(terminé) pas le temps || pv eden

Je n’ai jamais aimé que l’on me contrôle. Je veux être libre comme le vent, faire ce dont j’ai envie, quand j’en ai envie et où j’en ai envie. Après tout je suis jeune et il me reste tant de chose à découvrir, tant de chose à faire, des expériences inachevées. Mon père me dit souvent que j’ai tout de ma mère, que je suis son portrait craché. Elle aussi était une rebelle avant de rencontrer mon père, avant de rencontrer le grand amour de sa vie. Je ne saurais jamais comment été ma mère et il m’arrive souvent de penser que c’est à cause de moi qu’elle est décédé. Je ne l‘ai connu que pendant neuf mois, les neuf mois de sa grossesse, mais malgré tout, je l’aime comme si elle faisait entièrement partie de ma vie. Elle ne quitte jamais mes pensées et je sais qu’elle ne m’en veut pas de vivre ma vie ainsi, je sais que malgré tous mes écarts, elle est fière de moi. Je me demande comment serait ma vie si elle avait était là. Je me demande si j’aurais été celle que je suis aujourd’hui ou si j’aurais été plus sage. Ou tout du moins, moins provocatrice.

Bien qu’on soit en été et que normalement il n’y a pas cours, aujourd’hui j’étais censée être en cours de sport, un programme de je ne sais quoi pour remettre les élèves en forme. Bref, un truc inutile. Le sport et moi on ne fait pas bon ménage et moi j’en fais, mieux c’est. Alors si en plus ça bouffe mon temps de vacance, c’est mort. Le seul sport que je pratique étant le Quidditch et encore, ce n’est pas très violent, surtout lorsqu’on voit mon équipe. Mais le sport en groupe, avec échauffement, étirement et tout le bordel je ne peux pas. Surtout que le prof que j’ai force un peu trop sur les pompes, squat et tout le bordel. Donc c’est tout naturellement que je sèche la plupart de ses cours pour ne pas dire la totalité. Ce prof veut sans arrêt me faire arrêter de fumer, il veut me convaincre que je fous ma vie en l’air et tout le bordel que des adultes m’ont déjà trop souvent rabâché. Et pourtant, tout au fond de moi, j’ai du respect pour lui. Il est plus présent que mon père et je sais que s’il me répète sans arrêt que je suis en train de gâcher ma vie c’est pour mon bien. Il m’a pris sous son aile assez rapidement et malgré nos engueulades et le reste, je lui fais confiance comme à un père.

Cela ne m’empêche quand même pas de fumer pendant le cours de ce cher Monsieur Cromwell. Je fumais toujours dans ce petit coin, sur ce rocher pas très loin du gymnase. Au fond je le cherchais tout le temps, c’est pour ça que je me mettais à proximité du gymnase. Je tiens à dire que je suis quand même en tenue de sport car de toute façon, je sais qu’il viendra me chercher pour faire ses exercices où je vais cracher mes poumons parterre. Et encore une fois, je ne me suis guère trompée. J’entendis des pas venir vers moi d’un air pressé et impatient. Un bref coup d’œil à mon téléphone m’indiqua que le cours avait commencé et que mon absence n’est pas passée inaperçue, comme à chaque fois. J’éteignis ma clope avec un sourire satisfait avant d’en rallumer une autre juste pour le provoquer. Je lève la tête vers lui et encore une fois, il est en colère. Un sourire innocent se forme sur mes lèvres après que j’ai recraché ma fumée vers lui. Avant que je n’ai pu réagir il me prend mon paquet des mains et l’écrase devant moi. J’eue un petit rire car au final, ce n’était même pas à moi ces clopes. Il m’ordonne de faire des pompes, je reprends une longue taffe, recrache la fumée et je réponds alors :

« Monsieur Cromwell, quel plaisir de vous voir aujourd’hui. Il semblerait que j’ai mal au bras, surement su à l’alcool ça. Ça vous dérange si à la place je ne fais rien du tout ? Genre je peux rester assise, c’est très physique non ? »

