(inachevé) Problème insoluble - pv Eliakim

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Trois fois de suite. Il avait raté l'expérience trois fois de suite et bien qu'il n'en tienne pas compte, il entendait parfaitement les gloussements et ricanements des autres étudiants de sa classe dans son dos. A leur décharge, il imaginait sans peine le côté pathétique de la scène qu'il donnait à voir : lui qui faisait d'habitude office d'élève modèle dans le cours du professeur Crowlley, à la limite du petit génie qui dérangeait tout le monde et surtout les envieux, n'arrivait même pas à réaliser le mélange de base pour parvenir à restituer la formule qu'avait demandé Crowlley. Un mélange tellement simple, purement fonctionnel, qu'il n'aurait jamais dû poser problème à un élève de sixième année.

Mais Andrew n'y arrivait pas et quand son mélange laissa échapper un sifflement légèrement inquiétant, il baissa les épaules et fronça les sourcils. A côté de lui, son voisin de table laissa échapper un rire moqueur et se dépêcha de noter la formule qu'il avait obtenu, se réjouissant de coiffer au poteau McGregor. Non seulement le mélange de base avait été un jeu d'enfant – cela dit, il l'avait été pour l'intégralité de la classe – mais en plus il avait réussi à obtenir trois équations de formule totalement viables et qui risquaient de lui permettre de décrocher une bonne note, en plus de bien se faire voir du professeur.
Voilà trop longtemps que Crowlley portait aux nues ce McGregor sorti de sa cambrousse écossaise : le doubler sur quelque chose d'aussi facile leur permettait de redorer leur blason en beauté ! Savoir également que l'écossais obtiendrait une mauvaise note et risquait de voir sa moyenne dégringoler en flèche faisait également partie des réjouissances : on ne dansait jamais mieux que sur la tombe de son plus vieux ennemi, n'est-ce pas ? Celle de la sacro-sainte réputation de McGregor serait recouverte de roses blanches...

Les notes enregistrées sur son iPad, il se redressa, fier comme un paon, et décocha un regard mauvais sur la silhouette du roux qui n'avait pas bronché, et regardait toujours son éprouvette en fronçant les sourcils, comme si cette seule position allait décider ce maudit mélange à s'opérer.

« On avoue sa défaite McGregor ? » ricana l'étudiant.

Andrew ne l'entendit même pas, son esprit tout entier accaparé par une multitudes de choses parmi lesquelles dansait la formule maudite qui refusait de s'éclaircir. Il la voyait pourtant, aussi précisément qu'il fixait cette éprouvette : à la lisière de son cerveau, elle folâtrait et s'échappait dès qu'il tentait de l'attraper.
Comme un mot coincé sur le bout de la langue, elle se jouait de lui.
Et grand benêt qui ne savait faire que courir, il la poursuivait sans pouvoir l'attraper.

La sonnerie retentit et quelques étudiants lâchèrent des exclamations étouffées : de joie ou de frustration, tous avaient plus ou moins obtenu quelque chose à donner à Crowlley en fin de cours. De quoi améliorer leur note finale et leur faire miroiter la possibilité d'une moyenne honorable dans le cours de biochimie. Crowlley n'était pas réputé pour offrir les notes qu'il donnait, et tous s'étaient vaillamment battu à cet exercice, même si le succès n'était pas au rendez-vous pour tous les étudiants.

Dans le bruit confus des cahiers qu'on rangeait et des éprouvettes qu'on venait déposer dans les éviers pour les laver, les étudiants firent place nette et la salle se vida lentement. Sur le bureau de Crowlley, les feuilles s'empilèrent, renfermant toutes des heures de travail acharnés et de révisions laborieuses.

Et quand enfin la salle fut vidée de ces besogneux futurs-biochimistes, il ne restait plus qu'Andrew debout devant son éprouvette, la fixant avec le même air buté. Isolé du monde qui l'entourait, il semblait perdu dans une réflexion personnelle qui n'avait sans doute plus rien à voir avec l'exercice demandé.
En tout cas, il était là et ne bougeait pas, sourcils froncés et bras le long du corps.

Pour la première fois depuis son arrivée à Oxford, Andrew McGregor faisait face à un problème insoluble.

☆ date d'arrivée · **☆ date d'arrivée** : 08/12/2014 **☆ potins balancés** : 5082

Andrew & Eliakim

« Problème insoluble.»

