La Belle et la Clocharde ~ Olympe & Rosa

Aujourd’hui, c’est sous le magnifique soleil de juin que j’ai décidé d’aller à Londres. J’ai décidé de prendre le bus le matin, laissant un mot à Killian pour lui dire que je ne rentrerais que le soir. Et aussi pour l’inciter à faire le ménage. Peine perdue. Mais je continue d’espérer, sait-on jamais, un miracle peut arriver. Je suis partie de bonne heure, prenant le bus de huit heure afin d’arriver à Londres à neuf heure. Au moins, j’aurais toute la journée devant moi et ça me convient parfaitement. J’avais pris mon sac bandoulière, j’y avais mis ma pochette à dessin, mes crayons aquarelles  et quelques autres fusains. J’aime assez le fusain, la matière, créer des ombres et le reste. J’avais pris aussi quelques trucs à manger et de l’argent, au cas où. Ouais, je vais surement encore craquer sur une connerie. Du genre un T-Shirt avec une licorne. Ou bien une paire de chaussures bleues et roses. J’aime la couleur, ce n’est un secret pour personne. Enfin bref, j’avais enfilé un débardeur vert, quand j’vous l’dis, une salopette short en jean, mes baskets blanches et un chapeau. Ouais, j’aime bien mon style. Pendant le trajet, j’avais enfilé mes écouteurs, écoutant le dernier album des Fall Out Boy et me décidant quant au lieu où j’allais peindre. Hyde Park serait un bon choix avec ses arbres, ses écureuils et ses oiseaux et la statue de Peter Pan. Ou Buckingham Palace. Le château, les statues, les gardes et les jardins autour seraient de bons sujets. Ou Camden Town. La partie de ville Punk Rock déjantée, décalée, qui me correspond. Ouais, ça sera Camden Town.

Le bus me dépose au centre de Londres, près d’Oxford street et je trouve bien vite une station métro. Je paie mon billet et je me dirige sur le quai. Je connais Londres par cœur et son métro aussi. J’ai tellement fait d’excursion dans cette ville, j’y ai passé des nuits entières à trainer, à la découvrir. Le métro arrive, je grimpe dedans et je renfile mes écouteurs. Une petite fille vient devant moi, j’éteins ma musique et cette bouille d’ange me demande une photo. Sa mère vient vite la récupérer, s’excusant et je lui dis que c’est bon, qu’elle peut faire la photo. Je m’accroupis à côté de la petite et je souris. La photo est prise, j’ai rendu une gosse heureuse rien que parce que je suis colorée. C’est mes cheveux ça, elle a dû me prendre pour une licorne. Sa mère et elle descendent et je lui dis au revoir de la main. Quelques minutes après, je suis à Camden et je décide de marcher avant de m’arrêter à un endroit pour dessiner. J’aime cette fille, ses façades en relief à l’image des produits de les magasins vendent, j’aime le fait que chaque boutique propose de tatouer ses clients, j’aime les punks et leurs styles, j’aime tout simplement. Je décide de m’enfoncer un peu plus dans la ville, là où il y a moins de touristes. Je m’arrête dans une rue où les seuls gens que je croise sont des punks et où il n’y a que des salons de tatouages aux façades atypiques. Je vais dessiner ces façades. Toutes ces façades. Je m’assois donc sur un banc se trouvant pile en face de l’un de ces salons, je sors mon attirail et je commence à dessiner. Certaines personnes qui passent me donnent des pièces. Je n’en demande pas. Mais merci. Je ne refuse jamais de l’argent. JA-MAIS.

Cela fait maintenant environ une heure que je dessine et j’ai fait le dessin de la rue d’ensemble. Maintenant je vais faire les façades une à une. Je commence par celle en face de moi quand une fille s’arrête pile devant moi, regardant son téléphone. Ok, elle n’a pas l’impression de dérange elle ? Je la fixe, haussant un sourcil. Elle ne bouge pas. Je la détaille et putain c’est quoi cette meuf encore ? Elle sort d’où ? De Buckingham. Elle a tout de la parfaite fille à papa. Et qu’est-ce qu’elle fout là ? A Camden ?

« Est-ce que ça dérangerait la princesse de bouger son cul ? Je dessine et tu m’en empêche. »

Ma voix est assez cool, limite moqueuse en fait. D’est vrai quoi, qu’est-ce qu’elle vient foutre ici sans déconner ?

« Non sans rire, t’es perdue ? »

Je ris légèrement. Les gens m'étonneront toujours. Il me semble l’avoir déjà croisée à Oxford mais jamais je ne lui ai parlé. Et bordel rien que la montre à son poignée pourrait payer pour la fin de mes études. Ouais, elle et moi on joue pas dans la même cours.