(terminé) sometimes it's better to react with no reaction ∝ Clyde
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Sujet: (terminé) sometimes it's better to react with no reaction ∝ Clyde Dim 7 Déc - 18:01
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« Exactement. Etant donné que je m’entraine actuellement pour les championnats d’Europe, mes retards risquent d’être plus fréquents. J’en suis confuse mais je veillerai à rattraper mes cours bien évidemment. » Rassasiée de jongler entre ses études et ses entrainements intensifs, Jade avait convenu d’un rendez-vous avec la responsable de direction. L’objectif était de convaincre l’administration d’aménager son emploi du temps qui devenait difficilement gérable. En six ans, Jade n’avait jamais eu autant de mal à être présente en cours. Forcée de constater que les exigences de ses professeurs se précisaient, il devenait primordial d’arriver à un consensus. Bien évidemment, son père avait passé quelques coups de fil, expliquant la situation et jouant un tantinet de son patronyme. Une initiative que Jade n’avait pas appréciée, laissant entendre qu’elle ne désirait pas devenir une jeune femme matérialiste et imbue de sa personne. Pourquoi avait-elle droit à un étage privatisé lorsque ses lèvres prononçaient Jade Rawlinson ? Combien de fois avait-elle été surclassée aux portes de son embarquement ? Ces petites faveurs -certes agréables- étaient futiles et dérisoires. L’étudiante pouvait très bien s’en passer et, pour cause, elle veillait à ne pas mêler ses parents à ses affaires personnelles. Fatalement, Jade avait eu beaucoup de mal à s’intégrer à l’Université d’Oxford de prime abord. Ces abysses recueillaient l’élite mais également leurs démons intérieurs. De véritables anges déchus, usant et abusant de leurs portefeuilles bien garnis à tors et à travers. Cette déchéance reflétait tout ce que Jade déplorait. La danseuse avait eu beaucoup de mal à tisser de réels liens d’amitié car la majorité des étudiants avaient tendance à se définir par leur statut social et non par ce qu’ils étaient réellement. Ainsi, la jolie blonde, simple et clémente, paraissaient être un modèle de chasteté aux yeux de tous. Un constat pour le moins amusant. Elle ne s’était jamais prônée sainte nitouche. Aussi loin qu’elle s’en souvienne, sa simplicité lui avait apporté bon nombre de louanges. Ses ondulations blondes volontairement déstructurées, cette minuscule touche de mascara, ce style vestimentaire très sommaire. Voilà quelles étaient ses caractéristiques pouvant se résumer en un seul et unique mot : naturelle. « Nous comprenons et vous adressons tous nos vœux de réussite ! Nous veillerons à informer vos professeurs mademoiselle Rawlinson. » Témoignant d’un sourire aimable, Jade prit congé en enfilant son duffle coat bleu marine et son écharpe en cachemire à motifs tartan.
Jade connaissait à présent les couloirs de l’Université sur le bout des doigts. Certains passages n’étaient que très peu arpentés, d’autres regorgeaient de monde à n’importe quel moment de la journée. Certains élèves n’avaient-ils donc jamais cours ? L’étudiante jeta un coup d’oeil rapide à son emploi du temps qui affichait l’amphi 23. L’économie était l’une de ses matières préférées, Jade s’intéressaient notamment aux échanges internationaux et aux marchés de capitaux. Indéniablement, son professeur - Bruce Feiler - lui avait transmis énormément de matière. Ce personnage, haut comme trois pommes, était un orateur accompli et l’écrivain de trois essais. Un cador de l’enseignement. Malheureusement, il avait pris sa retraite l’an dernier au plus grand regret de Jade. La danseuse espérait retrouver un enseignant charismatique et qui saurait apporter de la fraicheur, pourquoi pas un genre nouveau. La sixième année était très souvent la plus difficile, l’élève devait être pertinent et construire un raisonnement synthétique sans omettre le moindre détail. Etre économiste n’était définitivement pas une mince affaire. Lorsqu’elle arriva devant la porte de l’amphithéâtre, Jade constata que celle-ci était fermée, signe que le cours avait commencé. Faire profil bas semblait être la meilleure alternative, même pour 7 minutes de retard. Mordillant sa lèvre inférieure frénétiquement, Jade toqua à deux reprises et entra aussitôt. Elle prit soin de refermer celle-ci très minutieusement avant de se retourner vers la salle. Un seul regard attira son attention. Un regard qui s’était posé sur ses lèvres un soir d’été. Clyde. La jolie blonde ne put cacher sa surprise et, inconsciemment, fit un pas en arrière comme si tout cela ne pouvait être qu’une farce de mauvais goût. Elle avait l’impression de vivre ses portés les plus vertigineux, ceux où son visage se retrouvait à quelques centimètres du sol en une faction de seconde. Sentir son rythme cardiaque pulser frénétiquement sous sa peau, son estomac se tordre d’une exquise douleur... Ce genre de porté. Ses lèvre s’entrouvrirent et, d’une voix enrouée, elle prononça : « Excusez-moi pour ce retard. Je, hum, discutais avec la responsable de direction. » Jade serra un peu plus son livre contre sa poitrine, comme si celui-ci pouvait se substituer en un bouclier imparable. Elle osa cependant scruter le bellâtre quelques secondes avant d’aller s’asseoir au second rang. Comment avait-elle pu refuser ses avances ? Il était tout bonnement divin, comme dans ses souvenirs. Il y avait peu d’élèves, une quarantaine tout au plus à son grand regret. Elle s’installa aux côtés d’un camarade de classe et tenta de se trouver un point de myrrhe. Le tableau. Mauvaise idée, Clyde Wellington était écrit en lettres capitales. Les dalles de marbre, voilà une bonne alternative. Jade se perdit entre les rainures du sol, sa main appuyée sur son front comme pour se fondre dans la masse. Elle devait se concentrer. C’était primordial. Mais à ce moment-là, elle s’accorda un certain temps de réflexion, une parenthèse dans ce cours qui allait certainement être les deux heures les plus longues de son existence. C’est alors qu’elle entendit son nom. Son coeur tambourinant, dans sa poitrine, elle dévisagea de nouveau son professeur d’un air plus affirmé : « Oui ? »
Dernière édition par Jade M. Rawlinson le Dim 14 Déc - 18:41, édité 2 fois
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Sujet: Re: (terminé) sometimes it's better to react with no reaction ∝ Clyde Jeu 11 Déc - 23:00
