(terminé) I promise I will help you ~ Alexander & Sasha

Aujourd’hui avait été une journée plutôt calme pour Sasha. En effet,  elle n’avait pas eu beaucoup de cours à donner et pour une fois, son cabinet était plutôt calme. Elle pouvait enfin souffler un peu après le rush de la semaine dernière. Elle avait fait 8h-22h tous les jours, même le samedi et elle n’avait pas eu le temps de se reposer le dimanche. Mais cette semaine, elle avait un peu plus le temps de souffler et bien qu’elle aimait ses métiers, un peu de calme ne faisait de mal à personne. Assise sur son fauteuil derrière son bureau, elle s’étire longuement en baillant. Ouais, niveau féminité on a fait mieux. Elle jette un coup d’œil à son carnet de rendez-vous et constate avec joie que son prochain rendez-vous est Alexander Norrington. Elle tenait beaucoup à ce patient et elle voulait l’aider plus que tout. Elle avait entendu parler de lui à la fac, il avait du mal à gérer sa colère et était extrêmement lunatique. De plus elle savait qu’il n’avait pas les moyens que tous ces jeunes arrogants avaient alors cela lui donner encore plus envie de l’aider à se contrôler, de l’aider tout simplement.

Elle avait une demi-heure avant qu’il n’arrive, ce qui lui laissait le temps de ranger un peu tous ces papiers. Ils étaient déjà parfaitement ranger mais pour une maniaque du contrôle comme elle, il y avait toujours une feuille à déplacer, des dossiers à trier ou on ne sait quoi d’autre encore. Dans son bureau, tout à une place bien précise et gare à ceux qui oseront déplacer ne serait-ce qu’un crayon. Bien souvent la femme de ménage oublie ces détails et bien souvent, Sasha fait une crise lorsqu’elle voit ses affaires déplacées. Bien sûr elle ne disputera jamais la femme de ménage, elle sait qu’avec tous les bureaux à entretenir ça ne doit pas être facile. Alors elle fait une crise dans son coin, marmonnant quelques mots en russe, puis elle re-range tout encore une fois. Mais aujourd’hui, tout est parfaitement à sa place et de ce fait, elle tourne en rond dans son bureau avant d’aller finalement s’asseoir pour relire ses notes sur la précédente séance avec Alexander. Elle avait beaucoup écrit, elle ne se rappelle pas avoir autant écrit d’ailleurs. « S’emporte au quart de tour », « lunatique » reviennent assez souvent sur les deux pages recto-verso de son cahier. Elle part dans ses pensées, essayant de trouver un moyen pour aider ce jeune homme à peine plus jeune qu’elle.

Elle était dans ses pensées lorsque son téléphone sonna. Elle répond et sa secrétaire lui dit que son patient est là. Sasha lui dit qu’elle peut le faire rentrer et quelques secondes plus tard, des coups raisonnent dans le cabinet. Elle se lève et va ouvrir à Alexander, qui se tient debout devant elle. Il la surplombe de toute sa hauteur mais ne l’impressionne pas. Elle lui tend une main en lui disant chaleureusement :

« Bonjour Monsieur Norrington… Alexander, pardon. Comment ça va aujourd’hui ? »

Puis elle se recule légèrement afin de le laisser entrer dans la pièce chaleureuse qu’elle a mis tant de mal à décorer. Avant, les murs étaient tapissés avec un papier verdâtres qui tombait en lambeau, le parquet n’était pas lustré et on aurait dit une pièce d’un manoir fantôme. Maintenant, une grande baie vitrée a remplacé l’un des murs et on peut admirer tout Oxford. Les autres murs étaient peints dans des tons marron foncés et la cheminée a été remise aux normes. La pièce ressemble fortement à une pièce que l’on pourrait trouver dans un chalet, avec ces tons marron, ce parquet et cette cheminée. Un cabinet différent des autres, un cabinet chaleureux. Sasha invite son patient à se mettre sur le sofa puis elle se place sur le fauteuil.