Ses yeux fixent une évaluation de troisième année, alors que mentalement il refait les calculs. C'est bien ce qu'il pensait, cet élève a totalement ratée son problème et pour cause, elle a du faire cela à la va-vite sans même sortir sa calculette. Un rapide coup d’œil sur le nom de la personne, une jeune fille de bonne famille, très riche qui n'est à oxford que par habitude et tradition familiale. En gros, peut importe ses résultats elle aura un avenir tout tracé dans l'entreprise familiale. Il soupire et se passe une main sur le visage, il est épuisé en ce moment. Ils viennent d'emménager avec Alice, ils sont encore dans l'installation de leurs bibelots et surtout, ils enchaînent les pendaisons de crémaillère pour fêter la nouvelle maison, autant dire qu'ils ont du monde tous les soirs et hier encore il c'est couché dans un sale état. Il a trop bu, pour la première fois depuis des mois il a abusé de la vodka avec ses amis. Et concernant le boulot, en ce moment ils sont en pleine période de partiels, ils y a deux catégories d'étudiants. Ceux qui bossent et au contraire, ceux qui comptent sur les gros dons de la famille pour avoir leur année. Autant dire que pour Eliakim, ces derniers vont largement se taper des sales notes. Il se moque ouvertement de se retrouver devant une grosse fortune d'Angleterre, seul le travail prime et il ne croit qu'en cela. Il se fera un plaisir de coller des sales notes sur tous les élèves qui n'auront pas travaillé, don ou pas. Le doyen de l'université va encore lui passer un savon, tant pis.

Avec un soupir il colle un beau cinq en haut de cette copie, car elle ne vaut pas plus à son goût. D'un air distrais il relève la tête et regarde ses élèves enchaîner les expériences pour rendre une copie potable à la fin du cours. Il voit de loin, Andrew de gratter la tête devant un problème mais il ne s'arrête pas sur ce détail, son étudiant est brillant il le sait, il va réussir. Peut-être qu'il met trop de pression sur lui, mais après tout il le mérite amplement. Depuis sa première année, Andrew lui a toujours prouvé qu'il était capable du meilleur malgré son côtés solitaire et un peu rêveur, il n'en reste pas moins un grand scientifique à devenir. Eliakim replonge dans une nouvelle copie, corrige un peu et cette fois-ci, note largement au dessus de la moyenne car malgré quelques erreurs, cette évaluation est très bonne. Il entend vaguement un étudiant parler au fameux Andrew et même si ce dernier ne répond pas, cela agace largement Eliakim. Assez pour qu'il lève la tête et lâche, d'un ton catégorique quelques mots. « Laisse le Hartnett ! » Ce dernier, pris en flagrant délit de moquerie, baisse la tête et replonge dans son Ipad alors qu'une légère rougeur colore ses joues. Eliakim est déjà replongé dans ses corrections, toujours fier de son effet tout de même. La sonnerie brise sa concentration alors qu'il lève la tête et met le point final sur sa dernière copie. Aussitôt plusieurs élèves soupirent, de joie, de soulagement où d'agacement et ensuite, viennent déposer leur fiche sur son bureau. Il corrigera cela ce soir lorsqu'il sera chez lui, devant un bon feu de cheminée avec son épouse. Un petit sourire flotte sur ses lèvres alors qu'il se lève, qu'il regarde si tous les étudiants ont quittés la salle. Mais un seul, unique, ne bouge pas. Planté devant ses éprouvettes, un air perplexe sur le visage. Son élève, son génie, Andrew. Eliakim range ses affaires en l’appelant d'une petite voix. « Andrew ? » Mais aucune réponse, signe que son étudiant est en pleine concentration. Le regard fixe, deux petites rides froncés sur le front, oui le génie est vraiment très loin de cette classe actuellement. Le scientifique s'approche doucement et jette un œil à son mélange, oui en effet cela n'a pas fonctionné. Ce n'est pas grave, après tout ça arrive à tout le monde.

Même lui ça lui est arrivé. « Laisse tomber Andrew, c'est pas grave ! » Mais il connaît assez son étudiant pour savoir que lorsqu'il a une idée quelque part, il ne l'a pas ailleurs. Pire encore si il n'a pas la solution à ce problème, il ne va pas lâcher. Et il risque même de ne pas en dormir. « Tu devrais mettre le chlorure de potassium... Un peu avant... » Lâche Eliakim, comme un indice, avec un sourire. Il aide toujours les élèves qui ont du mal, ce n'est pas grave il enlèvera quelques points à sa copie c'est tout. Il lui sourit et regarde ses éprouvettes, pour voir si Andrew va l'écouter.

