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 clyde ღ retour vers le présent

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Rae I. Fitzpatrick




Rae I. Fitzpatrick
ADMIN — Wisdom's speaking to you


☆ date d'arrivée : 06/12/2014
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MessageSujet: clyde ღ retour vers le présent   clyde ღ retour vers le présent EmptySam 13 Déc - 20:16


- Ne vous inquiétez pas pour cela, Miss Fitzpatrick. Dès qu’Emma sera de retour, nous lui demanderons de contacter Monsieur Wellington. Un instant, mon cœur s’est arrêté de battre tandis qu’un seule question me trotte dans l’esprit.
- Monsieur Wellington ?, lâché-je dans les airs pour confirmer ou infirmer ses pensées.
- Clyde Wellington. Je souffle, m’éloigne du bureau en contre-plaqué d’un coup de pied, hésitant à rire ou à pleurer.

D’un simple prénom, la secrétaire de direction a confirmé mes pensées, me remettant en mémoire le prénom du seul Wellington que je connaisse. Clyde. Depuis mon retour à Oxford, mon passé a eu la fâcheuse tendance à venir frapper à ma porte. Il me rattrape en entier, comme ça, par vague. La veille, il m’a semblé reconnaître l’homme à tout faire au nom chilien, un ancien RIOT plus posh qu’il ne le laisse paraître et même Margaret Fleming dont l’âge doit approximer Lucy. Passant ma main dans mes cheveux, je tente de faire la part des choses, de rassembler mes idées. Mes yeux sont posés sur un papier peint franchement installé mais témoignant du mauvais goût d’une administration qui préfère investir dans les apparences. Apparences parfois trompeuses comme a pu le démontrer ce Clyde d’avant : une belle gueule et un corps à couper le souffle lorsqu’il se trouve sur la glace. Une belle gueule mais pas grand-chose en haut. Appuyant plusieurs fois sur le dessus de mon stylo bic (CLIC CLIC CLIC), je me demande s’il est pire qu’avant ou si, au contraire, il a pris la consistance d’un bon vin. Que ce soit l’une ou l’autre raison, je me dis qu’il vaut mieux que je le trouve. Je n’ai pas envie de le voir débarquer à mon bureau. De le voir s’installer sur ma chaise pour fixer le problème. Ou de le voir se pencher par-dessus mon épaule alors que je tente de fixer le problème par moi-même. Attrapant ma veste sur un coup de tête, je sors de mon bureau. La secrétaire de tantôt me lance un étrange regard, se demandant surement où je compte bien aller alors que je viens seulement d’arriver. Entre nous, dix heures, c’est l’heure parfaite pour débuter sa journée.

- Je reviens dans un instant. Je vous laisse prendre mes appels. Je la fixe du regard sans lui laisser le choix. D’un signe de tête, je lui indique de se rendre dans mon bureau. Vous savez où je pourrai trouver Clyde à cette heure-là ? Attendant la réponse, je boutonne le dernier bouton (hu) de ma gabardine bleue. Un léger sourire prend possession de mes lèvres alors que, de souvenir, je revois Clyde se balader dans un costume Navy.
- Il doit être en pause café, après son cours. .

En pause. Aux chiottes ou à faire la queue pour grappiller un café histoire de refaire le plein d’énergie après son cours. Cours ? Il ne me m’en faut pas plus pour attiser ma curiosité. De tous les métiers qu’il aurait pu choisir, le voilà avec le plus ennuyant de la liste. A moins que l’autorité dont il peut bénéficier soit la seule qu’il puisse afficher. J’en souris, encore une fois, avant de m’éclipser dans le froid Oxfordien. J’aplatis tant bien que mal un bonnet de laine made in Ireland sur le haut de mon crâne, enfile des gants, pars à la recherche de ce fameux café sans avoir la moindre certitude qu’il veuille réellement un café. Instinct à la con, je rage de prendre mes décisions sans y penser un brin plus longtemps. Je finis par retourner dans l’établissement, pose quelques questions supplémentaires et c’est une autre brune qui lâche l’information : le Zappi’s Bike Café. Ainsi, comme cet andouille de Clyde, le café est toujours sur pied.

Dépassant plusieurs groupes d’étudiants, je ne fais pas attention à leurs remarques (pour autant qu’elles soient pour moi) et réflexions. Un rapide coup d’œil sévère a suffi pour les faire taire alors qu’un autre groupe se contente de pouffer. J’en soupire, lève les yeux aux ciels, accélère le pas. Le café finit par se dresser en face de moi ; je le considère comme le graal de la journée. Passant les doubles portes, je me débarrasse du bonnet et des gants tout en scannant l’ensemble de la pièce. Personne. Ou du moins : pas lui, je pense. J’en souffle, contiens l’étrange énervement qui monte en moi. Le bruit métallique d’une cuiller contre la porcelaine attire mon attention. Je plisse les yeux, reconnais la carrure, laisse un sourire teinter mes lèvres. En chemin, j’attrape un paquet d’amandes et un VIT-HIT aux fruits du dragon (fancy) avant de m’installer sans un mot sur l’autre chaise libre. Action. J’affiche un large sourire, soupire, ouvre la bouteille toujours sans un mot. Il me porte enfin attention, je soutiens son regard.
- Tiens, ça faisait longtemps. Quelques années à vrai dire. Et, étrangement, il n’a pas tellement changé. Ou, peut-être a-t-il gagné en maturité (pseudo-maturité). Toujours à jouer l’éternel étudiant, sans graduer ? Le sourire s’étire, moqueur. On ne change pas les habitudes. Et se moquer de lui en a toujours fait parti.
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MessageSujet: Re: clyde ღ retour vers le présent   clyde ღ retour vers le présent EmptyJeu 18 Déc - 21:54