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« Monsieur Johnson, je ne peux pas vous rencontrer demain matin. Je donne un cours magistral à l’université d’Oxford. Mon emploi du temps ne change pas d’une semaine à l’autre vous savez. » Les pieds sur son bureau de bois ancien verni, Clyde avait appuyé sa tête sur son fauteuil. Véritable symbole de son ennui, ses yeux bleus se levaient au ciel chaque fois que la voix masculine retentissait à l’autre bout du fil. Un stylo qu’il s’était offert pour la rentrée pour la modique somme de deux centaines de livres exécutait une danse régulière entre ses doigts. Il n’avait qu’une hâte : raccrocher au nez de ce crétin et reprendre enfin ses comptes qui s’avéraient plus ardus que prévu. Il avait prévu pour le cours suivant un exemple de cas typique de détournements de fonds. A cette tâche, il avait du façonner de lui-même des comptes virtuels d’une société qui n’existait pas, ainsi que fournir aux étudiants des transactions potentielles qui confirmeraient ou non la fraude. Croyez-le ou non, créer des comptes était une tâche bien plus compliquée que d’étudier des lignes entières de chiffres qui représentaient la réalité. Parfois, le professeur d’économie se demandait pourquoi il se donnait autant de mal pour des étudiants insipides qui, pour la plupart, n’atteindraient jamais la carrière tant désirée de traders, comptables pour des entreprises britanniques ou notaires éminents. Ils étaient mauvais. Ils n’avaient pas l’esprit critique, ils comptaient sur chacun des chiffres qui se présentaient à eux comme si c’était la Bible. Il prédisait déjà pour certains une ambition ruinée à la première faute professionnelle. Le pire dans tout ça, c’était la prétention avec laquelle certains osaient se présenter. Persuadés d’avoir le talent de leur paternel ou l’intelligence de leur mère, pour eux le cursus était un long fleuve tranquille et leur barque qui les mènerait à bon port était faite des billets de papa maman qui ne voulaient pas faillir à la réputation de leur nom. Et le con rondouillard qui s’était permis de l’appeler une heure avant son prochain cours n’échappait pas au douloureux constat. Sous prétexte que Monsieur avait une entreprise à gérer, des finances à faire tourner, il s’était cru offert le droit de réclamer les services de Clyde et ce, quand il le déciderait personnellement. Ca ne marchait pas ainsi. C’était lui qui dictait les règles. Non décidément, personne n’était comme les Wellington et intérieurement il se félicitait de représenter si bien un patronyme et une carrière ascendante. « Si c’est comme ça, sachez que je me passerai de vos 5,000 livres d’honoraires. J’en ai plein d’autres qui frappent à ma porte et ce sans baver leur dandysme d’anglais péteux au ventre si gras qu’ils n’aperçoivent même plus le petit sexe qu’ils pensent si influent. Bonne journée. » Il raccrocha sans un mot de plus.
Clyde entra par la porte des professeurs qui donnait directement sur le bureau du conférencier, dominé par une centaine de chaises alignés face à lui. Une cinquantaine d’élèves ne manquait pas chacun des gestes qu’il exécutait tandis qu’il écrivait son nom complet sur le tableau. Il adorait l’odeur de la craie tout autant qu’il exécrait les traces blanchâtres qu’elle laissait sur sa chemise bleu navy. Un silence de mort régnait dans la salle. « N’ayez pas l’air si vides. Monsieur Feiler n’est pas encore mort. » Référence à leur ancien professeur fraichement parti pour une retraite méritée. Sur cette boutade cynique, il sortit un paquet de feuilles qu’il déposa au premier rang pour qu’elles soient distribuées. « J’aime pas perdre mon temps. 50% d’entre vous n’auront pas leur semestre. » Il s’apprêta à commencer son petit speech de cours quand la porte de l’amphi s’ouvrit. Une jolie blonde stoppa net sa marche en face des escaliers, s’offrant à la vue de tout son groupe d’étude. Voilà ce qu’aurait pensé un esprit normal. Dans celui de Clyde en revanche, les mots étaient décuplés, plus brûlants et emprunts de cette amertume que son égo avait pris soin de créer à chaque évocation de la fille Rawlinson. Si d’ordinaire, il n’aurait pas accepté le retardataire en classe, il l’ignora royalement pour reporter son attention sur les autres. Il distinguait bien les regards curieux des jeunes filles au premier ou dernier rang, leurs chuchotements indiscrets et leur jeu de coudes. Pathétique. Il se lança dans une explication volontairement ardue avec des termes techniques et choisis pour distinguer dans la masse les espoirs des cas désespérés. Mais tous ne semblaient pas aussi attentifs qu’il ne l’aurait souhaité. « Miss Rawlinson. » Il s’appuya contre son bureau, les bras croisés. A travers ses lunettes de vue, ses yeux bleus reflétaient toute l’autorité et l’intolérance arbitraire qu’il voulut diffuser à travers tout l’amphithéâtre. Jade leva la tête vers lui, l’innocence de la colombe immaculée illuminant son visage. Menteuse. « Il ne fallait pas vous donner la peine d’interrompre le cours et de venir en retard si mon cours ne vous intéressait pas. » Il haussa un sourcil, l’air narquois avant de se détourner d’eux pour écrire au tableau quelques articles de lois traitant des fraudes. Miss Rawlinson en représentait une à elle seule : la tentation sous les airs discrets, la vanité oublié par la blondeur de ses cheveux.
Dernière édition par Clyde T. Wellington le Mer 17 Déc - 22:25, édité 1 fois
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Sujet: Re: (terminé) sometimes it's better to react with no reaction ∝ Clyde Dim 14 Déc - 22:30
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Il est dit dans tous les dictionnaires du monde entier qu’une coïncidence est un évènement survenant par hasard. Très souvent, on l’assimile à un banal concours de circonstance, un destin peut-être trop joueur ou encore une simultanéité de deux accidents n’en formant plus qu’un. Bon nombre de théories ont prouvé qu’aucune vie ne se déroule en vase clos. Il s’agit simplement d’un cercle vicieux, une multitude d’évènements qui se chevauchent et s’entrechoquent au fil des secondes. Au bout du compte, toutes nos péripéties ne forment qu’une seule et même histoire. Sortant son ordinateur et ses notes en silence, Jade en avait conclu qu’il n’y avait pas de hasard. Seulement une foule de rendez-vous inopinés. L’étudiante n’arrivait pas encore à réaliser que Clyde Wellington, l’objet de ses convoitises durant tout un été, allait être son professeur en économie. Peut-être l’avait-il oubliée ? Peut-être avait-il tout simplement omis leur dernier moment coupé du monde. Au vu de sa réaction, cette hypothèse s’avérait parfaitement plausible. Il l’avait à peine jaugée et s’était immédiatement consacré à la distribution de ses feuilles. Jade avait bravé les chuchotis pour regagner sa place habituelle au second rang. Elle fut aussitôt empreinte d’un étrange sentiment de frustration. « J’ai attendu ce moment tout l’été » avait-il dit. Mot pour mot. Clyde devait être un très bon acteur pour feindre l’ignorance et prenait visiblement un malin plaisir à jouer au maitre de conférence. L’étudiante avait eu l’air transparente aux yeux du professeur. Son professeur. Il portait une de ses chemises bleu navy, reflétant parfaitement la couleur singulière de ses prunelles. Doux martyre aux allures aiguisés. Préférant jouer la carte de la discrétion, Jade tentait de remettre ses idées en place. Elle avait déjà eu du mal à cesser de reluquer Clyde durant deux mois, elle se devait donc d’établir une toute nouvelle stratégie pour ne pas franchir les limites du raisonnable. Aussi tentantes étaient-elles.