J’écrase ma clope à l’aide de mon pied puis je le défis du regard en haussant un sourcil. Avec toute l’arrogance qui m’habite, je lui dis :

« Vous vouliez une taffe peut-être ? Je suis sure que ça vous détendrait un peu, vous avez l’air d’être passé sous un train »


   

Je ne suis pas du tout le genre de fille qui prend soin d’elle, qui court tous les jours et mange équilibré. Mais alors pas du tout. Je fuis le sport et c’est pour cela qu’on m’a forcé à m’inscrire à ces putain de cours alors que je suis en vacance. Non mais sérieux, je n’aime pas le sport, ce n’est pas un drame quand même. Et puis je ne suis pas obèse ou même enrobée, ça ne sert à rien de perdre des calories. Le seul point positif de ces séances et le prof, Liam Cromwell. J’ai toujours pris un malin plaisir à le taquiner, l’emmerder et il faut avouer qu’il me le rend bien. Je sais très bien que je l’énerve avec mes remarques et cela me fait rire. Au fond, il ne veut que mon bien, me protéger et tout ça. Mais je ne suis pas une demoiselle en détresse obèse.  Les ordres qu’il me lance après me décroche un sourire moqueur que j’essaie tant bien que mal de contenir. D’un ton rieur, je lui réponds :

« Monsieur Cromwell, que vous êtes autoritaire. Vous devriez vous détendre, je peux vous montrer comment faire si vous voulez.»

Bien évidemment, il refuse ma cigarette et j’ai un petit rire moqueur. Monsieur Parfait ne fume pas et a un corps en parfait santé. Mes poumons doivent être noir charbon avec le temps. Puis il reprend son ton autoritaire et légèrement agacée, je lui réponds :

« Ça va, ça va,  je vais vous suivre si tels sont vos désirs. Mais pitié, ne me faites pas courir. Ça fait bouger mes seins, je n’aime pas trop. Mais regardez, je me lève. »

Puis je m’exécute en descendant de mon rocher. Je me retrouve devant lui et c’est vrai qu’il a un certain charisme, il est plus impressionnant vu d’ici. Surtout qu’il est plus grand que moi et me surplombe de sa hauteur. Puis il me prend par les épaules et m’emmène de force dans le gymnase à part des autres élèves. Ils me lancent tous un regard qui ne plait pas quand je rentre et je leur renvois un magnifique doigt d’honneur qui les fait retourner à leur occupation. On ne me dévisage pas moi, bande de connards sans cervelles. Puis sans que je m’y attende, me voilà poussée au sol par ce professeur arrogant. Je me relève aussitôt et lui dit en hurlant :

« Non mais ça va pas la tête ? J’aurais pu me casser quelque chose ! Je ne suis pas votre chien ! »

Il m’énerve avec ses bras croisés à attendre je ne sais quoi. S’il attend de moi que je m’exécute comme ça, ce n’est pas gagné. Je rejette mes cheveux en arrière d’un geste théâtrale, récupère mon sac et me dirige vers les vestiaires en lançant :

« Je vais me changer Monsieur l’Ingrat, je ne peux rien faire en jean. »

Puis c’est la tête haute que je me dirige vers les vestiaires qui sentent la transpiration. Super, pour l’hygiène on repassera. J’enlève ma tenue du jour pour enfiler un short et un débardeur. Ma paire de basket et me voilà prête pour affronter ce cher Monsieur Cromwell. Je remonte mes cheveux en une queue de cheval puis je retourne dans l’arène, le gymnase, la salle de torture. Je m’arrête devant lui, place mes mains sur mes hanches et lui demande :

« Bon, je fais quoi ? »


   

