(inachevé) « Te déverser ma haine, te crier que je t’aime » LEX&LEIGH

L’automne avait recouvert Oxford d’un manteau de feuilles rougeoyantes qui venaient se déposer doucement sur le balcon de Leigh qui résidait depuis la rentrée non loin de l’université. Elle se faisait peu à peu à cette nouvelle vie, à cette nouvelle routine.  Son retour avait été pour elle une source de questionnements, des et si à n’en plus finir. Elle se sentait nauséeuse rien qu’à l’idée de revenir, de retrouver tout ce qu’elle s’était évertuée à quitter et à oublier. Puis elle ne pouvait plus fuir, ne voulait plus d’une certaine manière, ne s’était-elle pas assez punie pour toutes ses erreurs passées ? n’avait-elle pas tenter d’absoudre ses péchés et d’oublier Lex de toutes les manières envisageables ? Elle n’avait pu l’oublier malgré les années, il était et resterait ce roc infaillible sur lequel elle s’était réfugiée, sur lequel elle avait appris à aimer. A l’aimer lui et toutes ses facettes, à l’aimer et à sombrer sous des sentiments trop excessifs pour son jeune âge. Cependant elle devait avancer et ne plus laisser les évènements passés dicter sa vie et ses choix. Leigh avait fait un long travail sur elle même et avait su admettre qu’elle n’était qu’une enfant et que rien de ce qu’elle avait vécu n’aurait pu la préparer à cela. Sa thérapeute avait été d’une grande aide ces dernières années, elle avait su l’écouter, sans la juger en étant à ses côtés tout simplement. Christine lui avait insufflé un souffle nouveau, lui faisait entrapercevoir la vie sous un nouveau jour et celui-ci était rayonnant. Elle ne voulait plus souffrir, elle avait su pardonner à son père, su pardonner à la jeune enfant qu’elle avait été et su pardonner à la vie de lui avoir arraché l’amour.

Leigh était revenue, s’était, après une licence à Paris, inscrite à Oxford en quatrième année. D’une certaine manière elle ne s’était pas encore faite à l’idée de son retour, elle avait quitté l’Angleterre depuis tellement d’années, qu’elle redécouvrait avec une certaine appréhension les visages qu’elle avait connus adolescente.  
Elle avait retrouvé de nombreux amis entre les murs d’Oxford et c’était avec un plaisir certain, qu’elle reconnaissait des visages adolescents transformés en adultes confiants et surprenants. C’était parfois comme si elle n’était jamais partie. Les sourires étaient sincères, les accolades affectueuses. Elle prenait enfin conscience de tout ce qu’elle avait quitté en fuyant. Ce n’était pas juste Lex qu’elle avait abandonné, c’était tout un pan de sa vie qu’elle avait délaissé. Durant deux mois elle n’avait pas pensé à Lex, ne s’était pas questionnée mais avait simplement profité de sa vie étudiante du mieux qu’elle le put. Elle était de toutes les fêtes, de toutes les soirées, dansant, séduisant et rencontrant du monde. C’est à une énième soirée qu’elle se rendait. Leigh avait été invité par des amis d’enfance dans un appartement non loin du campus. Elle se hâtait de retrouver les siens, ceux qui l’avaient enfin permis de laisser Lex dans un coin de sa mémoire et de son coeur. « Tu as enfin pu te libérer ! On se demandait justement où tu étais ! » Lauren, une belle brune aux yeux verts et au visage avenant.  C’était avec joie que Leigh l’avait retrouvé au détour d’un couloir et depuis elle ne l’avait plus quitté. Elle lui avait permise de s’intégrer, de se sentir à l’aise et de retrouver ce groupe d’amis auquel elle tenait tant. « Oui désolée ! J’ai dû passer par mon appartement avant ! Je vous ai ramené ceci » dit-elle en montrant des bouteilles de champagne que son oncle lui avait déposées dans la journée.  « Je me suis dit qu’il valait mieux profiter de ces belles bouteilles à plusieurs » Un sourire espiègle pour appuyer ses paroles, Leigh se sentait bien, elle savait qu’elle allait passer une bonne soirée, simple et insouciante. Une soirée où elle pourrait mettre à profit ses talents de fêtarde.