Clyde ne tarda pas à abattre les cartes sur table. Son professeur avait donné le ton de leur relation à la seconde même où il avait prononcé son nom. Alors que Jade suivait ses instructions en tâchant de ne pas soulever son regard, son enseignant l’avait interpelée, visiblement peu enclin à toute sympathie. Ne ménageant pas ses paroles, Jade se sentit frémir et préféra reporter son attention sur l’anneau ornant son index. Elle ne l’avait jamais vu si autoritaire, si dominant. A cet instant précis, il était tout bonnement détestable. Il n’avait visiblement pas digéré leur dernière confrontation et semblait prêt à lui faire payer son audace. Bon nombre de répliques piquantes étaient prêtes à déferler de sa bouche mais elle préféra garder le silence puisqu’il lui tourna le dos presque aussitôt. Elle se contenta de prendre des notes mais quelques détails la turlupinaient. Une affaire de fraude... Quelle coïncidence. L’un de ses camarades de classe, assis au premier rang, s’interrogeait sur un élément du cours à haute voix : « Mais c’est quoi ce truc, l’affacturage...» Visiblement les explications pointilleuses du professeur avaient eu le don de chipoter quelques étudiants. Jade n’hésita pas une seule seconde à saisir cette opportunité pour se discerner des autres et prouver à Clyde que ses cours l’intéressaient véritablement. Une petite vengeance personnelle puisqu’il se retourna au même moment : « Josh, l’affacturage c’est lorsqu’une entreprise confit ses créances et l’examen de ses fonds à une entreprise tierce. On appelle ça un factor ou plus communément un consultant en finance. Ils interviennent pendant un l’abs de temps assez court. Environ... deux mois généralement pour vérifier tout en bon et du forme.» Volontairement, Jade avait insisté sur la période citée en jetant un regard à son enseignant. Elle l’interrogea du regard en notant au passage la dernière phrase écrite au tableau. « C’est bien ça Mr Wellington ce qu’on appelle l’affacturage ? » Jade n’était pas de celle jouant de la provocation pour obtenir gain de cause. Pourtant, à cet instant précis, elle jubilait à l’idée de lui avoir cloué le bec. L’étudiante avait beau le haïr depuis le début du cours, elle crevait d’envie d’être cette petite craie coincée entre son index et son majeur. Il était tout bonnement irrésistible à son plus grand désarroi. Une brochette d’étudiantes derrière elle prenait un malin plaisir à proliférer bon nombre de ragots en chuchotant : « Eh bien nous avons un vainqueur, je sais quel prof je vais me taper cette année. » Jade manqua de projeter le capuchon de son stylo au travers de l’amphithéâtre. Bien évidemment, Clyde allait être l’objet de nombreuses convoitises mais, intérieurement, elle souhaitait se démarquer du lot. Après tout, n’avait-elle pas été dans la ligne de myrrhe de son professeur durant tout un été ? A présent, il était peut-être temps de réclamer son dû... Son camarade de classe la sortit de ses songes quasi instantanément : « Merci Jade. Oh, fais gaffe, d’après l’Oxymoron, on est censé te pervertir cette semaine ! » L’étudiante ne put s’empêcher d’esquisser un petit sourire en prenant ses notes. Et puis, en un énième geste de bravoure, elle osa scruter discrètement Clyde en resserrant son écharpe contre son cou. Cette matinée allait être très longue et il lui tardait que la pause arrive afin de pouvoir s’entretenir avec son professeur d’économie.
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Sujet: Re: (terminé) sometimes it's better to react with no reaction ∝ Clyde Sam 20 Déc - 22:36
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Dos à l’assemblée, Clyde continuait d’écrire d’une main ferme et pédagogue. Il aimait retranscrire ses dires lors de ses cours magistraux tout simplement parce que l’écriture soulignait ses mots, ancrait dans la réalité les règles et faits économiques qu’il continuait de leur apprendre. Tout était immortalisé, souverain alors que les élèves grattaient sans un mot tout ce qui pouvait bien figurer sur ce tableau noir. Il aurait pu inventer des balivernes, changer les dates, personne n’aurait été là pour le faire remarquer. Sauf peut-être une, peut-être la seule qui ne paraissait pas si attentive à son cours. Jade était suffisamment intelligente pour déceler la moindre erreur. Son père la tannait assez chaque jour avec son entreprise, sa chaine d’établissement et surtout les comptes qu’il avait du faire vérifier, pour qu’elle sache exactement de quoi il en retournait. Il aurait pu l’interroger, la mettre en valeur face à cette poignée d’incompétents vaniteux. Il aurait pu faire d’elle l’élite de la classe, la favorite et surtout la meilleure. Pourtant elle en avait choisi autrement. Clyde aimait affronter l’authenticité et la vérité des situations et celle, plutôt humiliante, que lui avait offerte Jade, ne l’avait pas satisfait. Ainsi elle avait ruiné ses chances d’exceller dans cette matière car le jeune homme se laissait avoir par son orgueil et ce, sans aucun scrupule. Son orgueil était son meilleur allié tout autant que sa perspicacité. Il croyait avoir vu clair dans le jeu de l’étudiante et désormais c’était une cause perdue à laquelle s’accrochait Jade en assistant à cette matière. L’heure se déroulait sans encombre, personne n’osant poser de questions. Personne n’osait contredire ses affirmations pourtant discutables, personne n’osait prendre la parole pour ajouter un peu de savoir à ce cours déjà savamment ficelé. C’était étrange la façon dont tout le monde obéissait quand on leur accordait un peu de liberté. A la manière des singes éduqués, lorsqu’on les lâchait dans la nature, ils continuaient de se comporter comme leurs maitres. Clyde leur avait laissé le choix d’élever la parole, d’illuminer dans cet amphithéâtre triste et morne. Les étudiants d’Oxford avaient perdu de leur superbe. A son époque, les étudiants protestaient, argumentaient. Ils faisaient entendre leur voix même lorsqu’elle n’était pas écoutée. Ils avaient toujours soif de plus : plus de connaissance et reconnaissance, plus de réussite. Aujourd’hui, ils absorbaient en silence, exécutaient sans désobéir. Pathétique.
