Time to Make a Move • Commun

S’il y avait bien une chose qui me passionnait dans la vie c’était la littérature. C’était un art complexe que j’adorais. Choisir les bons mots pour exprimer la bonne émotion, pour toucher les gens exactement au bon endroit. Il faut peser les mots, atteindre les gens, les faire pleurer, les terroriser, les rendre émotif, les faire rire… C’est si difficile, on peut savoir comment toucher une ou deux personnes, mais un éventail aussi large de lecteur, c’est un défi énorme. Depuis que je savais lire, je rêvais de revenir auteur. Cependant, mon bon sens m’a toujours dit que ce ne serait jamais possible d’y arriver. Comment moi, une jeune obsédée de littérature pourrait écrire un roman digne de ce nom. Ce n’est pas possible, franchement. Ça implique un talent que je suis à peu près certaine de ne pas posséder. J’écris pour mon propre plaisir, mais mis à part moi, personne n’a pu lire tout ça. Je n’ai pas trop envie qu’on me dise que ce que je fais est mauvais. Je ne me fais déjà pas confiance dans le domaine alors je n’ai pas envie d’empirer les choses. Bref, tout ça pour dire que malgré mes doutes concernant mon talent en écriture, je me suis impliquée dans le Bodley Club lors de mes premières années à Oxford.

J’ai toujours aimé me réunir avec les autres membres, discuter de nos impressions, analyse tout ce qui s’est passé et voir ce que les autres en ont pensé. J'adorais m'impliquer, faire les lectures et faire des suggestions de lecture. Avec les années, je restais au club et nous n'étions pas beaucoup à vouloir le faire. J’ai fini par devenir la présidente du club, par défaut. Histoire de me donner un horaire encore plus chargé, mais j’adorais ça. Ceci étant dit, je me dirigeais justement pour une nouvelle réunion du club. Notre préceptrice, Joyce la bibliothécaire, voulait discuter avec nous des nouvelles avenues pour le club. Disons que notre club n’était pas celui qui faisait le plus parler de lui dans cette université. Il faut dire qu’un club de lecture est plus discret qu’un club d’escrime ou bien que les Posh. Notre but n’est pas de rendre l’univers fou de la lecture, seulement de discuter de lecture avec tous ceux qui le veulent bien. Bon, il faut faire un peu de pub pour recruter, mais sinon tout est beau dans le meilleur des mondes.

J’étais donc sur le campus et je me dirigeais vers notre local de réunion. Je portais un jean bleu foncé, un t-shirt rouge à manches longues recouvert par un manteau long noir et avec de la fausse fourrure autour de la capuche. Je portais des bottes brunes qui me montaient jusqu’aux genoux et les talons claquaient sur la pierre du sol. Après quelques temps de marche, je suis arrivée au local, j’ai enlevé mon manteau, l’ai placé sur un crochet près de la porte. J’ai déposé mon sac près du bureau où je m’occupais des affaires courantes du club, j’ai saisi Enfant 44 de Tom Robb Smith et je me suis installée en attendant que les autres membres du club ainsi que Joyce arrivent.