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 « J'suis restée tout là-haut pour écouter le vent. J'ai laissé mon bateau guider quelques instants. » † Ruby & Will

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Ruby M. Hawkesbury




Ruby M. Hawkesbury
STUDENT — l'élitisme est maitre mot


☆ date d'arrivée : 20/09/2015
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MessageSujet: « J'suis restée tout là-haut pour écouter le vent. J'ai laissé mon bateau guider quelques instants. » † Ruby & Will   « J'suis restée tout là-haut pour écouter le vent. J'ai laissé mon bateau guider quelques instants. » † Ruby & Will EmptyMer 2 Mar - 22:53


« J'suis restée tout là-haut pour écouter le vent. J'ai laissé mon bateau guider quelques instants. »
Ruby & William
La journée avait été plutôt longue, et un tantinet agaçante. Non. C'était de l'euphémisme, ça, en fait. Ma journée avait été passablement horrible, mais ce n'était pas comme si j'avais pu passer à côté. Mes quelques petits jours londoniens venaient de se terminer par une journée passée en famille, ce qui voulait dire avec ma sœur aussi, et si habituellement nous nous côtoyions plutôt facilement malgré notre manque d'entente sur un nombre hallucinant de sujet, cette fois nous avions manqué de peu de nous sauter à la gorge. L'expression était à prendre au pied de la lettre. Le pire ? C'était parti pour une broutille, à la base, quelque chose que j'avais dit sans arrière pensée et qui l'avait poussée à m'attaquer. Mais m'attaquer méchamment dans ses propos, vraiment. Et j'avais contre-attaqué. Au grand dam de mes parents, impuissants dans l'assaut. Des choses horribles avaient été dites, c'était vrai. De notre part à toutes les deux. Et j'avais refait mes valises dans un grand coup de gueule. Mais ça passerait. Comme d'habitude. Seulement, en attendant, je me sentais vidée de toute énergie.

J'avais pris la route furieuse, manquant de peu de vouloir tuer quelqu'un, mes affaires jetées en vrac dans mon sac. Mon père avait bien essayé de me retenir, mais en vain. J'étais partie, et ma colère m'avait consumé sur toute la route. Puis, petit à petit, elle s'était muée en quelque chose de mon dévastateur pour mon entourage, mais bien plus agressif pour mon cœur. Certaines barrières avaient cédé, laissant la douleur passer. Ces choses qui s'étaient dites n'étaient pas anodines, et il allait falloir que je réussisse à faire en sorte d'oublier. Ou au moins de ne pas ressasser. Il fallait que je me trouve un moyen de me remettre d'aplomb. Alors, une fois rentrée chez moi, j'avais défait mes bagages et j'avais changé ma robe en dentelle contre un jean droit et un pull en cachemire très doux, une tenue cosy. J'avais aussi réarrangé mon maquillage en un simple coup de mascara et une touche de gloss transparent. Mes cheveux s'étaient retrouvés attachés en chignon. J'avais d'abord attaqué au piano un moment. Puis, ne supportant plus mon appartement et profitant que la nuit, juste tombée, soit d'un temps clément, j'avais pris ma guitare, mon blouson, et quitté mon petit chez-moi.

Sans trop réfléchir, mes pas m'avaient conduite jusqu'à la fontaine Mercury, dont les abords étaient parfaitement déserts bien que ce soit éclairé. En même temps, j'aurais pu m'en douter. Mais bon, ça ne me dérangeait absolument pas, cette solitude, au contraire vu mon humeur maussade, presque chagrine. Je m'étais installée sur une souche, pas très loin du bord de l'étang, et avant toutes choses, j'avais allumé une cigarette, tirant lentement dessus. C'était libérateur. Puis, une fois le poison lentement consumé, j'avais sorti ma guitare de sa housse pour commencer à jouer. Je laissais l'inspiration venir, et doucement, c'est une chanson d'Adèle, qui aurait mérité un splendide-piano voix, qui me vint à l'esprit. Alors, les premières notes de Someone like you s'échappèrent de ma guitare et, au moment opportun, ma voix s'y joignit.  

Emi Burton
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William Fallen




William Fallen
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MessageSujet: Re: « J'suis restée tout là-haut pour écouter le vent. J'ai laissé mon bateau guider quelques instants. » † Ruby & Will   « J'suis restée tout là-haut pour écouter le vent. J'ai laissé mon bateau guider quelques instants. » † Ruby & Will EmptyJeu 3 Mar - 22:20

Williby
J'suis resté tout là-haut pour écouter le vent. J'ai laissé mon bateau guider quelques instants


Sa journée était terminée. Une autre longue journée mais ça passait vite tant il était passionné. Une jeune femme était venue se plaindre d'une griffe sur sa voiture...Il avait refilé le bébé à un sous-fifre, ce genre de trucs, ça le faisait terriblement chier. Il avait préféré s'occuper de quelque chose de plus intéressant, à Halloween, il y avait eu un meurtre à Oxford, un certain Balthazar et l'enquête semblait piétiner. Il s'y était intéressé mais le dossier ne lui avait pas été confié personnellement, cependant, s'il pouvait aider, il le faisait avec plaisir.

Outre cela, il s'était occupé d'un de ses jeunes, un gosse paumé de quinze ans qu'il voyait régulièrement revenir au poste avec un des agents qui l'avait chopé pour vol de scooter, possession de cannabis, graffitis sur les murs de la ville... Il avait bien compris qu'il n'était pas bien méchant au fond ce gamin, il était juste paumé dans une famille de cas sociaux dont les parents jemenfoutistes laissaient faire tout et n'importe quoi. Ils étaient abandonnés à eux mêmes et il essayait de se faire remarquer. Rien de bien méchant jusque là, s'il joue les caïds, il finit toujours par faire des excuses, enfin...Un semblant d'excuses. Voyant que les choses ne s'amélioraient pas malgré leurs discussions, Will avait décidé d'emmener le jeune à la prison pour lui montrer ce qui lui pendait au nez s'il continuait sur cette voie. Il avait besoin qu'on le ramène sur terre et qu'on lui foute un peu la trouille !

Sa journée finie, il était rentré dans son appartement de fonction, avait pris une douche et mangé un morceau avant de se décider à sortir. Le ciel commençait doucement à s'assombrir, l'air était frais et faisait danser les feuilles printanières qui commençaient doucement à apparaître. Il y avait un parc non loin de chez lui avec une fontaine. Chaque matin il s'y rendait pour courir un peu avec Max, son berger allemand et le soir il y allait souvent également pour qu'ils puissent tous les deux se dégourdir les jambes et parfois, il emmenait également sa guitare. Il se posait sur un banc et jouait un peu pendant que Max s'amusait à courser les oiseaux.

Il avait donc emmené et son chien, et sa guitare en cette soirée et s'était dirigé vers le parc. Il marchait tranquillement, profitant de la fraîcheur du crépuscule, son étui à la main lorsqu'il entendit une musique puis une voix non loin de l'étang. Il s'approcha doucement, tâchant de ne pas faire de bruit et resta un moment à l'observer et à l'écouter. Lorsque sa chanson fut terminée, il s'approcha.

