IBIZA ✗ festival électro

Festival à électro à Ibiza. Les mots faisaient rêver, la faisait rêver, elle. Alors, quand James lui en avait touché deux mots par SMS, la blonde n’avait pas hésité plus de deux secondes pour lui répondre qu’elle y serait. De compagnies low-cost en compagnies privées, Breeony avait déniché un ticket pour Madrid avec une longue escale à Ibiza (très longue), qu’elle avait réussi à faire payer par son directeur de thèse pour « service rendu ». Après tout, elle avait accepté de se rendre en Galice en fin de semaine pour suivre une fouille sur des éléments datant du Paléolithique Moyen alors que son sujet portait sur le Néolithique. Tique. Tiquera, ne tiquera pas qu’il s’était fait plumer, le petit ? Mais si le coût du trajet avait été pris en charge, ce n’était pas le cas du logement. Mais pour cela, elle le savait, elle verrait bien au jour le jour. Au gré des rencontres. Dans le pire des cas, les températures n’empêchaient de dormir à la belle étoile sur la plage.

Toutes les secondes, le festival dégueulait de nouvelles arrivées en masse. Il ne fallut pas attendre longtemps pour que le son monte pour couvrir les discussions. Affichant un large sourire, brassant l’air ambiant alors qu’elle racontait sa vie et ses déboires à Lamar, la demoiselle s’échauffait lentement. Elle n’avait pas besoin de boire, pas encore, pas toujours. Parfois, elle avait l’impression qu’il lui suffisait d’absorber « l’ambiance » pour se sentir plus légère. LaMarcus, c’était un nouveau un peu paumé qu’elle avait déniché en se baladant dans les rues d’Oxford en début de semaine. Ouverte d’esprit et trop bavarde, elle lui avait parlé du festival et l’avait invité sans le connaître. Il avait accepté, comme ça, d’un simple coup de tête. Et, par un miracle du destin alors qu’elle ne s’attendait pas qu’il s’y rende réellement, elle l’avait découvert au comptoir quelques instants plus tôt. Le comptoir : le lieu de toutes les rencontres. Une légère pression dans le bas de son dos et un murmure dans le creux de son oreille lui informa que James l’avait trouvée. « Bonsoir Breeony, ravi de voir que tu as répondu présente à cette invitation. » La blonde se retourna, enlaçant l’ancien Cambridgien dans son élan. « Trop de formalité lâcheur », parvint-elle à lui glisser à l’oreille, laissant traîner ses lèvres sur sa joue. Se souvenant de la présence de LaMarcus, Breeony recula afin de présenter les deux mâles. Elle se contenta des prénoms, devant couvrir le bruit ambiant. « Lamar, James. James, Lamar. » Et qu’ils se débrouillent avec. Captant le regard du barman, elle réussit à lui indiquer qu’il en fallait un troisième. De Marga. Elle déposa la monnaie supplémentaire sur le comptoir, tapant du pied à l’écoute des premières notes. Vite qu’elles soient préparées.

« Tu sais bien que si ça avait été plus simple, je serais resté », lui avoua James à demi-mots, mains déposées sur sa taille. Breeony ne put s’empêcher de grimacer, gardant ses « mais bien sûr » pour elle, se doutant que ses actions étaient masquées par le couvert de l’obscurité. Tant mieux, tant pis – l’Ecossaise s’en moquait. Alors que les deux jeunes hommes échangeaient quelques banalités, la blonde récupéra les boissons, les distribua avant de payer le serveur qui ne semblait pas trop où donner de la tête. Autour d’eux, ce n’était qu’une forêt sombre et dense de bras levés dans les airs, au son d’une musique abrutissante, à marteler le sol de pas de danse de plus en plus improbables à mesure que la soirée défilait. A mesure que l’alcool libérait les mœurs. Tippant le serveur d’un pourboire, Breeony le gratifia d’un clin d’œil alors qu’elle ne pouvait s’empêcher de penser aux mains de James sur ses hanches. Et à sa main sur son poignée alors qu’il l’emportait sur la piste de danse. Protestant quelques secondes, la blonde termina son verre en deux-deux avant de le l’abandonner sur le comptoir. Encore un autre. Ce n’était pas son premier verre de la soirée mais, déjà, elle pouvait ressentir les effets de l’alcool. Elle se sentait plus légère, plus ouverte au monde, prête à danser jusqu’à l’épuisement. « Allez, viens, ton nouvel ami va se sentir seul ! » Comme d’habitude, Breeony grogne – qu’il soit seul ou non, elle s’en moquait. Parce qu’elle voulait Breeony ce soir, c’était la main de James sur son poignée. Sur ses hanches. Sur son corps. Alors, s’abandonnant à son bon vouloir, elle finit par le suivre.

