(inachevé) les vagues de ton corps (feat abbigail steele)

les vagues de ton corps
You're a shooting star I see
A vision of ecstasy
When you hold me, I'm alive
We're like diamonds in the sky

L'air glacial caresse ma peau, piquant mes joues de son dard gelé. Ce n'est pas parce que je vis sur cette terre depuis plus de 14ans que je me suis fais aux pluies diluviennes et à la neige boueuse de l'Angleterre. J'aime la chaleur du soleil qui fait bouillir tout mon être dans une frénésie que seul l'alcool peut calquer ici. J'aime me lever le matin et sentir les rayons lumineux effleurer mon visage, et adoucir un tant soit peu cette journée ennuyeuse. A Oxford, ton réveil est accueilli par des rafales, où la pluie se mêle à la morosité, la vent à la désillusion d'un monde où règnent les enfants. Et c'est bien eux que j'attends, ces souverains d'un univers qu'ils pensent à leur pieds alors que nous acceptons juste de jouer le jeu, nous les anonymes de la richesse. Ils se croient supérieurs, nous acceptions leurs insultes et leur poison. Ils s'imaginent au delà des règles, nous leurs dévoilons l'illusion d'une vie qu'ils contrôlent. Nous, les lambdas, les hommes de la terre, nous abreuvons ceux du Haut Monde de compliments  et de regards cajoleurs. Car s'ils vivent bien au delà de la normalité, c'est bien parce que nous, nous existons, ceux d'en dessous, ceux d'en bas, ceux qui vivent et s'accrochent. Si nous n'étions pas de cette Terre, eux ne seraient au dessus de personnes. Ils seraient en bas, rois et reines dont la couronne serait foutaise.

A quelques mètres de moi, il y a une grande maison qui à tout du manoir hanté, le type de logement qu'on nous montre dans les films ou dans les émissions de télé réalité. A l'intérieur ça doit bouillonner, s'échauffer, se chauffer, tandis que moi, je me les pèle à attendre les rois et les reines. La température extérieure a fait fructifier mon marché comme si les pilules, la poudre et les liquides avaient comme magie de réchauffer les corps plus vite que l'alcool lui-même. Combien en ai je vendu ce soir ? Mes poches sont pleines de billets et la soirée n'en est qu'à son commencement. J'ai déjà les promesses de livres, et d'écrits introuvables, des test et des examens fauchés par de petites mains délicates. J'aime me dire que ce que je fais me permettra d'exister, et de me rendre au delà des chemins que mon histoire m'a refilé. C'est mal de vendre la mort en pipette, la folie en dosette. Mais que voulez-vous, pour réussir dans ce monde, il faut être plus vil que les serpents eux-même !
J'entends des pas, ou plutôt des talons sur le bitume presque glacé. Je relève le dos, passe ma main frigorifiée dans mes cheveux et arbore ce regard perçant, presque trop charmeur pour un homme de mon âge. Je dois jouer le bellâtre, l'homme qui touche le divin à travers ses possessions. Car ils ne répondent qu'à ça ces enfants, au désir de toucher l'inconnu, d'effleurer le mystère de la drogue pure.

les vagues de ton corps
You're a shooting star I see
A vision of ecstasy
When you hold me, I'm alive
We're like diamonds in the sky

