Rencontre entre deux futurs rivaux.

James & Eliakim

Avec un sourire il lance un dernier signe vers les élèves encore présentes dans sa classe. Et finalement ils se lèvent tous, rangent leurs affaires et quittent la pièce avec quelques gestes pour leur professeur. Eliakim est déjà assis devant son bureau à terminer de corriger quelques copies. Il ne voit pas que la classe se vide en un éclair, le nez plongé dans les formules scientifiques de ses élèves. Seul un bruit de talon dans le couloir le fait sursauter alors qu'une belle brune passe la tête par la porte, pour le regarder. Rae, sa meilleure amie, lui offre un sourire éclatant et un clin d’œil, avant de repartir aussi vite que possible. Il sourit à son tour avant de terminer son travail, dans le silence de son bâtiment de biologie. Une fois fait un se lève et range ses affaires également. Il regarde l'heure, c'est bientôt l'heure du repas, il devrait rentrer.

Au moins travailler lui change les idées, il n'a pas le temps de penser à Alice et aux problèmes qu'ils rencontrent depuis des semaines. Ainsi le professeur se lève pour sortir de la salle mais là, trois coups donnés sur la porte de sa classe le font sursauter. Il croise le regard du doyen et aussitôt, affiche un sourire de façade. « Bonjour Monsieur ! » Un jeune homme se tient juste à côtés du doyen de l'université. Beau gosse, un air incroyablement arrogant et beau costume. Sans doute un nouvel élève. « Bonjour Eliakim. Pourriez-vous faire visiter votre bâtiment et celui de politique à ce jeune homme ? Il intègre Oxford à la rentrée. » Eliakim hoche la tête avant que le doyen ne laisse les deux hommes ensemble.

« Et ton nom c'est ? » Demande le professeur de science avec un sourire. En sortant de la pièce il verrouille sa classe et enfin, commence à arpenter le bâtiment. « Tu seras dans quel cursus ? » Lance le professeur en se tournant vers lui. Afin de savoir ce qu'il va lui présenter en premier.

Eliakim & James

James & Eliakim

Ses yeux détaillent lentement le nouvel arrivant au sein d'Oxford. Le jeune homme semble profondément s'ennuyer avec les deux aînés, dans cette pièce. Mais Eliakim, par respect devant le doyen, affiche un sourire chaleureux. Enfin heureusement le doyen laisse les deux hommes ensemble, Eliakim est en charge de lui montrer les locaux d'Oxford du moins là où il doit étudier. L'université est immense, ce n'est pas facile de se retrouver dans le labyrinthe que forment les bâtiments d'Oxford. Il sait que ce jeune homme arrive de Cambridge, l'histoire est comme chez tous les professeurs, arrivée aux oreilles du conseil d'administration et des enseignants. Il n'y a aucune preuve mais les fait sont là et Eliakim a de sérieux doutes sur l’innocence de ce jeune homme au visage d'ange. Mais au regard incroyablement arrogant, comme tous les gosses de riches qui entrent dans Oxford de toute façon.

Alors en lui offrant le soin de le suivre, Eliakim commence à arpenter les immenses couloirs du bâtiment, sans rater pour autant l'air exaspéré du jeune homme. Oui ça doit le gonfler, mais il doit passer par la case visite si il veut se retrouver dans Oxford. Il commence d'abord par lui demande son prénom et la matière qu'il étudie. « James Lewis Caroll. Je suis en septième année de droit et sciences politiques, quelle est votre spécialité ? » Eliakim hoche la tête et prend le couloir à droite, celui qui mène au bâtiment des cours de politique. « Eliakim Crowlley. Je suis professeur de biologie et biochimie moléculaire et cellulaire. » Lui dit le professeur avec un dernier regard.

En quelques pas ils arrivent dans le bâtiment des sciences politiques. Eliakim monte jusqu'aux salles des 7eme années. « Tu devrais étudier ici, mais je ne sais pas avec quel professeur tu seras ! » Lance Eliakim en lui montrant une allée de plusieurs salles, fermés à clé pour l'instant. « Écoute... Je sais que tu viens de Cambridge. Mais ici ce n'est pas du tout la même façon de faire. Ici c'est une institution. Tu te lèves, tu te couches, tu manges et surtout tu vis Oxford. Nous sommes une famille, une très grande famille. Le Riot et le Posh Club gèrent les réputations, les professeurs sont les meilleurs d'Europe et régulièrement nous remportons des prix. » Ajoute le professeur avec un petit sourire moqueur. « Nous sommes les meilleurs, très loin devant Cambridge. » Les deux universités sont rivales, ça n'a jamais été un secret.