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Eliakim & Andrew
Problème insoluble

I

n'était plus là depuis un moment : la salle de cours avait disparue, loin derrière lui, et il s'était perdu dans les méandres de son esprit, accaparé par les dernières nouvelles venues d'Ecosse, par ces partiels qui ne cessaient d'affluer et cette impression sordide que tout lui échappait en ce moment. L'éprouvette vide devant lui n'était plus qu'une équation comme tant d'autres... Il n'en avait que faire, entièrement préoccupé par des problèmes bien plus existentiels. Il n'entendit pas le premier appel de son professeur, pas plus que le deuxième. Tout au plus son ombre venant obscurcir le plateau où se tenait l'éprouvette finit par lui rappeler qu'il était dans une salle de cours, et non pas ailleurs. Il cligna des yeux, reprenant difficilement contact avec la réalité, et releva un regard ahuri vers Crowlley, comme s'il lui paraissait étrange de le trouver ici, en face de lui.
Quelques secondes supplémentaires lui furent nécessaires pour se souvenir qu'il était bel et bien en salle de cours, et qu'il était en plein partiel. Ou plutôt, était. Un rapide tour de la salle du regard lui fit comprendre qu'encore une fois, il avait raté la sonnerie et était le dernier à partir.
Et quand ses yeux s'arrêtèrent sur l'éprouvette vide, il lâcha un petit 'oh' surpris, semblable à un hoquet.

Perplexe, il regarda une nouvelle fois le professeur Crowlley qui tentait toujours d'entrer en communication avec son cerveau défaillant, et lui parlait désormais de chlorure de potassium... Oui, évidemment, il savait pertinemment qu'il devait procéder ainsi, mais... Ce n'était pas vraiment le point essentiel, n'est-ce pas ?

Ce qui était important, c'était cette lettre qu'il avait reçu ce matin, de la part de son père. John McGregor avait toujours eu le tact pour s'adresser à ses fils comme on s'adresse à un chien bien dressé qui compte obéir au moindre de vos ordres.
Que l'éprouvette reste vide était le cadet de ses soucis... En réalité, il ne se souvenait même pas qu'il était censé être en partiel : tout s'était embrouillé depuis qu'il avait posé ses yeux sur les mots gribouillés à la va-vite de son père. Après, il avait agi comme un automate, ou du moins l'imaginait : tout était trop confus et vague pour qu'il se rappelle réellement ce qu'il avait fait après cette maudite lettre.

Fronçant les sourcils, il se mordit la lèvre inférieure tout en regardant Crowlley, et finit par demander comme à brûle-pourpoint :

« Nous étions en partiel, n'est-ce pas ? »

Il attendit une confirmation mais l'angoisse qu'il aurait normalement dû ressentir pour avoir raté une évaluation de cette importance ne vint pas : en ce moment précis, il n'arrivait plus à ressentir quoi que ce soit, et peut-être était-ce mieux pour lui.
Pourtant, la biochimie avait toujours été sa matière préférée, et les cours du professeur Crowlley étaient de loin ceux qu'il n'aurait jamais raté pour rien au monde ! Contrairement à certains qui ne voyaient dans ces éprouvettes que des réactions chimiques normales et logiques, il y voyait une magie avec laquelle il aimait jouer et qui le rendait infiniment heureux : d'autant que Crowlley avait toujours eu le chic pour rendre les expériences passionnantes, voire même grisantes ! Il ne subissait pas son métier, il le vivait avec passion et cela changeait toute la donne face à des élèves.
Il n'avait jamais raté une de ses évaluations, n'avait même jamais rendu un exercice en retard mais aujourd'hui... Oui aujourd'hui, il serait défaillant, pour la première fois depuis qu'il avait rencontré Crowlley.

Et même cet état de fait ne réussit pas à le sortir de sa torpeur maladive.