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Les derniers cours du semestre hivernal étaient les plus éreintants. A l’aube des vacances de Noël, avec son lot de dégustations, de soirées jusqu’au petit matin, de présents et de débauche pour certains, les étudiants ne répondaient plus d’eux-mêmes. Dissipés, insouciants, turbulents... Clyde aurait pu faire une liste interminable des comportements irrespectueux et immatures auxquels il assistait à chacun de ses cours. Il avait envie de les étriper, d’ailleurs il s’en faisait un plaisir parfois. Certains s’étaient retrouvés à la porte de l’amphithéâtre, d’autres s’étaient vus humiliés devant toute l’assemblée. Pour quelques rares cas spéciaux, ils étaient bannis à jamais du cours de Clyde avec un zéro pointé dans la matière qui comptait le plus pour leur semestre. Ca n’était pas encore l’heure, le professeur ne faisait aucun cadeau. Ils l’épuisaient. Même les plus intéressés, les plus studieux ne trouvaient plus crédit à son regard bleu et las. Il attendait avec impatience la fin des cours, le début du repos. Il briguait les longues marches dans la neige, près du feu. Il rêvait de longues parties de hockey, violentes et véhémentes, qui sauraient le débarrasser de toutes ses tensions. Il priait pour que les fermetures de compte de l’année civile ne révèlent des anomalies et qu’il soit ainsi appelé en tant que consultant. Ainsi, Clyde pourrait se réfugier la tête dans les chiffres, oublier Oxford qui l’obsédait et l’étouffait. C’était à la manière d’une drogue – quoiqu’il eut toujours été contre ces conneries de gamins dont les vies ruinées ne valaient pas les quelques heures de plénitude. Il exécrait de plus en plus l’université, les règles qu’il suivait à contrecœur, les élèves tous plus présomptueux les uns que les autres. Tout ça lui renvoyait son propre reflet imparfait et l’imperfection avait toujours été châtiée chez les Wellington. Et pourtant, chaque fois qu’il se persuadait que c’était la dernière année qu’il se laisserait ainsi avoir par l’établissement de renommée, il replongeait de plus belle. Il était complètement fasciné par ses murs de pierre, ses secrets parfois révélés, les autres enterrés à jamais. Il était enveloppé de jeunesse, lui faisant oublier jusqu’à son propre âge. C’est pourquoi il avait choisi le Zappi’s Bike pour sa pause. Etudiant, il hantait les lieux dès que le temps lui permettait et il se sentait toujours galvanisé par cet endroit vivant et occupé. Un véritable concentré de vie. Il s’était installé à une table à l’écart de tous mais qui dominait tout le café. Rien n’échapperait à son œil aiguisé excepté les entrées et sorties de la porte qui se trouvait derrière lui. Sur la table devant lui, de la fumée s’échappait d’une tasse en porcelaine. S’en dégageait une odeur légèrement citronnée qui laissait deviner une tasse de thé typiquement britannique seulement accompagné d’une rondelle de citron et de – beaucoup – de sucre. Clyde n’échappait pas à ses pêchés mignons et il s’était également offert un muffin aux myrtilles. Il adorait l’acidité des fruits rouges mêlé à la douceur de la brioche. C’était presque aussi bon qu’une femme.

En parlant de femme, Clyde ne s’attendait pas à être abordé à cet instant précis. Il avait pris soin de mettre le masque froid et inaccessible qu’il revêtait chaque fois qu’il souhaitait être seul. Il s’apprêtait à boire sa première gorgée salvatrice quand sortie de nulle part, une silhouette s’installa en face de lui. Il allait l’ignorer si toutefois son visage n’interpela pas son attention. Il fallut à la fois une éternité et une fraction de seconde pour qu’un prénom ne lui revienne en mémoire : Rae. L’agressivité des sonorités irlandaises qui désignait pourtant des gens très accueillants et très aimables. Du moins dans les généralités puisque la jeune femme assise en face de lui était l’exception qui confirmait la règle. Elle était un élément de son passé et quel élément... Il l’avait raillée, moquée, dénigrée, attaquée pendant les quelques mois où elle avait foulé le sol d’Oxford en tant qu’étudiante. Aussi réactive que mordante, elle s’était prise au jeu de la rivalité. Cette rivalité si officielle, si palpable qu’elle avait toujours dissimulé la fascination antérieure qu’il portait à cette femme qui balayait d’un revers de main les figures britanniques traditionnelles. Au moment où elle lui sourit, Clyde comprit que les ennuis arrivaient. Elle n’arrivait jamais sans apporter de l’agacement, du trouble, de la colère ou tout simplement des emmerdes. Au moment où elle s’exclama que ça faisait un bail, il hésita à lui répondre qu’en effet ça se voyait. Elle était différente tout en étant la même. Elle avait pris des formes de femme oui peut-être, ses cheveux avaient peut-être été coupés depuis le temps. Le souvenir était soudain très clair et il se rappelait combien elle était agaçante de suavité. Il prit calmement sa tasse de thé et but lentement tandis qu’elle s’évertuait déjà à se moquer de lui. Il reposa la tasse avec la même nonchalance avant de lever enfin ses yeux bleus vers les siens. « Non j’ai pris du grade. » Il n’ajouta pas plus, elle comprendrait assez vite. « C’était trop dur l’Amérique ? Eux aussi t'ont renié ? » En tant que POSH, son départ avait été su de tous. Regretté par certains, acclamés par d’autres. « Tu n’as quand même pas traversé l’Atlantique pour me regarder manger. » Ou le regarder tout court. Il lui offrit son premier sourire narquois tandis qu’il laissait ses yeux détailler cette nouvelle image de Rae, sans aucun embarras.
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MessageSujet: Re: clyde ღ retour vers le présent   clyde ღ retour vers le présent EmptyVen 2 Jan - 2:01


