mon bateau c'est le plus beau (anackiel)

mon bateau c'est le plus beau
Anastasia & Ezeckiel
Elle souriait, alors qu'elle promenait Ghost. L'après midi venait tout juste de commencer,mais elle avait déjà terminé ses dossiers, et avait rendu ses conclusions sur les financements des clubs et associations de l'Université. Une coupe dans le budget qui était nécessaire au vue du manque de résultat de la plupart de ces clubs. Une manière de se faire bien voir pour la majorité des élèves - surtout les boursiers - mais qui s'étaient résolus à ne plus rien faire une fois qu'ils auraient réussi à intégrer ces groupes si sélectifs. Anastasia avait pu compter sur la présence de Rae Fitzpatrick pour l'aider à faire le tri dans les boursiers qui devaient perdre leur aide si précieuse. Quatre étudiants avaient perdu une partie de leur bourse. Trois clubs avaient vu leur aide financière coupée de moitié. Et d'autres avaient dû dire Adieu à quelques évènements futiles aux yeux de la jeune femme. Dure, sans doute, le verdict de la Gorgone était sans appel, et tout le monde le savait.
Ravie d'en avoir terminé avec cela, la jeune femme s'octroyait une après midi à ne rien faire. Ou pas tout à fait. Le hasard jouait avec elle. Jeudi après midi, Ezeckiel n'avait pas de cours, et elle le savait pertinemment. Alors, en sortant de son bureau, elle sortie son téléphone pour envoyer un message à son ... petit ami ? Flirt ? Amant ? (non puisqu'ils ne couchaient plus ensemble) Elle ne savait pas comment l'appeler, mais le fait était là : ils avaient eut un premier rendez-vous très prometteur, et la jeune femme en voulait plus. S'ils s'étaient croisés depuis, ils n'avaient pas eu l'occasion de passer un petit moment ensemble. Une semaine était passée, elle voulait un second moment à ses côtés.

En toute réponse, le bellâtre lui avait demandé de se rendre vers les hangars pour quatre heures de l'après midi. La jeune femme avait accepté, et avait décidé de rentrer chez elle pour déjeuner, et se changer. Elle avait maintenant un jean assez large avec les genoux déchirés, des boots, et un t-shirt large rouge. Une petite veste en jean par dessus, et elle prit Ghost pour l'amener se promener en attendant qu'Ezeckiel n'arrive.
Ils prirent le chemin où ils se promenaient parfois. Depuis le matin où elle avait croisé son amant sur le même lieu. Une rencontre assez étonnante qui avait vu le départ de quelque chose. Une histoire qu'elle n'acceptait pas encore tout à fait. Une histoire qui la chamboulait plus qu'elle ne voulait bien le montrer. Elle marchait, lâchant le chien qui courait entre les arbres, poursuivant quelques écureuils qui restaient éveillé malgré l'hiver déjà bien installé. Il restait quelques traces de neige, mais bien moins que les années précédentes. Ce qui chagrinait la jeune femme. Elle adorait la neige, elle adorait le ski, et cela lui manquait assez.

Pour l'heure elle arriva aux hangars, sous le soleil timide mais tout de même chaleureux de Janvier. Ghost vint vers elle en aboyant, heureux de pouvoir se dégourdir les jambes. Et mordit les doigts de sa maitresse comme pour avoir son attention. « Qu'y a-t-il Ghost ? » Demanda-t-elle en suivant le chien. Ce dernier la fit tourner sur elle même pour la mettre face à ... Ezeckiel, qui arrivait. Alors, elle sourit, et caressa le chien, lui remettant sa laisse pour qu'il ne saute pas sur le musicien, sachant combien ce dernier détestait cela. Elle resta là, attendant qu'il n'arrive. « Bonjour Bel Apollon. Comment vas-tu ? »  demanda-t-elle en venant déposer un baiser sur sa joue. « Alors ? Que me proposes-tu de faire aujourd'hui ? »

mon bateau c'est le plus beau
Anastasia & Ezeckiel
« Bonjour belle inconnue ! » Elle sourit, ravie de retrouver Ezeckiel. Elle se sentait bien quand il était là. Etrangement depuis qu'elle avait décidé de le laisser la séduire elle se sentait comme apaisée. Elle ne se posait plus la moindre question, se laissant guider par le bellâtre. Elle sentait qu'elle serait surprise avec lui, qu'il allait lui faire découvrir de nouvelles sensations, des émotions qu'elle pensait perdue à jamais avec le départ de Néo. Elle avait l'impression de se réveiller d'un long sommeil, plus souriante et émerveillée par le monde que jamais. Elle regardait tout ce qui l'entourait avec un regard nouveau. Le plaisir figeait son regard, et elle semblait constamment rayonné d'une exaltation incroyable. Et lorsque Ezeckiel arriva devant elle son sourire ne fit que s'agrandir d'autant plus.
Elle l'accueillit avec un sourire rayonnant, l'appelant son apollon. Taquine, joueuse, elle se retrouvait, la jeune femme qu'elle était quand elle était encore adolescente. Une jeune femme capable de tomber amoureuse, capable de donner sa confiance à un homme. Une jeune femme qui avait encore des rêves, et qui osait vivre. Elle ne pensait pas un jour ressentir cela à nouveau, et pourtant au contact d'Ezeckiel elle était en train de se transformer. Elle ne savait pas si c'était fait pour durer, mais elle comptait bien en profiter. « Je vais bien et toi ? » Elle lui offrit un sourire si rayonnant que la réponse semblait plus qu'évidence. « Je suis très en forme ! » Dit-elle alors que Ghost essayait d'avoir un peu d'attention de la part du bellâtre. Une caresse, un regard, n'importe quoi. Rarement Anastasia avait vu le chien si amoureux si elle pouvait le dire ainsi.