« Bien, comment ça s’est passé après notre dernière séance ? Des progrès dans la gestion de la colère ? »

 

Sasha n’est pas comme tous les autres psychologues. Elle est douce, attentionnée et inspire la confiance. Elle montre à ses patients qu’ils peuvent se confier à elle, qu’ils ne doivent pas avoir peur de raconter leurs plus noirs secrets, doutes ou peur. Elle a aidé bon nombre de personnes depuis qu’elle exerce ce métier et il faut dire qu’on ne fait plus sa réputation. Les élèves en psychologie se battent pour l’avoir en professeur, ses cours sont à chaque fois bondés d’étudiants avides de l’entendre parler avec son léger, mais magnifique, accent russe. Elle alternait toujours entre ses cours et son cabinet se trouvant dans le quartier est d’Oxford. Et lorsqu’elle n’était pas en train de travailler, elle sortait avec sa meilleure amie Liloo que ce soit à Oxford ou à Londres. Elle adorait ce qu’était devenue sa vie bien que sa sœur, la prunelle de ses yeux, lui manque terriblement. Tous les jours elle poursuit un peu plus ses recherches mais elle ne trouve rien. Alors elle se conforte en aidant les autres, en leur parlant, en les conseillant. Aujourd’hui elle recevait Alexander Norrington, un des patients qu’elle apprécie le plus. Parce que oui, elle apprécie ses patients. Ils avaient déjà fait beaucoup de progrès en semble et elle voulait totalement le guérir, l’aider à calmer ses colères.

Elle relit vite faits ses notes avant l’heure de rendez-vous et enfin, on frappe à la porte. Elle se lève, plisse sa jupe et va ouvrir à son patient. Ils se serrent la main et enfin, il entre. Il s’installe sur le sofa de la psychologue affichant un air mélangeant l’inquiétude et autre chose que Sasha ne peut deviner. Les yeux sur son carnet, elle lui demande comme ça s’est passé depuis la dernière fois. Celui-ci répond qu’il va bien mais qu’il a revu Leigh. Sasha avait déjà entendu parler de cette femme, Lex en parlait souvent lors des séances. Elle lève les yeux vers son patient et remarque que sa joue est bleutée et bien amochée. Elle se lève aussitôt et s’approche de lui, le regard inquiet.

« Mon dieu comment vous êtes-vous fait ça ? Voulez-vous de la glace ? »

Mais sans attendre de réponse, la russe se dirige vers son mini frigo et en sors des glaçons. Elle en place une dizaine dans un chiffon qu’elle noue avec un élastique à cheveux et l’apporte à Alexander afin qu’il place ceci sur sa joue. Elle se rassoit en face de lui et reprend :

« Gardez cette glace sur votre joue, ça décongestionner les vaisseaux. Alors vous avez revu Leigh…. Et comment cela s’est passé ? »

Stylo et carnet en main, elle attend les explications de son patient. Elle était inquiète pour lui vu l’état de sa joue et de son visage, il devait certainement avoir fait la fête hier. Plus que n’importe quel jour, elle voulait l’aider aujourd’hui. Véritablement l’aider.

HRP:

 

Lorsqu’elle vit entrer son patient, elle a su que quelque chose n’allait pas, elle a su qu’il s’était passé quelque dans sa vie. Sasha a toujours eu ce don de lire les gens. Elle sait les déchiffrer et reconnaitre quand quelque chose ne va pas. C’est d’ailleurs ce qui fait d’elle une excellente psychologue avec une renommée nationale, voir internationale. Et quand elle a ouvert sa porte, elle a vu son patient, Alexander, et elle a su que cette séance risquait d’être longue. Mais elle ne voulait pas directement l’attaquer, elle voulait lui laisser le temps de se mettre à l’aise et les mots viendraient d’eux-mêmes, telle était sa façon de procéder. La russe ne forçait jamais ses patients à tout lui avouer de suite. Ça se faisait toujours de manière progressive, au fil de la conversation, au fil des boissons chaudes. Elle savait toujours trouver les mots justes pour réussir à faire parler ses patients et bien souvent ils se confiaient sans réellement s’en rendre compte. Ils parlaient parce qu’ils se sentaient bien, en confiance face à cette psychologue qui change de l’ordinaire. Elle avait souvent récupéré des patients de certains de ses confrères, patients décrits comme « irrécupérables ». Et elle les avait récupérer et soigné. Personne n’est irrécupérable.