« Bouge ton cul ! Et va rejoindre les autres ! » Ce prof m’énervait au plus haut point. Je n’ai choisi ses cours de sport moi, je préfèrerais être à Cancun ou Ibiza à danser plutôt que de l’écouter me rabâcher ses énièmes conseils sur la drogue et ses méfaits. Ouais c’est mal, je le sais, mais je m’en fous tellement. Presqu’autant que ces foutus cours de sport qui ne m’apporteront rien dans ma vie. Il s’est mis en tête de me changer, de rendre mon corps plus sain. Mon cul ouais, le jour où j’arrêterai de vivre pleinement ma vie d’étudiante n’est pas arrivé. Mais bon, si faire deux-trois pompes peut lui donner l’impression que je vais changer. Tous les autres me regardent lorsque je rentre dans ce putain de gymnase je les salue avec mon majeur comme j’en ai l’habitude. Je ne les aime pas, il est hors de question que je leur fasse des sourires amicaux. La plupart sont des intellos qui se croient supérieurs à moi parce qu’ils étudient les maths ou la physique quantique. Bien évidemment papa est grand chercheur à la NASA ou je ne sais où. Que des connards que je ne supporte pas. Je n’ai même pas le temps de lancer une remarque cinglante à leur égard que je me retrouve à terre, comme une moins que rien. Je me relève aussitôt et Cromwell fronce les sourcils lorsque je lui réponds. Et ouais mon vieux, je ne vais pas me laisser faire. Il me répond d’un ton tout aussi tranchant et avec l’air le plus hautain possible, je réplique avant de partir :

« C’est pas moi qui cherche les emmerdes là. Heureusement que vous n’êtes pas babysitter, je plains vos gosses plus tard. »

Puis sans lui donner le temps de me répondre, je prends mon sac et me dirige vers les vestiaires crasseux, non rénovés depuis 1985. Une fois changée, je reviens dans la salle puante et me positionne face au prof en attendant ses ordres. On se croirait à l’armée, j’hallucine putain. Il me pointe le sol du doigt et me dit que je dois faire vingt pompes. Vingt. Putain. De pompes. D’un ton désinvolte je lui réponds :

« Mais je sais même pas comment on fait et vous, vous m’en foutez vingt direct. »

Je pousse un long soupir et me mets à terre en essayant de me rappeler les scènes de sport dans certains films. Je place mes paumes contre le sol et maintien mon corps en positon de planche à l’aide de mes pointes de pieds. Puis je descends une fois avant de remonter. Bordel ce que c’est dur. Je redescends une deuxième fois et… reste à terre. Je m’écroule telle une étoile de mer. Ok je ne mets que de la mauvaise volonté, je l’avoue. Je lève la tête vers lui et dis :

« Bon voilà j’en ai fait deux, on passe à autre chose ? »

Sur ces mots je me relève et me positionne face à lui en le défiant du regard. Il veut jouer ? On va jouer.

   

Ce professeur de mes deux commençait sérieusement à m’énerver avec ses remarques à la con et son air supérieur qui pense tout savoir. Alors que non, il ne savait pas tout. Il ne savait pas mes raisons et ne connaissait rien de ma vie. Il s’en tenait aux rumeurs, comme tous ces autres hypocrites d’Oxford. Des putains de rumeurs qui ne servent qu’à me diaboliser, m’enfoncer. A croire que j’étais la pire ordure de cette ville. Il y a tellement, mais tellement, pire que moi. Certes je mène une vie de débauchée où je me fous de tout et tout le monde mais je reste pleinement humaine. Enfin tous ces connards me font bien rire. Je me rappelle de la semaine dernière où une caricature de moi est apparue dans l’Oxymoron, ce journal que je coulerais un jour. Ils m’avaient mis des cornes de diable ainsi qu’une magnifique queue. Je ris de tout ceci, les gens ne sont même pas assez honnête pour dévoiler leur identité. Suis-je vraiment si méchante que cela ? A croire que je suis ce serpent dans la Bible, celui qui a corrompu Eve. Je suis une vile corruptrice.