« Je crois que je l'ai raté alors, Professeur. »

Il en était même sûr, et il ne toucha pas à l'éprouvette face à lui. Dans son état, il n'arriverait à rien de toute façon. Et du tac au tac, comme si cela devait sortir d'une manière ou d'une autre, il demanda à brûle-pourpoint :

« Vous connaissez un bon juriste Professeur Crowlley ? »

WILDBIRD

☆ date d'arrivée · **☆ date d'arrivée** : 08/12/2014 **☆ potins balancés** : 5082

Andrew & Eliakim

« Problème insoluble.»

Il fixe son élève, sans le lâcher une seule seconde des yeux. Sur le visage d'Andrew on peut lire tous le stress et l’inquiétude, ses sourcils sont froncés et sur son front, une petite ride semble être là depuis le début de l'épreuve. Eliakim croise les bras sur son torse en attendant que son petit préféré lui réponde, il sait comme Andrew peut parfois partir très loin sans même s'en rendre compte. Ce n'est pas un problème, Eliakim est fasciné par les petits génies dans son genre, ils ont une vision des choses tout a fait exceptionnelle. Il pourrait l'écouter pendant des heures et travailler avec lui une après midi entière, qu'il ne s’ennuierait pas une seule seconde. C'est pour ce genre de chose qu'il adore son boulot, rencontrer des jeunes, les voir grandir et devenir des scientifiques acclamés par la critique, peut-être que dans quelques années un des professeurs qui trouvera un vaccin aura été son élève et c'est cette idée qu'il adore, se dire qu'il enseigne déjà à des personnes qui changeront la médecine plus tard. Il sourit en voyant Andrew relever la tête vers lui, son regard est penaud et il semble perdu pendant une seconde. Le professeur sourit de plus belle, un sourire rassurant mais cela ne semble pas apaiser son élève qui pendant une seconde, regarde tout autour de lui. Oui ils sont seul et comme toujours, Andrew est le dernier à quitter la pièce. Le premier à entrer et le dernier à sortir. « Nous étions en partiel, n'est-ce pas ? » Eliakim se passe la main dans les cheveux sans cesser de regarder son élève, cette angoisse qui monte en lui. « Pas du tout, c'était simplement un entraînement pour aujourd'hui. Le partiel est la semaine prochaine. » Répond Eliakim en voulant le rassurer. Heureusement d'ailleurs qu'ils ne sont pas en partiel, cela lui aurait fait mal au cœur de coller un zéro sur la copie de son élève de plus brillant.

« Je crois que je l'ai raté alors, Professeur. » Ce dernier hausse les épaules et s'approche du mélange de son élève, après un rapide coup d’œil il hoche la tête. Oui c'est raté mais ce n'est pas dramatique, il lui arrive à lui aussi de rater des mélanges parfois, il suffit d'avoir l'esprit ailleurs et vous ratez un mélange de première année, pourtant très simple. Eliakim tend sa main vers une bouteille contenant un liquide clair, presque jaune mais très transparent semblable seulement à de l'eau. Il attrape également une petite pipette, la plonge dans le liquide et, à l'aide de sa pipette, attrape deux gouttes de ce produit. Il l'ajoute au mélange d'Andrew, aussitôt les produits fusionnent et donnent la recette qui était demandée. « Tu avais simplement oublié l'essentiel. Ce n'est rien, un manque d'attention c'est tout. » Il repose les ustensiles, attrape l'éprouvette et d'un air satisfait, regarde le mélange. « Vous connaissez un bon juriste Professeur Crowlley ? » Ce dernier se retourne vers son élève, surpris par cette question dont il ne s'attendait pas. Il réfléchit un instant avant de lui répondre, tout en reposant l'éprouvette. « Oui j'en connais, par la force des choses. Pourquoi ? Tu as des problèmes ? » Un peu plus inquiet cette fois-ci, il range le tout et enfin s'assoit sur un des bureaux présent en invitant son élève à en faire de même. « Ce n'est pas ton genre d'oublier un produit aussi basique et de rater ce genre de mélange. Qu'est ce qu'il se passe ? Tu sais que tu peux me parler, je suis là pour toi. » Il n'est pas qu'un professeur, il est également là pour soutenir ses élèves si quelque chose ne va pas.