Sasha remarque que son patient a un problème lorsqu’elle voit ce bleu autour de son œil. Et il a visiblement une gueule de bois sévère. Sasha agit aussitôt et lui prépara un chiffon avec des glaçons afin de décongestionner les vaisseaux gonflés. Lex prit les glaçons et les appliqua sur sa plaie, en soufflant légèrement de soulagement. Sasha lui sourit doucement avant de se rassoir en face de lui. Elle lui demanda des nouvelles depuis la dernière séance et elle releva aussitôt les yeux vers lui lorsque le prénom « Leigh » sortit de sa bouche. Vu les séances précédentes, ça ne prévoit rien de bon tout ça. Sasha lui demanda des explications sur Leigh et son patient lui raconta tout. Elle nota rapidement quelques notes sans le quitter des yeux. Un autre de ses deux : elle pouvait écrire sans regarder sa feuille. C’est un automatisme, sa main savait quoi faire. La psychologue est frappée par tant de haine déformant les traits d’Alexander. Elle en reste choquée sur son fauteuil. Comment peut-on à ce point haïr une personne ?

« Vous savez Alexander, la haine n’est pas un sentiment sain qui peut vous aider à progresser. Et la vengeance n’apporte jamais rien de bon dans une relation. »

Elle parlait d’une voix douce, essayant de le raisonner, de calmer cette colère qui brûle en lui. Elle essayait de le sonder de son regard puis elle reprit :

« Le meilleur moyen d’évacuer un problème et d’en parler. Dites-moi tout ce que vous avez sur le cœur, faites les 100 pas dans cette pièce si vous le voulez, mettez-vous à l’aise. »

La psychologue était déterminée à l’aider, à évacuer cette colère. Il fallait plus que tout qu’il se détende, qu’il extériorise afin de pouvoir se recentrer et voir cette situation sous un autre angle. Sasha se rassit au fond de son fauteuil, attendant que son patient commence son récit.

« Dites-moi tout ce qui vous passe par la tête, ne réfléchissez pas et laissez les mots venir. Une fois calmé, nous verrons comment régler ce problème. »


 

Souvent, pour ses patients, l’amour était un facteur de dépression dégénérée, mal-être, violence. Sasha ne compte plus les patients qui lui ont parlé de leurs amours dès qu’elle leur laissait le choix. La première chose qui leur passe par la tête est toujours l’amour. Premier amour ou bien dernier. Amour heureux ou amour malheureux. L’Amour est au centre de toutes les vies et Lex, un de ses plus anciens patients, ne faisait pas exception à cette espèce de règle. Le jeune homme avait souvent parlé de son premier amour, Leigh à sa psychologue. Il lui en avait tellement parlé que maintenant, elle avait l’impression de la connaitre elle aussi. Elle pourrait en faire un portrait de cette jeune femme. Dès que la russe a ouvert sa porte au jeune homme, elle a su qu’il s’était passé quelque chose. Et que ce quelque chose était en rapport avec le premier amour de son patient. Jamais elle ne l’avait vu arriver dans cet état, avec l’œil au beurre noir et la fatigue et l’alcool se lisant sur son visage. Soirée difficile. Lendemain encore plus difficile. Lorsqu’il confirma les doutes de Sasha, celle-ci le vit se raidir. Cette séance n’allait pas être des plus faciles et elle ne savait pas vraiment de quel côté aborder le sujet.

Alexander se raidit dès que la psychologue le pousse à parler. A parler tout simplement. Elle voit sa main serrer le paquet de glace qu’elle lui a donné afin de calmer son œil. La blonde invite le jeune homme à faire les cents et celui-ci ne se fait pas prier. Elle l’observe se lever et marcher tel un lion en cage. Il faut qu’il parle, il faut qu’il vide son sac. Elle continue de l’observer alors qu’il parle. Elle prend quelques notes mais presque rien, se contentant d’observer ses faits et gestes. Sa voix est comme du venin mais Sasha lit quelque chose en plus dans l’attitude du jeune homme. Tout n’est pas que haine. Tout n’est pas que venin.