Jolie voix. On dirait qu'on a eu la même idée même si j'éviterai pour ma part de pousser la chansonnette.
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Ruby M. Hawkesbury




Ruby M. Hawkesbury
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MessageSujet: Re: « J'suis restée tout là-haut pour écouter le vent. J'ai laissé mon bateau guider quelques instants. » † Ruby & Will   « J'suis restée tout là-haut pour écouter le vent. J'ai laissé mon bateau guider quelques instants. » † Ruby & Will EmptyVen 4 Mar - 10:26


« J'suis restée tout là-haut pour écouter le vent. J'ai laissé mon bateau guider quelques instants. »
Ruby & William
La musique, pour peu qu'on l'ait dans le sang, était un exutoire plus que parfait. En jouant certaines émotions, telles que la peur, l'anxiété, la déprime, on pouvait les faire sortir, les envoyer au loin, ou les apaiser. C'était agréable, de pouvoir jouer de la sorte et, au final, de se sentir enfin libéré d'un poids. C'était justement ce qui m'était arrivé, j'avais noyé ma peine dans la musique, jouant un morceau pour piano avec la passion du désespoir, et finalement, je m'étais partiellement sentie apaisée. Mais ce n'était pas suffisant, je le savais, pour terminer ma thérapie personnelle, il me fallait de l'air frais, un endroit où je me sentirais libre de m'exprimer, et sûrement un peu plus de solitude. Je devinais l'immeuble grouillant de vie, autour de moi, et j'avais l'impression d'épancher mes problèmes sur les épaules de mes voisins ; je détestais foncièrement cette idée.

Alors, dans une tenue décontractée mais suffisante pour affronter la fraîcheur d'une nuit sans plus d'humidité que cela à Oxford, j'avais pris ma guitare et commencé à errer. Mes pas m'avaient mené au bord de la fontaine Mercury, sans que je sache pourquoi, mais c'était parfait. L'endroit était assez éclairé pour ne pas ressembler à un coupe-gorge mais pas fréquenté. Cette solitude était parfaite pour moi. Alors, je m'étais installée sur une souche, qui faisait office de chaise, un peu à l'écart du bassin, et j'avais finalement commencé à gratter, un peu en improvisation. On devinait pourtant les premières notes d'une chanson mélancolique. C'était une chanson écrite pour un superbe piano-voix, il fallait l'avouer. Pourtant, à la guitare, avec ma voix douce, ce n'était pas désagréable à entendre ; au contraire, ça passait bien aussi, même si le piano aurait sublimé la chanson. Mais qu'importe. Je me laissais emporter par le morceau. Plus rien n'existait à part la musique. Ma guitare et ma voix. Des accords et de la précision. Puis une dernière note, un léger soupir.

La silhouette qui entra dans mon champ de vision me fit sursauter. Je ne l'avais pas entendu arriver, tout d'abord. Ensuite, je ne l'avais pas tout de suite reconnu. Néanmoins, la première surprise - ou frayeur, comme vous voudrez - passée, un sourire doux étira mes lèvres. C'était assez drôle de tomber sur monsieur le commissaire ici. Nous avions tendance à beaucoup nous croiser pour hasard, depuis quelques temps. Pourtant, tout ce que je savais de lui, c'était qu'il s'appelait William, était commissaire dans la police, avec un accent français à croquer. Notre seul réel point commun était la musique. Et, avouons-le, il était vraiment plaisant à regarder. Il avait du charme, c'était certain. Il ne m'impressionnait pas vraiment, et il était agréable à côtoyer. Tout allait donc pour le mieux.

« Oh, c'est toi. Tu m'as surprise. » Le sourire qui illuminait mon visage devint un peu plus amusé. « Merci. Tu joues, je chante, si tu veux. » Je m'écartais sur la souche, lui laissant de la place pour s'installer s'il le voulait, posant doucement ma guitare à côté de moi, le manche appuyé contre ma hanche. « J'espère que tu n'étais pas venu chercher du calme et de la solitude parce que ... Eh bien, je suis là, et je ne compte pas partir tout de suite. Sinon, tu es le bienvenu. » Une rire m'échappa. Cependant, il était moins léger, moins joyeux que d'habitude, en quelques sortes. L'altercation de cette après-midi laissait des marques, même si la musique agissait petit à petit comme un baume sur mon cœur.

Emi Burton
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William Fallen




William Fallen
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MessageSujet: Re: « J'suis restée tout là-haut pour écouter le vent. J'ai laissé mon bateau guider quelques instants. » † Ruby & Will   « J'suis restée tout là-haut pour écouter le vent. J'ai laissé mon bateau guider quelques instants. » † Ruby & Will EmptyVen 4 Mar - 19:59

Williby
J'suis resté tout là-haut pour écouter le vent. J'ai laissé mon bateau guider quelques instants


Un léger sourire se dessina sur ses lèvres en voyant la surprise sur le visage de la jeune femme. Elle ne s'attendait sans doute pas à le voir ici, lui non plus pour tout dire. Ils s'étaient croisés quelques fois de façon fortuite et avaient échangé sur quelques petites choses. Il ne donnait toujours qu'un prénom, à l'orphelinat, on vous donne un deuxième prénom en guise de nom de famille et des noms de famille il en avait eu tant... Le dernier en date était Dessenne, celui de son dernier "père" et il y avait le nom de son vrai père...Celui là, il ne l'avait pas sur les papiers et il ignorait s'il avait envie que ce point change.

Elle lui avait proposé de chanter pendant qu'il jouerait. Il s'était approché d'elle et elle l'avait invité à s'installer à ses côtés, reculant un peu pour lui faire une petite place sur la souche de bois. Il pose l'étui de sa guitare dans l'herbe fraîche et l'ouvre pour récupérer l'instrument. Il alla s'installer à ses côtés, posant sa guitare sur sa cuisse.

Je suis rarement seul à vrai dire.

Il fit un léger signe de tête vers Max qui courait non loin. Il ne l'attachait jamais, il avait été éduqué et entraîné pour le travail à la base. Il avait plus confiance en ce chien qu'en quiconque, il était une aide précieuse, infaillible.
Il reporta son attention sur Ruby, elle n'avait pas l'air spécialement à l'aise, il n'aurait pas su dire pourquoi mais il avait l'habitude de voir quand quelqu'un cachait quelque chose, quel que soit le sujet.

Tu vas bien ?

Il sent qu'il y a quelque chose, il le voit mais il ne veut pas se montrer indiscret, à voir si elle veut parler ou non. Parfois c'est plus facile de se confier à une personne que l'on ne connait que très peu. Tu as des gens qui se replient dans leur coquille dès lors que sa touche une corde sensible mais à force de patience, tu arrives à en tirer quelque chose comme le fait William avec certains de ses jeunes. La plupart veulent juste se faire remarquer mais dans le lot, il y a quelques uns de ces "petits délinquants" qui sont en souffrance et n'ont pas eu l'entourage, l'éducation qu'il faut pour aller sur le droit chemin. Mieux vaut tard que jamais, un adolescent ne peut pas toujours être sauvé mais il avait la conviction qu'en le faisant parler, en lui trouvant une occupation, un petit boulot, il pouvait le sortir de là. Ruby ne semblait pas avoir les mêmes préoccupations, de façade, elle semblait aller bien, c'était une étudiante brillante sans véritables problèmes, mais bien souvent les gens ne vous montrent que la face émergée de l'iceberg et il faut gratter un peu pour découvrir autre chose.
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MessageSujet: Re: « J'suis restée tout là-haut pour écouter le vent. J'ai laissé mon bateau guider quelques instants. » † Ruby & Will   « J'suis restée tout là-haut pour écouter le vent. J'ai laissé mon bateau guider quelques instants. » † Ruby & Will EmptyLun 7 Mar - 0:35


« J'suis restée tout là-haut pour écouter le vent. J'ai laissé mon bateau guider quelques instants. »
Ruby & William
L'obscurité qui entourait le parc ne me dérangeait pas. En fait, temps que j'étais dans ma bulle musicale, je n'avais pas peur de ce qu'elle pouvait cacher, je ne m'inquiétais pas de qui pourrait éventuellement me guetter sous le couvert d'un arbre. Je n'étais pas du genre paranoïaque, et encore moins à croire que le monde tournait autour de moi. A mon avis, il était pour ainsi dire impossible qu'il m'arrive quelque chose. Même si ça n'arrivait pas qu'aux autres ... Il ne fallait pas pousser pour autant. C'était aussi pour cela que j'étais si sereine, toute de guitare et de voix faite, assise sur ma souche. Alors oui, voir Will sortir de là, c'était une surprise et j'avais fait un petit bond sous son effet, mais ça n'était vraiment pas allé plus loin que ça, même si je le connaissais peu, il m'avait laissé une impression positive et je ne me sentais pas menacée, au final.