Passons, curieuse et excitée la jeune femme demanda finalement ce qu'ils venaient faire dans le coin. Il se tourna pour désigner un voilier de taille moyenne qui était amarré. Il n'a pas osé ? Elle le regardait avec de grands yeux ronds. « Du bateau ? Mon grand père avait un voilier, il m'a tout appris. Allez viens... » Ravie d'apprendre la nouvelle la jeune femme sourit, et observa le navire. Ghost aboya, alors qu'ils s'avançaient vers la planche qui les mena sur le pont. Elle n'avait jamais fait de bateau. Sa mère n'avait pas l'argent pour, et de toute façon elle ne vivait pas près de la mer. Elle avait fait de l'aviron durant ses années d'études à Oxford, une fois, pour rire avec quelques amis. Mais rien de plus. « Tu sais conduire un voilier ? C'est la grande classe mon cher »  Dit-elle en moquant le côté très aristocratique de la chose. Après tout, avoir un bateau n'était pas donné à tout le monde.
Ils montèrent sur le pont. En bois, il y avait des bancs tout le long du bateau, une cabine centrale, avec le gouvernail immense à l'arrière pour diriger le bâtiment. Les deux voiles étaient lâchées pour le moment. Mais elle était curieuse, désireuse d'en apprendre plus, d'apprendre à naviguer sur un voilier.« Installe toi... J'arrive tout de suite. » Elle acquiesça et prit place à l'avant du bateau. Elle avait une vue sur toute la rivière, et sourit. Il faisait un peu frais, mais fort heureusement le soleil brillait au-dessus de leurs têtes. Ghost jappait gentiment en faisant le tour du pont. Se frottant de temps en temps aux jambes d'Ezeckiel. Ce dernier disparu un instant avant de revenir vers elle en tenant quelque chose dans sa main. Elle mit quelques secondes à comprendre qu'il s'agissait d'un dessin. « Je voulais te donner ça. Je l'ai fait... Hier soir. » Intriguée elle le prit et l'ouvrit.
Elle sentit l'émotion la saisir. C'était un portrait de Lily et elle. Une photographie qu'elle avait mis sur Instagram quelque semaines auparavant. Le regard de Lily était rieur, lumineux, alors que le sien était bienveillant et presque inquiet. Il avait su saisir quelque chose de lumineux, de si vrai qu'elle se sentit défaillir. Emue, la jeune femme retint un sanglot alors que ses yeux devenaient humides. Elle inspira profondément et détourna le regard, prenant un mouchoir de sa poche pour essayer ses yeux. « Le vent me fait toujours se genre de réaction. Ton dessin est ... magnifique. Merci. » Dit-elle en tournant vers lui un regard plein de reconnaissance.
Finalement son attention fut occupé par Ghost qui s'amusait à se baisser vers l'eau pour découvrir la joie des poissons volants. « C'est grave si il saute ? » Elle rit et secoua la tête. « C'est un chien loup, il sait nager. Et il pourrait bien nous ramener un poisson ou deux... » Dit-elle en haussant les épaules.

Finalement elle rangea le dessin, et se leva, tapant dans ses mains d'une manière décidée. « Tu m'apprends à naviguer ? Aller... S'il te plait ! » Demanda-t-elle, suppliante, comme une gamine. « Et dis m'en plus sur ton grand père. Vous étiez proches ? Tu as souvent navigué ? »

mon bateau c'est le plus beau
Anastasia & Ezeckiel
Elle vacille entre l'émotion et l'amusement. A la fois touchée par le dessin d'Ezeckiel, elle s'amuse de le voir faire. Il est comme un gamin le matin de Noël, qui s'amuse avec son nouveau jouet. Le regard lumineux, et un sourire malicieux sur les lèvres. Il est terriblement beau à cet instant précis, et elle le trouve incroyablement attirant. Fort heureusement, le jappement joyeux de Ghost la sort de ses pensés, et ils se tournent vers le chien qui s'extasie devant les poissons volants. « Je doute qu'on puisse les faire griller ici mais bon, ce serait toujours ça pour le dîner ce soir ! » Elle se met à sourire, alors que le chien semble se rendre compte qu'on parle de lui. Il se tourne vers le couple avant de finalement partir de l'autre côté du pont, pour espérait y avoir plus de chance. Elle regarde faire l'animal avec un sourire ravi sur le visage. Il est complètement fou, ce chien, mais c'est pour cela qu'elle l'aime. Cela dit, il faudrait mieux - en effet - éviter de faire griller un poisson sur le pont en bois d'un bâteau.