Il y avait un monde fou à la soirée, les gens dansaient de partout, s’embrassaient, se touchaient et s’aimaient dans tous les recoins disponibles. La musique était forte et entraînante. L’alcool coulait à flot ainsi que les drogues qui passaient de mains en mains. La brune riait à une énième blague et sirotait tranquillement sa coupe de champagne quand elle sentit un regard insistant sur elle. C’était comme si ces deux opales la déshabillaient entièrement. Puis tout à coup les choses changèrent, ce fut brutal et douloureux à la fois. Son cœur se fit violence tellement il battait fort dans sa poitrine. Elle avait mal mais se sentit si bien, seul lui pouvait lui faire cet effet, seul Lex pouvait la ranimer ou la tuer en un regard. Leigh avait la bouche entrouverte et les yeux écarquillés de surprise. Tout semblait vaciller autour d’elle tandis que les battements de son coeur résonnaient à ses oreilles. Plus rien n’avait d’importance, elle se rattachait à ses opales comme l’on se rattache à une bouée lorsque l’on se noie. C’était inévitablement ce qui allait arriver, au contact de Lex, elle allait une nouvelle fois se noyer, sombrer sous le poids de cet amour et frissonner aux moindres mouvements. Neuf années étaient passées, mais elle en avait la certitude, c’était bien lui. Elle l’aurait reconnu entre mille. Ces cheveux ébouriffés et épais, cette blondeur qui contrastait avec ses propres cheveux bruns. Ces traits fins et si masculins. Ces lèvres qu’elle avait tant effleurées et aimées et ce corps qu’elle avait connu de toutes les manières possibles. Tandis qu’elle l’observait, son coeur continuait à battre fortement, il semblait à Leigh qu’il allait sortir de sa poitrine et faire imploser sa carapace pour rejoindre celui auquel il appartenait. Elle en oubliait de respirer, de vivre, Lex était là. Plus que la surprise c’était à présent la peur, l’angoisse et le chaos qui prenaient possession d’elle.  Il y’avait tant dans ses yeux ciel ; tant d’incompréhension, de colère et de non- dit que s’en était affligeant. Elle avait peur et avait tant redouté cette rencontre. Elle venait juste de se remettre de sa perte qu’à présent il réapparaissait devant elle. Leigh se demandait ce qu’il faisait là, ce qu’il était devenu, ce qu’il pensait, s’il lui en voulait…mais elle n’avait pas le courage, elle ne pouvait pas lui faire face. Toutes ces angoisses remontèrent à la surface et elle eut envie de pleurer, de crier, de s’effondrer sur place tellement elle avait mal. Son coeur était meurtri d’un amour trop vite consumé, on ouvrait des plaies béantes qui n’avait pas eu le temps de cicatriser. La brune ne pouvait rester là, ne pouvait se soumettre à son regard et ses jugements. Elle avait tellement peur de ce qu’il dirait, de ce qu’il ressentait et elle savait qu’un seul mot de sa part la ferait redevenir une adolescente de treize ans lâche et faible.  