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Eliakim & Andrew
Problème insoluble

U

n entraînement, c'était tout ? Il savait qu'il aurait dû paraître soulagé, qu'il...
Non, en réalité, il était soulagé : une partie de lui n'aurait jamais pu se résoudre à rater un partiel du professeur Crowlley. Depuis qu'il était arrivé ici, avec des étoiles dans les yeux et ses araignées écossaises au plafond, Crowlley avait été le seul à croire en lui et ses capacités. Il lui avait donné une éprouvette, une formule toute simple, et Andrew s'était mis à composé comme Beethoven devant son clavecin.
Crowlley l'avait inscrit à de nombreux concours, et même si parfois McGregor le soupçonnait de l'exhiber comme une bête de foire, il appréciait ces attentions - et accessoirement l'argent qu'elles pouvaient lui rapporter. Il avait bien conscience d'être l'un de ses chouchous : d'une part parce que ses camarades ne cessaient de le lui jeter à la figure comme s'il s'agissait d'une honte monumentale, et enfin parce que Corwlley n'agissait jamais avec lui comme il pouvait agir avec certains cancres notoires. Son ton, ses regards et même sa façon d'expliquer changeaient, en mieux généralement.
Décevoir un homme comme lui, qui croyait en lui et faisait autant d'efforts pour sa misérable petite personne, cela aurait été au-dessus de ses forces, et de sa volonté. D'autre part, les partiels en biochimie compteraient pour 40% de sa note du semestre et il ne pouvait pas se permettre d'être recalé...

Surtout pas avec cette lettre de son père.
Lettre. McGregor. Juriste.

Il redressa un regard inquisiteur sur son professeur, soudain à mille lieux de son éprouvette. Oui, il avait des problèmes, ou plutôt un seul mais qui en englobait une multitude qui, à force d'être négligés, avaient fini par devenir trop conséquents pour être ignorés.
Son regard se baissa vers l'éprouvette où le mélange avait pris, par miracle après l'intervention de Crowlley. Il aurait dû se sentir bête d'avoir échoué pour si peu mais en cet instant, il était trop anesthésié pour ressentir réellement quoi que ce soit de la sorte. Surtout pas envers une simple éprouvette.

Rejoignant Crowlley qui l'avait invité à s'asseoir après avoir débarrassé la table de ses affaires, il prit un siège et s'y laissa tomber comme si soudain, tout le poids du monde était sur ses épaules. Il n'adoptait jamais une attitude aussi lasse et c'était là plus qu'un signe : c'était déjà une alerte sur ce qui le tracassait.

Crowlley était gentil et voulait l'aider, c'était perceptible, mais il ne pouvait rien actuellement pour lui : hormis sans doute lui donner le nom d'un juriste. Mais c'était déjà bien suffisant à vrai dire, et Andrew appréciait sa compassion, surtout en ces moments où il avait l'impression de partir à la dérive.

« Mon père veut me déshériter. En d'autres termes, me renier : il ne sera plus tenu de subvenir à mes besoins, et donc de payer mon inscription à l'université. Et je ne pourrais pas y arriver tout seul. »

Quand on voyait les frais de scolarité que demandait l'université, force était de constater que quelques concours de biochimie ne lui permettraient jamais d'engranger la somme nécessaire pour rester encore quelques années à l'université.
Or, s'arrêter maintenant, ce serait partir sans diplôme, et avec très peu de promesses d'avenir. Sans compter que sa vie était ici, entre les laboratoires et les expérimentations, au sein de ses pairs, de ceux qui connaissaient et vivaient la même passion que lui. Des gens comme Crowlley.

« Je ne sais même pas s'il en a le droit, si légalement c'est possible. Il a souvent tendance à parler trop vite et à s'emporter mais... il a l'air décidé. »

Sa lettre n'avait été qu'un torchon d'insultes où l'idée principale qui avait émergé était le fait que désormais, Andrew ne serait plus son fils. Mais l'avait-il jamais été, quand on regardait bien ?

Si ce n'étaient ses épaules qui s'étaient légèrement affaissées et son regard un peu plus vide que d'habitude, Andrew restait impassible, comme si tout cela ne le touchait pas vraiment. Et pourtant, intérieurement, il était totalement perdu. Pour une fois que Dame Réalité venait sonner à sa porte, elle avait frappé fort.

WILDBIRD

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Andrew & Eliakim

« Problème insoluble.»

