Rae I. Fitzpatrick ADMIN — Wisdom's speaking to you
☆ date d'arrivée : 06/12/2014 ☆ potins balancés : 2583
| Sujet: (inachevé) billy ღ i crashed my car into the bridge. i watched, i let it burn. Jeu 15 Jan - 22:41 | |
| i don't care rae& billyUn coup de fil. Il ne m’a fallu qu’un simple coup de fil pour récupérer mon ancienne voiture, hibernant dans la grange d’une vieille connaissance. En dix ans, la peinture s’était écaillée par endroit, les freins avaient grippé, les tuyaux d’échappement avaient rouillé. Même l’intérieur avait perdu de ses vibrantes couleurs ; la mini Cooper S Roaster fait la gueule. Pourtant, la carcasse d’acier tient toujours debout, fière et à peu près solide. Elle tient debout, tient sur la route, m’emmène là où je veux – que demander de plus ? Je quitte enfin la campagne anglaise pour retourner sur Oxford. Je croise les doigts pour ne pas tomber dans le trafic. Il faut dire que je n’ai pas eu l’occasion de conduire depuis mon retour des Etats-Unis ; seulement quelques voyages à gauche et à droite. Sur le cadran, l’heure ne s’affiche pas. J’attrape mon téléphone histoire de regarder l’heure, pianote tant bien que mal. J'actionne plusieurs touches. Aucun signal lumineux. Je quitte la route des yeux, appuie de nouveau. Aucun changement. En sens inverse, une voiture me frôle, klaxonne. Je relève la tête, me concentre sur la route. Je déteste conduire. D'ailleurs, je ne conduis que rarement. Lasse, je relègue le téléphone sur le siège passager, me concentre sur la route. Je plisse les yeux, me demande quelle direction je dois choisir. J'y vais à l'instinct, prends le tournant de gauche à l’intersection. Je le savais, m'en doutais : j'aurais dû regarder l'itinéraire aller-retour.
Une goutte sur le pare-brise. Je fronce les sourcils, ça va. Deux, trois. Le début d'un déluge. Merde. J'actionne un bouton, plusieurs boutons. Résultat : j'effectue un appel de phare. Actionne les warnings. Projette du liquide de nettoyage. Je rage, cherche celui des essuie-glaces. Je continue à bidouiller, baisse les yeux vers le tableau de bord. Un klaxon ralentit dans les airs, je viens encore de dériver vers la file voisine. Désolée, désolée. Je souffle, me reconcentre, finis par trouver. Ils se mettent lentement en fonctionnement. Le plastique agrippe méchamment le verre – ils sont trop usés. Ils finissent par s’emballer. Si bien que l'un deux, emporté par l'élan, sort du pare-brise. Reste dans le vide. J'ouvre la fenêtre, lui donne un coup pour le remettre dans le droit chemin. L’habitacle se retrouve inondé – j’en râle. Je pense à toutes les réparations que je vais devoir faire sur mon ancienne voiture. A toutes les taxes que je vais devoir payer. A une bière fraiche, aussi, pour savourer le retour du coupé au bercail. Pressée, j'écrase la pédale d'accélérateur. Oxford est à deux pas (ou deux roues, au choix). Je reconnais soudainement les rues. M’y balade sur la base de mes souvenirs. Pourtant, la voiture ne semble pas si ravie. L'avant de la voiture fait des bruits étranges, des sortes de KEUF KEUF qui ne présagent rien de bon. Rien du tout. L’ensemble décélère alors que je râle au volant – il ne reste que quelques mètres avant destinations. La machine ralentie, un début de fumée commence à s'échapper du moteur. Je serre les dents. Vois le virage venir. Actionne le clignotant.
J’ai l’impression de voir ma vie défiler. Le mur se rapproche à vitesse grand-V alors que la voiture fait un aquaplaning en plein virage. Dans un bruit sourd, la Mini vient se cogner side by side contre une voiture un peu plus grande. Le rétroviseur extérieur éclate sous la pression – les morceaux de plastique s’élèvent dans les airs (à peu de choses près, ça ressemble à un feu d’artifice). Je reste sonnée quelques instants, me demandant pourquoi – pourquoi ! – l’airbag ne se déclenche pas. Embrouillée, je tente de rassembler mes pensées qui s’éparpillent tout autant que le plastique de tantôt. Une chance que je ne roulais pas bien vite. Je passe une main dans mes cheveux, sur le front, tente de réfléchir un instant. Autour de moi, la circulation continue. Les voitures passent, lentement, s’accordant un droit de regard. Et là, au travers de la vitre à présent brisée, un trentenaire me regarde. Je le fixe un instant, fronce les sourcils. « Hey ! » Je l’interpelle, le désigne du menton. Je tire sur la ceinture de sécurité qui ne veut pas se défaire, m’agite un peu plus dessus, laisse tomber. « Toi, là. Il t’a prit quoi de rester sur mon chemin, hein ? » C'est quoi ton problème? C'est quoi ton histoire avec son sourire?
Rae ou l’idée d’être le centre du monde. Rae, c’est comme ray(on). Rayon de soleil. A défaut d’être héliocentrée, elle est raecentrée. Et cette violence dans les mots, là, c’est seulement une peur passée qui se manifeste. Pas de « ça va ? ». Pas de « besoin d’aide ? ». Non, seulement une rage naissante car, décidément, rien ne va. |
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