Alors, comme nos premiers propos tombaient sur la musique, je lui avais proposé de chanter, s'il le voulait, s'il jouait. J'avais besoin de me servir un peu de ce que j'avais pour continuer de m'évader, d'oublier, encore, les dégâts de cette après-midi passée en famille. Sans ma sœur, ça s'avérait souvent parfait. Elle était l'élément déclencheur des disputes et, invariablement, elles me retombaient dessus. Comme aujourd'hui, une fois de plus. C'était usant, à force, de ne pas pouvoir passer une seule journée en famille sans que cela ne vire à l'affrontement rangé. C'était généralement très violent, en plus. Vraiment pas de premier choix pour échanger nos anecdotes de vie quotidienne. Enfin bref. Will s'installa à mes côtés et, tandis qu'il désignait son chien d'un signe de tête, répondant à ma question, j'eus un sourire un peu songeur.

« C'est rarement une présence incommodante ... »

Contrairement, éventuellement, à une personne. Mais visiblement, s'il était venu s'installer, c'était que ma présence ne le gênait pas tant que ça, et c'était tant mieux, du coup. De ce que j'en savais, il était d'aussi agréable compagnie qu'il l'était à regarder, alors il me permettrait sûrement de passer un bon moment et de remiser dans un coin mes mésententes familiales, un temps au moins. Ce serait sûrement un répit bien agréable. A sa question, je passais une main dans mes cheveux, réflexe, tic nerveux ce soir, mais habituellement simple manie prise et un peu trop présente. J'étais assez indécise sur ma réponse. Mentir ne servirait à rien, jouer franc jeu n'était pas une option parce que ça ne le regardait pas. Une alternative, peut-être ?

« Plutôt, oui. Tout n'est pas parfait mais ... La perfection, ça n'existe pas, n'est-ce pas ? » Un léger rire m'échappa. « Et toi ? »

Lui, vu comme ça, il avait l'air d'aller bien. Tant mieux, parce que passer une soirée à deux déprimés, ça m'aurait déplu, peu importe à quel point Will pouvait être agréable. Je n'avais pas besoin de m'appesantir sur mon sort ou sur celui d'autrui, j'avais besoin de penser à autre chose, de m'amuser et d'aller de l'avant. Le reste n'était que négatif. Un très léger coup de vent monta, phénomène isolé, et avec un frisson, je resserrais mon blouson autour de moi, faisant disparaître mon menton dans le col. Mon regard se posa finalement sur la guitare du français, et ma curiosité musicale reprit le dessus.

« Tu avais déjà une idée de ce que tu comptais jouer, en arrivant ? »

J'avais un sourire en coin en le regardant. Même s'il ne faisait pas si mauvais que ça, et que c'était plus que supportable, le léger froid qui régnait sur le parc à la tombée de la nuit me poussa à ranger mes mains dans mes poches. Je ne voulais pas perdre mes doigts dans la manœuvre, et maintenant qu'ils ne grattaient plus de cordes, ils avaient tendance à s'engourdir très lentement, ce qui n'était pas vraiment agréable. Je levais finalement la tête, l'inclinant en arrière, observant les étoiles et la lune avec un sourire doux. Les plaisirs simples dans la vie étaient les meilleurs, et profiter du calme d'un lieu pareil à la faveur de la nuit en faisait partie.

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MessageSujet: Re: « J'suis restée tout là-haut pour écouter le vent. J'ai laissé mon bateau guider quelques instants. » † Ruby & Will   « J'suis restée tout là-haut pour écouter le vent. J'ai laissé mon bateau guider quelques instants. » † Ruby & Will EmptyLun 14 Mar - 16:18

Williby
J'suis resté tout là-haut pour écouter le vent. J'ai laissé mon bateau guider quelques instants


Un léger vent venait fouetter son visage. Il s'était installé près d'elle sur la souche, sa guitare posée sur la cuisse. La soirée était fraîche mais néanmoins agréable. Max courrait à la recherche d'une bestiole à attraper.

« C'est rarement une présence incommodante ... »

Ça ne l'est jamais.

Il la regarde, à la lueur des quelques lampadaires qui longent le chemin de graviers qui traverse le parc. Les derniers rayons de soleil vont bientôt disparaître. Un fin sourire se dessine sur ses lèvres devant cette contemplation. Elle est magnifique ainsi. Il finit par détourner les yeux, plutôt gêné de la pensée qui vient de lui traverser l'esprit. C'est idiot, c'est une jeune étudiante, très jeune même par rapport à lui. Il est sorti de cette pensée par ses questions.

« Plutôt, oui. Tout n'est pas parfait mais ... La perfection, ça n'existe pas, n'est-ce pas ? Et toi ? »

Ce n'est qu'une question de point de vue. Je vais bien, merci.

Elle ne semble pas vouloir s'étendre. Il ne pose pas plus de questions, il ne veut pas être indiscret. Si elle avait envie de parler, elle pouvait le faire, ça ne le gênait pas. Dans son boulot, il avait l'habitude d'essayer d'aider des jeunes un peu paumés, certains se confiaient... Il avait parfois l'impression d'avoir plus un rôle de psy ou de grand frère que de flic avec certains. Elle était en train de s'emmitoufler, ça l'amusait assez. Il avait envie de la traiter de petite nature mais elle le devança en prenant la parole.

« Tu avais déjà une idée de ce que tu comptais jouer, en arrivant ? »

Pas spécialement, mais pour tout t'avouer, je connais peu de mélodie anglaises, mais si tu connais une chanson en français, ce sera avec plaisir. Je suis sûr que ce serait très mignon avec ton petit accent.

Il lui sourit, taquin. Cette petite soirée tout simple était bien suffisante pour lui faire oublier les soucis du quotidien et le détendre un peu, et puis, il était en bonne compagnie avec Max...Et Ruby.



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MessageSujet: Re: « J'suis restée tout là-haut pour écouter le vent. J'ai laissé mon bateau guider quelques instants. » † Ruby & Will   « J'suis restée tout là-haut pour écouter le vent. J'ai laissé mon bateau guider quelques instants. » † Ruby & Will EmptyMar 15 Mar - 10:41


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La présence de Will était tout à fait apaisante. Le fait qu'il soit là ne me rendait pas nerveuse, bien au contraire, même. J'avais beau peu le connaître, je n'avais pas vraiment l'impression qu'il soit dangereux pour moi. Bien au contraire, même, je me sentais relativement en sécurité à ses côtés. Il était quelque chose comme policier, ce qui voulait bien dire qu'il ne comptait pas se la jouer Jack The Ripper sur ma petite carcasse, non ? Ouais bon, je n'étais pas sûre de son travail, d'accord, il fallait avouer qu'on avait assez vite éluder la question de "qu'est-ce que tu fais dans la vie ?". Je suis étudiante en musique, il est dans les forces de l'ordre, c'était bien les seules informations dont on pouvait avoir besoin. On parlait plutôt musique, le reste du temps.

Penser à Will était quelque chose qui me détournait avec une facilité déconcertante de mes préoccupations. Loin de moi l'idée de m'en plaindre, certes, mais il fallait aussi avouer que je pourrais quand même me faire une petite introspection interrogative en rentrant chez moi pour découvrir le pourquoi du comment. Très utile. En attendant, je préférais l'observer à la dérobée en lui répondant sur la question très relative de comment j'allais. C'était quand même vraiment mitigé, ça. Mais l'observer du coin de l'œil, l'air de rien, rendait la chose plus légère. Définitivement, il avait un charme qui ne me laissait pas indifférente. Il y avait un bon moment qu'un homme ne m'avait pas poussé à cette réflexion. Vous voyez, s'il n'y avait pas cette stupide différence d'âge, peut-être que moi aussi, je pourrais lui plaire, et ça serait beaucoup plus drôle. Mais non. Il avait tendance à me regarder comme on regarde tout simplement une enfant. Ce qui pouvait s'avérer légèrement frustrant, à bientôt vingt-deux ans, tout de même. Mais soit. Ce n'était pas bien grave, au final. Un peu frustrant, peut-être, à la limite. En tous cas je n'avais aucune envie de me prendre la tête avec ça ce soir.