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Etrange sensation que de fouler le sol d’Oxford de nouveau, de renouer le contact avec d’anciennes connaissances que je pensais oubliées. Etrange sensation, aussi, que d’être de de l’autre côté, celui de l’administration. Je redécouvre Oxford sous un nouvel angle, prétendument comme je l’avais laissé en partant. Pourtant, je n’ai pas l’impression d’évoluer dans les mêmes lieux, de fouler les mêmes pierres. Les mentalités ont changé, les professeurs se sont renouvelés : rajeunissement du corps professoral. Il faut croire que j’ai dû changer en ces dix dernières années. Gagner en maturité, aussi. Changer, simplement. Le but reste le même : faire ses preuves. Je dois recommencer depuis le début, refaire mes marques, imposer mon style de vie et de pensée – tout en avançant subtilement. Il suffit d’un sourire ici, d’un service là, de quelques phrases parfois. Rapidement, je me suis rendue à l’évidence : on m’a oublié. Ils m’ont tous oubliée. Sauf ceux qui faisaient partie des POSH à l’époque. Et encore, certaines d’entre elles n’hésitent pas à m’esquiver, à lâcher un « Rae qui ? ». Je rage. Rage d’être partie si tôt – j’aurais dû laisser une empreinte plus distinctive. Installer une statue à mon effigie au milieu du parc. Alors, pour me remettre dans le flot, je traque les dernières nouveautés. Les dernières décisions, celles des hautes sphères. Les dernières recrues, aussi. Je m’épuise, tout sourire, à vouloir revenir comme avant. Je sais qu’il faut que je me rende à l’évidence mais c’est comme ça, on ne me refait pas. Alors, je reprends les choses où je les ai laissées, dix ans auparavant. Je reprends les choses comme elles étaient, considérant qu’elles n’ont pas changé d’un poil. Après tout, Wellington est toujours là. A siroter une tasse de thé accompagnée d’un muffin. Il est toujours là, dans des couleurs navy, toujours le même (seulement un peu plus vieux). Il est toujours là, avec son regard las et ses yeux bleus pénétrant. Plus d’une fois, je m’y étais perdue, en cachette. Je l’avais dévoré du coin de l’œil avant de le brusquer, comme ça, avec quelques phrases bien placées. Quelques railleries. Il en avait fait de même, s’était emporté dans de longs arguments. Ils n’étaient jamais d’accord. Et si un jour ils avaient partagé les mêmes pensées, j’avais tôt fait de changer d’opinions, comme ça, pour le plaisir de râler.

D’une lenteur inimitable et profondément anglaise, il avale son breuvage. Je me doute qu’il le fait exprès, prend plaisir à me faire languir – vieille habitude. Il est comme ça, Clyde, bouffé par une indolence quasi-maladive. Il traîne, pèse ses mots, les lâche au compte-goutte pour son plus grand plaisir. Il laisse aux autres l’image de la perfection, celle du gamin à qui tout réussi, celle du gamin sûr de lui – on ne me la fait pas. Je sais, je sens, qu’il est aussi imparfait que moi, qu’il se laisse emprisonner par son propre reflet fasciné par la profondeur de ses propres prunelles. Il est bloqué sur sa propre image, sur l’image qu’il renvoie aux autres. Il tente de la contrôler, s’évertue à la maintenir – pour combien de temps. Je ressens déjà l’envie de venir la titiller, de gratter sur les contours du miroir, d’insérer mes doigts dans la moindre fissure. Je vois mes doigts appuyer un peu plus – et la glace se fissurer en un million d’éclats. Et, sur le sol, le visage de Clyde apparaît dans chacun de ses morceaux, se reflète, tous différents et identiques à la fois. En attendant, CLAC bruit de la tasse retournant sur la table me ramène à mes pensées. « Non j’ai pris du grade. » Il lâche enfin quelques mots, j’en souris. Il ne m’en faut pas plus pour que je penche la tête sur le côté avant de la poser sur mes mains, coudes sur la table. Je ne le quitte pas des yeux, bien consciente de l’insistance de mon regard. « C’était trop dur l’Amérique ? Eux aussi t'ont renié ? » Je me balance sur ma chaise, retourne sur ma position initiale. J’en rigolerai presque, me dis que lui, au moins, ne m’a définitivement pas oublié. Et, contre toute attente, j’en suis ravie. Ravie de voir que j’ai pu marquer les esprits, y apposer ma signature. Alors, j’hausse les épaules. Simplement, comme ça, pour lui dire que ça ne me touche pas. Que la pique ne fait pas mouche, qu’elle me glisse sur le corps, disparait dans les airs. « Tu n’as quand même pas traversé l’Atlantique pour me regarder manger. » Et au pire, pourquoi pas ? Avec la même nonchalance dont il a fait preuve tantôt, je me bats contre l’ouverture de la bouteille du VIT-HIT. Quelques gouttes viennent décorer la table, lui apportant une couleur rosée. Je n’y fais pas attention, avale le liquide frais. Je me dis qu’avec les températures hivernales, ce n’est pas ma meilleure initiative. Tant mieux, tant pis. . « Tu sais que tu n’as pas changé ? » Je l’interroge – verbalement, et du regard aussi. Mais, à vrai dire, ce n’est pas une question. Seulement une simple constatation. Il est le même : même caractère. Même gueule d’ange. Il a juste vieilli, voilà. Je repose la bouteille de jus sur la table, laisse un large sourire s’afficher sur mes lèvres. « A vrai dire, je pensais pas de regarder mais plutôt me servir. Myrtilles, hein ? » Je n’attends pas la réponse, attrape son muffin, en prend un bout. Je m’étonne qu’il ne bouge pas, de me tape pas sur la main. Je me dis qu’il doit savoir que c’est inutile, que mes réflexes de camogie reviendront dans un claquement de doigt. Je laisse le goût de la myrtille se diffuser, me rappelle combien ça m’a manqué. Il faut dire que certaines choses m’ont manqué aux Etats Unis. Ca. Le petit déjeuner accompagné de boudins blancs et noirs. Les scones. Je rêve soudainement d’un scone, regarde vers le comptoir les derniers survivants de la matinée qui n’ont rien de frais. Dommage. Je regarde mon attention sur l’homme de nous deux, remarque son sourire narquois, le laisse me détailler. Son sourire sonne comme la reprise du jeu d’antan, m’indique que sa personnalité est toujours là, dans le fond. J’en souris un peu plus, replace une mèche derrière mon oreille, amène ma main en haut de mon décolleté, faisant mine de l’ouvrir un peu plus. « Tu peux aussi demander, Clyde, au lieu d’insister du regard. » Je laisse échapper un rire cristallin dans les airs. Le même que celui de ma mère, un rire que je ne peux supporter tant elle m’exaspère. Mais là n’est pas le problème. Là n’est pas la raison de ma venue. « Pense bien que ça ne m’enchante pas mais… il me faut ton avis professionnel. » Je souris, le regarde droit dans les yeux, me penche en avant chipant un autre morceau de muffin au passage. Dire que j’ai failli lui dire que j’ai besoin d’aide… « Tu dois savoir que je suis chargée de financement. Un problème est survenu dans les comptes, tu dois régler ça immédiatement. » Point. à. la. ligne. Je ne lui laisse pas le choix.
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MessageSujet: Re: clyde ღ retour vers le présent   clyde ღ retour vers le présent EmptyDim 11 Jan - 22:01