" Salut beau gosse, t'aurais pas quelque chose pour moi?" Beau gosse… Je souris intérieurement mais ne laisse rien filtrer sur mon visage. Je les connais ces filles aux jambes longues comme le rivage, au regard insolent et aux cils déployés. Elles jouent des hommes comme elles jouent avec leur vie, s'évertuant de marcher sur des chemins caillouteux. Elles se brisent les os à force de tomber, mais qu'importe car l'eau beauté leur permet toujours de se relever. Elles en jouent à l'infini, et je les contemple dans leur manipulation aguerrie. Car jamais je ne me moquerais de ces femmes qui n'ont que leurs corps comme richesse, et que leurs diamants à elle, ce sont leurs pupilles, leur poitrines ou leurs fesses rebondies. Moi je vend de la folie en dosette, elles, une paire de gambettes prêtes à l'usage. Chacun à son commerce, chacun à le monopole d'un domaine. "Peut-être… Peut-être pas. Approche que je te regarde…" Ma voix est comme un murmure, souffle un poil trop rigide face à cette demoiselle souriante, et dont les lèvres expirent déjà de la fumée mortelle. Si elle imagine que je souhaite la reluquer, il n'en est pourtant rien. A moins que lorgner sur ses pupilles déjà trop dilatées est un signe de perversion. Je veux savoir si l'acide s'est déjà insufflé en elle, ou si l'alcool a fait de son corps une pauvre carcasse dansante sur un fil de funambule. Je ne veux pas qu'elle tombe par ma faute, je ne suis pas un tueur, simplement un homme qui vend du rêve comme certains vendent leur vie.

les vagues de ton corps
You're a shooting star I see
A vision of ecstasy
When you hold me, I'm alive
We're like diamonds in the sky

Elle s'avance comme une lionne sur son futur diner, d'un pas chaloupé tandis que ses hanches ondulent dans une danse trop prononcée. C'est fou comme les femmes savent jouer de leur corps alors que nous les hommes, nous préférons jouer de nos mots. Sa main s'agrippe à ma taille, elle se colle presque à moi, l'homme qui a entre ses mains, le destin de sa soirée. Que ferait-elle de plus pour ces petites pilules dorées ? Serait-elle capable de coucher, de m'offrir son petit corps en guise de diner, et de répartir, le rouge à lèvre étalé, les cuisses endolories par des coups de reins trop prononcés ? Car moi aussi je sais danser jolie petite poupée, mais je ne suis pas sûr que nous nous élançons sur la même tonalité.
"Allez, dis-moi oui. "Son murmure est là, au creux de l'oreille, souffle charmeur qu'elle ne sait dissimuler. Je contemple ces pupilles sombres, dilatées au maximum. Elles ont la forme d'un trou noir, indissociables de la noirceur du monde, de la profondeur de son désespoir. Elle sent l'alcool, douceâtre odeur qui me chatouille les narines. Whisky ou vodka, je ne suis pas assez spécialiste pour le savoir, mais ça pique, les yeux, ça endors les sens... Les sens, mais pas l'esprit, car tu as beau être jolie, ce n'est pas moi qui serait ton bourreau ce soir. Allez dis moi oui, offre moi la mort avant que je comprenne ce qui m'arrive… Allez dis moi non que tu repartes sans trop culpabiliser du monstre que tu deviens… "Tu n'as pas besoin d'un coup de pouce pour t'amuser ma jolie, tu es déjà… parfaitement dans le mood. " Je lui adresse un léger sourire et me recule d'un pas. Qu'elle décolle son corps du mien, sa main de ma taille. Elle est peut-être le jouet de certain, mais moi je ne suis plus un enfant, je ne m'amuse plus avec des poupées depuis longtemps.

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You're a shooting star I see
A vision of ecstasy
When you hold me, I'm alive
We're like diamonds in the sky