Finalement, elle change de sujet, et vient demander à Ezeckiel de lui apprendre à naviguer, curieuse, et toujours ... tentée par le fait de s'ouvrir. D'être elle-même quand elle est avec lui. Et avec un sourire il y consent, lui présentant sa main pour la guider vers le mât, et un cordage encore non tendu. « Viens par là... » Elle sourit, et se laisse guider. Rapidement, elle se retrouve entre les deux bras d'Ezeckiel qui l'aide à tenir un cordage et à le serrer. « Tu vois, tu dois prendre la corde ainsi... » Elle retient sa respiration, alors qu'elle sent son corps contre le sien. Elle essaie de se concentrer sur ses mains, mais elle a du mal à se tenir là et à rester de marbre. Il est si proche de lui, et si séduisant qu'elle est en train de perdre pied. « Et bien serrer afin qu'il ne bouge pas. » Elle le voit faire un noeud de marin, et tente de se concentrer pour se souvenir de ses moindres gestes. Il se recule un peu - pour son bien être mental - et lui montre la voile. « Le vent vient de l'Ouest, tu vois les voiles doivent être face au vent pour avancer. En serrant les cordages afin qu'elles ne bougent pas, tu permet au voilier de tenir un cap constant. » Elle acquiesce, en bonne élève qu'elle est. Et il détache la corde pour lui permettre de le refaire toute seule. Elle en profite pour lui poser des questions sur son grand père. Il s'écarte et va s'asseoir un peu plus loin pour lui répondre. Elle l'écoute attentivement alors qu'elle sert la corde, tendant la voile pour qu'elle glisse face au vent. Elle finit par venir coincer la corde, l'attachant comme il l'avait fait auparavant.
« J'étais proche de lui en effet. Il m'emmenait souvent faire du voilier, découvrir le coin en faisant des randonnées. Il aimait m'écouter jouer. C'était sans doute le seul qui aimait ça avec ma sœur d'ailleurs. » Elle vint marcher près de lui, et lui sourit, les cheveux sous le vent alors que le bateau va un peu plus vite, glissant sur l'eau sans aucun effort. L'air est frais, mais la lueur du soleil réchauffe la jeune femme. Elle adore cela. Elle adore cette sensation. Elle adore en apprendre plus sur Ezeckiel. Chaque fois un peu plus. C'est un véritable bonheur que de discuter avec lui. De découvrir l'homme qu'il est. Et cet homme, elle l'apprécie de plus en plus. « Lorsque mes parents m'ont jetés dehors, c'est mes grands parents qui m'ont ouvert la porte. » C'est étrange comme leur histoire sont semblables. Elle est un peu choquée de s'en rendre compte, et vient s'assoir sur le rebord du bateau, face à lui. Elle comprend, elle sait ce que cela fait.
Finalement, il la regarde et lui lance un petit sourire. Ils sont bien là, tous les deux. Ils ne se prennent pas la tête profitant simplement du fait d'être ensemble. Profitant de cette intimité qui n'a rien de ... dérangeante. Bien au contraire. Ils profitent sans se poser de questions. Sans pression. Juste, ils profitent. « Et toi, parle moi de toi encore un peu... » Elle sourit. Et baisse la tête. « Je ... suis assez proche de mes grands parents aussi. Quand tout cela est arrivé avec Néo, ce sont les seuls membres de ma famille qui ne m'ont pas tourné le dos. Avec Andrea, mon frère. Mais Andrea a toujours eut sa vie à faire et mes problèmes... ne le concernaient pas. » Dit-elle en inspirant profondément. Nouveau jappement de Ghost, qui va encore de l'autre côté du bateau. Elle inspire profondément. « Ce sont les seuls à accepter de voir Lily. Je les adore. Ma grand mère est... une femme incroyablement cultivée et curieuse. Elle m'a tout appris sur ... Le monde, l'amour, l'amitié, l'humanisme... Elle m'a apprit à être fière de celle que j'étais malgré mes erreurs. A toujours regarder vers l'avant... Mais parfois, c'est plus facile à dire qu'à faire. »  Dit-elle, se laissant aller à ses souvenirs. Elle savait que ses grands parents étaient âgés à présent. Elle avait la chance de les avoir encore mais elle ne savait pas pour combien de temps. Lily les avait connu, c'était une chance et elle en était ravie.
Elle se tourne finalement vers Ezeckiel avec un grand sourire. « C'est fou comme... On peut se ressembler sur pas mal de chose. Je... Enfin. C'est assez incroyable. »  Dit-elle, gênée soudainement. Elle décida que ce n'était pas si grave. Qu'elle pouvait continuer dans la gêne après tout. « Lily... Lily demande à te revoir. Je crois que tu lui as tapé dans l'oeil. » Dit-elle avec un sourire malicieux. « En tout cas cette sortie est... une excellente idée. Je n'ai jamais eut l'occasion de faire du voilier. De l'aviron, oui, quand j'étais à Oxford. Mais du voilier jamais. C'est... Classe ! »

mon bateau c'est le plus beau
Anastasia & Ezeckiel
« Tu... L'aimes beaucoup. Ca se voit. » Elle sourit, et rougit un petit peu. Elle parlait rarement de sa grand-mère. Mais elle comptait énormément pour elle. C'était une sorte de seconde mère pour elle, et peut être même plus que cela. Autant sa mère et sa grand mère ne s'entendaient pas vraiment, ne partageant pas grand chose, autant la vieille femme s'entendait très bien avec Anastasia. Depuis la naissance de la jeune femme elle s'en occupait, lui faisait découvrir tout ce qu'elle pouvait. Elle avait dû commencer à travailler très tôt, laissant de côté ses études. Mais cela ne l'avait pas empêché de lire énormément, d'apprendre toujours, et de continuer à s'instruire. Sa soif de savoir, et d'apprendre n'avait pas de limite. Et c'est une chose qu'Anastasia trouvait fantastique. Quand elle était petite, sa grand mère lui lisait des histoires, des grands classiques. Et elle lui parlait de tout, même de chose d'adulte. Elles regardaient les informations, et elles parlaient politiques et philosophie. Au niveau de la fillette mais tout de même. Dire qu'elle l'aimait beaucoup était un euphémisme. Plus tard, Anastasia rêverait de ressemblait un tant soit peu à sa grand mère.
Elle continua cependant à parler, se dévoilant un peu plus, en avouant qu'elle trouvait de plus en plus de points communs entre elle et Ezeckiel. Une chose qu'elle trouvait assez remarquable, et même un petit étrange parfois. Elle avait dû mal à s'y faire, imaginer qu'ils puissent se ressembler autant. Et elle n'arrivait pas à dire si ca lui plaisait ou pas. « Et j'imagine qu'on va encore découvrir des choses... Sur nous je veux dire. Des points communs qui me feront passer au rang d'ami et plus d'amant. Quel dommage. » Elle se mit à rire face à son ton et son regard moqueur envers lui-même. Elle pourrait tomber amoureuse d'un ami dont elle serait si proche que cela. Un ami avec lequel elle aurait autant de points communs. « Je pourrais te parler de mes nombreuses conquêtes si on devenait amis ! » Dit-elle sur un ton un peu plus moqueur, le testant. Désireuse de voir sa réaction. Elle riait, cela dit, car en réalité elle ne regarderait personne d'autre après lui avoir promis qu'elle lui serait fidèle.