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Rae se soumettait à son nouveau jugement sans aucune honte. Elle n’avait jamais eu honte de rien : de son accent marqué, de ses manières déplacées, de ses opinions assumées. Quand bien même elle avait commis des erreurs à l’instar de toute l’humanité, elle en avait toujours accepté les conséquences. Lui-même en un sens, mais la plupart de ses actes à Oxford avaient non seulement été motivés par un besoin de pouvoir mais également par la pression d’une famille qui avait toujours réussi et qui n’était pas prête d’accueillir son premier échec. Si maintes fois Clyde avait retenu sa verve de contredire violemment un professeur, c’était pour la diplomatie de son père. Si maintes fois Clyde avait retenu ses poings parce que le monde ne tournait pas à sa façon, c’était pour le respect de sa mère. L’un dans le ministère comme l’autre dans la psychiatrie, ça laissait forcément des traces sur un esprit beaucoup plus fougueux que prévu. Clyde était devenu l’étendard de l’exemple à suivre pour les jumeaux cadets et pourtant, il était bien le seul à déceler l’imposture. Peut-être que Rae, elle aussi, avait échappé à l’illusion Wellington. Peut-être que les fondements de cette rivalité qui n’avait eu lieu d’être reposaient sur ce détail. Elle le voyait tel qu’il était. Alors pourquoi des années après, alors que son être avait été d’autant plus noirci par des événements qu’il préférait oublier, revenait-elle vers lui ? Pourquoi jubilait-elle d’être encore l’ombre sur son épaule ? Les épaules de Clyde, fières et droites, démontraient tant que sa présence ne changeait rien. Néanmoins, il était bouleversé de voir son passé refaire surface. De voir ses remarques cinglantes glisser le long de sa silhouette féminine comme pluie sur matière imperméable. Rae haussa les épaules. Clyde l’imita. Il continuait sa dégustation, nonchalamment. Avec un peu de chance, elle abandonnerait les charges. Avec un peu de chance, un autre souvenir d’Oxford attirerait son attention. Mais ses yeux noisette restaient inlassablement portés sur sa carrure d’homme, sur ses vêtements d’adulte qui ne trahissaient pas sa situation de professeur. Il s’était toujours refusé à porter des costumes pour enseigner, il portait déjà trop souvent le costume quand il revêtait la cravate du consultant financier. Sa boisson éclaboussa légèrement sur sa table, les yeux clairs de Clyde suivirent les gouttes s’échouer autour d’elle. Fidèle à elle-même, elle laissait toujours des traces derrière elle. Mais quand elle lui dit qu’il n’avait pas changé, l’ainé Wellington réprima le malsain besoin de lui faire entendre le contraire.

