TEAM 3 ✗ Rae I. Fitzpatrick, Eliakim Crowlley, Alice Kensington, Maxime de Langlais, Iseult Kennedy

« Hé arrete de lever les yeux au ciel Bébé tu vas rester bloquée… » osa lui lancer son ami, tandis que l’Irlandaise roulait des yeux. Une fois de plus. Certainement pas la dernière, s’ils continuaient de déambuler sans fin dans les méandres du labyrinthe. La brune commençait à fatiguer. Fatigue mentale à laquelle la présence d’Alice, sa chute et leur virée dans le noir n’arrangeaient rien. Virée enfin terminée ; elle pouvait de nouveau respirer. Pourtant, pourtant, le groupe ne tarda pas à rencontrer un autre passage non-éclairé (à moins qu’ils n’aient tourné en rond et ne se retrouvent au même). Hésitation de la part de l’autre Irlandais, le mâle, qui tenta de les convaincre de le suivre, sourire à l’appui, alors qu’il ralentissait a peine. De son coté, Rae avait mis le frein avant de s’arrêter net et de laisser ses pieds s’enfoncer dans une flaque de boue. « Les gars… » lâchait-elle dans les airs, incertaine, cherchant ses mots comme elle cherchait le courage de les suivre. Du bout des doigts, elle triturait la doublure de son déguisement, se balançait d’avant en arrière. Un pied en arrière pour partir, un en avant pour les suivre. Arrière. « On se retrouve à la sortie », acheva-t-elle sans préambule avant de faire demi-tour, les lèvres pincées. Elle ne les suivrait pas, trouverait la sortie par elle-même, au gré de sa chance.

lumos maxima

Isolée de son groupe, l’Irlandaise s’en éloignait lentement, pensive. Maintenant qu’elle était seule, le labyrinthe se faisait plus oppressant et, bientôt, elle se mit à craindre le moindre bruit. Le bruit de ses pas, spongieux, dans le sol boueux lui rappelait les récits d’enfance sur les merrow, ces créatures légendaires s’apparentant aux sirènes. Le bruit des branches, au contraire, lui faisait craindre l’arrivée d’une askafroa, dame de frêne malicieuse et maléfique (dans les récits de Rae-Ann avant qu’elle ne soit trop attirée par ce qu’elle pouvait tirer entre les cuisses d’un homme). Tant bien que mal, Rae scrutait le sol, évitant au possible de venir écraser son talon sur une brindille (de peur de tomber malade). Folklore et divagations. La trentenaire, cartésienne dans l’âme, voyait ses fondements scientifiques s’effondre rd’un battement de cils alors qu’elle naviguait à l’aveugle, bercée par le folklore et la tension qu’opérait sur elle ce qu’il se passait le nuit d’Halloween.

Soudain, un cri retentit dans les airs, arrachant un cri aigu à la brune qui pressa le pas. Elle avait beau tourner et tourner encore, elle ne croisait pas âme qui vive (oh non) bien qu’elle savait qu’elle n’était pas la seule à se retrouver piégée. Alors, elle pressa le pas entre les haies, serra les dents, râlant contre elle et sa stupide décision d’avancer en solo. Encore heureux, aucun obstacle ne semblait vouloir se dresser contre elle. Pour le moment.

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Serrant sa veste contre elle, l’Irlandaise pressa le pas à la vue du prochain tournant. Pour une raison qu’elle ne pouvait s’expliquer, elle sentait que le prochain était le bon, qu’elle allait se retrouver face à la sortie, qu’elle allait pouvoir respirer et narguer Eliakim (plus tard) lorsqu’il l’a rejoindrait. A moins qu’il n’ait déjà mis les pieds hors du labyrinthe après s’être enfoncé dans l’obscurité et qu’il riait de sa peur enfantine. Lentement, la question se déposa comme un limon pâteux sur l’esprit de la brune qui, rapidement, n’arrivait plus à s’en débarrasser. Une fois encore, Rae accéléra la cadence, tourna vivement avant de se retrouver devant une autre longue rangée de haies. Déception. Malaise. Soupir. La trentenaire soupira, laissa son souffle déambuler dans les airs, regarda les volutes de fumées s’y élever. Fin octobre et il faisait déjà froid. Mais au moins, les obstacles avaient décidé de la laisser en paix. Pas d’autres obstacles pour le moment.