Clyde n’aurait pas cru avoir affaire à un groupe aussi insipide. Le retraité qu’il remplaçait dorénavant avait pourtant été connu pour son dynamisme, ses cours animés et sa passion pour l’économie. Il se souvenait l’entendre bavarder encore et encore, suscitant les rires et l’admiration ainsi que les échanges enflammés. Monsieur Feiler n’avait pu lui léguer des étudiants aussi ennuyeux. Et la tragédie de cette heure interminable atteignit son paroxysme lorsqu’un élève se plaignit à haute voix de ne pas comprendre la notion qui était tout au centre de son argumentaire. Tout d’abord, Wellington crut à une farce. Stoppant net son discours, il le toisa d’un œil dubitatif, attendant la chute de cette plaisanterie grotesque. Il ouvrit la bouche pour incendier l’idiot mais une voix féminine prit sa place, exposant toutes les zones d’ombre qui avaient pu abasourdir le pauvre crétin. Rawlinson avait attiré la lumière sur elle tandis qu’elle étonnait ses camarades par son éloquence assurée et sa science intelligente. La mâchoire de Clyde se contracta, irrité qu’on puisse ainsi l’éclipser. De plus, c’était une fois de plus la même. La jolie blonde ne supportait-elle donc pas qu’il ait le dessus en toute circonstance ? Etait-elle déterminée à lui rappeler son échec à chaque instant ? Clyde attendit sagement la fin de sa tirade et une fois qu’elle demanda son aval, il esquissa un sourire mesquin : « Tout à fait Miss Rawlinson. Laissez-moi cependant vous corriger. En général l’affacturage ne dure que quelques semaines, un mois tout au plus. Seulement lorsque l’honnêteté de l’entreprise est remise en cause, alors la procédure peut s’éterniser. » Amère vengeance que de s’en prendre à l’innocence présumée – et finalement prouvée – de son père. Puis il en revint à ses propres notes, continuant le cours comme si de rien n’était. Visiblement, les explications de Jade avaient fait la lumière dans l’esprit des étudiants et le groupe fut un peu plus actif qu’au début du cours. Il entendait chuchoter ça et là mais au fil des années, Clyde avait appris à n’entendre que les réflexions dignes de sens. Les remarques sur son physique par les étudiantes intéressées, les récits intimes des étudiants vaniteux, les doigts ennuyés qui pianotaient sur un cellulaire. La seule phrase qui attira son attention désinvolte fut adressée à Jade qui était apparemment la prochaine proie aux tentatives de débauches des anglais survoltés. C’était un défi vain avait-il envie de lui cracher au visage. Si lui n’avait pas réussi, comment ces gamins sans expérience pouvaient-ils bien y parvenir ? Jade était une cause perdue ce qui était un terrible gâchis mais même si Clyde aimait la difficulté, il n’aimait pas la façon dont elle l’avait repoussé, dont elle lui avait démontré le refus. Il capta le regard bref que la jeune femme lui avait adressé et il lui répondit avec cette même lueur de négligence. Puis ses yeux se refroidirent de nouveau tandis qu’il balança la craie avec précision sur le front du garçon qui venait de parler. On n’offensait pas un joueur de hockey capable de vous envoyer le palet entre les deux yeux dès lors qu’il le décidait. « Ta gueule Marks. Je crois que Jade n’a pas besoin de tes leçons de ridicule. En revanche tu pourras lui apprendre la manière de manquer mes prochains cours si toutefois tu continues de digresser. » Hors de question qu’il ne la touche, qu’il ne l’approche. Il fit ensuite oublier toute l'histoire en annonçant d'une voix claire et concise: « J'ai préparé pour vous des comptes à étudier. Vous serez mis en position d'affacturage afin de me prouver ou non une éventuelle fraude. Vous serez notés sur un oral où vous m'exposerez vos arguments et vos analyses. » Il sorti un paquet de copies qu'il déposa sur le coin de son bureau. « A la fin du cours, vous viendrez chercher votre étude. Bien sûr, vous ne pourrez tricher puisque chaque cas est unique et qu'il est entièrement fictif. Vous ne pourrez compter que sur vos compétences. »
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Sujet: Re: (terminé) sometimes it's better to react with no reaction ∝ Clyde Mar 23 Déc - 22:12
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Il la méprisait. Littéralement. Cet homme qu’elle avait connu durant deux longs mois et qu’elle avait trouvé terriblement avenant s’apparentait à présent à un véritable tyran. Stéréotype du professeur d’université exécrable, son visage ne trahissait plus aucune marque de sympathie. Ce pâle reflet lui ôtait toute marque de charisme au plus grand dam de Jade qui s’était longtemps surprise à rêvasser à son sujet. N’était-il pas la personne la plus captivante qu’elle n’ait jamais connu ? Ô combien de fois était-elle arrivée au bureau de son père plus tôt dans l’espoir de rencontrer Clyde Wellington. Son prétexte était simple, presque cupide : un simple muffin adressée à son paternel pour qu’il démarre la journée sous les chapeaux de roue. Comme un besoin primitif, elle se délectait d’observer ses faits et gestes, se laissant aller aux aléas de son imagination. Lorsqu’il semblait préoccupé par une idée précise, il fronçait ses sourcils presque mécaniquement. Quand il cherchait une solution face à cette multitude de feuilles qui meublaient son bureau, le professeur avait pour habitude de faire virevolter un stylo entre ses doigts. Et puis parfois, il lui lançait un petit regard qui ne semblait pourtant pas lui être destiné. Peut-être que ce tour d’horizon n’était qu’un moyen de revenir sur la terre ferme le temps d’un instant et de sortir de cette torpeur financière dont la famille Rawlinson était victime. Non. De temps à autres, ses lèvres se retroussaient et Jade osait le saluer d’un air faussement désinvolte. A présent assise au beau milieu de l’amphithéâtre, elle tâchait de ne pas prêter cas à cet étrange revirement de situation. Son retard, pourtant justifié, l’avait-il tant contrarié ? C’était tout bonnement infondé. Durant toute sa vie, l’étudiante avait su résoudre les problèmes demandant le plus de compétences. Elle ne reculait devant aucun défi cérébral et pourtant cette simple équation à un inconnu turlupinait son cerveau indéfiniment. Jade ne se risquait pas à jeter quelques coups d’oeil à son professeur. Après tout, son principal objectif était de finir cette énième année, participer à la remise des diplômes en gravissant une dernière fois les marches de l’Université d’Oxford. L’économie était sa matière préférée et, même s’il était plus agréable de travailler dans de bonnes conditions, elle allait devoir s’accommoder aux conditions actuelles. Clyde Wellington ne voyait pas les choses de bonne augure, bien au contraire. Ses sournoiseries n’amusaient que lui et, alors que Jade mettait un point final à sa phrase, l’étudiante décida soudain que son enseignant ne perturberait en aucun cas son cursus scolaire.