Elle parla ensuite de Lily, lui disant que la jeune fille désirait le revoir. Et c'était vrai. Lily ne tarissait pas d'éloges au sujet du musicien, ce qui avait parfois tendance à agacer sa mère. Et a la faire rire. Lily était une grande fan d'Ezeckiel, savoir que sa mère sortait (plus ou moins) avec lui était une grande fierté pour elle. « J'aimerais la revoir aussi... Enfin toute les deux. Elle est adorable. La prochaine fois si tu veux, pour le troisième rendez-vous alors... On pourrait faire une randonnée ? Mon grand père m'a montré un coin sympa lorsque j'étais plus jeune J'ai déjà tout le matériel... Ça te plairait ? » Elle le regarda et réfléchit un instant. Elle avait l'habitude de se promener avec Lily, de faire du cheval, ou parfois des matchs de Tennis. Elles avaient déjà fait du camping avec Jack, et elles adoraient manger des chamallows grillés. C'était une superbe idée que de l'inclure dans un de leur rendez-vous. Parce qu'il était évident qu'elle ferait partie de leur vie de couple si un jour il y en avait une. Elle sourit alors. « Tu as carte blanche, profites-en. » Dit-elle, lui rappelant les termes de leur contrat.
Elle était assise à ses côtés à présent, et il se leva pendant leur conversation pour aller chercher son instrument. « Et tu as déjà fait de la guitare ? » Elle réfléchit mais aucun de ses souvenirs n'incluait une guitare. Un piano, oui, chez sa grand-mère, mais c'était tout. Elle n'avait pas l'oreille musicale, quant bien même elle avait le sens du rythme. Elle était incapable de dire quand une note était fausse. C'était terrible. Et autant dire que cela se sentait quand elle se mettait à chanter. « Je n'ai pas eut cette chance. » Répondit-elle avant qu'il ne lui tende l'instrument. Elle le prit contre elle, et attendit les instructions d'Ezeckiel qui lui montra comment se positionner. « Va-y... » Elle toucha les cordes mais un son pitoyable en sortie. « Je suis sur qu'avec un peu de travail tu pourrais gratter quelque chose de convenable... Mais à la rigueur tu serais mieux au piano. Tu as des mains de pianiste. » Il reprit l'instrument et elle le lui laissa avec plaisir. « Je jouais du piano. J'ai dû pas mal oublier depuis ... mais je savais jouer quelques morceaux quand j'étais ado. » Dit-elle, toute fière, comme si cela tenait d'un exploit.

Ghost était revenu vers eux et quémandait un peu d'attention. Anastasia inspira profondément l'air ambiant et sourit. Le ciel commençait à se couvrir et le temps était en train de tourné. Mais le froid était si prenant qu'il était peu probable qu'il se mette à pleuvoir. « Dis moi autre chose sur toi. Ce que tu veux... Profite en, on est loin d'Oxford, rien ne sortira de ce voilier. » Que lui dire de plus ? Elle y réfléchit un instant. « Euh... Il serait plus simple que tu demande je pense... » Dit-elle en souriant. Ne sachant que dire ou par quoi commencer. « Où pose moi des questions si tu veux savoir des choses. » Elle se tourna et réfléchit un instant. « Parle moi de ta soeur. Vous êtes proches tous les deux ? » Demanda-t-elle finalement, décidant qu'il était moins dangereux de parler de leurs familles que de leur possible passé amoureux.

mon bateau c'est le plus beau
Anastasia & Ezeckiel
« Fidélité ! Attention ! » Elle hausse un sourcil, souriant à cette remarque mi-amusée, mi-inquiète. Fidélité, oui. C'est une promesse, une clause qu'ils ont rapidement mis dans leur engagement, leur contrat. Elle n'est pas du genre à tromper un mec quand elle est dans une relation longue durée. Mais elle n'était pas plus du genre à s'engager dans une relation de longue durée. Il est arrivée là, dans sa vie, comme un putain de boulet de canon, et à présent elle était sur un bateau à profiter de l'air frais de Janvier. Comment en était-elle arrivée à cela ? Sans doute ne le saura-t-elle pas. La vie est une joueuse, sadique et moqueuse, qui s'amuse à la rendre folle. « Sauf si tu veux une belle crise de jalousie... Ne m'en parle pas. » Une crise de jalousie. Elle sourit, joueuse. Est-ce qu'il pourrait lui faire une crise de jalousie ? Pendant un instant elle se pose la question, est-ce qu'elle devrait le chercher un petit peu pour voir le résultat ? « Peut être que ca pourrait me plaire de te voir Jaloux. » Dit-elle en haussant les épaules, comme si cela l'amuserait, comme si c'était une possibilité, qu'elle allait y réfléchir.
Mais pour l'heure elle passa à autre chose. Il vint lui présenter sa guitariste pour l'inviter à en jouer. La musique, elle adore cela. Elle est une grande mélomane, mais sans doute n'est-elle pas très douée. Elle n'a pas d'oreille musicale, incapable de remarquer une note qui sonnerait fausse. Ou quelqu'un qui chanterait faux. Elle apprécie à peu près tout, et elle n'entend pas la cacophonie. Par contre Lily avait - sans aucun doute - un don pour la musique. Sans surtout elle était passionnée. Elle écoutait de la musique constamment, et déjà elle avait demandé à sa mère de lui offrir des cours : piano, guitare, violon... la seule chose qui empêchait Anastasia de s'exécutait c'était de savoir ... des cours de quoi ? Sans compter que Lily était déjà engagée dans des cours de danse, et avait les compétitions de gymnastique pour lesquelles elle était en internat (en partie). Une vie déjà bien remplie pour la fillette. « On travaillera ça alors... J'ai un piano chez moi. » Une invitation ? Elle acquiesça, acceptant de se retrouver avec lui, chez lui, pour jouer du piano. Avec ses longs doigts de pianiste. Tout à fait. Et dans quel genre de vie Anastasia se retrouvait-elle à aller chez un mec hyper canon pour jouer du piano ? C'était du n'importe quoi, et pourtant cette perspective lui plaisait. Elle voyait plus loin (déjà) que leurs trois rendez-vous.

