TEAM 9 ✗ Thomas Hughes, River Ravenwood, Arthur G. Wellesley, Ruby Earnshaw, Hannah Rosenbach

Halloween était déjà là. Si la préparation du costume pour la soirée avait demandé à beaucoup de nombreuses heures de recherches, ce n’était pas le cas de Thomas. La tête remplie des soucis financiers auquel il devait faire face et son emploi du temps partagé entre ses études de médecine et les associations dont il faisait partit, la fête costumée avait été le moindre de ses soucis. Mais c’était sans compter sur son meilleur ami et colocataire, qui avait pris en main les finitions du déguisement de Thomas à sa manière. Le choix de l’étudiant en médecine avait surtout été guidé par ce qu’il avait à sa disposition, c’est-à-dire une tenue victorienne (emprunt fait aux travaux de son père, tailleur de métier), ainsi que quelques accessoires dénichés dans les vides greniers de la ville.
La nuit était déjà tombée lorsqu’il se dirigea vers le lieu où la soirée devait se dérouler avec Arthur, et bien que l’ambiance des rues était festive, une inquiétude l’empèchait de se laisser gagner par la ferveur qui animait Oxford. Depuis qu’ils étaient sortis de la résidence où se trouvait la chambre qu’ils partageaient, Thomas ne cessait de passait sa main dans ses cheveux, non pas pour se recoiffer, mais pour guetter des traces du produit appliqué quelques heures plus tôt par son colocataire avec plus ou moins de soin dans le suivi des consignes d’utilisation. Mais ses mains restaient désespérément propres et aucune trace de la teinture noir corbeau n’était visible.
« Tu es sûr que ça part avec un shampoing ?... »
C’est donc déguisé en vampire qu’il se trouvait à déambuler parmi ses camarades tous déguisés, son inquiétude et son attitude en retrait rendaient le sien encore plus convaincant. Arthur lui semblait peu comprendre l’angoisse de son ami à propos de ses exploits capillaires, et avait passé tout le chemin à jouer avec un sabre lazer. Après avoir demandé à un organisateur dans quelle équipe ils étaient, ils se rendirent tous les deux au point de rendez-vous de l’équipe 9. Thomas ne put s’empêcher de jeter un regard plein d’appréhension vers l’entrée du Labyrinthe, tandis que l’enthousiasme débordant de son meilleur ami valait des coup de sabre en plastique à quelques un de leurs camarades.

Je regardais d'un œil distrait ma colocataire en train de faire des essayages pour son costume d'Halloween. Elle avait l'air assez ridicule dans son costume/pyjama minion qu'elle n'avait eu qu'à enfiler pour être prête. Ri-di-cu-le !

« Tu ne vas pas à la soirée ? Me demanda-t-elle.
- Sais pas.
- Tu sais, tu pourrais être plus cool, j'aimerais vraiment qu'on s'entende bien, ça nous rendrait la vie plus facile à toutes les deux. »

Je soupirai et fermai mon livre, North and South de Elizabeth Gaskell, puis je la fixai. Elle aussi me regardait d'un air sérieux, voire légèrement sévère. Un éclat de rire s'échappa de ma gorge sans que je puisse le retenir.

« Désolé, mais disons que tes leçons de morales et « nous vivons dans un monde d'amour et de paix, soyons tous amis ! » quand t'es habillée comme ça (je la désignai de la main de haut en bas)... Ben... Disons que ça ne fonctionne pas des masses. »

Elle s'en alla, vaincue. Je lui avais fait croire que je n'allais pas à cette soirée, c'était d'ailleurs ce qui était prévu à la base, mais finalement en la voyant accoutrée de cette façon, je me dis que cette soirée ne pourrait pas être si mal. Malheureusement, je n'avais pas pris la peine d'acheté de costume. Je pris une robe noire assez sexy, des boots à talons épais et bouclait mes cheveux, puis réalisait un maquillage assez sombre au niveau des yeux. Le résultat final était sexy, mais était loin de faire costume d'halloween. Je jetai un rapide coup d’œil vers la porte et me dirigeai vers les affaires de ma coloc. C'est pas bien de fouiller, je sais. Mais je sais aussi qu'elle avait prévu quatre tonnes de maquillage en prévision de cette soirée, je pouvais forcément réaliser quelque chose rapidement. J'observais ce qu'elle avait avant de réaliser des recherches de maquillage sur Youtube. Je me décidai finalement pour une « slashed throat », je trouvais le résultat du cou sans peau assez dégueu et par chance ma « copine de chambre » avait tout ce qu'il me fallait. Je réalisai rapidement le tutoriel et sortit de la chambre avec une petite bouteille de faux-sang dans la poche.