« Je sais qu’elle vous à fait souffrir comme personne mais ne pensez-vous pas qu’il est préférable de remettre les choses à plat ? De repartir tout simplement à zéro ? »

La voix de la russe est hésitante, elle ne veut pas le brusquer, elle ne veut pas qu’il s’énerve encore plus. Qu’il marche, cela servira à lui faire extérioriser sa colère. Puis une révélation. Jamais encore elle ne l’avait entendu de sa bouche. Elle laisse son stylo tomber sur son bureau. Il l’a dit. Il l’aime. Elle le savait au fond. Sa voix était faible et Lex fixait sa psychologue comme pour se rattacher à quelque chose, comme pour se rattacher à la réalité.

« Vous l’aimez. Vous pensez que cela est mal ? Vous avez peur ? »

Voyant l’hésitation dans la voix de son patient, Sasha se lève et se dirige vers lui. Elle tente de le rassurer. Elle veut le rassurer.

« Vous savez, l’Amour est la plus belle chose au monde. Ce sentiment fait vriller des millions de gens tous les jours. N’ayez pas peur. »

Elle lui sourit doucement. Elle a toujours eu ce besoin d’être douce avec les autres, de les aider, de les accompagner.

 

Sasha regarde Lex marchait devant elle tel un lion en cage. Mais elle sait que c’est un moyen sur pour qu’il se canalise et qu’il parle calmement. Jamais la psychiatre ne l’avait vu ainsi. Le visage tuméfié, plusieurs bleus un peu partout, un œil au cocard et du sang, lui appartenant ou pas, Sasha ne voulait pas le savoir en fait. Ses doigts se resserrer de plus en plus sur le sac de glaçon et Sasha avait peur qu’il explose. Elle ne sait pas encore comme bien contrôler et calmer Lex. Ce patient est l’un des plus énigmatiques qu’elle connaisse. Et elle savait qu’il avait des peurs enfouies au plus profond de lui et c’était le rôle de la russe de découvrir ses peurs, ses souffrances et de l’aider. Mais pour l’instant, la mission première et de l’apaiser, le calmer et le ramener à un état paisible. Il est une véritable bombe à retardement. Mais il ne fait pas peur à la blonde, elle a déjà vu pire. Ils commencent à parler et Sasha essaie de trouver les mots justes. Il parle rapidement, ses idées sont désordonnées, il ne réfléchit pas, il dit juste ce qui lui passe par la tête. Sasha l’écoute, essaye de le raisonner. Sasha lui propose de tout reprendre à zéro avec Leigh, l’origine de tout ceci.

« Je sais déjà tout ça Lex mais… vous savez, vous pouvez pardonner aussi. Nous faisons tous des erreurs, même elle, même moi, même vous. Si vous l’aimez, apprenez à la pardonner »

Elle le regarde doucement et se lèvre pour aller vers lui lorsqu’elle voit les larmes rouler sur ses joues. Elle pose une main sur son épaule, protectrice et voulant le consoler, lui montrer qu’elle est là pour lui. Il essuie maladroitement les gouttes d’eau salée et la russe a l’impression d’avoir un enfant en face d’elle. Il a l’air tellement désemparé, perdu et elle affiche une moue triste. Il lui fait de la peine. Il mérite mieux que ça, elle le sait. Elle tend le bras pour prendre un mouchoir sur son bureau et le lui donne. Puis sa voix me transperce le cœur et je me retrouve démunie. Il est blessé. Ça s’entend. Et il se sent vulnérable.

« Tout simplement parce qu’il faut connaitre la tristesse pour connaitre le bonheur. Nous n’y pouvons rien, c’est ainsi »

J’essaye de le rassurer comme je peux mais je ne sais pas si j’y arrive réellement. Je l’entraine vers mon sofa ou nous nous asseyons.

« Voulez-vous du thé ? Du café ? Une boisson chaude pourrait vous détendre. »

Elle lui sourit doucement et attend sa réponse. Cette séance risque d’être éprouvante.