"J'ai une soif insatiable de plaisir" L'alliance parfaite de la jeunette et de la catin, jouant de sa bouche avec virtuosité. Et que je me morde la lèvre pour mieux te signifier mon désarroi, et que je t'envoie une oeillade pour te montrer que c'est bien toi, que je veux. Quel âge a -t-elle pour lancer la roue de la séduction, elle, l'enfant aux lèvres vermillons, aux regards cernés de noir qui ne fait qu'accentuer ses cernes. Elle reste jolie malgré la fatigue, malgré l'air hagard et les milliers de paillettes qui dansent dans ses yeux… Elle reste jolie comme les innombrables filles qui tenter de faire de moi leur casse-croute pour un snif, un shoot, une piquouze'. Le schéma est conventionnel, combien refuserait les avances d'une hirondelle en détresse qui joue de ses ailes avec singularité ? Combien refuserait de caresser ce corps juvénile, anonyme de tout signe de maturité, dont les seins sont encore aux prémices de la féminité ? Combien…. La question serait plutôt qui refuserait, tant la réponse est absolue dans cette univers de folie où l'existence sous acide vaut mieux que le respect de soi-même. "Je suis certaine que toi aussi '' Elle tente une nouvelle approche et je la laisse faire, cet enfant des rues qui me rappellent les femmes de Santiago, vêtues de rouge, aux jambes déployées telles les ailes d'un faucon. Charognard, animal sauvage qui contrôle plus qu'on ne le maitrise.
Ses lèvres jouent avec mon ataraxie, et son souffle alcoolisé, lourd de sens, se mêle au mien, glacial, pure et innocent. Sa bouche caresse ma joue dans une esquive digne des films à l'eau de rose. Elle doit en connaitre un rayon sur les comédies sentimentales ! " Et tu en as beaucoup des conneries comme ça à me raconter ?" je reste placide, un simple sourire plaqué sur le visage. J'en ai connu des filles comme elles, saoules, moins saoules, plus saoules. Et je n'ai encore jamais craqué. "Ton haleine empeste l'alcool. Dois-je te faire un schéma pour t'expliquer la réaction de ton alcool et de mes produits ensembles ?" Je ne me suis pas reculé, gardant cette proximité propre à la nuit londonienne. Là où les étoiles s'entremêlent dans le ciel, sur la Terre, les corps s'emmêlent, s'entrechoquent et vivent dans une parfaite étreinte, dans une union absolue.

les vagues de ton corps
You're a shooting star I see
A vision of ecstasy
When you hold me, I'm alive
We're like diamonds in the sky

Son visage se transforme, son minois s'agace, ça se voit dans le tremblement de sa bouche, dans la lueur de ses yeux, qui n'est pas qu'une conséquence culpabilisante de la drogue et de l'alcool. Je l'énerve, ça se voit, ça se sent, et ça m'amuse. "Alors c'est comme ça que tu traite tes clients? Tu les juges?" Non, jamais je ne m'abaisserais à cette infériorité qu'est le jugement. Chacun vit de la manière dont il le souhaite, chacun survie dans ce ballet entrainant qu'est l'existence. Certains aiment s'y déhancher, faisant de leur histoire une véritable épopée, d'autres préfèrent rester assis et regarder les autres mouver. Nous avons chacun notre façon de vivre, et non je ne juge pas. Je ne souhaite simplement pas être le point final de l'histoire de cette fille qui a à peine débuter. Et elle, je l'imagine parfaitement sautiller, danser avec effervescence sur la ligne de son existence. Je souhaite simplement voir la suite de ce ballet furieux, et non en être la conclusion.' Je suis beaucoup trop jeune et incapable de penser par moi-même, c'est ça? Donc tu ne veux rien me vendre, ni de moi... '' Là, je me recule, d'un pas seulement, restant à distance des postillons de colère, mais ne lui tournant pas le dos, attitude qui serait signe d'une pitié que je ne ressens pas pour elle. Je préfère la voir haineuse, que pleurant l'acide qu'elle a ingurgité. C'est que ça rend triste l'alcool et les pilules dorées. "Ne pas vendre ne signifie pas juger mademoiselle. Je pense simplement que la taille de tes pupilles et ton haleine sont des preuves suffisantes pour me laisser penser que ton corps a assez pris pour ce soir. " Et d'un geste, je la pousse délicatement, pour lui donner un exemple de ce que j'avance. Elle va surement tanguer, et je m'attends même à ce qu'elle s'affale sur le sol. Et même si elle reste debout, je trouverais bien un moyen de lui faire accepter mon raisonnement, aussi paradoxal soit-il. "Prouve moi que tu es en état pour te shooter encore un peu, et je t'offre ta prochaine bouffée. " Joue avec moi petite poupée, si ça me donne du temps pour te faire dessaouler...