En temps normal, trouver la solution aurait fait plaisir à son étudiant qui l'aurait sans doute noté dans son cahier pour l'étudier et s'en servir la prochaine fois. Mais cette fois-ci aucune réaction, Andrew reste stoïque. Eliakim comprend que quelque chose ne va pas mais il met cela sur le compte d'un peu de fatigue ou de stress, les partiels arrivent et ses élèves sont tous à cran, ils se rendent compte que déjà le premier trimestre et quasiment à sa fin et qu'il leur reste peu de temps pour réviser correctement. Tout de même alors que son étudiant lui pose une question, le professeur prend le temps de répondre et surtout de s'asseoir sur une chaise en lui demandant des précisions. Andrew se laisse presque tomber sur une chaise, dans une position qui lui donne l'impression de porter tous les poids du monde sur ses épaules. Eliakim le regarde faire et croise les bras sur son torse sans lâcher son étudiant des yeux, son attitude est de plus en plus étonnante. C'est la première fois qu'il le voit agir ainsi, comme si il était véritablement épuisé et pas que physiquement, mais aussi moralement. Comme si tout se relâchait, ses épaules s'affaissent et en une seconde, son visage marque dix bonnes années qu'il n'est pas prêt d'avoir. Il voudrait parler mais il sent que ce n'est pas le moment alors Eliakim se tait, il le regarde simplement en attendant qu'il fasse le premier geste où qu'il dise quelque chose pour expliquer cet état de lassitude extrême. Parfois seul votre présence fait sentir à l'autre que vous le soutenez et les paroles deviennent inutiles, surtout lorsque la personne en face semble aussi mal. Sentant qu'il va avoir besoin de se confier, le professeur lui laisse tout le temps dont il a besoin pour remettre de l'ordre dans son esprit et parler clairement. « Mon père veut me déshériter. En d'autres termes, me renier : il ne sera plus tenu de subvenir à mes besoins, et donc de payer mon inscription à l'université. Et je ne pourrais pas y arriver tout seul. » Eliakim grimace, il comprend que le problème est pire qu'il ne l'aurait pensé. Il sait ce que c'est les problèmes familiaux, lui même a des rapports très compliqués avec son père depuis que ce dernier l'a quasiment battu à mort vers ses treize ans. Il sait comme ça peut être douloureux. Pourtant une idée germe dans son esprit, il ouvre la bouche pour parler mais le jeune homme en face de lui le coupe sans même s'en rendre compte. « Je ne sais même pas s'il en a le droit, si légalement c'est possible. Il a souvent tendance à parler trop vite et à s'emporter mais... il a l'air décidé. »

Mal à l'aise car il sait comme ce problème peut-être difficile à aborder, il se passe la main dans les cheveux en réfléchissant. « Normalement il n'a pas le droit de te déshériter comme ça, sans raison. Il faut une bonne raison pour agir ainsi envers son enfant et... Enfin je ne pense que tu ai fais quelque chose de si grave pour expliquer ce geste si ? » Demande Eliakim en reposant vers lui un regard doux, lui souriant doucement. « Ensuite pour ta première inquiétude j'ai bien conscience que quelques concours ne vont pas t'aider à payer ton année. Sache que mon beau père est très influent au conseil d'administration, je peux largement jouer en ta faveur pour une bourse. Et tu sais que depuis deux ans... Enfin une bourse d'excellence en biochimie a été mise en place pour les meilleurs élèves. Et j'ai mon mot à dire sur l'attribution des bourses. Je peux m'en occuper, il suffit que je fasse une lettre et tu en toucheras une. » Il sait que ce n'est pas grand chose alors tout de même il décide de se justifier. « Je sais que ça n’effacera pas la douleur d'avoir un père qui semble déçu et qui veut vous éloigner mais ça te fait un problème en moins. Tu es mon meilleur élève Andrew et je peux t'assure que tu ne quitteras pas Oxford. » Eliakim a également sa meilleure amie Rae qui gère l'attribution des bourses, il n'est pas rare qu'il fasse un petit chèque pour ses meilleurs élèves et qu'en douce, la belle Rae paye l'année d'un élève sans qu'il n'en sache rien. Ce n'est pas grand chose mais ça permet à ses élèves les plus prometteurs d'étudier encore, le temps de trouver une solution. Et puis surtout si Eliakim fait ça, c'est qu'il sent bien que l'étudiant en face à une potentiel énorme sinon il ne prendrait pas le risque de se faire taper sur les doigts. Pas qu'il fait quelque chose de mauvais, mais c'est une sorte de favoritisme qui pourrait lui jouer des tours.

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