[Inachevé] Discuter et s'amuser ○ Alexandre & Anaëlle

Alexandre & Anaelle

C'était une courte journée. En fait un peu une journée comme les autres, quand même, il fallait l'avouer. Les cours c'était rarement de grosses journées, et dans tous les cas, la musique, ce n'était pas le cursus le plus usant du monde, même si ce n'était sûrement pas le plus facile. Il y avait là-dedans une part importante d'inné, et pour cette raison, ça pouvait rapidement devenir un vrai piège pour qui aurait trop présumé de la facilité de cet enseignement. Et ça demandait beaucoup, beaucoup d'investissement et de travail personnel en marge des cours. Ce qui ne me dérangeait pas le moins du monde, par contre. L'exercice ne m'avait jamais rebuté, bien au contraire même. J'y avais passé quasiment tout mon temps libre, m'arrêtant juste pour avaler un rapide en-cas sur les coups de quatorze heures plus que de midi, et un peu plus tard dans l'après-midi pour mettre un peu d'ordre dans le manoir en vue de la visite d'Anaelle, que j'avais invitée et qui avait répondu présente. Comme toujours, depuis toujours, peu importe la situation.

J'avais occupé le reste de mon temps en travaillant dans le salon. Partitions étalées sur la table basse, lorsque j'entendis frapper à la porte d'entrée. Rapidement, je réorganisais la bataille de feuilles en une pile propre que je déposais finalement dans la niche du grand buffet tout en me dirigeant vers la porte, que j'ouvris, un grand sourire aux lèvres. J'étais réellement heureux de la voir, comme toujours, parce qu'elle m'avait couvert et m'avait aidé à traverser un nombre incalculable de choses, depuis que je la connaissais, et principalement la violence dont mon père faisait preuve envers moi, et mon départ précipité, ma fuite il fallait l'avouer, vers la France pour échapper aux conséquences de mes actes. Mais maintenant que ma vie était rangée, en ordre, et que tout allait pour le mieux, j'avais encore besoin d'elle, parfois, et surtout, je n'avais simplement pas envie de me passer d'elle. Et là, je n'avais pas envie de m'attarder sur le pas de la porte, avec mon simple jean usé et mon tee-shirt blanc dont la légère transparence laissait deviner m'encre sur mon corps.

« Entre, ça gèle dehors ! » Je m'effaçais pour la laisser entrer, tout sourire. Après avoir refermé la porte derrière elle, je l'enlaçais tendrement, une vieille habitude. « Je suis super content que tu aies pu venir ! Tu m'as manqué ! » Je l'avais finalement relâchée et débarrassée de ses affaires, que j'avais accrochée au porte-manteau de l'entrée avant de l'emmener jusqu'au salon. « Installe-toi ! Tu veux boire quelque chose ? » D'un geste mécanique je passais une main dans mes cheveux, pour les tirer vers l'arrière.

acidbrain

« Tout le monde a droit au bonheur, mais personne n'a le droit de détruire celui des autres. »

Anaëlle avait du mal à se faire à l'idée du lieu de vie d'Alexandre, c'était quand même un peu ostentatoire et puis assez loin de ce qu'elle connaissait. Mais, elle connaissait le loustic qui vivait là et il était loin d'être aussi superficiel que ça. Peut être qu'elle pensait ça parce qu'elle avait l'impression de le connaitre depuis toujours, peut être qu'il renvoyait une autre image avec les autres. Mais elle savait tellement de choses sur lui, elle l'avait vu dans de tels états qu'il restait son ami, son meilleur ami, celui qu'elle avait protégé et celui qu'elle protégerait encore s'il le fallait. Ana n'était pas réellement du genre proche avec les gens, il lui fallait du temps, parfois beaucoup de temps, mais elle ne laissait jamais tomber quelqu'un et avec Alex... un lien s'était créé et il était surement celui en qui elle avait le plus confiance et pour qui elle ferait tout. C'était peut être un peu extrême, mais la sensibilité d'Ana parlait pour elle, elle ne pouvait voir un proche dans la tourmente et rester les bras croisés. Toujours était-il que la jeune blonde savait parfaitement à qui elle avait à faire en venant frapper à la porte et elle était ravie de revoir Alex.

L'attente derrière la porte ne fut pas très longue et Ana put voir un Alexandre en tenue décontractée avec son jean usé et son t-shirt blanc. C'est qu'il devait faire bon à l'intérieur, parce que là dehors c'était plus le pôle nord qu'autre chose. Toujours cette histoire d'humidité dans l'air quasi constante... Ana entra avec plaisir et elle attendit qu'il ait refermé la porte pour leur habituelle accolade, elle l'embrassa même sur la joue. Lorsqu'il lui dit qu'elle lui avait manqué, son sourire s'élargit et toute en ôtant son manteau, elle lui répondit.

"Et tu m'as manqué aussi. J'ai l'impression que ça fait une éternité."

Et elle le pensait vraiment, avec tout le travail qu'elle avait et la pression qu'elle se mettait pour parvenir à ce qu'elle souhaitait, elle ne s'octroyait pas assez de pauses, ou en tout cas de vraie pauses. Anaëlle suivit Alex jusqu'au salon et s'installa comme il le lui avait dit. Son regard bleu posé sur le jeune homme, elle hésita une seconde avant de prendre la parole.