Eliakim & James

Crowlley ? Un lien avec Eleanor Crowlley ?

Voilà qui pourrait presque susciter l'intérêt du jeune homme. La dame en question fut rivale de son père pour la même place à une époque et il se rappelait à quel point cela avait agacé son fier paternel que de se retrouver face à cette "fichue bonne femme" comme il l'avait qualifiée. Henry James Caroll était du genre macho et jamais une femme ne pouvait lui arriver à la cheville, du moins c'est ce qu'il pensait.

S'il ne pouvait contredire son père, il était cependant assez stupéfait qu'une femme parvienne à avoir autant de pouvoir, il s'y était donc intéressé et avait remarqué qu'ils avaient un parcours similaire. Si une femme parvenait à être suffisamment bonne pour mettre son père hors de lui, alors il devrait y arriver également, et sans mal.

Il écoutait le professeur tout en emboîtant son pas. Biologie, biochimie, rien de tout cela ne l'intéressait. C'est alors qu'il se mit à lui faire un speech sur la vie à Oxford et à vanter son université avec un sourire que James ne connaissait que trop bien pour l'employer lui même à profusion. C'est avec un léger sourire sur les lèvres et un regard empli de dédain qu'il lui répondit :

Pourtant, d'après le classement académique officiel, il me semble que Cambridge est première au Royaume-Uni mais peut-être me trompe-je ? Enfin, je m'en contenterais.

Il détourna alors le regard pour le poser sur les différentes décorations qui ornaient ce lieu, essayant de repérer quelque peu où il se trouvait. Les débuts seraient sans doute les plus difficiles mais ensuite, il trouverait sûrement de quoi s'amuser ici...

James & Eliakim

En d'autre temps, le jeune homme aurait été totalement à son goût. Beau gosse, un visage d'ange à faire tomber les dieux, une démarche faussement rebelle sur un look d'écolier classe et distingué. Son genre de mec, de coup pour une nuit, autant parler franchement. Mais quelque chose dérange dans son attitude, quelque chose fait grincer les dents du professeur alors qu'il lui parle d'une femme, d'Eleanor Crowlley. Avec une sorte de surprise il prononce les mots de cette femme de pouvoir qui à elle seule, pourrait diriger la moitié du pays. « C'est ma mère. » Lance le professeur avec un regard qui veut tout dire. Un mot, un seul mot en travers pour sa mère et il lui saute à la gorge. Il sait bien que plusieurs hommes ont hurlés en voyant une femme au pouvoir, soit disant qu'elle n'était pas capable d'assumer. Mais sa mère, sa tendre mère est au même niveau que les autres. Elle est brillante, vraiment. « Et elle est mes yeux. » Autant lui faire comprendre que si il est du mauvais côtés de la barre, là où ils s'amusent à cracher sur sa mère, il ne fera pas long feu au sein d'Oxford.

Lorsque la visite est terminée et qu'il lui a présenté un peu les locaux d'Oxford, Eliakim parle de cette prestigieuse université. « Pourtant, d'après le classement académique officiel, il me semble que Cambridge est première au Royaume-Uni mais peut-être me trompe-je ? Enfin, je m'en contenterais. » La réponse lui arrache un petit sourire. « Mais rien ne te retient ici tu sais. Surtout si Oxford n'est pas assez bien pour toi. » Il ne prend pas la peine de le vouvoyer, après tout il est plus vieux que lui. « Tu te rendras vite compte qu'ici ce n'est pas les classements académiques qui font notre niveau, mais bien les cours que nous donnons et les récompensent qui vont avec. » Il poursuit sa route dans les couloirs, jusqu'à arriver dans une petite salle. Là il déverrouille la porte et entre dans le vieux local qui renferme plusieurs robes de cérémonie. Il jette un regard au jeune homme pour vérifier sa taille et enfin, prend deux robes de taille M dans la pile. Il les donne a James. « Tu devras porter ça lors des cérémonies et des visites officielles. Tu peux aussi les porter pour aller en cours mais je doute que l'idée te plaise... »