Et c’était là qu’elle lui apparut, comme une vision. Sous le couvert de la brume, brume alcoolisée, Breeony porta ses yeux sur une paire de short. Et un chignon fait en un tour de main, laissant échapper quelques mèches violettes. Désordonnées. Le cœur de Breeony rata un battement, si ce n’était pas deux, et elle ne savait pas si elle devait m’être ça sur l’attirance soudaine qu’elle éprouvait pour l’autre jeune femme. Ou si ce n’était qu’une réaction de jalousie car, ce soir, c’était James qu’elle voulait avoir. Les dévisageant, elle regardait leurs corps se mouvoir en cadence. Elle voyait les mains de la belle autour de James. Elle voyait leur corps collés. Serrés. Si proches. Trop proches. Et c’est là que la vérité lui éclata au visage. Ce qu’elle voulait Breeony ce soir, c’était la main de l’inconnue sur son poignée. Sur ses hanches. Sur son corps. « Eden Winchester si vous ne le savez pas. Ravie de voir des anglais dans ce festival » Eden. Laissant LaMarcus derrière elle, Breeony se rapprocha des deux autres Oxfordiens. Elle caressa la joue de James, descendit le long de sa nuque pour venir briser l’emprise que l’autre jeune femme avait sur lui, mit ses mains d’Eden sur ses propres épaules. Breeony reduisit l’écart entre elles deux, venant coller son torse contre le haut détrempé d’Eden. Approchant ses lèvres près de son oreille, elle lâcha : « Tu sais que j’ai toujours rêvé de rencontrer une éphydriade. Dans quel océan tu navigues, chérie ? »

Portée par la musique, l’étudiante de Cambridge se déchaînait. Breeony se laissait porter par la musique, les mains autour de la nuque de l’éphydriade de ses rêves (Eden) alors que son corps ondulait et se déhanchait contre le sien. Grisée par l’alcool, la blonde ne se gênait pas pour regarder et envier ce qu’elle avait sous les yeux. Elle détaillait les vêtements qui collaient à la peau de la fille aux cheveux violets. Elle détaillait la poitrine qui pointait dessous. Elle détaillait la peau, luisante, qui transparaissait ça-et-là. Assoiffée. L’Ecossaise était désirante d’en voir plus, de tirer vers le bas le haut (attention) d’Eden pour la mettre un peu plus à nu. Tout sourire, James ne tarda pas à arriver, s’ajoutant à leur danse, s’ajoutant à l’équation. Le sourire de Breeony vint fleurir un peu plus à ses lèvres. Elle avait voulu James. Elle voulait Eden. Pourquoi ne pas avoir les deux ? Perdue dans ses pensées, perdue dans son amour des formes, de l’alcool et de l’inattendue, elle suivit LaMarcus alors qu’il l’entrainait par le bras.

Portée par le même état d’esprit, la blonde occulta ce qu’il lui disait, persuadée qu’il posait sa voix sur la chanson plus qu’il ne lui parlait. Souriant, se mordant les lèvres, l’élève de Cambridge était persuadée que, lui aussi, en voulait. De nature généreuse et joueuse, connaissant ses atouts, la demoiselle restreignit la distance qui les séparés. Fidèle à elle-même, elle laissa son regard courir sur les bras du jeune homme, découvrant ses tatouages, les suivit du regard. L’un d’eux continuait sous sa chemise – Bree’ voulut le suivre du bout des doigts … avant de remarquer que l’américain lui empoignait toujours le bras. Ah ? Brusquement, elle s’arrêta de danser avant de l’interroger du regard, arquant un sourcil. Concentrée sur ses lèvres, elle tenta de le déchiffrer. « T'as pas l'impression que tu m'oublie ou que tu me mets à l'écart ! Je suis ton invité l'oublie pas » Arrêt sur image – ce riche héritier était-il sérieusement sérieux ? Bientôt, la demoiselle fronça les sourcils, se dégageant d’un geste brusque, enfonçant son coude dans le dos d’un inconnu.

« Quoi ? T’as 5 ans ? » Cinq ans d’âge mental, le besoin d’être tenu par la main dans une foule énorme, la nécessité de rester avec ceux avec qui t’es venu alors qu’Ibiza = One Stand Night ? Le détaillant de la tête au pied, Breeony soupira avant de reprendre sa danse. Après avoir mis ses bras autour de la nuque d’Eden, elle les mit autour de celle de LaMarcus : elle était ainsi plus proche, pouvant ainsi plus facilement lui parler. Sur la pointe des pieds, elle porta ses lèvres au niveau de l’oreille de l’américain, écrasant sa poitrine tenue par le haut de son maillot de bain contre son torse. « T’es con. J’t’ai pas invité. » Non, Breeony lui avait seulement annoncé qu’Ibiza organisait un festival électro et qu’il pouvait se joindre à eux (James et elle et les autres Cambridgiens) s’il le souhaitait. Pas d’invitation en tant que tel. Prenant une voix plus suave, la blonde se remit à danser, occultant la présence de l’autre groupe. « Mais si tu m’veux, suffit de me le dire » Occultant la présence de l’autre alcoolo qu’elle avait joyeusement « éventré » d’un coup de coude. Tanguant légèrement, le jeune homme avait les joues rosies par l’alcool et par la colère, pointant du doigt le groupe « d’amis », confondant bien rapidement Breeony avec Eden.

lumos maxima