Il était beau, divinement beau. Ces traits masculins et fiers s’étaient magnifiés et l’adolescent rebelle avait laissé place à un homme dans toute sa splendeur. Son coeur ne put retenir sa course tandis que Lex s’approchait d’elle, elle ne se sentait pas bien, sa respiration était saccadée et il lui semblait que le monde étouffait. Elle mourrait à chaque pas qui rapprochait Lex d’elle. Il avait l’air tellement sûr de lui, il avançait comme si le monde lui appartenait déjà avec une assurance qui fit peur à Leigh.  Elle avait peur de ce qu’il dirait, d’entendre sa voix et de retomber éperdument amoureuse de l’homme qui se trouvait face à elle. La brune savait qu’il ne fallait qu’un mot de sa part pour que la carapace qu’elle avait mise tant de temps à construire ne se brise. Il était face à elle, Leigh pouvait sentir son parfum , sa chaleur et face à cette proximité retrouvée elle eut envie de pleurer.  Lex lui avait tant manqué, elle avait été brisée par son départ et l’avoir de nouveau face à elle faisait vibrer chaque parcelle de son corps. C’était comme si celui-ci renaissait à proximité de Lex, comme une chaleur nouvelle qui naissait au creux de son estomac et qui manquait tant à son existence. Instinctivement son corps se tendit , elle était toujours autant attirée par lui, si ce n’était plus. Lex était si proche mais à la fois si inaccessible. Il ne lui suffisait que de tendre la main pour le toucher, pour sentir son torse, ses bras, ce visage où apparaissait un sourire sournois. Il ne lui suffisait que d’un geste qui auparavant était si naturel pour le prendre dans ses bras, pour enfouir son visage dans le creux de son cou, pour serrer ce corps et presser le sien fortement pour sentir chaque pulsation de son coeur. Elle sortit de sa rêverie lorsque Lex fit tinter son verre contre le sien, Leigh ne fit aucunement attention au champagne qui venait quelque peu s’étaler sur sa robe, elle ne pouvait détacher son regard du sien. Elle avait peur que si elle osait regarder ailleurs, il ne disparaisse une nouvelle fois. Elle ne pouvait se permettre de le perdre de nouveau, elle ne voulait pas, ne pouvait le voir s’éloigner. Lex s’approcha d’elle et plaça ses lèvres charnues près de son oreille  « A ton retour sur Oxford, Leigh. » Sa voix fit remonter des souvenirs profondément enfouis dans l’esprit de Leigh. Des souvenirs qu’elle s’était efforcés  d'annihiler tellement elle l’aimait. L’étudiante se revit jeune adolescente, dans ses bras, le couvrant de baisers et lui faisant l’amour. Elle les revit souriant, se confiant l’un à l’autre et  profitant pleinement de la vie. Leigh lui sourit légèrement, elle aurait tellement voulu revenir à cette époque, refaire le monde et réécrire leur histoire. Elle voulait le soutenir, le défendre, l’aimer à en mourir et lui demander pardon. Il était toujours penchée vers son oreille et instinctivement, naturellement elle plaça ses bras autour de sa taille et posa sa tête contre son torse. Leigh savait qu’elle n’avait pas le droit, que Lex n’était plus le sien mais elle ne pouvait s’empêcher de vouloir le sentir une dernière fois. Elle ferma les yeux et écouta les battements de son coeur tandis que la fête continuait sans faire attention aux deux êtres qui souffraient d’un amour trop vite perdu. « Hais-moi » C’était une plainte presque inaudible mais Leigh savait que Lex l’avait entendu. Elle souhaitait éperdument que Lex la hait, qu’il la déteste pour lui montrer qu’au fond il était aussi détruit qu’elle, qu'il la hait pour lui prouver qu’il lui en voulait encore et qu’il y avait encore quelque chose entre eux.  Se haïr car c'était trop dur de s'aimer