Comme pour illustrer cette brusque résolution, Jade mit un point d’honneur à impressionner son professeur d’économie à la moindre occasion. Aussi, elle ne tarda pas à saisir la perche tendue par son camarade de classe. La théorie n’avait plus aucun secret pour la jolie blonde, elle maitrisait les diverses doctrines sur le bout des doigts. Habituellement, elle ne se serait peut-être pas risquée à une intervention aussi remarquée mais, inconsciemment, ce petit jeu l’amusait. A la seconde même où Clyde esquissa un sourire, l’étudiante su qu’il déploierait une énième flèche fielleuse qui lui serait directement destinée. Pire encore, il visait les Rawlinson et l’affaire de fraude dont il avait été chargé. Pitoyable. Prenant note des gribouillis au tableau, la dernière remarque de son camarade entraina une foule de rebondissements. Son professeur ne mit pas longtemps à balancer sa craie sur son étudiant après que celui-ci ait évoqué sa potentielle débauche. Jade pinça ses lèvres pour s’empêcher de rire à cet acte enfantin. Fatalement, elle remonta son écharpe contre sa bouche pour cacher le petit sourire qui était venu se loger sur ses lèvres. Clyde avait été contrarié par cette remarque déplacée et n’avait pas hésité à manifester sa dominance maladive sous cette forme peu courtoise. Une des garces du troisième rang chuchota à son égard : « Ben dis donc, tu lui as fait quoi au Wellinghton ? » Comme un déclic surgit de nulle part, la jolie blonde vit la situation s’éclairer sous ses yeux. Cette fameuse dernière soirée d’été. Il lui en voulait de l’avoir repoussé. Il était vexé et avait été vraisemblablement froissé dans son ego. Comment avait-elle pu ignorer cette évidence qui s’était manifestée sous toutes ses coutures depuis le début du cours ? Clyde ne tarda pas à rebondir sur ces entre-faits en annonçant un oral qui allait très prochainement être organisé. Un entretien seul à seul avec l’objet de ses convoitises les plus enfouies... En quoi était-ce bienséant ? Tout cela ressemblait plus à un règlement de compte sur un ring de boxe incandescent. Sujette à une bouffée de chaleur, la danseuse retira son écharpe et remua sa main en direction de son cou durant quelques secondes afin de rafraîchir sa peau brulante. Pas anxieuse pour un sous, Jade devait bien avouer que cette perspective tiraillait d’ors et déjà le creux de son ventre. Bien évidemment, sa très chère camarade ne tarda pas à s’adresser à son professeur d’un air pour le moins éloquent, visiblement intéressée par ce TD : « Hum... Donc c’est un entretien individuel qui durera combien de temps exactement ? » Mordant l’intérieur de ses joues pour s’empêcher d’hurler, Jade prit notes du reste du cours, s’attardant principalement sur un point qui attisait sa curiosité. Sa soif de connaissance prit le dessus et elle ne tarda pas à s’adresser à son professeur pour de plus amples détails : « Excusez-moi, par rapport au travail d’affacturage, j’ai une question... » Tous les regards se braquèrent sur la jolie blonde puisqu’il s’agissait là de la première intervention relatant du cours actuel. Jade dû s’éclaircir la voix avant de capter le regard de Clyde, luttant en son for intérieur pour ne pas enjamber son bureau et le débarrasser de cette chemise bleu navy. Ce simple bout de tissu avantageait que trop bien ses deux saphirs : « Cela ne fait peut-être pas parti du programme mais sur quels critères le factor se base-t-il pour attribuer ses agios ? Nous parlons très souvent du corps de l’entreprise mais l’affacturage est également une méthode très risquée pour le chargé de créances. En cas de fraude, le factor est-il autant coupable que le chef d’entreprise ? » Son camarade de classe ne tarda pas à rejoindre son discours : « C’est vrai ça. D’ailleurs, vous avez déjà travaillé pour une entreprise M’sieur ? » Cette dernière remarque fit resurgir une foule de souvenirs, tous plus incongrus les uns que les autres. Jade ne put retenir son petit sourire très longtemps et adopta un air faussement interrogateur à l’égard de son professeur. Cette situation l’amusait et, pour la première fois, elle ne s’en cachait pas le moins du monde.
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Sujet: Re: (terminé) sometimes it's better to react with no reaction ∝ Clyde Mer 31 Déc - 13:16
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Il fallait savoir que Clyde était toujours le prédateur, celui qui maniait les fils de la marionnette, celui qui décidait quand le jeu commençait et s’arrêtait. Il n’avait traversé les âges, les époques, qu’en n’expérimentant cette facette de la vie. Petit, on ne lui avait rien refusé et il s’était appliqué à ce qu’en grandissant, les habitudes ne changent pas. Il n’était pas un fainéant qui claquait des doigts afin que tout lui tombe dans les mains. Il avait travaillé dur, il avait pavé ses propres routes jusqu’au succès. Les femmes qu’il avait fréquenté, il les avait savamment choisies avant de tester leurs limites, éprouver leur personnalité. Parce que Clyde était un actif, toujours en quête d’un nouvel objectif, un défi qui excitait ses sens et son instinct de compétiteur. Ce qu’il n’avait pas du premier coup, il rusait de nouvelles techniques pour l’obtenir. Et lorsque finalement, il se heurtait à un mur, il était prêt à se salir les mains pour l’escalader et voir ce qui l’attendait de l’autre côté. C’était pourtant déroutant de voir à quel point ses mains étaient parfaitement entretenues. Des mains d’homme à la poigne assurée et ambitieuse, dont le bout des doigts étaient à peine durcis par la pratique du hockey, du piano et enfin des heures passées à pianoter sur son ordinateur. Sa peau ne portait pas les stigmates des épreuves qu’il avait endurées quand bien même il était un enfant né avec une cuillère d’argent dans la bouche. A la manière de Dorian Gray, il portait l’apparence du trentenaire séduisant et immaculé alors que son intérieur noircissait de jour en jour. Il n’avait aucun penchant malsain, aucune addiction destructrice mais son esprit lui si vivace si agité le rongeait progressivement. Clyde se tuait à être un homme parfait – ce qui marquait son imperfection évidente. Et pour terminer, cet été avait porté le coup de grâce. Quand on avait refusé à ses mains parfaites le chemin jusqu’à la peau qu’il avait tant convoitée, quand on avait refusé à ses yeux d’un bleu parfait de pouvoir s’approprier une silhouette dont il avait rêvé. Le refus pour lui était la marque de l’échec définitif et ça lui était insupportable. Désormais ce refus s’était matérialisé dans l’élève assise devant lui, à travers la sensualité qu’elle dégageait et qui taquinait son imagination. Ce refus pavanait devant lui quand on rappelait à Jade qu’elle était le prénom sur toutes les lèvres, qu’elle était l’étudiante à pervertir, à séduire. Et tout le monde autour de lui feignait l’indifférence, l’innocence tandis qu’il était le seul à voir le petit jeu de la blonde. C’était insupportable.