Non, je préférais garder un maximum de chaleur en resserrant mon manteau autour de moi, enfouissant mains et menton dans l'épaisse étoffe. Ne dépassait que ma tête à partir de mes lèvres. Je n'avais pas si froid, en réalité. C'était sûrement mon état légèrement dépressif du soir - même si ça s'envolait tout doucement - qui me poussait à me mettre au chaud le plus possible. Et mon énergie contagieuse qui me poussait à demander à Will ce qu'il comptait jouer. J'avais posé cette question en le regardant franchement, sans détour. Ce n'était pas vraiment inhabituel chez moi, et ça me permettait de détailler son visage - mâchoire marquée, barbe de trois jours, un mélange plutôt sexy - sans avoir trop peur de me faire prendre. L'important était de ne pas bloquer sur autre chose que ses yeux. Une véritable technique acquise depuis un moment quand même. La réponse qu'il me servit me fit rire. C'était libérateur, de rire aussi spontanément.

« Mignon ? Je vais complètement écorcher le français, oui ! » Je fronçais le nez avec amusement en y songeant. « Mais ... Je connais quelques chansons. Mon père adore les groupes français. C'est ... Contagieux. » Sortant le menton de mon blouson, je tentais de me remémorer les noms de ces groupes que je connaissais. Voilà. « Je connais ... Kyo. Indochine. BB Brunes. Louise Attaque. M. Superbus. » Passant une main dans mes cheveux, je lui servis un sourire amusé. « Du moins leurs chansons les plus connues. Pas le répertoire entier. »

Un peu impossible. Du reste, je laissais le choix à William. Dans ce que je connaissais, il y avait un peu de choix, avec un peu de chance il connaîtrait une chanson au moins. Sinon je pourrais toujours lui apprendre une chanson assez facile en anglais que je maîtrisais. Genre je ne savais pas encore laquelle mais s'il fallait que j'y réfléchisse je le ferais. J'allais déjà voir ce qu'il pourrait me proposer avant toute chose.  

Emi Burton
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MessageSujet: Re: « J'suis restée tout là-haut pour écouter le vent. J'ai laissé mon bateau guider quelques instants. » † Ruby & Will   « J'suis restée tout là-haut pour écouter le vent. J'ai laissé mon bateau guider quelques instants. » † Ruby & Will EmptyJeu 17 Mar - 22:08

Williby
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Il la regardait s'emmitoufler dans son manteau, il ne faisait pourtant pas si froid, le printemps commençait déjà à pointer le bout de son nez même si, en soirée, on ne devait pas excéder les dix degrés. Il affichait un léger sourire amusé alors qu'il la taquinait sur la "mignonnerie" d'une chanson française chantée par une anglaise. Ça le serait peut-être réellement, tout comme il était possible qu'il se tape un fou rire total. Au pire, s'ils ne trouvaient rien dans son registre à lui, ils finiraient bien par trouver une chanson anglaise ou américaine qu'il connaissait. Si ce n'était pas ce qu'il préférait, il écoutait tout de même quelques chanteurs ou groupes comme Muse mais ça, il n'était pas sûr qu'elle sache le chanter ! Il faut dire que Matthew Bellamy a une voix très particulière.

« Mais ... Je connais quelques chansons. Mon père adore les groupes français. C'est ... Contagieux. Je connais ... Kyo. Indochine. BB Brunes. Louise Attaque. M. Superbus. »

Il a essayé...Il a échoué. Il se met à rire. Surtout à l'évocation d'un groupe en particulier, les BB Brunes. C'est plus fort que lui, il ne peut pas s'en empêcher.

Ton père écoute les BB Brunes ? J'ai toujours pensé que c'était un groupe pour adolescentes.

Il lui sourit, amusé. Il imaginait un homme d'une quarantaine voire cinquantaine d'années écouter ça et jouer les groupies devant les BB Brunes...Drôle d'idée qu'il tenta de chasser son esprit au risque de ne pas savoir reprendre son sérieux. Il se mit à réfléchir aux différentes chansons, les plus connues, des groupes qu'elle venait d'évoquer. Il connaissait assez bien Kyo et Indochine, pour le reste, c'était vraiment ce qu'ils ont fait de plus connu parce qu'il n'écoutait pas ça.

Et tu connais "j'ai demandé à la lune" ? Celle-ci, je saurai la faire.

Peut-être que le titre, comme ça, ne lui parlerait pas trop encore que c'était une des plus connues et justement une de celles qui lui avait réellement fait découvrir Indochine. S'il écoutait et connaissait avant, c'était sans plus. Il attrapa sa guitare et commença à jouer les quelques notes qui amenaient la chanson, il ne manquait plus que la voix de Ruby vienne se poser sur les notes. Le temps et l'heure se prêtaient à cette chanson alors que, relevant légèrement la tête, Will aperçu les lueurs et la forme de la lune qui commençait à illuminer le ciel à présent que le soleil se couchait. Cet astre lui fit penser à une autre chanson, une prière à la lune chantée para le groupe Mecano. Ruby ne devait pas être née quand cette chanson fut sortie, lui tout juste. Il fallait croire que la lune inspirait bien des chansons mélancoliques...
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La grande question de mon répertoire musical. Il fallait avouer qu'en étant musicienne, fille de musiciens, et ayant suivi mon père parfois sur ses dates à l'international, j'avais un répertoire très varié, et des goûts tout aussi variés. Bien que professionnel dans le domaine, il n'hésitait pas à traverser la Manche pour aller voir des concerts en France, aux Pays-Bas ... Enfin, sur le continent, quoi. Et lorsque je le pouvais, je l'accompagnais. De fait, j'avais une culture musicale plutôt large, avec une certaine affection pour des groupes que pas mal de jeunes de mon âge ne connaissaient plus vraiment maintenant. Ou alors de nom, avec une ou deux chansons, mais sans savoir qui composait le groupe, par exemple. Alors que j'énumérais les groupes français avec lesquels mon père m'avait contaminait et dont je connaissais certaines chansons, William se mit à rire, ce qui me fit l'observer avec curiosité. Qu'est-ce que j'avais bien pu dire pour déclencher cette hilarité ? Il me servit rapidement la réponse, et je fronçais le nez avec amusement.

« Mon père écoute de tout. Même One Direction. Bon après entre ce qu'il écoute et ce qu'il apprécie il y a généralement un monde mais ... Il a une culture musicale assez éclectique, ça lui sert plutôt pas mal dans son travail. » Et quel travail ! Musicien dans un groupe à notoriété internationale. Compositeur à ses heures perdues. Une anecdote me revint. « Une année, à Paris, son groupe et celui des BB Brunes se produisaient sur la même scène à une journée d'intervalle et il a fait décaler l'heure de l'avion pour pouvoir aller les voir en concert. » Un rire m'échappa. « Les autres étaient furieux. Il faut dire que c'est pas la première fois qu'il leur faisait le coup de changer tous les plans pour aller à un concert de peu importe qui, au final. »

Ce qui était assez drôle au final. Mais c'était mon père, passionné et habité par la musique, qui avait tendance à rester un grand gamin, au final. Heureusement qu'il était plus mature sur scène, à quarante-cinq ans passés ça serait quand même un comble, sans ça. C'était pourtant difficile de lui en vouloir de garder cette passion intacte de la musique, quand certains n'y prenaient plus de plaisir ou se complaisaient tellement dans ce qu'ils faisaient qu'ils en oubliaient d'écouter le reste du monde. La passion de la musique était vraiment une composante de la fibre Hawkesbury ! A l'exception formelle de ma sœur qui rejetait en bloc toute approche musicale. Et après on se demandait pourquoi je ne m'entendais pas avec elle ... Will me tira finalement de mes réflexions en me proposant J'ai demandé à la lune. Indochine. Un sourire vint étirer mes lèvres tandis que je tournais la tête vers l'astre de nuit.