Passant à autre chose, elle vient lui demander de lui parler plus de sa soeur. Ils parlent pour la première fois de leurs intimités, de leur vie privée et familiale. Elle y va à petit pas, refusant de discuter d'anciennes conquêtes ou d'anciens amours. C'était trop vibrant, trop présent, trop... intime. Mais la famille c'était un bon choix. C'était un bon sujet de conversation, décida-t-elle. « Oui j'étais proche d'elle. Énormément même. Elle m'a toujours soutenue dans mes choix de carrière et elle... Je l'ai protégée. Ma sœur est une perle, un joyau tombé d'un coffre qu'il faut protéger avec douceur. Elle est ce que j'ai de plus cher. Enfin ce que j'avais. L'an dernier elle est partie en séjour en France. Apparemment tout se passe bien, elle est heureuse c'est tout ce que je lui souhaite. J'espère seulement avoir un peu plus de ses nouvelles... Par le temps. » Elle l'écoute parler avec un petit sourire aux lèvres. Poète du dimanche, il en parle à la manière d'un grand chanteur lyrique. C'est amusant, mais touchant en même temps. Elle l'écoute, imaginant à quoi elle pourrait bien ressembler. Elle imaginait une jeune femme, peut être d'une vingtaine d'années, qui aurait le regard vibrant, et serait du genre globe-trotter. Est-ce qu'elle la rencontrera un jour ? Sans aucun doute. Si avec Ezeckiel les choses allaient plus loin. Elle était perdue dans ses propres pensées qu'elle il se tourna vers elle. Happée par son regard elle revint à la réalité. « Je n'avais qu'elle pendant des années. Disons que... Lorsque j'ai décidé de me ranger... J'ai perdu tout le monde. » Elle haussa la tête, ne demandant pas plus de précisions à ce sujet. Quand il s'est rangée ? Sentimentalement ? Ou professionnellement en venant vivre à Oxford et enseigner ? Elle ne veut pas savoir. Elle ne veut pas entendre qu'il était amoureux et a perdu la femme de sa vie sans rien pouvoir faire. Qu'il était une âme en peine, comme elle. C'était trop frais, trop fragile, trop nouveau entre eux. Peut être plus tard, quand elle n'aura pas la crainte d'être comparée ou d'être un lot de consolation.

« Et toi ? Tu m'as parlé d'un frère tout à l'heure. Andrea je crois... Vous êtes proches ? » Elle se redressa, et Ghost repartie courir après les poissons, tournant autour du bateau en jappant joyeusement. « J'ai entendu parler d'un Andrea... Professeur de droit. C'était lui ? » Elle acquiesça. « Ouais. Il a été professeur pendant un temps ici. Mais il est parti à Paris pour oublier l'homme de sa vie. Aux dernières nouvelles il a trouvé une place de professeur à la Sorbonne. Je pense qu'il est bien, mais il n'a pas le temps de me téléphoner plus souvent. Et de toute façon ça n'a jamais été vraiment... comme cela entre nous. » Expliqua-t-elle, se rappelant le dernier message qu'elle avait reçu d'Andrea. Elle s'étire un moment, prenant ses deux mains entre elle pour les lever au-dessus de sa tête, et tirer sur son dos, avec un gémissement d'appréhension. Elle se lève, sentant qu'elle a besoin de se tenir debout un petit peu. « Andrea est l'ainé. On a deux ans d'écart. On était assez proches adolescents, mais quand il a rencontré Aaron il s'est éloigné pour faire sa vie. Et je l'ai laissé faire... On a aussi une petite soeur, Sasha. Elle a vingt ans, et elle est assez... Prétentieuse, arrogante et fermée d'esprit. Elle s'est vite rapprochée de notre beau-père pour s'éloigner de nous. J'ai jamais été vraiment proche de ma soeur. Je le regrette assez aujourd'hui mais je ne vois pas comment les choses auraient pu être autrement. »  Dit-elle, révélant l'existence de Sasha pour la première fois. « Avant le mariage de ma mère ... on était ... Une famille unie. On a eut une enfance géniale, vraiment. Mais en grandissant on s'est tous éloigné les uns des autres. Et sans doute les choses resteront ainsi. Je me suis créée une nouvelle famille à Cambridge, et ici... Ca me convient ainsi. » Dit-elle alors qu'elle regarde dans le vide, prit dans des souvenirs enfuis en elle, un sourire mélancolique sur les lèvres.