Lorsque la craie marqua violemment le front du garçon qui s’était risqué à prendre Jade pour une future cible. Puis il accueillit le sourire dissimulé de l’intéressée avec un haussement de sourcil condescendant. Ainsi ça lui plaisait d’être le centre du monde. La petite fille à papa jubilait qu’on lui accorde tant d’attention, qu’on salue enfin sa personnalité au détriment des garces superficielles du troisième rang. Il les laissa tous dans leur stupidité pour annoncer les modalités de contrôle. C’était sa partie préférée de son enseignement : le moment où il pouvait juger en toute impunité des réelles compétences de ses élèves, le moment où lui seul avait le pouvoir sur l’avenir de leur cursus. Il était très exigeant et très arrêté dans sa façon d’évaluer. Ca le convainquait ou non. C’était pertinent ou non. Dans la finance, l’erreur de calcul n’était pas permise puisqu’elle pouvait mener à des conséquences désastreuses, notamment en matière de justice. Au-delà de son amour du pouvoir, il tenait à mettre sur le marché de l’économie des diplômés qui l’avaient mérité, des futurs collègues qui sauraient maintenir l’excellence de ce domaine au Royaume-Uni. Il laissa enfin la parole aux questions de ses élèves, forcément consternés eux qui étaient habitués aux méthodes du retraité. « Ca dépend de votre talent. 10 minutes si vous êtes mauvais, une demi-heure si j’ai matière à débattre et que vous savez vous défendre. » Oui c’était presque un match qui allait se dérouler à cette occasion. Une fois qu’il eut fini de répondre, il fut surpris que Jade ne lève à nouveau la main. N’en avait-elle jamais assez ? Ses yeux clairs démontraient tout son dévouement au cours, elle l’élève studieuse. Son air intelligent rehaussait ses prunelles et ses lèvres bavardes... Clyde allait mourir. « En effet ça ne fait pas partie du semestre. Il faut déjà que vous ayez connaissance de la pratique avant d’aborder ces termes. Certains vous diront tout et le contraire de moi. Néanmoins, personnellement, je m’estime extérieur aux affaires que je traite. Je ne suis que le représentant de la Justice. Je donne simplement mes analyses et des conclusions, les critères sont souvent différents selon le cas. » Il rebondit aussitôt sur une question plus simple de quelqu’un d’autre. Il pourrait débattre durant des heures sur le sujet mais jamais devant les autres. C’était un duel qui se jouait, un duel dans l’obscurité. « Je pourrais vous montrer une affaire que j’ai traité cet été après le cours Miss Rawlinson puisque vous semblez si peu certaine de vos connaissances. »
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Sujet: Re: (terminé) sometimes it's better to react with no reaction ∝ Clyde Dim 11 Jan - 23:20
Sometimes it's better to react with no reaction
Subjuguée par son professeur d’économie et son adresse à arborer un air accablant, Jade ne savait plus sur quel pied danser. Oui, cette jeune étudiante qui savait normalement s’accommoder à toutes les musiques, à toutes les notes quelles soient fougueuses ou sensuelles. Voluptueuses ou volcaniques. La professionnelle qu’elle était voulait à tous prix reprendre la main et mener de nouveau la danse au gré de ses envies. Le surprendre, voire même le provoquer. Incarner l’objet de ses convoitises et se présenter sur un plateau d’argent après l’avoir fait miroiter le temps d’un tango. En revanche, l’étudiante presque désarmée se retrouvait prisonnière de ses propres désirs. Il n’était plus le simple consultant d’entreprise qui avait obnubilé ses pensées durant deux longs mois. Non, désormais Clyde était la clé de sa réussite, le détenteur de son avenir puisque sa matière était sa spécialité. A l’université d’Oxford, elle jouait clairement sur son terrain de jeu ce qui ne faisait qu’amoindrir sa confiance personnelle. Il était tout bonnement désarmant et ce maniaque du contrôle commençait à l’agacer inexorablement. Assise au second rang, elle lui en voulait terriblement de l’avoir dilapidée devant ses camarades de classe. Pourtant, elle ne se lassait pas de scruter sa stature athlétique. Être si finement fuselé était de l’ordre de l’indécent. Surtout lorsque les mots s’enchainaient au tableau et que son stylo ne suivait définitivement pas la cadence. Jade réussissait cependant à rester attentive au cours, certainement l’une des seules dans l’amphithéâtre à prendre des notes méticuleusement. A l’instant où la craie percuta le front de son camarade de classe, la danseuse ne put retenir un petit rictus significateur. D’une certaine manière il l’avait défendue, elle ne lui était donc pas si indifférent. Aussi, comme pour compenser cet élan de faiblesse, Clyde ne tarda pas à annoncer un oral noté. Un examen qui allait très certainement lui être fatal. Bien qu’elle avait saisi l’objet de ses représailles, elle tenait fermement à vérifier ses sources. En bonne économiste, l’étudiante n’avançait jamais une thèse sans l’avoir examinée au préalable. Ainsi, elle allait très certainement prêcher le faux pour savoir le vrai, une méthode qui portait très souvent ses fruits.