Les doigts de Rae vinrent taquiner le muffin aux myrtilles avant d’en voler un morceau. Par gourmandise et par pure possessivité, Clyde se retint de frapper le dos de sa main comme on ferait à un enfant. Elle s’appropriait ce qui était sien. Un grognement sourd se contenta de s’élever au fond de sa gorge, prémices de l’agacement. Il observa ses doigts se tâcher de myrtilles, ses lèvres engloutir la pâtisserie. Cette scène qui aurait pu s’avérer terriblement érotique égratignait un peu plus la patience du britannique. A quoi jouait-elle ? Souhaitait-elle aussi qu’il ne lui cède son café, qu’il ne lui masse les pieds ? Devait-il la supplier de partir ? Non. Malheureusement pour lui, il n’avait pas envie qu’elle parte. Et c’était bien le plus paradoxal des sentiments qui l’habitait à cet instant. Depuis son départ, Clyde n’avait pu trouver adversaire à sa hauteur, une femme suffisamment effrontée pour oser lui tenir tête. Elles finissaient toujours par succomber ou fuir. Avec Rae, l’homme avait l’impression qu’une éternité pouvait défiler sans qu’ils ne soient fatigués de se jauger de l’œil. Puis elle réagit. La tigresse joua la provocation, lui traitant comme un pervers à l’œil égaré. Un rictus ironique, l’œil pétillant, Clyde attrapa à son tour son propre muffin. « Je n’ai jamais besoin de demander. » Sous-entendu : il obtenait toujours. Si c’était le décolleté de Rae qu’il convoitait, sans doute se serait-il déjà arrangé pour l’ouvrir de lui-même. Il se contenta de sourire lorsqu’elle laissa éclater un rire qui fit converger les regards durant une seconde. Éventuellement, on finit par se détourner d’eux. Dommage il ratait un spectacle délicieux. Mais finalement, Rae finit par retrouver son sérieux pour lui expliquer les raisons de sa venue. Elle n’était pas là pour le plaisir et la distraction. Dommage, pensa-t-il. Clyde but lentement sa boisson tiède désormais tout en écoutant ce qu’elle avait à dire tandis qu’elle continuait de lui voler sa gourmandise. Tôt ou tard elle récolterait ce qu’elle semait en toute insolence. « J’ignorais jusqu’à ton retour. On m’avait vaguement parlé d’une nouvelle employée oui. » Tu n’es pas le centre du monde, Rae. D’autant plus qu’il n’aimait pas le ton autoritaire qu’elle employait, comme s’il n’avait d’autre choix que de lui venir en aide. « Et sous quel prétexte te rendrais-je ce service ? En souvenir du bon vieux temps ? » Il se penchait vers elle, l’air conquérant, n’attendant pas une réflexion pour poursuivre. « Je pourrais tout aussi te regarder te planter lamentablement et agiter le mouchoir quand tu franchiras les portes de sortie d’Oxford. » Il lui piqua de sa main fine le morceau de muffin qu’elle venait de chiper avant de le manger. Ce qui est à César revient à César. Il la laissa mijoter puis enfin... « C’est quoi ? Manque de concordance inexpliquable ? Erreur de saisie de ta part ? »
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MessageSujet: Re: clyde ღ retour vers le présent   clyde ღ retour vers le présent EmptyDim 1 Fév - 2:27


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Rae ne pouvait s’empêcher de jauger Clyde du coin de l’œil, de laisser son regard parcourir sa carrure, d’étirer ses lèvres en un sourire moqueur. Presque charmeur. De la sorte, elle tentait de rattraper le temps, de rentrer dans la danse comme si elle ne l’avait jamais quittée, de revenir à l’instant zéro – dix ans auparavant. Et si dix années à Philadelphie l’avait changée, l’avait changé aussi, elle partait sur le principe que leur relation s’était figée. Pour l’Irlandaise, ils étaient toujours à la même page. Ils étaient deux adolescents se cherchant constamment, s’agaçant plus que de raison, se rabaissant juste pour le plaisir. Car elle était ainsi, Rae. Depuis son piédestal, elle ne pouvait s’empêcher de narguer d’un œil distrait tandis que sa hauteur lui laissait assez de perspective pour savoir qui elle pouvait écraser d’un coup de talon sans éprouver le moindre remord. Gonflée d’orgueil, elle se pensait au-dessus des lois, au-dessus des gens, au-dessus de tout. Mais elle diluait son dédain dans un sourire éclatant, arrondissait les angles avec quelques phrases intelligemment glissées – et lâchées, parfois, avec un sourire débonnaire pour tromper le public. Elle aimait se présenter bonne poire et décalée tandis que son regard perçant jugeait (et jaugeait) ses adversaires. Etrangement, elle avait toujours placé Clyde dans cette catégorie (adversaire) et, pour rien au monde, elle ne voulait le changer de case. Dans ses souvenirs, il était toujours le petit Wellington. Dans sa tête aussi. Alors qu’elle le testait, grignotait son muffin et sa patience, le trentenaire grognait. D’adolescent, il s’était mû en vieux acariâtre, proche de son bien et surprotecteur.  Il gardait la pâtisserie comme son précieux, l’avait laissé échapper. Rae : 1. Clyde : 0. Un court instant, seulement. « Je n’ai jamais besoin de demander. » Le professeur d’économie ne tarda pas à reprendre son dû, arrachant un sourire à la brune. Elle s’amusait de la tension. De cette réplique enfantine. De leur jeu d’enfants, dans un sens. Et étrangement, cela lui faisait du bien.