Leigh vit les souvenirs qu’elle avait tant chéris durant ces dernières années s’envoler tandis que son coeur se meurtrissait à la vue de l’homme qu’elle aimait. Elle voyait son monde s’écrouler et ses peurs refaire surface tandis qu’elle apercevait dans le regard merveille de Lex toute la froideur qu’elle méritait. Il l’avait repoussé comme elle l’avait fait de cela des années et au fond elle savait qu’elle ne méritait que cela si ce n’était pire encore. « Je te hais depuis notre séparation. » C’était dur de l’entendre bien qu’elle en avait conscience, c’était dur de se dire que tout était fini alors qu’elle l’aimait comme ce n’était pas permis. Dur de voir ce visage impassible et froid la dévisager avec dégout. Les bras de Leigh retombèrent ballants tandis que le brun la repoussait et faisait glisser un glaçon dans son décolleté. Elle ne fit rien, ne dit rien, bien trop chamboulée par ces retrouvailles fortuites. C’était comme si elle assistait à cette scène impuissante en simple spectatrice et qu’elle voyait son propre être s’effondrer sans qu’elle ne puisse intervenir. La Leigh forte, insouciante et spontanée, celle qu’elle avait mis tant de temps à retrouver était encore une fois en train de vaciller à cause de Lex, de sombrer une nouvelle fois sous le poids de son regard dévastateur. La brune regarda cette carrure impressionnante s’éloigner fière comme un i, sans un regard sans la moindre attention envers elle, comme si elle n’était qu’une vulgaire poupée qu’on avait abandonné dans un coin de la fête. C’était sûrement cela qui la blessait le plus, cette indifférence, ce je m’en foutisme qu’il incarnait alors qu’elle l’avait connu tellement différemment. Lex la méprisait alors qu’à un moment son monde c’était elle et inversement et ça Leigh n’était pas prêtre à le vivre malgré le fait qu’elle s’y soit préparée durant ces dernières années. Elle voulait faire partie de sa vie, avait besoin de lui et ne pouvait avancer sans lui. Elle aurait pu passer outre, continuer à vivre, mais le voir réapparaître c’était trop dur, trop soudain et abrupt pour son coeur qui ne commençait qu’à cicatriser. La fête continuait à battre son plein, les gens dansaient, s’enivraient d’amour et d’alcool mais son esprit était ailleurs, Leigh étouffait sous cette foule compacte. Lex était toujours dans son champs de vision, elle le vit adresser quelques mots au DJ et la musique se mit à changer pour passer le titre Fuck You d’une artiste anglaise. C’était atrocement puéril mais Leigh devait admettre que les paroles résonnaient en elle comme des insultes que Lex lui adressait. Tout le morceau était une ode à la haine que le brun lui portait. Il l’humiliait devant tous, comme une provocation, une déclaration de guerre dans laquelle il semblait être le seul engagé. Leigh semblait reprendre ses esprits, il voulait la blesser et c’est ce qu’il avait fait, il voulait se venger et c’est ce qu’il semblait faire, au final c’était lui qui dictait les règles comme il l’avait toujours fait. Ça avait toujours été lui qui décidait, lui qui en faisait à sa tête et Leigh le suivait dans toutes ses folies. Elle but d’une traite son verre de champagne et entreprit de le suivre dans la foule. C’était plus fort qu’elle, elle était attirée inévitablement et dangereusement par lui. Il allait la repousser, violemment, l’humilier d’autant plus mais il fallait qu’elle lui montre qu’elle était là et qu’elle aussi avait souffert.  Il fallait qu’elle lui prouve que l’amour qu’ils se portaient n’avait pas détruit que lui, qu’elle aussi en portait les séquelles des années plus tard et qu’elle en souffrait aujourd’hui encore.  Ses joues étaient rosées par l’excitation, l’alcool et la chaleur ambiante, elle avait chaud et sa simple robe devenait bien trop imposante sur son corps palpitant.  Ses yeux repérèrent assez rapidement Lex, elle avait toujours su le trouver dans une foule, toujours su être proche de lui malgré les gens autour. Elle l’observa un instant, riant, profitant de la vie avec ses amis sans la moindre pensée pour elle, pour ce qu’ils venaient de vivre. La brune ne se sentit pas à sa place, elle ne pouvait pas, plus s’imposer dans sa vie et aller le voir si aisément après cet aveu. L’adrénaline l’avait quitté et ne lui restait plus que ces amères pensées. Leigh alla à son tour voir le DJ et après un sourire lui proposa de passer le titre Haunted de Beyoncé, elle savait qu’il comprendrait.