« Oui, je connais, je devrais m'en sortir. »

Lorsque les premières notes résonnèrent, je fermais les yeux, un petit sourire aux lèvres, m'entourant seulement des notes de guitare et du calme. J'étais en confiance, dans ma bulle, prête à me laisser aller. Je me concentrais sur les paroles et, au moment opportun, je posais ma voix sur le rythme. Une voix douce et aérienne. J'ai demandé à la Lune, et le Soleil ne le sait pas. Je lui ai montré mes brûlures et la Lune s'est moquée de moi. Mon timbre était plus haut que celui du chanteur original, mais elle se claquait bien. C'était un changement qui ne chantait pas faux. J'essayais d'être un caméléon vocal. Parfois, une légère fêlure se faisait entendre dans mon timbre. Ou un accent plus rauque. Et, doucement, la musique prenait une autre teinte, celle de ma voix beaucoup plus douce, presque enfantine. Enfin, la chanson pris fin, et je rouvris mon regard brillant sur la lune, un sourire plutôt satisfait étirant mes lèvres. Je tournais finalement le regard vers Will.

« C'était pas si mal, finalement ... » Je n'avais pas tellement écorché le français avec mon accent anglais bien présent. « On continue ? » J'avais un sourire d'enfant. La musique était la meilleure thérapie.

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Williby
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Les goûts et les couleurs ne se discutent pas mais quand elle lui parle des BB Brunes et des One Direction, il ne peut pas s'empêcher de rire. Il comprend bien l'idée de la culture musicale et le fait d'écouter de tout mais en ce qui le concerne, il n'y arrive pas, il aime ou non, il peut écouter rapidement une chanson qu'il entend par hasard et apprécier l'entendre furtivement mais ne pas chercher à l'écouter et la réécouter X fois. Et il y a les chanteurs qu'il ne peut pas entendre, comme Etienne Daho. Lui, c'est épidermique, il se bouche les oreilles !


Il ne dit trop rien quand elle lui parle de son père, il ne le connait pas, elle l'a déjà évoqué quelques fois, lui disant qu'il était musicien et faisait des concerts mais quand elle lui exposa cette anecdote, il commença à s'interroger. Qui est capable de faire décaler le départ d'un avion ? Sérieusement ? Il fallait avoir le bars sacrément long ou être très riche...Voire les deux ! Il se mit à se poser des questions sur l'identité de son père, s'il connaissait le nom de Ruby il imaginait bien que lui, il avait un nom de scène et qu'il était fort probable que, même s'il le connaissait pour l'avoir vu ou écouté, il ne savait absolument pas qui il pouvait bien être et il ne le lui demanderait pas. Vu ce qu'elle en disait, des questions pourraient donner l'impression qu'il est intrusif et il s'imaginait aisément qu'elle ne devait pas chercher à trop en parler au risque de voir des gens lui tourner autour, non pas pour elle-même, mais par intérêt.  
La chanson démarre, la voix de Ruby vient se poser sur la musique qu'il commence à jouer. Il se concentre sur les notes qu'il joue non sans écouter la voix de sa partenaire. Il esquisse un sourire, elle connait bien les paroles, pas de fausses notes bien qu'on entende son accent, léger cependant, c'est très compréhensible. La musique s'achève, il se demande si elle récite comme beaucoup le font et si elle comprend ce qu'elle vient de changer. La question lui brûle les lèvres au point qu'il finit par la poser.

Tu les comprends, les chansons en français ? Je veux dire, tu le parles ou tu les as traduites ?

Il est un peu curieux de nature même s'il se retient bien souvent, ne voulant pas importuner ou être intrusif mais ça, c'est un sujet bateau alors il se permet. Il aimerait lui poser d'autres questions, plus personnelles mais il n'ose pas. Ils ne se connaissent pas encore assez, il préfère qu'elle le fasse d'elle-même, de toutes façons, il ont le temps et puis...Même si il s'intéressait à elle, il doutait grandement que ce soit réciproque. Qu'avaient-ils en commun en dehors de la musique ? Pas grand chose. Même leur âge semblait être un problème. Il avait l'âge de se marier, d'avoir une famille et c'était une jeune étudiante. Il tâcha de se sortir cette idée de la tête mais c'était assez vain surtout quand son regard croisait le sien.  

On continue. Mais si tu veux les One Direction, je te le dis tout de suite, je ne connais pas leur musique ! Je te laisse choisir dans ce que tu as évoqué d'autre, ça devrait aller pour ça.
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Voir l'amusement de Will - et non sa moquerie, ce qui était une vraie distinction à faire - était tout aussi apaisant que la musique. Il y avait quelque chose de contagieux dans son attitude, qui me donnait envie de livrer mes petites anecdotes. La vie de mon père était toujours bien remplie, entre ses voyages et ses passions, et s'il passait peu de temps en famille, le peu qu'il y passait lui servait à nous offrir des tas d'histoires qui nous faisaient généralement rire comme il n'était pas permis. Et je le suivais sur le même genre de traces, remplissant d'un florilège de situations musicales ma petite vie d'étudiante et de jeune interprète voulant se glisser plus tard dans la peau d'une étoile montante.

Les goûts éclectiques de mon père - et par extension les miens - c'était une grande histoire, il fallait l'avouer. C'était toute une large palette de culture anglophone et étrangère aussi. Et j'étais ravie que ça puisse un peu amuser le jeune homme. Moi aussi ça me faisait du bien de parler de choses aussi légères, ça m'aidait à passer au dessus de toutes ces saloperies d'émotions négatives qui avaient pris le dessus depuis mon altercation avec ma frangine. Non mais franchement, on arrivait généralement à s'entendre, sauf que ce soir, ça avait été le bouquet ! Mais bon, ce n'était pas trop le sujet du moment. Non, Will semblait plutôt sincèrement surpris d'entendre que mon père était capable de faire décaler un avion. Il fallait dire que plus d'une fois il avait usé de notoriété et qu'il ne s'agissait pas de très gros avions de ligne, mais ... Quand même. C'était toujours un peu de l'exploit, c'est vrai, j'avoue.  

Finalement, la musique démarra et je posais ma voix sur cette chanson, doucement. Il fallait dire que je n'avais pas une voix d'une extrême puissance, au contraire même, c'était la douceur et le grain qui en faisaient mon arme, et l'éventail de notes sur lequel je pouvais la déployer. Ça montait facilement, ça descendait bas, et ça me donnait une palette de jeu et de nuances assez intéressante la plupart du temps. Il ne me manquait, oui, que la puissance. Mais j'y travaillais, pour avoir un peu plus de coffre, même si je n'aurais jamais quelque chose d'extraordinaire derrière non plus, c'état certain. En tous cas, mon timbre plus délicat était un contraste intéressant par rapport à l'originale de la chanson, et mon accent, contrairement à mes craintes, n'avait pas trop déformé les paroles. J'avais donc pu profiter à fond de ce moment, les yeux fermés, le visage tourné vers l'astre de nuit. La chanson terminée, cependant, je rouvris les yeux sur le ciel, un léger sourire détendu flottant sur mon visage, avant de tourner la tête vers Will. Je répondis sans trop me faire prier à sa question.