« J’ignorais jusqu’à ton retour. On m’avait vaguement parlé d’une nouvelle employée oui. » L’espace d’un instant, elle s’autorisait une moue boudeuse. Elle se doutait que, même dans l’hypothèse où il était au courant qu’elle soit de retour, il ne tenterait pas de la railler au passage. Alors, elle ne lui en voulait pas. A vrai dire, Rae s’en amusait même : elle venait d’avoir la confirmation qu’ils étaient encore sur la même longueur d’onde. Alors, elle pencha la tête sur le côté, laissant quelques boucles glisser le long de ses épaules, le laissant continuer dans son monologue. « Et sous quel prétexte te rendrais-je ce service ? En souvenir du bon vieux temps ? » Il venait exactement de mettre le doigt sur la raison, venait de la stabiloter couleur jaune criard. De son côté, l’Irlandaise acquiesçait, balançait la tête d’avant en arrière comme pour confirmer les faits. Le bon vieux temps – l’expression même la faisait rêver. A peu de choses près, elle pouvait sentir l’odeur de craie remplir la salle. Elle pouvait sentir le chewing-gum fraichement mâché et tout aussi fraichement collé sous la table en bois. L’homme se penchait en avant, sûr de lui, continuant dans sa lancée. Elle n’osait pas l’interrompre, ne voulait pas en réalité. Et tandis qu’il réduisait la distance entre eux, elle s’appuyait sur le dossier de sa chaise, se mordant la lèvre inférieur. Gamin Wellington avait décidément pris de l’assurance, avait évolué en pokémon d’argent, se prenait pour un autre. Ah ? « Je pourrais tout aussi te regarder te planter lamentablement et agiter le mouchoir quand tu franchiras les portes de sortie d’Oxford. » La demoiselle souffla bruyamment, leva les yeux vers les néons du plafond, haussa les épaules pour toute réponse. « Ca ne serait pas la première fois, hein ? » A défaut de piocher dans le muffin de l’autre brun (flemme étant de piquer une nouvelle fois la sucrerie), elle ouvrit le paquet d’amandes qu’elle avait acheté auparavant et en renversa sur le froid de la table.

« C’est quoi ? Manque de concordance inexpliquable ? Erreur de saisie de ta part ?, lâcha-t-il après un temps de silence. Pour toute réponse, Rae se contenta de continuer à mâcher, faisant craquer les amandes sous ses dents. Elle était bruyante. Elle était emmerdante. Et elle le savait, le faisait exprès. Celui qu’elle voulait faire craquer, en réalité, c'était Clyde. Après dix ans, elle avait beaucoup (beaucoup) de temps et de méfaits à rattraper. Alors, après quelques instants, elle se pencha vers lui comme il l’avait fait tantôt, affichant un air arrogant et prétentieux. « Mary m’a informée qu’elle mettait les fichiers sur clé USB. Elle t’attendra sur ton bureau. La clé, ne te méprend pas. » Bluff. Il y avait de fortes chances pour qu’elle ait à courir à son bureau, enregistre le tout en deux secondes et court de nouveau pour le bureau de Clyde. L’Irlandaise s’autorisa un autre sourire, carnassier cette fois-ci. Elle aimait jouer sur les jeux de mots, jouer avec les pensées des autres, tenter de les déstabiliser. « Et dis toi que si tu n’arrives pas à fixer le problème, ce que tu n’en as vraisemblablement pas les compétences... » Oui ? Non ? L’attaque s’était faite plus directe, plus incidente. Rae connaissait les compétences du professeur d’Economie dont les louanges lui étaient souvent contées à son travail (alors qu’elle n’avait repris que depuis peu). Certes, si on ne l’avait jamais informée qu’il s’agissait de Clyde, elle venait de comprendre qu’il était leur « savior ». Saveur. Clyde dégageait l’odeur de la perfection. L’odeur du vieux-jeu. Et des bons whiskys. Une autre amande craqua entre ses dents. Sûre d’elle, elle ne pouvait s’empêchait de gratter contre l’image immaculée que le brun lui reflétait. « Ca pourrait pas te faire de mal en y pensant. Des étudiants qui bougent… », du doigt, elle désigna les abrutis qui se trouvaient à leur gauche (sa gauche ou la droite de Clyde, CQFD, « c’est normal. Mais, toi, tu squattes toujours les lieux. Un mouchoir assortie à ta veste, pour ton départ, ça te plairait ? ». Hypothèses. Confrontation. Finalement, cette histoire, ça la ramenait à son départ. Officiellement, elle s’en était allée pour UPenn. Officieusement, elle avait étouffé entre les pierres d’Oxford, avait trop joué avec des cordes tendues sans trop avoir de leste.

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MessageSujet: Re: clyde ღ retour vers le présent   clyde ღ retour vers le présent EmptyLun 16 Fév - 0:00


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Clyde n’allait pas non plus lui mentir pour préserver son égo qu’il avait tant de fois cherché à maltraiter. Les années de maturité ne garantissait pas la clémence de l’homme et quand il s’agissait de Rae, il se montrait d’autant plus rigoureux à la tâche. Non il n’avait pas entendu parler de son retour à Oxford. A vrai dire, les véritables informations étaient tellement noyées sous le flot de fausses rumeurs qu’on ne distinguait plus le vrai du faux entre ses murs avant de l’avoir vu de ses propres yeux. Lui-même avait fait les frais des langues de vipères qui s’amusaient à lancer des ragots infondés pour le plaisir d’être sur toutes les bouches de l’université. A tour de rôle, Clyde avait été le mari infidèle d’une épouse qu’il cachait sans doute du monde extérieur, un gay qu’on avait trouvé ça et là dans des clubs dont il n’avait jamais vu l’enseigne. Il avait été également un fraudeur en rédemption d’où son métier de consultant en finances qu’il exerçait afin de dissimuler ses méfaits. Si on avait écouté tout ce qui s’était dit durant la décennie où il avait foulé les couloirs d’Oxford, il aurait été un tout autre personnage à l’opposé de sa véritable personnalité. Fort heureusement, il savait démentir et n’hésitait pas à proférer des menaces à l’encontre de quiconque voudrait salir sa réputation. Au pire un père au ministère londonien mettait toujours un point final à une quelconque altercation. Avait-il déjà dit qu’il avait été soupçonné de ne pas être son fils biologique ? Alors non, si toutefois il avait entendu parler de Rae qui revenait d’entre les morts, il ne l’aurait de toute manière pas cru. Elle avait toujours été l’oiseau enfermé qui n’attendait que l’ouverture salvatrice de la cage. Elle avait toujours été la marginale intégrée dans les rangs des POSH, la touche de couleur au sein du troupeau immaculé de suiveuses. Au final, elle avait eu raison de s’enfuir d’ici et d’aller chercher la reconnaissance ailleurs. Il n’y avait pas de place pour penser en dehors des cadres, Clyde l’avait bien compris avant de se mettre subtilement dans les rangs. Il était tout à fait capable mais il était en train de réaliser quel service il lui rendrait si toutefois il avait en main les clefs de sa liberté. Rae, chainon de la gigantesque administration oxfordienne, c’était comme Clyde, ouvrier dans une chaine d’usines. C’était briser les potentiels, même s’il ne lui avait jamais avoué. Il ne comptait pas se montrer ainsi indulgent alors qu’elle ne l’avait jamais été avec lui. Alors il préféra lui faire croire qu’il attendrait son nouveau départ, targué d’avoir éliminé sa meilleure adversaire.