A l’écoute de ce titre, Leigh chercha désespérément Lex du regard afin d’apercevoir dans son regard merveille tous les sentiments tus qu’ils n’arrivaient pas à exprimer. Cependant, elle ne contempla dans la foule opaque que sa seule solitude et impuissance. Dans son esprit résonnaient les paroles de Lex, elles martelaient inlassablement son âme à vif : Je te hais, je te hais, je te hais… Elle retourna à sa table, dévastée et perdue. La brune répondit à peine aux questionnements de ses amis concernant son absence et le jeune homme avec qui elle discutait. Leigh n’avait plus gout à rien, ni le champagne qui s’écoulait le long de sa gorge, ni les verres de shots n’arrivaient à susciter le moindre frisson en elle. Elle était anesthésié, le coeur résigné alors qu’elle voulait tant vivre et sentir celui-ci battre à en perdre haleine. Ses vieux démons refaisaient surface, cette attirance pour l’obscur, l’excès et le manque. Le manque, quel douce et parfaite sensation. Il n’y a pas un moment où l’on se sent plus vivant que lorsque notre corps tremble de douleurs, que notre rythme cardiaque face au besoin qui croit s’accélère. Rien ne vaut le manque, rien ne vaut la sordide impression d’être dépendant, de souffrir pour une substance illicite. Rien ne vaut le manque jusqu’à ce qu'il prend entièrement possession de vous, rien ne vaut le manque avant que celui-ci ne vous tue…
Leigh avait toujours joué avec le feu et les drogues, elle s’était toujours perdue dans les méandres des poudres et des joints, moyen d’oublier, de partir et s’évader tout en restant sur place.  La jeune fille déjà bien éméchée reprit un verre et se dirigea à la recherche d’une personne pouvant lui procurer ce dont elle avait besoin, un sordide moyen de se défoncer. Elle ne mit pas trop longtemps à trouver le dealer de la soirée, il lui avait été présenté par un de ses amis à une de leurs dernières soirées. Il ne se fit pas prier également pour lui vendre tout ce qui la foutrait en l’air. Munie de son nouveau bien Leigh se dirigea vers les toilettes, impatiente de consommer le contenu de son petit sachet. Elle avait mis tant de temps et de force à arrêter, tant d’acharnement à ne pas retomber dans ses vieux travers mais n’était-ce pas déjà trop tard ? Lex avait tout détruit autour d’elle, il avait brisé toutes ces convictions et elle se mourrait dans ses yeux.  L’étudiante arriva aux toilettes et dans son ivresse n’avait pas fait attention au fait qu’elle se dirigeait vers les toilettes des hommes.  Leigh ne savait plus ou elle était, son esprit était embrouillé et tout ce qu’elle voulait s’était de ne plus rien sentir. Le regard d’un jeune homme passablement éméché se lavant les mains se posa sur elle tandis qu’elle s’asseyait contre le mur froid pour ouvrir son petit sachet. « Alors ma belle, on ne partage pas ? » Leigh ne prêta pas plus attention à l’individu qui agacé d’avoir été ignoré lui adressait de nouveau la parole en s’approchant dangereusement d’elle. « Tu m’as pas entendu ? » Il la détailla plus attentivement l’oeil brillant d’excitation et de perversion avant de reprendre «  Tu m’as l’air bien chaude comme ça ». Leigh posa enfin le regard sur lui, il était d’un physique banal et insipide, le type de primates que l’alcool rendait confiant. Elle déplaça la main qu’il avait posé sur sa cuisse et qu’il tentait de remonter. « Dégage, je suis saoule pas désespérée » Il en fallait cependant plus pour décourager le prédateur qui avait vu en une Leigh déboussolée une parfaite proie pour assouvir ses pulsions malsaines. Il plaça ses mains de sortes qu’il la bloquait contre le mur froid et pressa ses lèvres contre son cou « Ferme ta gueule salope, tu feras moins la maligne quand je t’aurai sauté » C’est une Leigh amorphe qui tentait de se débattre, mais ses  bras ne répondaient pas comme elle l’aurait voulu, ses jambes ne bougèrent pas et son esprit ne faisait qu’apercevoir le danger imminent. « DEGAGE » cria t-elle « DEGAGE » C’est à ce moment qu’un autre jeune homme sorti des toilettes, elle ne savait pas depuis combien de temps il était là mais elle n’eut besoin que d’une seconde malgré son esprit amorphe pour le reconnaître. Son coeur ne battait plus seulement de peur mais d’amour et d’excitation. Lex avait l’air tout aussi mal qu’elle, tout aussi défoncé et perdu mais il restait à ses yeux le plus beau, le grand amour de sa vie.  Cependant elle lui en voulait aussi, c’était de sa faute si elle se retrouvait complètement défoncée, sur le sol des toilettes pour homme avec un inconnu qui tentait d’abuser d’elle, elle plongea son regard dans celui de celui qui était la cause de tout ces maux et lui dit « Regarde ce que tu as fait de moi, t’es heureux maintenant ? »