mon bateau c'est le plus beau
Anastasia & Ezeckiel
Elle s'étonne à parler aussi ouvertement des membres de sa famille. Etant au courant de l'existence de Lily, Ezeckiel en sait plus sur elle à présent que n'importe qui sur ce campus. Sauf Seyrah, Eliakim et Jack. Sans doute parce que tous les trois font partis de son existence depuis son adolescence. Mais depuis, elle n'avait jamais osé se confier à qui que ce soit. Personne ne savait qu'elle était mère, que son ex petit ami était aussi son demi-frère par alliance, et qu'elle avait coupé les ponts avec sa mère et sa soeur. Elle n'avait pas d'amis à proprement parlé, et elle ne cherchait pas à s'en faire. Méfiante, elle ne donnait pas sa confiance facilement, et personne ne pouvait se targuer d'être proche de la terrible Fitzwilliam. Elle était une femme froide, aigrie de prime abord, et aux yeux de nombre de ses collègues et étudiant un espèce de mal baisée qui passait sa frustration sur quiconque se retrouvait sur son chemin. Une salope, elle était une putain de salope, et cela lui convenait. C'était sa manière de vivre, de ne plus risquer de souffrir à cause des autres.
Elle avait peu d'amis mais qui étaient si proches d'elle qu'elle les considérait comme sa famille. Ils lui étaient indispensables, mais elle n'avait besoin que d'eux pour être heureuse. Jusqu'alors elle était sûre qu'elle pouvait simplement vivre avec Lily, ses amis, et attendre qu'un jour Néo revienne pour être comblée. Mais Ezeckiel était arrivé dans sa vie pour tout remettre en question. Comment avait-il réussi à s'introduire dans sa vie de la sorte ? Elle ne l'avait pas vu venir, c'était presque naturel que d'être à ses côtés. Elle se trouvait à présent sur un bateau, loin de tout, près de lui... Et elle se laissait bercée sans inquiétude.

Ils faisaient connaissance, et c'était agréable de se sentir aussi proche de quelqu'un. Quelqu'un qui ne la connaissait pas encore. Quelqu'un qui avait le désire de la connaitre, et prenait le temps de l'amadouer. Ne pas la brusquer, aller à son rythme. Elle se sentait prête à se laisser approcher, à la manière d'un animal sauvage trop souvent blessé. Elle le regarder de travers encore, parfois, se tendant quand la conversation prenait un mauvais tour, mais il le comprenait, il faisait marche arrière et trouver les bons mots. « Tu me disais que tu étais partie pour Cambridge après avoir eu Lily... Qu'as-tu étudié là-bas ? » Cambridge. Elle sourit en se rappelant de ses quelques années à l'université rivale d'Oxford. Elle avait adoré étudier là-bas. Et plus que tout, elle avait aimé pouvoir reprendre sa vie sans risquer d'être regardée de travers. Une mère célibataire de vingt ans, sans homme, sans famille, et sans passé. « J'ai continué mes études en Economie et Politique. J'ai fais ma thèse à Cambridge avant de revenir pour travailler à Oxford. C'était... » Elle inspira profondément comme pour trouver ses mots. « La seule solution pour ... éviter les regards et les rumeurs. Je n'aurais pas pu supporter de rester à Oxford. Et me faire montrer du doigt. » Dit-elle en souriant.

Elle avait bien changé à présent, et il n'était pas arrivé l'être qui lui fera courber l'échine. Elle osait même porter la voix contre le Doyen Hamilton lorsqu'elle considérait qu'il abusait de ses fonctions en lui faisant la morale. Elle était une des rares à oser le remettre à sa place, avec toute la diplomatie dont elle était capable malgré tout. Pour l'heure, elle se tourna vers Ezeckiel, et ce dernier semblait pris dans un combat interne. Elle se demanda pendant un moment à quoi il pensait, mais elle ne s'attendait pas du tout à ce qu'il était sur le point de lui révéler : « J'ai l'oreille absolue. » Elle ne bougea pas, ne comprenant pas ce que cela signifiait. Un scepticisme qui sembla se lire sur son visage, alors que son regard dévia sur les oreilles d'Ezeckiel, comme pour trouver une réponse à ses interrogations. Elles sont normales ses oreilles. Tailles moyennes, bien collés au visage, rondes, bien dessinées. C'est quoi le problème ? « La même particularité que Mozart. Dés que j'entends une musique, une mélodie alors elle s'inscrit dans mon esprit et je peux la jouer à la perfection. » Stupide, elle détourna le regard de ses oreilles pour revenir vers son regard. Elle se sentait bête soudainement. L'oreille absolue, évidemment cela sonnait comme le meilleur don musical que l'on puisse espérer. « Ce n'est pas quelque chose qui était toujours facile à vivre surtout à l'école. C'est une sorte de... Don. Ça fait de moi un génie d'après les critiques musicales. Ce qui explique d'ailleurs que j'écrivais les paroles et les mélodies de mon groupe. Je n'ai jamais pris de cours, tout à l'oreille. » Impressionnant. Du coup il était juste... un putain de génie. Ok. « Je ne le dis pas à tout le monde. Je l'ai dis à un journaliste et depuis il m'a donné le surnom de... Mozart des temps modernes. Ce qui est au final assez prétentieux. Mais comme Mozart lorsque je compose je rentre dans une sorte d'état second où je ne dors plus, ne mange plus et ne fais qu'écrire pendant des soirées entières. C'est un peu effrayant. Surtout pour ma sœur les premiers temps. » Elle fronça les sourcils et essaya de se créer une image mentale. Celle d'Ezeckiel, debout au milieu de la nuit, des feuilles de partition partout dans le salon, alors qu'elle le recherche dans son appartement. Il marche, faisant des aller-retour en écrivant comme un dément sur une partition qu'il tient en main. Un plaide recouvrant son corps et sa tête, les yeux révulsés et la bave au coin de la bouche. Flippant. Vraiment. « T'es un peu fou en fait. La folie fait partie du génie. C'est cool. En plus l'oreille absolue c'est juste LE TRUC que je n'ai pas. J'ai pas d'oreille du tout d'abord. Je peux même écouter les One Direction et trouver ca harmonieux. » Dit-il en le regardant droit dans les yeux, avec un naturel terrible sans vraiment prendre conscience de ce qu'elle est en train de dire.
« Et toi ? Tu as une particularité hors le fait de savoir garder des secrets comme personne ? » Elle laissa échapper un gémissement (de réflexion !) et se tourna comme pour essayer de trouver quelque chose à dire. Elle chercha un moment car après tout elle avait toujours donné plus d'importance aux études pour avoir un métier sûr (surtout pour Lily), plutôt que pour ses passions artistiques. Mais au final, elle en venait à le regretter, et cela lui manquait aujourd'hui. « Je... faisais de la photographie. Quand j'étais enfant ma mère m'avait trouvé un Polaroïd, et je prenais tout en photo. J'ai pris une option au lycée, et j'ai pris quelques cours du soir. Mais ca fait des années que je n'ai pas touché un appareil photo... J'ai fais de la gymnastique aussi. Mais je n'ai jamais été aussi douée que Lily peut l'être. »  Dit-elle, fièrement comme chaque fois qu'elle parlait de sa fille. « Du coup tu... n'as jamais fait d'études ? »

