance, je le sais, et je dois laisser partir Eliakim, même si je n’arrive pas à m’y résoudre de ne plus le voir. Mais il sait que j’accepterais s’il me demandait de m’éloigner, je respecterais sa décision. J’étais dépendant de lui, notre relation était dépendante de ses décisions à lui. Mais je sais que je m’immiscerais pas entre elle et lui, je n’en ai pas le droit. Il avait le droit au bonheur, et ce bonheur seul Alice peut le lui apporter. Il faudrait être aveugle pour ne pas le remarquer. Je ne peux plus lui apporter, et la seule chose qui peut aider Eliakim, c’est de l’accepter. Ce que j’essaye tant bien que mal de faire. Mais Alice ne me facilite pas la tâche, loin de là.
Eliakim m’avait dit qu’il recommençait à recevoir des messages, ce qui lui redonnait un mince filet d’espoir, mais malheureusement j’ai bien peur que cela ne suffise pas. C’est donc pour ça que j’ai décidé de l’appeler pour qu’elle fasse le pas ultime à leur réconciliation. Oui je me sacrifiais pour lui, au nom de l’amour, mais c’était certainement la meilleure chose que je ferais pour lui, j’en suis plus que convaincu.
J’insistais encore et encore, commençant à pester contre son entêtement, parce que je suis certain qu’elle a vu mes deux précédents appels. J’espère au moins qu’elle répondra au troisième, qu’elle aura compris que ce n’était pas une erreur. Je souffle de soulagement, presque, quand elle décroche enfin. « Pour moi oui ça va bien. Je ne vais pas tourner autour du pot Alice, je t’appelle pour te parler d’Eliakim » JE souffle, franchement ça sentait à plein nez la conversation plus que gênante. « Il ne va pas bien. Vraiment pas. » Je grimace et m’adosse au mur de la maison d’Eliakim. « Il faut que tu reviennes. » Simple et concis. On n’avait pas besoin de se perdre en fioritures.

Je ne peux pas dire clairement comment ça se passe entre toi et moi. Si on en croit tous les évènements qui gravite autour de nous, rien ne nous prédispose à nous apprécier, au contraire on devrait plutôt s’haïr voir même s’entretuer. Mais ce n’est pas ce qui se passe entre nous. Il y a même une certaine forme d’appréciation qui s’instaure entre nous. Bien sûr il y avait un certain malaise entre nous, ce qui est tout à fait normal. D’autant plus que j’étais revenu et avait foutu le bordel complet non seulement dans ma vie mais aussi dans la peur, et je n’en étais pas fier. Mais on ne devait pas rester sur cela, on devait continuer à avancer, pour Eliakim. En tout cas j’étais prêt à le faire, j'espère que toi aussi.
Je commençais à m’impatienter en comprenant que tu ne décrochais pas, mais je pouvais me montrer très têtu quand je le décidais et quand la cause était importante. J’avais tout essayé, maintenant c’était à toi de tendre la main, de faire quelque chose. Je ne pourrais pas sortir Eliakim de là si tu ne l’aides pas. Je le sais et je l’accepte très bien. Je suis certainement à même de comprendre ce que tu vis, même si tu ne le penses pas. Mais dans le passé j’ai fais exactement la même erreur, alors je ne suis pas prêt de te laisser faire exactement la même chose. Tu détruirais définitivement Eliakim. JE soupire, je t’ai appelé mais je ne savais pas trop comment expliquer les choses « C’est long et compliqué, mais il ne va vraiment pas bien. » Et j’insiste beaucoup sur le vraiment. Et j’avais beau tourné les choses dans tous les sens, la seule solution que j’étais parvenu à trouver c’est que tu reviennes. Peut-être que c’est beaucoup te demander, mais je sais que si tu aimes vraiment Eliakim tu finiras par revenir et tu ne feras pas la même erreur que moi. Je te mettais toutes les cartes en main, c’était désormais à toi de les saisir, je ne pourrais plus rien faire après cet appel. Je soupire profondément, avant de te répondre. « Physiquement ça va, il tient le coup pour la désintox, c’est vrai. Mais moralement c’est le pire. Il s’enferme de plus en plus, il devient irascible, ne sort plus, et ne fais plus rien dans son appartement. » Pour preuve hier je me suis occupé de tout rangé, alors que je connais son côté maniaque. « Je ne te dis pas de revenir dès demain, mais rapidement, et dis-le-lui. »