« J'ai un peu appris le français. D'abord en suivant mon père, et finalement un peu à l'école. Du coup ... Je le parle un tout petit peu mais je le comprends un peu plus, ça me permet de dégager le sens général d'une chanson normalement. Et si ça me plaît ... Je creuse un peu. »

Sinon je laissais tomber et je me contentais de mémoriser les paroles, voire ... Rien du tout parfois. Mais d'un autre côté il était juste impossible de connaître par cœur tout le répertoire musical. J'avais déjà une bonne culture largement suffisante, sachant que je connaissais aussi bien les paroles de chansons que des mouvements classiques au piano et au violon, sans omettre des œuvres beaucoup plus récentes et modernes, et aussi à la guitare de surcroît. Bon, dis comme ça ça paraissait énorme, mais il faut savoir que quand on aime et qu'on répète, ça rentre tout seul et que bon, parfois, le trou de mémoire ça m'arrivait quand même, pour être honnête. Néanmoins, j'avais proposé de continuer, et cette idée semblait convenir au commissaire. Un sourire ravi d'enfant étira mes lèvres et je ne pus m'empêcher de rire en l'imaginant ne serait-ce qu'une seconde jouer du One Direction. Juste hilarant ! Je passais une main dans mes cheveux tout en réfléchissant. J'optais pour une chanson que j'adorais, et dont je trouvais que l'ambiance collait pas mal à mon humeur.

« Sarah, de Kyo ? Je dois avoir la partition sur mon téléphone. »

Je fronçais les sourcils en réfléchissant à ça. Oui, je devais bien avoir la partition sur une de mes applications. Il fallait dire que, comme je jouais de toute et à peu près n'importe où, j'avais investi dans une appli qui me permettait d'avoir toujours des partitions, pour plusieurs instruments, sur moi. C'était pratique des fois. Parce qu'en public, c'était toujours plus simple d'avoir de quoi se reposer. Mieux valait limiter la faute. Surtout quand je retournais à mes sources londoniennes, parce qu'il fallait l'avouer, pas mal de monde m'attendait au tournant. Beaucoup plus qu'à Oxford où je m'étais toujours montrée relativement discrète sans pour autant me faire oublier en tous cas.  

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Williby
J'suis resté tout là-haut pour écouter le vent. J'ai laissé mon bateau guider quelques instants


Les notes s'envolent, guidant sa voix. La chanson s'achève et l'on n'entend plus que le bruit du vent dans les feuilles. Il inspire un peu plus profondément, le fond de l'air est frais, l'endroit est calme, les seules lumières qui brillent au-dessus d'eux sont les lampadaires disséminés ci et là et l'astre lunaire. C'est reposant, apaisant. Il fallait avouer qu'il en avait bien besoin en ce moment, après avoir vu Seyrah dans son bureau, qu'elle ait remarqué qu'ils avaient le même nom...Les choses s'étaient enchaînées, il lui avait révélé ce qu'il savait et, bien évidemment, elle n'avait pas très bien accueilli la nouvelle. Il ne savait pas quand il la reverrait et pour l'instant, il avait surtout envie de se changer les idées, d'oublier un peu toutes ces histoires sur son hypothétique famille et un passé à présent révolu.

Elle répond à ses questions sur la langue française, elle lui reparle de son père. Les quelques fois où ils ont échangé, elle n'a toujours parlé que de lui. Se pourrait-il que ?...Non, il se faisait des idées. Lui-même n'avait jamais parlé de "sa" ou "ses" familles. Ce n'était pas venu sur le tapis, voilà tout. Ils enchaînent, elle choisis la chanson. Il connait mais sans plus il faut bien l'avouer, c'était assez mélancolique.

Si tu as de quoi trouver les partitions, tu peux choisir autre chose si tu veux, qui soit dans ta langue. Celle-ci je la connais mais pas assez pour la jouer comme ça de toutes façons, donc si tu as envie d'autre chose...

Il la regardait tout en prononçant ces mots et pendant un instant son esprit s'échappa face à cette vision. S'il y avait une chose de certaine, c'était qu'elle ne le laissait pas insensible mais il avait toujours du mal dans ses relations, autant amicales qu'amoureuses. Il lui fallait du temps pour s'attacher un tant soit peu aux gens et bien souvent, il avait des relations...Cordiales, des "potes" de sortie et ça s'arrêtait là. Il avait trop peur de s'attacher aux gens, ayant déjà vécu quelques désillusions et une relation amoureuse, véritable, ça lui était inconnu. Au mieux, il était resté quelques mois avec la même personne avant de s'éloigner en voyant qu'il s'y attachait. Il avait toujours fuit par peur de souffrir, par peur que ce ne soit l'autre qui fuie. C'était stupide, mais il avait toujours fonctionné ainsi et ne savait pas comment faire autrement, c'était devenu un automatisme.

Alors qu'il se surprenait à la regarder avec un peu plus de tendresse qu'il ne l'aurait souhaité, il tâcha de se remettre les idées en ordre...Et les pieds sur terre.

Tu es en quelle année d'études déjà ?

Trop jeune, bien trop jeune sans doute. Elle avait encore parfois ce rire presque enfantin, ce regard innocent. Lui qui avait tendance à ramener des filles d'un soir la plupart du temps, elles n'avaient rien en commun avec elle mais ces filles là...Il n'en avait rien à faire. Nulle doute que savoir en quelle année elle était, et du coup, connaitre approximativement son age serait une douche froide mais il avait envie d'oublier ces pensées qui l'étreignaient quand il la regardait...

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L'intermède musical était follement apaisant. Il fallait l'avouer, ce genre de situation me faisait un bien fou. La musique était toujours un parfait exutoire, et lorsque le moment suspendu était passé en parfaite compagnie, c'était d'autant mieux. La chanson était agréable et cadrait un peu avec le contexte qui nous entourait. C'était un véritable plaisir. J'avais aussi répondu assez facilement aux questions de Will sur ma maîtrise - approximative, du coup - du français. Disons que je m'étais arrêtée à un niveau scolaire et que depuis que j'étais en musique je ne suivais plus ces cours. Donc même si je me débrouillais à peu près sur les bases, il ne fallait pas trop m'en demander. Finalement la question vira sur la suite de notre petit intermède musical et Will ne connaissait visiblement pas plus que ça la chanson que je lui proposais, alors je dégainai finalement mon arme magique ; une application qui permettait de récupérer nombre de partitions en tous genres et donc de les exploiter. Le temps de fouiller mon téléphone et j'avais trouvé le répertoire que je cherchais. Avec un sourire, je le tendis au français.

« Tiens, je te laisse choisir. C'est toi qui joue après tout. » Un petit quelque chose de taquin se sentait dans ma voix. « Normalement je devrais m'en sortir avec n'importe quelle chanson de la liste. »

Et c'était assez varié, passant de U2 au groupe de mon père, avec un peu de Prince, de Queen, mais aussi des choses bien plus actuelles et, oui, je l'avoue un peu de One Direction, mais rien n'empêchait Will de choisir tout à fait autre chose, il y avait pas mal de choix. Après je ne jurais pas que je connaissais toutes les chansons par cœur, mais qu'au moins je devrais pouvoir m'en sortir un peu, et puis au pire ... Je me raterais et ça ne serait pas beaucoup plus grave que ça. Nous étions en tête à tête, et il pouvait toujours se moquer, s'il le voulait. Je n'allais pas si facilement en prendre ombrage normalement, surtout pas ce soir. Ou alors exceptionnellement ce soir, mais tant pis.

Finalement, mon guitariste du soir me posa une question, alors que j'observais tranquillement le ciel. C'était surprenant, que ça vienne tout à trac comme ça, aussi tournais-je mon visage curieux vers lui, penchant légèrement la tête. Seulement, mon sourire étirait toujours mes lèvres, parce qu'en soit, cette question n'avait rien de bien méchant. Je passais juste une main dans mes cheveux, poussée par une mauvaise manie dont j'avais du mal à me passer, avant de lui répondre sur un ton léger comme une plume.