mon bateau c'est le plus beau
Anastasia & Ezeckiel
C'était facile de parler avec Ezeckiel, et cela étonnait la jeune femme. Elle n'était pas la personne la plus sociale du monde, bien au contraire. Elle avait trois amis depuis des années, et elle n'entendait pas faire changer cet état de fait. Elle n'était pas le genre de femme à aimer sortir en bande à faire des soirées filles en buvant du vin blanc, et à faire brunch le dimanche avec des connaissances qui seraient tombées enceinte en même temps qu'elle. Elle s'était forgée une bulle, une vie solitaire qui lui convenait fort bien. Une vie qui tournait essentiellement autour de sa fille et de son bien être. Elle ferait tout pour Lily, elle considérait que sa fille méritait le meilleur et que si jamais elle devait manquer de quelque chose c'est qu'elle serait devenue une mauvaise mère. Elle n'était pas là à la gâter cependant, mais elle faisait en sorte que Lily ait toutes les portes ouvertes pour l'avenir. Qu'elle soit travailleuse et méritante. Elle avait énormément de qualités, et Anastasia était terriblement fière d'elle. Mais à force de s'inquiéter pour sa chaire et son sang, elle avait oublié de vivre aussi de son côté.
Cette sortie sur un bateau, c'était comme si soudainement elle ressortait d'une grotte où elle s'était enfermée durant dix ans, pour redécouvrir ce que cela fait d'être une femme. Elle n'était plus uniquement une mère ou une travailleuse. Elle était à nouveau une femme, et elle trouvait cela terriblement agréable. Elle se tourna vers Ezeckiel, lui parlant avec un naturel exacerbé, de celle qu'elle était avant. Avant de s'oublier parfaitement. « Si tu as encore quelques photos... Tu me montreras ? » Elle acquiesça. « Je dois en avoir quelqu'unes dans un carton... » Dit-elle distraitement.

Finalement elle décida d'en apprendre plus sur lui également. Il l'intriguait. Il avait quelque chose d'agaçant mais aussi de touchant dans le regard. Un don, certes, mais aussi quelque chose de brisé, comme une blessure qui avait changé l'homme qu'il aurait pu être. Sans doute s'était-elle fourvoyée à son sujet, et si elle ne s'excuserait pas pour les mots (durs) qu'elle avait pu avoir, lui poser des questions et apprendre à le connaitre était une façon pour elle de faire sa rédemption. Elle espérait seulement que cela suffirait et qu'il ne fuirait pas face à son caractère terrible. « J'ai arrêté mes études vers mes 18 ans, dés que j'ai eu mon diplôme de fin d'étude. On avait déjà un producteur qui voulait nous signer. C'était facile je... Enfin j'avais ce don naturellement sans avoir besoin de l'étudier. Mais lorsque j'ai tout arrêté alors je suis revenu à Oxford pour reprendre mes études. J'ai fait un Master en musique classique et moderne avant que le Doyen Hamilton ne m'offre la place de professeur dans la foulée. Le jour où j'ai eu mon Master, j'entrais comme professeur. C'est... Une chance. » Impressionnant finalement. Il n'avait suivi un chemin classique, mais pour un artiste il avait quand même un parcours impressionnant. « Tu es professeur depuis longtemps ? » Demanda-t-elle pour continuer sur sa lancée. Elle aimait l'écouter parler de son travail, ce qui était assez étonnant compte tenu du fait qu'elle ne comprenait rien à la musique. Elle n'avait pas ce don artistique là, une chose que ses grands parents avaient toujours déploré. Fort heureusement Lily sauvait son honneur. Si elle ne jouait pas d'instrument elle était une danseuse hors-paire, et elle avait un sens du rythme incroyable.