Enfin pour l’air, j’étais surtout saoulée par cet homme, ce cher Monsieur Cromwell, qui essaye de me faire faire son stupide sport. Mec, je fume et bois depuis que j’ai quinze piges, ce ne sont pas trois pompes et deux tours de stades qui vont me faire arrêter. Clairement pas. Alors je me joue de lui, répondant avec nonchalance, ne prêtant pas attention à ce qu’il me dit, le faisant tourner en rond. Je veux lui montrer comment et la vraie Eden Winchester et je veux lui prouver qu’il ne pourra jamais me changer. Il me parle de son gosse, un gamin très certainement exemplaire comme son cher papa, et je suis obligée de rire avec ironie. Puis je me sens de devoir lui dire la vérité, se voiler la face ainsi n’est pas bon :

« Voyons Monsieur Cromwell, nous sommes à Oxford, ville de la débauche. Croyez-vous vraiment que votre gosse restera pur toute sa vie ? Il touchera forcément à toutes ces merdes, il tombera dedans à un moment ou à un autre. Et ce n’est pas votre sport qui peut aider. »

Je le jauge du regard, haussant un sourcil provocateur. Ce mec ne comprend rien à la vie. On a l’impression qu’il vit dans un monde de bisounours, tout rose avec des arcs-en-ciel et des poneys multicolores. Il tombera de haut lorsque l’adolescence se ramène avec son lot de soucis et changera son fils, qui en passant à une bouille adorable. Il doit surement tenir de la mère. Déjà-là le gamin aura des problèmes existentiels et je suis bien placée pour le dire. L’absence d’une mère reviendra le frapper en pleine gueule quand il comprendra la dureté de la vie. Il reprend ensuite son éternel discours en me disant de me dépêcher de faire ces putains de pompes ou autres trucs inutiles. Je décide de ne pas répondre et je m’exécute en faisant deux pompes, remplie de mauvaise volonté. Je déteste le sport, je déteste transpirer inutilement. De toute façon je compte bien aller m’empiffrer au McDonald’s ce soir alors s’il savait comme je m’en fous de son sport. Déjà qu’on est en vacance et que je suis obligée de venir parce que selon mes profs j’ai « grandement besoin d’exercice ». Mon cul, je ne suis pas non plus obèse comme certains. Au bout de deux soi-disant pompes, je m’écroule et reste à terre. Une fois de plus il me fait la morale et je roule des yeux. Je le défis du regard mais il continue en me disant qu’il m’emmènera quelque part demain, je ne sais où. Puis il me montre le groupe d’élève à l’opposé de nous, m’insinuant de les rejoindre. Je me relève, frotte mes fesses et le regarde dans les yeux, pas impressionnée du tout.

« Vous croyez vraiment que je vais vous suivre comme ça ? Vous me connaissez mal Cromwell. Je ne suis pas le genre de fille à écouter ce qu’on lui dit. »

Je me rapproche encore plus de lui, sans le quitter des yeux. Je ne baisserais pas la tête devant lui. Puis je reprends :

« Je n’ai aucun ordre, ni aucune leçon à recevoir de vous. Je mène ma vie comme je l’entends et j’aime me détruire, toutes ces merdes, comme vous le dites, font partie de moi. »

Et enfin je m’écarte et m’éloigne de lui en lui donnant un coup d’épaule au passage, sous le regard choqué des autres élèves. Je leur lance un regard méprisant puis me retourne vers ce cher professeur et lance en fanfaronnant :

« Et n’essayez pas de venir me chercher demain, je m’envole à Ibiza à bord de mon magnifique jet privé. Bonne chance pour la suite. »

Et je pars vers les vestiaires afin de récupérer mon sac, fière de moi. J’arrive dans le hall du gymnase et avant de sortir, je prends soin de m’allumer une clope et de souffler deux trois taffes dans le lieu béni de Cromwell. Et enfin je sors de cet endroit maudit. Il n’est pas né celui qui fera se soumettre Eden Winchester.