« Troisième année. » Je ne pus m'empêcher d'être curieuse un peu plus, et de taquiner Will, par la même occasion. « Pourquoi cet intérêt soudain ? »

Je fronçais le nez avec amusement. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi il me demandait ça précisément maintenant mais bon, c'était une question si anodine que ça ne me rendait absolument pas méfiante et que la réponse était sortie toute seule. En même temps, il fallait avouer que ça ne changeait pas grand chose, qu'il le sache ou non. Et j'avais de toute façon dans l'idée qu'en tant que commissaire de police, s'il voulait des informations sur moi, il pourrait de toute façon les trouver. Alors pour ce genre de broutilles, autant lui répondre, franchement je ne voyais pas où ça pourrait poser problème. Je pointais finalement le menton vers mon téléphone, interrogative.

« Tu as trouvé ton bonheur ? »

Mon regard pétillant de malice était posé sur lui. Il fallait l'avouer, j'étais assez curieuse de savoir ce qu'il avait pu choisir.  

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MessageSujet: Re: « J'suis restée tout là-haut pour écouter le vent. J'ai laissé mon bateau guider quelques instants. » † Ruby & Will   « J'suis restée tout là-haut pour écouter le vent. J'ai laissé mon bateau guider quelques instants. » † Ruby & Will EmptyLun 16 Mai - 19:55

Williby
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La soirée est agréable, douce et fraîche, un peu à l'image de  son interlocutrice. Il avait prévu de passer la soirée seul en tête à tête avec sa guitare et sa musique et il l'avait croisée. Finalement, la soirée ressemblait à ce qu'il s'était imaginé, hormis qu'il ne serait pas seul cette fois et ce n'était pas désagréable. William était habitué à la solitude, pas qu'il l'ait recherchée, elle s'était imposée à lui. Et à défaut de s'y habituer, il avait appris à vivre mais avec le temps, ça devenait de plus en plus difficile il fallait bien l'avouer. Il n'avait pas vraiment eu de parents et ceux qui pouvaient mériter cette appellation, il ne les a connus que tardivement. Il a grandi, il a fait ses études, il est parti...Et toujours il a été seul. Si c'était pesant, changer lui était aussi difficile. Il avait peur. Il a fait le premier pas vers ce changement quand il a fait des recherches pour retrouver sa sœur, mais était-il prêt à s'attacher à une autre personne ? Il n'était pas sûr. La question ne se posait pas pour l'instant, il était loin d'en être là, en réalité, il était au point mort même s'il y avait bien quelqu'un qui lui plaisait et qu'il l'avait sous les yeux en cet instant. Ce genre d'attirance, qui n'était pas juste sexuelle pour une histoire d'un soir, il ne l'avait pas eue souvent et à chaque fois, il s'était trouvé des excuses pour ne pas se lancer et sans doute recommençait-il en  cet instant en lui demandant en quelle année elle était. Inconsciemment, il cherchait sans doute une échappatoire et quand elle lui confirma ce qu'il pensait, il esquissa un sourire. Troisième année...Elle devait avoir environ vingt et un an, un an de plus ou moins...A sa question, il releva légèrement la tête et lui répondit simplement :

Comme ça, je me demandais où tu en étais, d'ailleurs je me demande aussi en quoi ça consiste. J'avoue que ce genre d'études...C'est assez abstrait pour moi, c'est pour faire partie d'un orchestre ? Ou enseigner ?

Il avait l'habitude de rebondir assez vite pour détourner l'attention ou dans certains déstabiliser son interlocuteur mais là, ce n'était pas le cas. Il n'était pas prêt à sauter le pas et il ne voulait pas montrer qu'il s'intéressait à elle au delà d'une simple curiosité. Il regardait les différentes musiques sur  le portable de Ruby tout en parlant. Il s'arrêta en voyant le nom d'un artiste qui attira son attention.

Tu connais les chansons de Jeff Buckley ?

Un artiste mort trop jeune. Il avait l'age de William et sa disparition avait ému bien du monde, ça semblait si loin déjà. Il préférait ne pas penser à ce genre de choses et reporta son attention sur Ruby. Il devrait arrêter tout de suite de la regarder comme ça, de penser à elle autrement que comme une connaissance et pourtant, depuis quelques temps, au fil de leurs rencontres, c'était de plus en plus fréquent. Stop Fallen. Ressaisis toi.

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C'était agréable, de passer un peu de temps avec quelqu'un sans avoir à s'inquiéter de ce que je laisserais paraître, de ce que je pouvais ou non dire, le genre de détails qui font qu'une image est parfaite ou non. Au contraire, avec Will j'étais spontanée, ce que j'étais au naturel, et ça faisait du bien. Il y avait bien sûr d'autres personnes avec lesquelles je pouvais être ainsi, mais puisque ces personnes savaient lire à travers moi, à travers ce que je décidais de laisser ou non paraître, ce soir je n'aurais pas pu me contenter de sourire et de mettre de côté ce qui n'allait pas lorsque je suis arrivée à la fontaine. L'aparté musical que nous avions pu avoir était un délice, un excellent moment partagé, et qui faisait du bien, clairement. Ma méfiance naturelle était carrément remisée dans un coin de ma tête, dans un moment pareil, et ça se sentait presque.

De manière générale, je ne me méfiais pas de Will, d'ailleurs. C'était tangible, puisque son arrivée n'avait suscité que de la surprise au premier abord, et que même dans ce parc désert et relativement sombre malgré la lumière de quelques lampadaires éparses - dont tout de même un presque au dessus de nos têtes - je ne trouvais pas avoir à me méfier. Je lui répondais même naturellement, lorsqu'il me posait une question, comme là à propos de mon année d'études. Que je sache, ça n'avait tué personne, et je n'avais pas vent d'un tueur en série s'en prenant aux filles de troisième année ou de musique. De plus, la curiosité de l'homme installé à mes côtés était quelque chose à laquelle j'étais habituée, surtout quand il poursuivait en demandant quels pourraient être les débouchés de mes études. Passant une main dans mes cheveux, je lui souris avant de répondre.

« Tout dépend des options que je prendrais, mais les débouchés sont nombreux. Je peux devenir prof de musique, musicienne d'orchestre, mais aussi chercheuse, ingénieure du son, compositrice dont divers domaines dont le cinéma, ou alors travailler beaucoup plus pour l'industrie musicale que pour la musique en devenant manager ou directrice artistique. Je ne sais pas encore ce qui me plairait le plus, même si mon truc, c'est la scène. C'est une histoire de famille. Mes parents se sont connus sur scène, et même si mon père tourne encore avec son groupe, ma mère a laissé tomber cette carrière pour pouvoir s'occuper de ma sœur et moi quand nous étions petites. Elle a trouvé une autre voie en devenant professeure de chant, et quand je vois les métiers différents de mes parents, je sais que j'aimerais les deux, alors je suivrais peut-être l'exemple de ma mère, en démarrant sur scène pour finalement faire quelque chose d'un peu moins prenant lorsque j'aurais à concilier mon travail et ma vie de famille. » Un sourire doux étirait mes lèvres, et il se mua doucement en sourire amusé. « Seulement, je ne sais pas ce que je veux faire sur scène. Jouer pour quelqu'un, pour un groupe, un orchestre, ou chanter, voire intégrer une comédie musicale pour me lancer peut-être. Je suis définitivement indécise, mais j'ai encore au moins un an avant de me diriger sur une option qui va vraiment orienter mes choix. »

Le temps que je papote, William avait continué de regarder les chansons dont j'avais les partitions sur mon téléphone. Il y en avait pas mal, et je ne les connaissais pas toutes par cœur, mais je pouvais me débrouiller avec toutes, avant d'avoir un très soudain trou de mémoire, ce qui serait bête, mais qui pouvait tout de même arriver à tout le monde. Mais pour le moment, mes goûts hétéroclites semblaient encore l'étonner. Mais oui, ça passait aussi par Jeff Buckley, un artiste excessivement talentueux à mon goût, qui était parti bien trop tôt, sans avoir le temps de nous laisser assez de son génie à écouter.