Arrivée devant l'entrée du labyrinthe, je me mis du faux-sang plein les mains. Ne mettant pas encore inscrite, j'allai vers le bureau des organisateurs. Ils ne m'accueillirent pas vraiment de bon cœur, une invitée de dernière minute n'était jamais agréable mais je m'en fichais comme de l'an 40. Ils me désignèrent la team 9 qui était la seule incomplète. Je me dirigeai vers eux, un jedi et un vampire. J'évitai de peu un coup de sabre. En voilà un bien content de rentrer dans un labyrinthe hanté. Son copain avait l'air un peu plus anxieux.

« Salut ! Je m'appelle Ruby, je viens de m'inscrire dans votre équipe, j'espère que ça ne dérange pas ? »

En fait, même si ça les dérangeait, je m'en fichais, j'étais juste là pour la soirée finale.

Froid glacial. Aucune réponse, tant pis. J'avais l'habitude. Depuis le temps, je n'attendais plus rien de la part de personne. Je savais que si je voulais avancer dans la vie, je devrais faire un pas après l'autre toute seule, sans réclamer l'aide et l'appui de quiconque. L'un des organisateurs vint nous trouver pour nous dire que nous étions au complet et que nous pouvions rentrer dans le labyrinthe. Seulement trois personnes ? Non, une quatrième venait silencieusement de s'ajouter à notre joyeuse bande. Je lui souris avant de me retourner vers l'entrée. Elle était lugubre, genre Harry Potter et la Coupe de Feu. Bref, ça ne me disait rien qui vaille. Je faisais souvent ma forte, celle qui n'a peur de rien. La vérité était tout autre. Je détestais tout ce qui avait pour but de nous effrayer, je n'aimais pas les films d'horreur, je ne rentrais dans les maisons hantées uniquement parce qu'on m'y forçait, là autant que je n'avais qu'une envie : Faire demi-tour et retourner dans la tranquillité de ma chambre, là où je pourrais un bouquin dans ma chambre sans être déranger.

J'inspirais profondément afin de calmer mon rythme cardiaque qui s'était accéléré alors que nous n'avions encore rien fait. Une fois que j'eus repris une certaine contenance, je me retournais vers mes "camarades" avant de leur dire avec un grand sourire qui disait que j'étais prête à en découdre alors qu'en fait pas du tout :

"On y va ? Plus vite on y rentre, plus vite on en ressortira."

Je m'avançais jusqu'à l'entrée. C'était assez sombre à l'intérieur et j'entendais les cris d'autres équipes qui se payaient une belle peur. Je me retournais à nouveau, mais les trois garçons n'avaient pas bouger d'un pouce. Ils étaient trop lents, et tout ce que je voulais c'était aller à la fête, même si je devais mourir de peur pour ça. Je m'avançais d'un pas incertain vers le premier couloir du labyrinthe.

Je commençais légèrement à regretter de ne pas être rester avec les autres. La solitude était pesante, tout comme cette atmosphère et concrètement je flippais à mort. J'avançais d'un pas incertain dans les méandres du labyrinthe, me forçant à penser à autre qu'au fait que des gens criaient un peu partout autour de moi. Je tremblais comme une feuille. Bordel, mais qu'est-ce qui m'avait pris de me lancer dans cette histoire de labyrinthe et de soirée costumé ?! Ok, je devais absolument me calmer. Après tout, c'était juste des étudiants idiots qui allaient essayer de me faire peur et ça ne devait pas m'effrayer. Pense à autre chose, ça va aller et tu seras vite ressorti de cet enfer. Je m'efforçais de penser à autre chose. Mon livre du moment était North and South de Elizabeth Gaskell. Je devais le lire d'un cours sur la révolution industrielle et le genre du roman industriel. Autant parfois j'étais complètement avec Margaret, j'aimais son côté femme forte et qui ne se laisse pas abattre par l'adversité, autant parfois son comportement m'horripiler.

Tout à coup, je me rendis compte que j'avais tourner à gauche vers un couloir lambda, mais je ne m'étais pas rendu compte que cette partie était complètement noire. J'hésitais à faire demi-tour et prendre un chemin éclairé. Puis, je me suis rappelée que ce labyrinthe, qui menait à la soirée, avait été fait pour nous effrayer. Dans une logique complètement irrationnelle, je me dis que ce chemin devrait forcément me rapprochait de la sortie. J'inspirai profondément avant d'expirer et je continuai d'avancer dans les méandres de ce labyrinthe qui me semblait sans fin. Ca va aller, Ruby, tu peux le faire, il ne va rien t'arriver. Je cherchais un mur, quelque chose sur lequel me raccrochait pour savoir que j'avançais toujours tout droit. Quand je touchais enfin le mur à tâtons, je me mis à hurler. En somme, il n'y avait rien, mais par stress j'ai eu l'impression que le mur bougeait. Des fois, je me disais que j'étais vraiment idiote.