 

Sasha aimait bien Lex. Elle le trouvait intelligent, intéressant et elle croyait en lui. Enfin, elle croyait en sa guérison. Il est particulièrement violent et parfois, ces excès de colère finissent mal. La preuve encore sur son visage tuméfié. Mais elle s’en fout de ça, elle sait qu’il ne lui fera rien. Il venait depuis plusieurs mois voir Sasha mais aujourd’hui, c’est la première fois qu’elle le voyait dans un état pareil. Elle pensait qu’il allait exploser ou tout casser. Alors elle tente de le calmer tant bien que mal. Elle le fait marcher, il marche. Bien. Elle lui parle, elle tente de le rassurer mais lorsqu’il lui dit qu’il est responsable de la mort de sa mère, le cœur de la russe se serre, se compresse. Comment peut-il penser ça ?

« Ce n’est pas de votre faute Lex, il faut que vous compreniez ça. Rien n’est de votre faute »

Le voir briser et perdu comme ça la rend triste. Cet homme est un homme brisé, brisé par la vie, brisé par les femmes. Et elle, malgré toute sa bonne volonté, elle n’arrive pas à lui faire entendre raison. Sa mère n’est pas morte par sa faute. Et ça, il faut qu’il le comprenne pour pouvoir réellement entamer le processus de guérison. Alors qu’il pleure, Sasha voit en face d’elle en petit garçon. Un petit garçon qui a perdu sa mère bien trop vite, un petit garçon qui ne s’est jamais remis de sa première peine de cœur, un petit garçon brisé. Elle avait réussi à percer sa carapace, il lui avait avoué ses plus noirs démons pour la première fois. Jamais il n’avait pleuré. La psychiatre était fière de lui, il avait déjà fait un grand pas. Sasha va vers lui et tente de le rassurer encore une. Il lui dit que c’est rageant de ne rien pouvoir faire et elle rit doucement.

« C’est rageant et c’est ce qu’on appelle la vie. Faites-moi confiance, vous aurez le droit au bonheur vous aussi. »

Et c’était vrai. Lest est un homme brillant, charismatique, gentil, elle est certaine qu’il sera heureux un jour. C’est certain, il le mérite tellement. Si seulement il se voyait comme la jeune femme le voit. Sasha lui propose alors une boisson chaude et il lui lance un sourire, en répondant qu’il veut bien un thé. Elle se lève donc, allume la bouilloire, sort deux tasses de son buffet, met un sachet de thé dans chaque et une fois l’eau chaude, elle la verse dans les tasses. Elle les amène avec précaution jusque qu’à la table basse près du divan et en pose une devant Lex.

« Expliquez-moi Lex, si je me souviens bien, votre mère est décédée à cause du cancer non ? Alors vous dites que c’est de votre faute ? »

Tout en lui posant la question, elle remue son thé à l’aide d’une cuillère et une fois qu’il est bien infusé, elle sort le sachet et le pose sur la table. Elle essuiera plus tard. Elle regard Lex, attendant qu’il réponde.


 

C’est assez rare que l’un de mes patients craque dans mon bureau lors d’une séance. Je veux dire, la plupart du temps ils ont trop de fierté ou plus assez de force pour pleurer. Et le pire en ce moment, c’est que ce soit Lex qui pleure. Il était un de mes patients depuis un bon bout de temps maintenant et jamais je ne l’avais vu pleurer ainsi. Il était arrivé au bout de ce qu’il pouvait supporter. Et ça me faisait mal de le voir comme ça, lui qui est tout en carrure et en prestance, pleurer. Je veux dire, je sais bien qu’il n’est qu’un homme et qu’il a des émotions, qu’il n’est pas fait de pierre, mais cela reste difficile à voir. Il n’a jamais défailli. Il n’a jamais faibli ainsi. Ces larmes me prouvent alors que Leigh est un membre majeur de sa vie et que je dois m’attarder sur ce problème. Elle est au centre de tout. Je le rassure, lui disant qu’il a le droit lui aussi au bonheur et qu’un jour, il sera heureux. Il me dit qu’il est fatigué et je ne sais pas quoi dire. Je me contente de lui tapoter l’épaule avant de me lever pour préparer le thé. Le thé est la solution à tout. Je reviens vers lui et je dépose sa tasse devant lui. Il me remercie et nous buvons la boisson chaude en silence. Je lui demande ensuite pourquoi est-ce qu’il pense être la cause du décès de sa mère et encore une fois, Leigh revient au centre de la conversation.