Les questions fusèrent de part et d’autres mais la sincérité de chacun pouvait être bien évidemment remise en cause. Les jeunes filles du troisième rang n’avaient d’yeux que pour le professeur et étaient fortement intéressées par le temps imparti. Piètre excuse et allusions salaces, Jade se focalisa sur ses feuilles de cours pour ne pas céder à l’envie d’en égorger une. Elles étaient tout bonnement insupportables et imbues de leurs personnes. Clyde n’appréciait pas ce genre-là ou tout du moins, c’est ce que l’étudiante se plaisait à croire. Ainsi, Jade préféra se recentrer et décida d’apporter réponse à un détail qui turlupinait ses neurones. Posé comme à son habitude, son professeur répondit immédiatement à sa question d’un ton impartial. Cela dépendait donc. Elle mordilla son crayon de papier, agacée par ce manque de précision qui était cependant indépendant de sa volonté : « D’accord. Je suppose donc que le contrat doit être minutieusement élaboré au préalable. Mais c’est une question de droit que je poserai à mon professeur, merci. » Alors que son regard s’était de nouveau focalisé sur sa copie, l’appel de son nom de famille attira de nouveau son attention. Elle reporta ses prunelles vers Clyde, mordillant l’intérieur de ses joues frénétiquement. A quoi jouait-il ? Voulait-il réellement être le maître d’un jeu si puéril ? Résolument, Jade releva son menton et prononça d’un air conquérant : « Ce serait parfait oui. Quant à mes connaissances, je peux vous assurer qu’elles sont solides. Mais vous aurez l’occasion de le constater par vous-même au cours de l’oral. Je compte bien être l'une des seules à dépasser la demi-heure et vous donner « matière à débattre ».» Volontairement, la danseuse avait cité ses propres paroles, agacée à la simple idée qu’il puisse douter de ses compétences. L’étudiante était l’une des meilleures économiste de cette promotion et aucun homme ne pourrait la dévier du droit chemin, pas même Clyde Wellington. Ses camarades de classes ne tardèrent pas à rire à sa remarque, en affirmant de bon coeur : « Désolé Jade, les trois quart d’heure nous sont réservés. » Inconsciemment, la principale concernée esquissa un petit sourire à cette remarque enfantine. Alors que le cours reprenait peu à peu forme, l’alarme incendie résonna dans l’enceinte de l’établissement. Trois cas se présentaient donc : un réel incendie, un entrainement ou bien un idiot ayant déclenché la sonnerie. Tous se dirigèrent vers la sortie, le lieu de rendez-vous étant la grande cours principale de l’université. Jade se contenta d’enrouler son écharpe autour de son cou et de précéder Clyde qui fermait naturellement la marche. L’occasion qui se présentait à cet instant précis était à saisir à tous prix. Aussi, elle ralentit volontairement le pas, laissant les autres élèves la dépasser à grandes enjambées. Une fois à hauteur de ses épaules, la danseuse sentit sa confiance faillir face à la taille sculpturale de son professeur. Malgré tout, elle décida de s’armer de courage et d’engager un semblant de conversation : « Cly... Mr Wellighton... » Les murs étaient dotés d’une oreille attentive et Jade allait devoir choisir ses mots avec parcimonie et doigté pour ne pas éveiller les suspicions : « Je tenais à m’excuser de nouveau pour mon retard. J’espère que vous oublierez cette petite étourderie qui vous a visiblement très agacé. » Jade mordit frénétiquement sa lèvre inférieure face à cette situation frustrante à souhait. Être courtoise et feindre l’ignorance aux côtés de son professeur d’économie était loin d’être une mince affaire.
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Sujet: Re: (terminé) sometimes it's better to react with no reaction ∝ Clyde Jeu 22 Jan - 12:06
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Cherchait-elle à se faire remarquer auprès des autres ? Jade ne passait-elle pas déjà assez pour l’étudiante studieuse, celle qu’on n’arrivait à extirper de son monde que rarement ? Il ne s’étonnait pas qu’elle ait une réputation à la fois aussi lisse et subjuguante. Elle entretenait ce mystère typiquement britannique auprès de son entourage. A la manière d’une héroïne d’un roman victorien, elle cultivait savamment cet aura de secret qui n’avait pour but ultime que d’attirer les regards et les attentions. Au fond c’était une jeune femme comme les autres, en quête de sollicitude et de reconnaissance. C’était quelque peu réconfortant pour Clyde de se dire qu’elle aussi renfermait un égo fragile qu’elle chouchoutait de grandes victoires sportives et de réussite scolaire. La rendre ordinaire, voilà l’exercice auquel il se prêtait chaque fois qu’il posait les yeux sur elle afin d’oublier l’amer souvenir qu’elle avait laissé en lui. Si elle était une élève comme les autres, alors il serait en mesure de reprendre ses droits sur elle et de surtout panser les plaies déjà trop nombreuses qui se rappelaient à lui trop souvent. Il répondit aux questions d’une voix professionnelle et assidue. Il n’omettait aucun fait tout en préservant quelques détails complexes qu’il réservait pour les semaines prochaines. S’il leur mâchait le travail, autant leur donner tout de suite leur diplôme et les laisser se débattre dans l’océan intransigeant du monde de l’économie. Chaque discipline avait ses requins et ses proies, fort heureusement pour eux, il avait un prédateur pour les former aux obstacles qu’ils allaient rencontrer tôt ou tard. Il asséna à Miss Rawlinson une remarque tout à fait sentie – qu’il aurait pu sortir à n’importe qui. Il détestait qu’on le contredise. De toute façon, il finissait toujours par avoir le dernier mot. Qu’elle aille en parler à son professeur de droit si elle le souhaitait, elle n’obtiendrait rien de plus de lui désormais. Constat qui déplaisait à la jolie blonde qui se défendit d’être l’un des meilleurs éléments de son groupe. Il avait beau être parfaitement d’accord avec elle, il demeurait impatient d’en avoir les preuves. Clyde était sur le point de défier une nouvelle fois les compétences affirmées de son étudiantes mais cette fois-ci quelques-unes de ses camarades qu’il ne laissait vraisemblablement pas indifférentes s’en chargèrent pour lui. Lui se contenta d’autoriser ce sourire définitivement narquois et vaniteux apparaitre sur son visage. « Voilà des personnes combattives. Vous avez ma bénédiction pour cette future lutte féroce ! »
La routine reprit son cours. Même si Clyde abhorrait de devoir jouer les enseignants consciencieux, il avait un programme à tenir et il ne désirait pas voir les chiffres de l’université chuter de par sa faute. Il tenait à maintenir l’excellence d’Oxford qui avait su le former et cet objectif passait ainsi par une pédagogie rigoureuse. Alors qu’il se penchait sur les différents corps de métier et de fonctions que leur formation en finances permettait, l’alarme incendie se déclencha. Le professeur ne fut pas tellement surpris puisqu’une rumeur d’exercice d’évacuation courait déjà depuis plusieurs semaines dans la salle des professeurs. Oxford était un vieil établissement dont les bâtisses s’étendaient sur plusieurs kilomètres au sein de la ville. Ainsi il fallait régulièrement vérifier les normes de sécurité afin d’éviter tout drame accidentel. Néanmoins, Wellington ne démontra aucune négligence suspicieuse et s’empressa d’inviter ses élèves à rejoindre la sortie dans le calme. Bien trop heureux de s’accorder une pause dans leur dur labeur, tous se mirent aussitôt à discuter et rire sans se préoccuper de Clyde qui sortait à leur suite. Il prit soin de verrouiller l’amphithéâtre derrière lui – procédure de sécurité. A cet instant, il sentit une présence près de lui et sut immédiatement qu’il s’agissait de Jade. Ne lâchait-elle l’affaire jamais une seconde ? C’était une réflexion bien ironique quand tout l’être de Clyde ne cessait jamais de penser à elle. Elle lui adressa la parole, manquant par la même occasion de gaffer sur le fait qu’ils se connaissaient déjà en dehors du contexte scolaire. Agacé, il plongea ses mains dans ses poches pour cacher ses poings nerveux. Alors qu’elle jouait une fois de plus les ingénues, il ne put s’empêcher de lui lancer un regard incrédule. Elle pouvait duper le monde entier, sauf lui. Si elle voulait jouer à ce jeu-là certes, elle ne l’aurait pas à l’usure. « Si votre ancien professeur tolérait les retards et acceptait les petits tracas quotidien de chacun de ses élèves, ça n’est pas mon cas. La prochaine fois que vous trouverez une porte fermée, n’espérez pas intégrer mon cours. » Ils marchaient à travers les couloirs, rejoignant ci et là d’autres groupes disciplinés. « Je n’offre jamais de deuxième chance. » Qu’elle comprenne bien que cette affirmation valait pour tout. Jade avait manqué sa chance, elle n’avait plus qu’à espérer passer de justesse ce semestre. « Sachez que la responsable de direction finit souvent bien tard, elle parait très investie dans son travail... » Les sous-entendus insidieux suspendus à sa phrase étaient volontaires. « Vous la trouverez encore certainement dans son bureau passées les heures de cours. Vous n’aurez plus aucune excuse. » Alors que tous se réunissaient dans l'espace vert bordé par les bâtiments refermant les amphithéâtres, Clyde offrit un sourire à un collègue. Il se tourna vers Jade avant d'ajouter, d'une voix ferme et dictatoriale: « Tu n'auras aucun traitement de faveur, Jade. Au contraire. » Il s'était bien fait comprendre.