« Oui, c'était un excellent artiste, ses chansons me touchent énormément. Principalement Hallelujah, ce qui n'est pas très original je sais, mais ... Cette chanson me fait un vrai truc, et ce n'est qu'un aperçu de la qualité de cet homme. »

Vrai et sincère. Généralement, cette chanson me mettait les larmes aux yeux. C'était quelque chose de la chanter, un exercice auquel je me pliais avec respect, en tentant toujours de ne pas dénaturer la chanson, et pourtant je prenais naturellement beaucoup de libertés sur mes interprétations, leur apportant « la touche Ruby » comme certaines personnes le disaient si bien.  

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Williby
J'suis resté tout là-haut pour écouter le vent. J'ai laissé mon bateau guider quelques instants


Il écoutait sa tirade tout en cherchant dans le téléphone quoi jouer. Il ne faut pas croire, parfois un mec sait faire deux choses en même temps. On ne promet rien sur la qualité du rendu par contre. Dans tous les cas, tendre l'oreille tout en cherchant une chanson n'était pas des plus aisé alors il chercha un artiste qu'il connaissait et appréciait à lui proposer, il put ainsi se concentrer davantage sur ses paroles.

Il ne s'était pas imaginé que l'on pouvait faire autant de choses. Quand elle les énumère, ça parait logique mais il n'y avait pas vraiment pensé, à vrai dire il n'avait jamais pensé lui même faire de la musique son métier...Pour tout avouer, jusqu'à ce qu'il arrive dans sa dernière famille, il n'avait jamais fait de réels projets. Finalement, il avait suivi les traces de son dernier "père" parce que la police, ça lui était accessible. Il avait rattrapé la plupart de ses lacunes avec cette famille mais de loin pas assez pour avoir un métier où cela demandait de grandes études. Il s'était suffisamment débrouillé pour réussir ses concours mais n'aurait jamais pu être avocat comme l'avait été sa demi-sœur. Mais de toutes façons, William n'avait pas la folie des grandeurs. S'il avait une certaine ambition, elle était mesurée et il savait jusqu'où il pouvait aller, il avait conscience de ses faiblesses comme de ses forces.

Je trouve qu'ils demandent souvent trop tôt de faire un choix, à moins d'avoir la vocation, on ne sait vraiment que quand on essaye, tu ne penses pas ? Enfin, tu as encore un an, d'ici là tu auras peut-être une révélation.

Elle lui répond alors sur son choix d'artiste et évoque la célèbre chanson "Hallelujah". La version de Cohen était très portée sur la Bible avec quelques sous-entends sexuels mais Buckley avait fait l'inverse lorsqu'il l'avait remaniée et quand on faisait attention à certaines des paroles, c'était devenu plus coquin que biblique !

Alors partons là dessus. Il y a un prêtre irlandais qui a repris une version de Hallelujah, lors d'un mariage. La vidéo est passée sur Youtube je ne sais pas si tu l'as vue. Mais ce n'était pas la même version du tout...Et je suis sûr que tu la chanteras mieux que lui.

Il lui rendit son téléphone et reposa ses deux mains sur la guitare, commençant à jouer les premières notes avec un léger sourire aux lèvres.

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Ruby M. Hawkesbury




Ruby M. Hawkesbury
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« J'suis restée tout là-haut pour écouter le vent. J'ai laissé mon bateau guider quelques instants. »
Ruby & William
L'orientation scolaire ... Tout un programme, il fallait l'avouer. C'était un casse-tête total de s'y retrouver, et c'était surtout beaucoup trop large en n'étant en même temps jamais exactement ce que l'on voulait. Il y avait des métiers pour tout le monde, tous les genres, c'était certain, mais est-ce que tout le monde était fait pour un métier ? On avait une vie pour y répondre après vingt ans de préparation - à peu près. J'avais la chance d'avoir grandi dans le domaine qui m'allait le mieux. Certes il me restait des choix à faire - des choix cruciaux - mais j'avais déjà eu plus d'une fois un aperçu de ces métiers qui m'intéressaient le plus. Ce n'était peut-être pas une immersion, mais ça restait toujours mieux que rien. Mieux que pour certains. Cependant, j'étais assez d'accord avec ce que Will disait.

« C'est vrai, c'est tôt. On est suffisamment peu à trouver notre voie à cet âge-là. J'ai assez de chance de mon côté, j'ai déjà un bon aperçu de ce qu'est le monde de la musique en général et des différents métiers, mais c'est sûr que pour quelqu'un qui n'a rien à voir avec le domaine qu'il voudrait approcher, c'est vraiment la galère. »

Suite à quoi je retournais à l'un de mes sujets préférés ; la musique à l'état pur. Jeff Buckley avait pas mal bercé de mon enfance, et en particulier une chanson, l'un des plus connues qu'il ait chantée, qui me donnait toujours une sensation ultra particulière lorsque je la chantais. Hallelujah était à mes yeux un monument, une chanson que j'abordais toujours avec retenue et respect, que je cherchais à ne pas détériorer ou dénaturer. Je n'y mettais pas vraiment la touche Ruby, mais pour autant je l'adorais. Elle était juste ... Parfaite dans sa plus simple version, il n'y avait pas de raison d'y ajouter des fioritures à mes yeux. Ce choix convenait visiblement à William, puisqu'il proposa de partir sur cette chanson pour la suite et je hochais la tête. L'anecdote dont il parla ensuite m'intrigua un peu.

« C'est parfait. » Un sourire de chat étira mes lèvres « Cette vidéo me dit quelque chose, j'ai du la voir, mais je ne suis pas sûre. » Puis, à son compliment, un sourire plus timide étira mes lèvres, et je penchais la tête, mes cheveux cascadant le long de mon visage, pour regarder par en dessous le policier. « Merci. »

Une vrai adolescente amourachée quand je m'y mettais ! Je récupérais mon téléphone, le rangeant dans la poche de mon jean tout en écoutant les premières notes de musique, le regard posé sur Will. Lorsque ce fut le moment, je vins poser ma voix légère et douce sur les accords de guitare, caressant et cajolant les paroles, laissant les émotions faire vibrer chaque son. Progressivement, j'entrais un peu plus dans la chanson, y laissant un peu plus de mon âme, pour finalement monter à l'apogée avec une note plus haute et fragile comme un cristal. Je redescendis ensuite crescendo, pour finalement poser les dernières notes en les rendant aussi légères que des plumes. Une interprétation douce et délicate, sans dénaturer l'original et en ayant tout de même mis de moi là-dedans, c'était ce que je donnais toujours sur cette chanson. Alors, dès la fin, je reposais mon regard sur l'homme à mes côtés, un sourire serein aux lèvres. Mon portable avait vibré, pendant la chanson, dans ma poche, preuve qu'on essayait de me joindre. Et devant l'insistance, j'étais certaine qu'il s'agissait de mes parents ou de ma sœur ; dans tous les cas, il était temps pour moi de prendre congé et de répondre.

« Merci beaucoup pour cette soirée imprévue, Will. J'ai passé un excellent moment qui m'a fait du bien. J'espère que le hasard continuera de bien faire les choses. »

Parce que, maintenant je m'en rendais compte, je n'aurais pas vraiment voulu partager l'instant avec quelqu'un d'autre. A défaut, j'aurais préféré rester seule. J'avais parlé avec beaucoup de douceur en me levant, récupérant ma guitare avec un de ces sourires délicatement charmeurs que je pouvais avoir avec lui. Avant de partir, je fis un geste assez inhabituel ; je posais un baiser sur la joue du français, presque au niveau de la commissure des lèvres, avant de me détourner tranquillement et de prendre le chemin du retour, assez curieuse de ce que les prochaines rencontres nous réserveraient.  

Emi Burton
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