Je souffle avant de prendre quelques secondes, le temps de réfléchir à sa question « Je dirais 10, Alice. Je sais que je ne suis pas le mieux placé pour t’appeler, ou même pour être présent dans sa vie, mais j’ai peur pour lui. J’ai fais le maximum, même si je sais que le seul qui peut réellement l’aider, c’est toi. » Je souffle avant de renchérir « Ne fais pas la même erreur que moi Alice. Ne le laisse pas »

Je sais bien ce que je risquais en t’appelant. Mais en même temps je devais absolument le faire pour Eliakim. Lui seul comptait désormais. Et c’était ce que je me fixais. Peu importe que tu me détestes, que tu me fasses un esclandre. Il ne s’agit pas de moi, ni de la relation que j’entretiens avec Eliakim. Il s’agit de lui et de sa propre survie. si tu n’es pas capable de passer au-dessus de tout ça alors je ne pourrais rien faire d’autre, et ne compte pas sur moi pour te convaincre. C’est déjà énorme de t’appeler alors que je sais que tu ne m’aimes pas, ce que je comprends tout à fait. Mais je ne suis pas le genre de mec abject qui va répondre coup-sur-coup. Je n’ai jamais été ainsi, sinon il serait certain que je serais encore avec Eliakim si j’avais eu le courage de m’interposer face à mes parents, mais ça n’avait pas été le cas. « Je ne lui dirais rien. » Si tu me le demandes, je respecterais ta demande. Si tu penses que c’est le mieux alors je ne vois pas pourquoi je t’en empêcherais. Je te connais assez pour savoir que tu es déterminée, je ne doutes pas que tu réussiras à faire flancher Eliakim. Je prends en pleine figure ta pique, mais je ne la relève pas. Je ne veux pas rentrer dans un jeu de ping-pong débile où l’on cherche à absolument faire du mal à l’autre, n’importe quelle vérité sort-on. Bien sûr que je sais que je ne peux plus rien réparer entre Eliakim et moi, et j'essaie de l’accepter. Mais tu ne m’enlèveras pas l’inquiétude, ni même la relation particulière que l’on a. J’ai essayé de m’éloigner, mais cela s’est révélé impossible. Une amitié commune est impossible entre Elia et moi, bien trop de sentiments jouent entre nous. Pourtant je n’ai pas la prétention de dire que je veux le récupérer, je sais même que c’est impossible. Je me contente de profiter de chaque chose qu’il daigne me donner. Avoir le droit à un regard est déjà un magnifique cadeau. La conversation prenait un tour auquel j’aurais dû m’attendre, celui des règlements de compte. Tu me rabaissais au niveau du moins que rien, et tu n’avais certainement pas tord. Tu as du entendre la version d’eliakim et de beaucoup d’autres sur mon départ. Mais je n’ai jamais révélé les vraies raisons de mon départ. Oui je préfère passer pour un lâche aux yeux de tous que de faire connaître ce pourquoi je suis réellement partie. Je n’ai pas besoin que l’on me lance des fleurs, que l’on me mette sur un piédestal. Je n’ai pas besoin d’être le centre des autres, je préfère rester néanmoins discret. Je n’aime pas voir ma vie s’étaler sur l’opinion publique.
Je manque de lâcher mon portable sous la violence de tes mots, sur la douleur que tout cela me fait ressentir. Une chose est certaine, c’est qu’Eliakim allait m’entendre suite à cet appel. Enfin ce n’est pas comme si ces derniers jours tout était calme entre nous. « Je ferais ça rapidement, je suis devant chez lui là. » Je passe une main dans mes cheveux, l’inquiétude rongeant ma voix. Je secoue la tête, être là au moment de leurs retrouvailles est loin de m’enchanter. Je ne suis pas du genre à m’immiscer dans la vie privée des gens et encore moins la leur. « Je ne sais pas Alice, Il veut de moins en moins me voir, et il a peut-être raison au fond. Je serais là jusqu’à ce que tu arrives Alice, après je te laisse la place. » Rien ne sers que je reste pour quoi faire ?