Clyde observa calmement chacun des amandes qui s’étaient éparpillés devant la jeune femme avant que celle-ci ne les dévore un par un. Finalement, l’intérêt subtil l’emporta et il lui demanda quelle était exactement la tâche qu’elle voulait lui confier. Etait-ce une cause perdue ? Rae comprendrait bien qu’il n’était pas prêt à sacrifier des heures de travail, la tête dans son ordinateur, dans ses comptes à elle, pour essayer de déceler l’erreur médiocre qu’elle avait bien pu commettre. Néanmoins elle se laissa désirer quand bien même ce fut elle qui avait besoin d’aide. C’était le culot typiquement irlandais, celui de croire que tout le monde était pendu à vos lèvres. Il continua de boire son café même quand elle finit par lui expliquer le déroulement des choses. D’ordinaire, il aurait fallu une procédure longue : que l’administration ne déclare officiellement la bévue au sein des comptes, qu’elle n’engage officiellement les services de Clyde – pour qu’il n’ait pas accès à des informations confidentielles sans qu’il ne soit supervisé – et enfin qu’un rapport ne soit établi une fois la faute réparée. C’était des semaines qu’elle s’épargnait là en demandant directement son aide. Une expression amusée détendit son visage : « Dommage, les secrétaires ont la côte ici. » En fait, il n’avait aucune idée de ce à quoi Mary pouvait bien ressembler. Lorsqu’elle ajouta sur son ton provocateur qu’il pourrait bien ne pas avoir les compétences pour résoudre le problème, la réaction du professeur d’économie fut immédiate : « Ne t’inquiète pas pour moi. » Il excellait dans son boulot, c’était bien le principal objectif pour lequel il œuvrait en se levant chaque matin. Le jour où il perdait son travail serait sans doute le dernier jour de Clyde. Il n’était pas fait pour l’inactivité ni pour l’ennui. Une autre amande céda sous la pression des canines de Rae et il manqua de lui faire fermer sa bouche d’un geste brutal. Elle l’énervait tellement. Elle aimait tellement le pousser à bout. Il se souvenait encore de son expression triomphante, perfide lors des rares fois où elle y était parvenue. Dorénavant c’était un roc à qui elle faisait face. Il avait appris le flegmatisme ainsi que forgé sa verve acerbe tout en maintenant une implacabilité glaçante. Il acheva sa tasse, l’écoutant déblatérer sur lui tout en faisant preuve de peu d’originalité dans ses exemples. Il reposa sèchement sa tasse sur la table avant de retrouver son regard de ses yeux bleus. « Je ne fais pas que squatter les lieux Fitzpatrick. Je suis consultant en finances. Toi pendant que tu arranges les petites bourses d’études des gamins friqués de la ville, je conduis jusqu’à Londres pour expertiser des entreprises dont la réputation repose sur mon savoir-faire. » Il engloutit une de ses amandes avant de reprendre, mâchant bruyamment : « Alors j’ai le droit de faire prospérer ma jeunesse au milieu de petits cons impertinents. » Avait-elle enfin saisi ? Continuant de mâchouiller son muffin dont il ne restait plus qu’une bouchée, il finit par dire : « Je sais que ça va te faire plaisir, mais y’a pas deux chieuses comme toi. Ca m’avait presque manqué de parler à un égo aussi surdimensionné que le mien. » Il lui sourit avec espièglerie avant d’enfiler sa dernière bouchée. Rae était peut-être venue pour de simples raisons professionnelles, il lui offrait les souvenirs avec.
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MessageSujet: Re: clyde ღ retour vers le présent   clyde ღ retour vers le présent EmptyDim 19 Avr - 0:43