Eliakim & James

James & Eliakim

C'est bien la première fois que Eliakim se permet de se montrer aussi orgueilleux et vaniteux envers une personne. Ce n'est pas du tout son genre, il est loin de se donner cet air supérieur. Mais sans qu'il ne sache pourquoi ni comment, ce jeune l'horripile. Il pourrait le planter au milieu d'Oxford il en serait heureux, mais après il aurait des comptes à rendre au doyen. Alors désespérément il reste et lui présente vaguement l'université, même si tout en lui hurle de fuir et de rentrer chez lui afin de se détendre comme il se doit. Alors tout de même, sans lâcher son sarcasme, il lui lance qu'il n'est pas obligé de rester si cela ne lui convient pas. James lui répond qu'il ne lui reste que deux ans à faire et que cela conviendra. Eliakim serra les dents et lève les yeux au ciel. Comment préférer Cambridge quand on voit la réputation et l'excellence d'Oxford ? Enfin seul les élèves ayant été refusé dans cette dernière peuvent se présenter dans la première. Les plus médiocres quoi. Car seul l'élite rentre à Oxford, ça il en est sur.

« On dirait que vous m'avez bien cerné, professeur... » Tout de même un fin sourire naît sur les lèvres du professeur. Oui les tenues sont anciennes et pas du tout à la mode. En voyant le beau costume du jeune homme, flambant neuf, c'est évident qu'il ne va pas s'enticher des anciennes tenues Oxfordienne. Sur ce point, ils sont d'accord. Ainsi il lui donne ce qui lui revient de droit, sort de la pièce et verrouille avant de ranger les clefs bien soigneusement dans la poche de son blouson en cuir. Enfin le nouvel arrivant lui demande si il pourrait l'aider afin de trouver un logement. Eliakim réfléchit une seconde, se gratte la tête en énumérant dans son esprit les hôtels. « Pour un logement tu trouveras rapidement. Ce n'est pas ce qui manque. Mais pour les nuits à venir nous avons un excellent hôtel 4 étoiles en face de l'université. Cela devrait te convenir ? » Propose le professeur avec son plus beau sourire. De toute façon il ne doute pas que James va rapidement trouver un logement. Avec les vacances, beaucoup d'étudiants libèrent leur appartement pour déménager ailleurs. « Je pense avoir fait le tour, du moins en ce qui concerne ta matière. Tu as des questions ? » Propose poliment Eliakim.

Eliakim & James

Il observe la tenue sans grande conviction, à croire qu'ils sont pauvres dans cette université pour ne pas renouveler leurs tenues. Il faudra qu'il suggère l'idée à la personne qui se charge de cela et tant qu'à faire, avant la fin de l'année afin qu'il ne se retrouve pas avec cette horreur sur le dos.

Il écoute le professeur Crowlley qui lui dit qu'il trouvera facilement. Ça, il s'en doute, quand on a de l'argent on trouve toujours mais le problème est qu'il ne savait pas dans quel quartier se diriger, n'étant venu à Oxford que très rarement avant ce jour. En attendant, il irait à l’hôtel indiqué, peut-être rencontrera t-il dans le quartier quelqu'un qui saura le renseigner davantage et même lui dire où il pourra habiter pour ces deux années à venir.

Quand Eliakim lui demande s'il a d'autres questions, il a bien envie de demander si dans le lot des professeurs qu'il allait avoir, il y en avait de jolies mais il se retint. Non, il ne fallait pas réitérer l'erreur de Cambridge, bien que l'erreur ne fut pas de harceler sa professeur de droit mais bien d'avoir laissé éclater cela au grand jour, risquant au passage d'entacher sa réputation.

Non, pas de questions, je pense que ça ira. Je vais aller à l’hôtel quelques temps, je verrais bien ensuite ce que je trouverais. Si vous permettez, je vais aller m'installer, toutes ces formalités m'ont épuisé.

C'est connu, l'ennui, ça fatigue alors se taper une entrevue avec le doyen et la visite d'une université de je ne sais combien de mètres carrés avec un professeur qui ne lui plait pas des masses pour ne pas dire pas du tout, c'est chiant. Il n'aurait pas pu l'emmener voir un professeur sexy non ? Et qui soit dans sa branche parce que, de toutes façons, un prof de sciences...Il ne le verra jamais, enfin ce n'est pas plus mal en l'occurrence. Il sentait que tous les deux, ça n'accrocherait pas, allez savoir pourquoi...

L'avenir le dirait.