La discussion prit cependant une tournure qu'Anastasia n'attendait pas. Ezeckiel devint plus grave, fixant le vide comme pour chasser des pensés indésirables et cruelles. Elle le laissa réfléchir de la sorte, l'écoutant parler sans rien dire. « Lorsque j'étais encore dans mon groupe, on sortait souvent. Alcool, drogues, filles... C'était assez violent. [...] Je ne voulais pas qui lui arrive quelque chose tu vois ? » Elle se tourna vers lui, l'écoutant (pour la première fois) parler de cette fille Avery. Etrangement l'ambiance jusqu'alors bon enfant et chaleureuse, devint beaucoup plus lourde. Si elle n'était pas mal à l'aise, Anastasia sentait cependant qu'il allait lui révéler une chose lourde de son passé. Il avait déjà écouté son histoire avec Néo. Elle pouvait en faire de même, et restant silencieuse elle le laissa parler. A mesure que les mots sortaient de sa bouche, le coeur de la jeune femme battait plus vite dans sa poitrine. Prise dans une spirale de fête, de drogue, d'alcool, une jeune femme avait été violée. Terreur, atrocité que la jeune irlandaise ne pouvait pas accepter facilement. Outre le fait d'être une femme, elle était une mère. Elle tremblait quand Ezeckiel termina son récit, le regard perdu dans le vide. « [...] Enfin c'était pas de l'amour. Vraiment pas. Juste... Une sorte de tendresse avec beaucoup de culpabilité. Tu vois, il y avait bien une histoire de gonzesse derrière tout ça. » Elle aurait voulu sourire à sa dernière remarque, mais elle en fut incapable. Les images que son esprit crée étaient assez horribles pour qu'elle ne puisse pas même respirer normalement. Elle baissa les yeux sur ses mains qui étaient devenues blanches et tremblaient.
Malgré tout ce que l'on pourrait penser d'Anastasia, elle était une femme sensible. Intransigeante, et très perfectionniste, poussant toujours les autres à se surpasser, à donner le meilleur d'eux même. Mais elle était terriblement sensible et pleine d'une empathie parfois exacerbé. Soudainement elle avait l'impression de revivre la scène, imaginant ce qu'avait dû ressentir cette Avery. Imaginant ce qu'avait dû ressentir Ezeckiel. Elle comprenait mieux, elle en avait l'impression. « J'en ai trop dis n'est-ce pas ? » Elle tourna vers lui un regard perdue, emplie de larmes qui ne couleraient pas. Ce n'était son chagrin, mais elle avait l'impression que les émotions dans la voix d'Ezeckiel l'avaient percuté avec force. « Non, c'est juste... Horrible comme histoire. » Dit-elle simplement. Et que pouvait-il dire de plus ? Elle posa une main bienveillante sur l'épaule d'Ezeckiel et lui offrit un demi-sourire comme pour le rassurer.
C'est alors qu'une bourrasque de vent la fit frissonner. « On devrait rentrer il va bientôt faire nuit... » Proposa-t-elle en regardant le ciel où des nuages commençaient à prendre place. Elle se leva pour l'aider à rassembler ses affaires avant de se tourner vers lui. « Je suis contente que... tu m'es parlé. Je suis désolée que tu ai eut à vivre cela. Vraiment... »  Dit-elle avec tout l'honnêteté dont elle était capable.

mon bateau c'est le plus beau
Anastasia & Ezeckiel
La sincérité, c'est la première qualité qu'elle recherchait chez un homme. Sans doute parce qu'entre elle et Noé il n'y avait jamais eut de mensonge. Elle avait basé son premier amour sur une confiance et une franchise à tout épreuve. Elle connaissait Néo par coeur. Que ce soit ses peurs, ses faiblesses ou ses qualités, ses espoirs, ses envies, ses colères, ils partageaient absolument tout, et elle n'arrivait pas à imaginer une relation amoureuse autrement. C'est sans doute pour cela qu'elle n'était jamais plus retombée amoureuse : elle n'arrivait pas à se livrer. Pas facilement en tout cas. Parce qu'elle avait peur d'être blessée, utilisée. Elle avait peur des autres, ayant appris que même les personnes qui lui étaient proches pouvaient la trahir et la faire souffrir. Sa propre mère, sa soeur, son premier amour. Elle n'en voulait pas à Néo d'être parti, il n'avait pas eut le choix. Mais jamais personne n'avait réussi à la faire plus souffrir que lui.
Alors lorsque Ezeckiel se livra à elle avec autant de douceur dans la voix, avec une telle émotion, elle ne put qu'écouter. Et réaliser qu'il était sincère, qu'il était entier. Il ne jouait pas un rôle dans le seul but de l'avoir, car après tout elle ne lui avait pas demandé d'être aussi franc, et il n'avait pas la certitude qu'elle resterait. Mais il lui parlait, il se confiait, jouant la carte de la sincérité. Elle pouvait partir maintenant, et ne plus jamais se retourner. Alors sans doute en souffrira-t-il, se disant qu'il avait accordé sa confiance à la mauvaise personne. Il se mettait en danger. il prenait les devant. Il se jetait dans le vide. Et elle était touchée par cette sincérité. Vraiment, profondément touchée.

Alors qu'ils ramenaient le bateau vers l'école d'aviron, elle l'observait. Le silence s'était installé entre eux. S'il n'était pas gêné, il était néanmoins pensif. Elle le regardait, et elle sentait quelque chose en elle changer. Il s'était jeté dans le vide, et pour la première fois depuis Néo elle avait envie de le suivre. Elle avait envie de plus. Le découvrir, être à ses côtés... et peut être aller plus loin encore. Se laisser aller à des sentiments qui la feront vibrer, avec le risque d'en mourir encore. Elle soupira, et récupéra toutes ses affaires lorsqu'ils arrivèrent sur le quai. Ezeckiel arrêta le voilier, et lui fit face, alors qu'elle se préparer à descendre. Elle le remercia de lui avoir parlé. « C'est normal. Pardon d'avoir été si franc en revanche... J'aurais du... Enfin je sais pas. » Elle le regardait, droit dans les yeux, sans sourire. Une expression tendre sur le visage, elle semblait profondément compatissante, comme si soudainement elle prenait conscience de tout ce qu'Ezeckiel avait pu vivre. De sa souffrance, semblable à la sienne. Car après tout c'était deux coeurs brisés.

Sans un mot de plus elle se rapprocha encore, se mit sur la pointe des pieds et posa ses lèvres sur celle du bellâtre. Un baiser, tendre, simple, qui durant deux secondes tout au plus. Elle se recula, lui sourit. Et se pencha pour remettre sa laisse à Ghost avant de descendre sur le quai. Elle se retourna une dernière fois : « J'attends ton message pour notre troisième rendez-vous. Merci Ez. C'était parfait. » Un sourire. Elle tourna le dos, et rentra chez elle. Le corps tremblant d'émotion, le coeur palpitant, et les yeux perdu dans les souvenirs qu'Ezeckiel avait partagé avec elle...

the end.