« Il faut que vous arrêtiez de croire que c’est de votre faute, Lex. Ce n’est pas parce que vous étiez amoureux que votre vite s’est effondrée. C’est un enchainement de hasards. »

Et c’est vrai, toute la vie n’est qu’un enchainement de hasards. Il n’y peut rien, il n’est pas responsable de la mort de sa mère. Comment un homme peut-il dont bien croire ça sérieusement ? A t-il si peu d’estime de lui-même ? Je termine mon thé et je poursuis. Il ne reste plus beaucoup de temps avant la fin de séance :

« Dites-moi Alexander, ne serait-il pas mieux que vous ayez une vraie conversation avec Leigh ? Sans cris, sans insultes ou quoique ce soit ? Avec ce que vous me dites, j’ai l’impression qu’elle est au centre de tout. Il faut que vous parliez avec elle. »

Ma voix est douce, je ne veux surtout pas le brusquer. Mais il faut qu’il parle avec cette femme afin de partir sur de bonnes bases.



 

La séance avec Lex arrive à sa fin, je le sens sans même avoir regardé mon horloge trônant au milieu d’un mur. Je sens mon patient fatigué, à bout de nerf, à bout tout simplement. Il a l’air fatigué, éreinté et je sais alors que parler de son ex est délicat pour lui. Elle est au centre de ses problèmes et pour le soigner, il faut donc qu’il règle les histoires qu’il a avec cette jeune femme. Rien n’ira du moment que ça n’ira pas avec elle. Elle est au centre de tout. Je m’en doutais déjà avant mais là, cette séance m’a permis de mieux le cerner et de mieux la cerner, elle. Je tente alors de le calmer avec une tasse de thé parce que comme le dit le cliché sur les anglais, rien de mieux qu’une tasse de thé. Ici, le thé est capable de tout arranger. En Russie, c’est la vodka. Je me suis beaucoup intéressée aux clichés et stéréotypes durant mes études et de ce fait, lors de mes voyages, j’ai constaté que bien que quelques-uns soient vrais, grande majorité sont faux. Les français ne vive pas avec une baguette à la main, par exemple. Bref. Alexander boit tranquillement sa tasse de thé tout en continuant de parler. Cette séance lui a fait du bien, j’en suis certain. Et je sais aussi quel sujet je vais aborder lors de la prochaine. Je le laisse dans le calme, ne parlant plus, le laissant réfléchir. Je bois moi aussi ma tasse de thé et il reprend la parole, brisant le silence qui nous berçait tous les deux. Il me dit qu’elle n’est plus à Oxford et qu’il ne la retrouvera plus. Perplexe, je lui demande :

« Elle n’est plus à Oxford ? Elle est partie ? »

Puis je continue, d’une voix plus ferme :

« Il faut que vous la retrouviez, que vous repreniez contact avec elle. C’est le seul moyen que je vois afin de calmer cette colère en vous »

Je repose ma tasse vide dans la soucoupe en porcelaine et je reprends :

« Alexander, retrouvez-la. Il le faut. Pour vous, pour elle, pour votre mère. Elle est la clé de tout »

Je pense chacun des mots que je lui dis. S’il ne la retrouve pas, jamais il ne pourra calmer la colère qui brule en lui. Puis je me lève et j’attende qu’il fasse de même. Et je conclus cette séance des plus houleuses :

« Je suppose que je vous remets un rendez-vous. Mais je vous propose que nous attendions un peu afin que vous puissiez rélféchir à tout ça. Dans deux mois, ça me semble correct. Je vous recontacterai pour le jour et l’heure. »

Je lui souris et je lui tends une main professionnelle :

« Reposez-vous Lex, soignez ce visage et surtout, évitez les bagarres. Ça ne fait qu’augmenter la colère qui est en vous. »

Je lui sers la main, lui dis au revoir et lorsque la porte se ferme, je m’installe dans mon fauteuil en soupirant. Quelle séance ! Je note quelques observations dans son dossier puis environ quelques minutes après, on toque de nouveau à la porte. Un autre patient. Une autre séance.