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Sujet: Re: (terminé) sometimes it's better to react with no reaction ∝ Clyde Ven 6 Fév - 20:00
Sometimes it's better to react with no reaction
Son professeur d’économie montait sur ses grands chevaux à la moindre remarque qu’il jugeait déplacée. En somme, toutes ses interventions pour rendre le cours plus distrayant. Visiblement peu disposé à faire preuve de sympathie à son égard, Jade ne récoltait que les remontrances d’une personne aussi méprisable qu’impassible. Clyde n’était à présent que le pale reflet de ce bellâtre qu’elle avait côtoyé durant tout un été. Dans son esprit était gravé ce visage allègre, cette sympathie innée et, par dessus tout, ses prunelles rieuses. L’étudiante pouvait encore discerner son hilarité lorsque le père Rawlinson avait, ironiquement, critiqué ses tactiques de défense en matière d’hockey sur glace. Ambiance bonne enfant, cette soirée s’était malgré tout achevée d’une manière pour le moins laborieuse. La danseuse avait misérablement refusé l’avance du trentenaire, de peur que ses parents puissent découvrir cette mascarade qui se tramait depuis bien longtemps. Erreur fatale. Clyde était à présent l’incarnation du remord. Son regard s’était assombri au profit d’une lueur pour le moins austère. Implacable, il avait déclaré les jeux ouverts en annonçant un oral qui représenterait la moitié de sa note semestrielle. La réussite de cette dernière année était capitale, si bien que Jade ne pouvait se permettre le moindre écart. Sans doute allait-elle devoir porter des œillères pour ne pas céder à la facilité. Sa seule préoccupation était d’en finir avec ces deux semestres, quitte à endurer les reproches dissimulés de son professeur d’économie. Au coeur de l’université d’Oxford, il était le maitre, le marionnettiste qui manipulait les ficelles de sa destiné avec précision et doigté. Homme brillant, il ne mit pas longtemps à comprendre le mécanisme en provoquant volontairement la danseuse par quelques piques savamment choisies. A ses yeux, Jade était sur le même piédestal que ses camarades de classe. Aussi, sa mâchoire se tendit lorsqu’il adressa un sourire railleur aux autres élèves, sans même lui prêter cas. L’étudiante se contenta alors de dessiner férocement quelques arabesques sur sa feuille de papier. A ce rythme là, il ne resterait rien de son cours à la fin de l’heure.
Par le plus grand des miracles, l’alarme incendie résonna au sein de l’établissement. Etait-ce là un signe de la providence ? Se munissant simplement de son écharpe en cachemire, Jade descendit les quelques marches pour se diriger vers la sortie. Elle prit volontairement son temps afin de pouvoir, peut-être, décrocher l’attention de son professeur. La danseuse se doutait bien que cette soudaine animosité était dû à son rejet et, pour cause, elle décida de prêcher le faux pour savoir le vrai. Une vieille méthode qui portait très souvent ses fruits. Ralentissant la cadence, elle se posta aux côtés de Clyde qui ne semblait pas du tout anxieux. Un simple entrainement donc. A présent, il était difficile de respecter les convenances pour ne pas éveiller les soupçons de ses camarades. Aussi, sa langue fourcha sur son prénom avant d’utiliser son patronyme en bonne et due forme. Finalement, Jade lui présenta ses excuses et reçut un regard pour le moins sceptique. Elle se contenta de fixer la sortie, tentant par tous les moyens de feindre l’ignorance. Un châtiment qu’elle s’administrait volontairement pour ne pas avoir su saisir sa chance au bon moment. La bouche entre-ouverte, la danseuse finit par le dévisager abasourdie et scotchée par ses semonces. « Pas de seconde chance donc... Je prends note. » répéta-t-elle d’un air distrait, comme pour évaluer l’ampleur de ses paroles. N’y avait-il pas un sous-entendu minutieusement enchevêtré ? Lorsqu’ils pénétrèrent dans les jardins de l’établissement, Jade se retourna finalement vers son professeur et planta ses mains dans les poches arrières de son jean. « Je n’attends aucun traitement de faveur Mr Wellington. Je n’ai pas besoin d’attirer la sympathie de mes professeurs pour recueillir quelconque avantage. » L’un de ses camarades lui fit un signe de main pour alpaguer son attention et Jade lui offrit un petit sourire amical en retour. Avant de rejoindre les autres élèves, la danseuse scruta durement le professeur d’économie après avoir croisé ses bras sous sa poitrine. Du haut de son mètre soixante, son aplomb était presque prodigieux. « Si vous voulez bien m’excuser. » L’étudiante lui tourna enfin le dos et se dirigea vers le groupe près de la fontaine Oxfordienne. Que les hostilités commencent.
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(terminé) sometimes it's better to react with no reaction ∝ Clyde
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