Elle lui en voulait terriblement, elle lui en voulait de s’intéresser à elle, d’avoir chasser ce type et d’avoir réduit à néant ses espoirs de débauche pour la soirée.  En agissant ainsi sans s’en rendre compte, Lex avivait un feu ardent dans le coeur de la jeune fille. Elle l’aimait d’autant plus et au fond d’elle dans un recoin sombre qu’elle avait comblé de faux semblants, elle entraperçu l’espoir. L’espoir qu’au fond il ne la laissait pas, qu’au fond ils pourraient surmonter les épreuves et erreurs du passé. Lex était tout aussi défoncé qu’elle, si ce n’était plus, et tout aussi triste. La vie les avait ravagé et certes la drogue n’y résoudra rien, mais c’était tellement plus facile. Tellement plus simple que d’affronter les sentiments étourdissants qui reprenaient leurs droits. Leigh passa ses mains dans ses cheveux et posa son regard sur le grand amour de sa vie. Il avait l’air tellement fatigué, las de la vie qu’il menait et des circonstances de leurs retrouvailles. Elle entraperçu dans ses opales ciel le jeune garçon qu’il était. Cet enfant solitaire qu’elle aimait réconforter d’un câlin tendre et complice. Les souvenirs remontèrent à la surface : ses rires, la chaleur de sa présence alors qu’à présent il était si éloigné d’elle.  Encore une fois des larmes perlèrent au coin de ses yeux et elle sentit son coeur prêt à se mettre à nu devant la seule personne capable de la réduire à néant. La brune se retenait pour ne pas s’effondrer devant lui. Elle savait qu’il ne voulait plus rien à voir à faire avec elle, elle l’avait tellement blessé et rien ne changera ce fait. Leigh posa sa tête contre le mur froid et prit une grande respiration pour calmer les battements incessants et forcenés de son coeur. Elle tremblait légèrement, de froid mais aussi sans doute de peur. La musique résonnait encore fortement au loin, mais dans ces toilettes, elle était enfin seul avec lui. Il n y avait plus de chansons derrières lesquels se cacher, plus d’alcool qui dupait et surtout plus d’imposture. Ils se faisaient face et n’étaient plus ces enfants qui avaient grandis ensemble ni ces adolescents qui s’étaient déchirés. « Tu sais, je me suis toujours dit que ma maison c’était toi. Tu étais l’endroit où j’aimais me réfugier, où je me sentais en sécurité et que je savais intact. Mon chez moi c’était simplement être avec toi peut importe où c’était…mais à treize ans on ne sait pas vraiment ce que l’on raconte n’est-ce pas ? A treize ans on pense bêtement que l’on peut faire face à tout et que l’on sait tout mais non à treize ans on est encore qu’un enfant et on a aucune idée de ce que l’on fait. » Leigh savait que Lex comprendrait qu’elle parlait de cette fameuse nui où par lâcheté, elle n’eut pas le courage de s’interposer, mais elle avait appris avec le temps qu’elle n’avait été qu’une enfant qui avait perdu ce soir là son innocence et naïveté. La brune tenta de bouger mais ses muscles étaient tétanisés, elle fit une tentative qui se solda par un échec et retomba sur les fesses dépitée. Elle jura dans sa barbe et tenta de nouveau son entreprise. Elle prit soin d’enlever ses escarpins et se remit sur pieds. Le monde tanguait et elle se demandait comme elle arrivait encore à avoir l’esprit relativement claire. Elle savait ce qu’elle voulait et ce qu’elle voulait c’était Lex. Elle s’approcha hésitante et se plaça face à lui. Il était tellement grand, tellement imposant face à elle, qu’elle se sentit minuscule et fragile. D’une voix ferme elle lui dit « Je n’ai plus treize ans maintenant » C’était une manière de lui faire comprendre qu’elle n’était plus la fille sur qui il rejetait la faute.