Laissant l’askafroa dans un recoin de son esprit, tâchant de l’oublier, l’Irlandaise sortit son téléphone. Du bout des doigts, elle tapota sur le tactile. Difficilement dans un premier temps, elle tentait de jongler avec son arbalète maison et la cape de son déguisement qui se rabattait continuellement sur son téléphone. Amusée, tiraillée par un esprit de compétition, mentant totalement, elle réussit à envoyer un SMS à Eliakim : « Mauvaise idée que de s’enfoncer dans le noir. Vous auriez dû me suivre, je suis la lumière. Traduction : je suis sortie. ». En espérant que la prochaine fois soit la bonne.

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Le tournant suivant lui apporta autant de déception que le précédent. Une autre rangée de haie précédait au couloir d’avant, en tout point identique – de la couleur de la haie à la hauteur de celle-ci – ou presque. En effet, la fin du couloir lui proposait de partir dans deux directions opposées. Droite. Ou gauche. Jetant un coup d’œil à chacun d’elle, l’Irlandaise hésita, tenta d’ouvrir ses chakras (comme s’était gentiment moqué son ami lors de leur voyage en Irlande) avant de lâcher un « Bollocks, c’est n’importe quoi c’te connerie » dans les airs. Personne ne pouvait l’entendre jurer. Personne ne pouvait l’entendre s’énerver. Personne ne s’en offusquerait, de toutes manières ; Oxford n’était plus connu pour n’être qu’une université pieuse. Pas avec les POSH et les RIOT qui traînaient dans le coin, agitant leur baguette sous les nez de tous les désireux. Plus désireux encore que le mendiant du coin, celui qui dormait sur les bancs de l’université, à ne pas confondre avec les étudiants rentrant de soirée et trouvant refuge sur la propriété d’Oxford. A cette pensée, l’Irlandaise soupira avant de secouer la tête. Droite. Ou gauche.

Gauche. A tout hasard. Le plus pur des hasards. Blasée, téléphone en main, Rae avançait dans une allée qui était, encore, la pâle copie de la précédente. Décidément, à ce rythme-là, elle ne mettrait jamais les pieds hors du labyrinthe.

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Gauche : la destination et sa manière d’être. Trop occupée à chercher la sortie, portant ses yeux sur chacune des ouvertures qui lui apparaissait, Rae ne regardait pas où ses pas la menaient. Pour la deuxième fois de la soirée, elle finit par se prendre les pieds dans des racines, trébucha, sentit son poids partir en avant. Instinctivement, ses muscles se bandèrent et il lui fallut toute son attention (ainsi que de la chance) pour qu’elle réussisse à se rattraper avant qu’elle ne touche le sol. « Fack aff » s’exclama-t-elle, agacée, avant de retrouver son équilibre ; rouge de honte. Heureusement, personne n’était dans les parages pour témoigner de sa chute ; elle se remit tranquillement en marche.

Coup d’œil à son téléphone – toujours pas de nouvelles d’Eliakim. Etaient-ils encore à vagabonder entre les murs végétaux ou avaient-ils enfin trouvé la sortie ? La trentenaire ne savait pas, ne voulait pas savoir, continua à déambuler dans cet endroit qui lui apparaissait sans fin. Si elle croisait celui qui avait eu l’idée du labyrinthe (certainement le doyen Hamilton) ou celui qui l’avait dessiné, elle aurait deux mots à lui toucher. Et plus d’une raison de l’engueuler – parce qu’elle était comme cela, la Rae, toujours à râler (raeler, jeu de mots !) et à s’élever contre tout. Et rien. Rien surtout, car ce n’était que dans la confrontation qu’elle s’épanouissait et là, pour l’heure, elle n’avait pas eu sa dose. Elle aurait pu, Alice et Iseult ayant été présentes dans son groupe, mais elle n’avait pas voulu. Pas en présence de son trentenaire d’ami.

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