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Au stoïcisme de l’homme s’opposait la pétulance de l’Irlandaise. Elle se voulait exubérante – mais en toute retenue. Elle se voulait effrontée – mais elle restait sur sa réserve. Funambule des temps modernes, Rae lâchait du lest dès que le professeur s’approchait d’un peu trop près mais elle grappillait du territoire dès que les rôles s’inversaient. De funambule, elle se voulait aussi harpie. Ses griffes tranchantes grattaient la surface immaculée de Wellington, tentaient de glaner la moindre information, empalaient les amandes unes à unes. Sous les dents de la brune, elles craquaient sans aucun ménagement. Mais celui que la demoiselle essayait de faire craquer, c’était décidément le jeune homme. Dix ans de séparation n’avait pas apaisé l’esprit de la demoiselle – ça l’avait seulement mis en stand-by. Le revoir au même endroit ravivait des souvenirs qu’elle pensait enfouis et oubliés, ils n’en étaient pas moins vivaces. Elle aimait ce jeu malsain qui s’était installé entre eux, d’un simple regard. La tension attisait ses envies, la faisait jubiler. La demoiselle aimait vivre dans le conflit et le professeur d’économie y répondait étonnamment bien.  Elle se souvenait du sourire satisfait du jeune homme. Du dédain mêlé d’indifférence lorsqu’il s’adressait à elle. Certes, ils auraient pu ne pas se parler du tout et éviter toute confrontation. Mais pour une raison qu’elle ignorait parfaitement, l’ancienne Rae le trouvait toujours sur son chemin. A moins que ce ne soit elle qui le soit, sur le sien. A présent, le tableau d’échiquier venait de sortir du placard, laissant un Wellington glaçant à la langue qui se voulait acerbe.

Ils allaient s’amuser.

Il avait l’air de s’amuser.

Pédant à souhait, le trentenaire porta lentement le thé à ses lèvres pour en boire une gorgée. Feintant de s’intéresser au groupe d’étudiants qui venaient d’entrer dans le café, l’Irlandaise ne pouvait s’empêcher de porter son regard sur la pomme d’Adam de son compagnon. A chaque gorgée, la protubérance du trentenaire bougeait sous ses yeux, démontrant l’évolution de sa virilité. Rae resta accrochée dessus quelques instants jusqu’à ce que Clyde ne repose la tasse sur la table en un claquement sec. Sursaut. L’homme n’avait pas que vieilli : il avait également monté en maturité. Et en virilité. C’est ce qu’il laissait paraître avant qu’il ne tente de l’écraser en affichant les responsabilités qui lui incombaient à présent. L’Irlandaise souffla les airs, d’indifférence, avant de s’appuyer sur le contre-plaqué de sa chaise. Un fin sourire étirait les lèvres de la jeune femme alors qu’elle l’écoutait parler. En réalité, elle ne savait pas si elle n’aurait pas mieux fait de le prendre en pitié. Triste vie que de devoir trimer pour avoir un semblant de responsabilité et d’importance. Rae préférait certainement se faire renvoyer pour états d’âmes que de rester enfermer dans le carcan des apparences. Dieu qu’elle en crèverait.

« Les gamins friqués ont appris à manger la bouche fermée, eux. » La Fitzpatrick haussa les épaules en toute légèreté, moue boudeuse à l’appui, avant d’attraper une autre amande (et de la faire éclater sous ses mâchoires). Jouant avec le bois de la table, elle écoutait les paroles du trentenaire. Rae le trouvait triste. Triste de mener ce bout de vie. De rester entre les quatre murs d’Oxford. De voir le même paysage depuis le début de l’Université. De voir les mêmes têtes. De les voir défiler, un instant, avant qu’elles ne disparaissent pour ne plus revenir. Pour autant, elle ne voulait pas le plaindre. L’ancêtre Wellington avait décidé son chemin de vie, l’avait embrasé avant de s’y retrouver coincé. Sa faute. Sa propre faute.

La peur. L’Irlandaise mettait le comportement du professeur sur le compte de la peur. La peur du changement. Et si beaucoup pouvait éprouver de la pitié, elle préférait s’en marrer et réfléchir à comment elle pourrait utiliser cette peur pour le déstabiliser. Car il venait de lui annoncer, il était ravi de parler à un égo surdimensionné – le sien. Elle y voyait une invitation franche. La possibilité de marquer son territoire, mettant le pied en terrain presque-conquis. L’Irlandaise ferma les yeux quelques secondes, se remémorant les souvenirs auxquels Clyde se référait. Elle voyait, aussi, toutes les altercations qu’ils pourraient avoir. Les coups de gueule. Les sourires en coin, victorieux et moqueurs. Pourtant, dans ce monde de confrontation, la Fitzpatrick se demandait ils pouvaient tous deux traîner avec Crowlley sans pouvoir réellement se supporter.

En soi, cela restait un mystère.

Il ne lui en fallu pas plus pour que la demoiselle ne se lève. Rien ne subsistait sur la table pour qu’elle ne puisse continuer à feinter de l’observer. Les pas de la brune claquèrent sur le sol du café alors qu’elle arrivait à la hauteur du professeur d’Economie. Posant sa main sur l’épaule du jeune homme, elle tourna son visage vers le sien, l’observant de toute sa hauteur.
« A présent, Clyde, tu es officiellement au courant de mon retour. » Fouillant dans son sac, elle sortit un calepin et un crayon de papier avant de lâcher un morceau de papier sur la table. « L’extension de mon bureau. Quand t’auras fini de régler ce charabia dans les comptes, tu pourras directement me joindre. Tu n’auras pas à te perdre dans l’annuaire du staff. » L’Irlandaise rangea son calepin pour sortir de son sac un rouge-à-lèvres brillant pour s’en appliquer une nouvelle couche. Les yeux rieurs, un large sourire carmin, elle poursuivit : « Tu sais quoi, Clyde. Mais ta tronche m’avait manqué. » La demoiselle se prend d’un rire. Le même rire cristallin de sa mère. Le même rire qui avait fait tourner des têtes tantôt. Passant outre les regards qui convergeaient en sa direction, l’Irlandaise se dirigeait vers la sortie, satisfaite de l’entrevue. Avec des souvenirs pleins la tête.

Du temps où elle était encore jeune.

Vingt-neuf ans, ce n’était pas bien vieux pourtant.
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