"Je veux bien un verre d'eau, et me dis pas que t'as d'autres trucs à boire, j'ai juste soif..."

Son sourire amusé s'étira un peu plus et elle s'adossa dans son fauteuil. Comme souvent, elle tritura une mèche de cheveux qui retombaient sur son épaule en attendant le retour du blond. Une fois qu'il fit son apparition, elle l'observa et croisa les jambes.

"Alors dis moi... tu m'as invitée pour le plaisir de me voir ou parce que t'as un truc à me dire ?"

La demoiselle garda son regard posé sur Alex, curieuse d'entendre sa réponse. Et qu'il ne s'y méprenne pas, elle était plus que ravie de le voir, elle se demandait juste s'il y avait une autre raison que le manque qui l'avait poussé à l'inviter.

Alexandre & Anaelle

Revoir la jolie blonde était bien plus qu'agréable. Avec nos emplois du temps respectifs, ces derniers-temps c'était pour ainsi dire impossible de se capter, et depuis que j'étais de retour à Oxford, ce n'était pas du tout dans mes habitudes de passer tant de temps sans au moins prendre vraiment des nouvelles, de vive voix, bien que par téléphone interposé parfois. Mais là, tout dernièrement, avec les partiels qui étaient tombés plus vite qu'on ne l'aurait cru … ça avait été bien plus que compliqué de prendre le temps de se poser et de s'appeler. Pourtant, les choses étaient comme d'habitude, et malgré un moment sans se voir, la situation n'était rien de plus que délicieuse. J'avais fermé mes bras autour des épaules de la demoiselle, et elle avait posé un baiser sur ma joue. Un grand classique. Puis je m'étais transformé en hôte parfait, un rôle pour lequel j'avais été conditionné dès mon plus jeune âge par mon père, sous une flopée de coups, pour ne pas changer. C'était resté, mais j'avais aussi grandi, et je n'étais plus simplement formaté ; j'arrivais parfaitement à être moi-même. J'avais donc débarrassée mon invitée de son manteau, notifiant qu'elle m'avait manqué, et à sa réponse, en sourire amusé étira mes lèvres.

« Peut-être parce que ça fait réellement des lustres ? »

J'avais froncé le nez avec amusement avant de la mener jusqu'au salon, même si j'étais certain que vu le nombre de fois où elle était venue dans ce manoir … Et les choses, depuis mon enfance, n'y avaient pas vraiment changé. C'était un rappel de mauvais souvenirs, en y pensant ainsi, mais aussi une façon de recoller les fragments d'un petit garçon battu. J'avais alors proposé à la demoiselle de boit quelque chose après s'être installée. En entendant le début de sa réponse, j'ouvris la bouche comme pour protester, mais puisqu'elle ne s'arrêtait pas là, je n'avais pas l'occasion d'en placer une et, finalement, je levais les mains en signe de résignation, un rire léger s'échappant de mes lèvres arquées par l'amusement.

« D'accord, d'accord. Tu me connais beaucoup trop bien, je me rends. Mais si tu changes d'avis, n'hésite pas à demander. »

Je disparus finalement dans la cuisine, vaincu, pour préparer un plateau avec un verre d'eau pour la demoiselle, une bière pour moi et quelques bricoles à grignoter. C'était rapide comme préparation, il fallait l'avouer, et je retournais sans plus tarder au salon, déposant le plateau sur la table basse que je tirais vers le fauteuil avant de m'asseoir moi aussi. J'étais en train de décapsuler la bière quand Ana me posa une question, et je plongeais mon regard glacé dans le sien, tout aussi bleu. Je haussais un sourcil avec amusement.

« Quoi, j'ai besoin d'une raison pour vouloir te voir, maintenant ? » Mon sourire dévora l'intégralité de mon visage, progressivement. « Ça fait trop longtemps, et j'avais envie de prendre de tes nouvelles. Et puis, je voulais que tu fasses partie des premières à entendre le son d'enfer sur lequel j'ai travaillé dernièrement. »

Mon regard se posa instinctivement sur le tas de partitions que j'avais bougé et puis sur l'instrument déposé dans le fond de la pièce. Je bus une gorgée de bière, sans lâcher la jeune femme du regard, avant de reposer la canette sur la table basse.

« Alors, que donnent tes études, miss génie ? »

Et j'étais sincèrement curieux parce que je savais qu'elle n'avait pas suivi un voix facile, et surtout où rien d'inné ou non ne pourrait l'aider. Moi, par exemple, j'avais un peu d'expérience musicale, et ça me servait. Elle n'avait pas cette chance là, bien qu'elle ait choisi la voie elle-même et, de surcroît, qu'elle y excellait presque. Et puis des talents musicaux ne lui aurait pas servi à grand-chose, remarquez, en biologie.

acidbrain

« Tout le monde a droit au bonheur, mais personne n'a le droit de détruire celui des autres. »

Se retrouver devant la grande demeure d'Alex rappelait des souvenirs aussi bons que mauvais. Ana savait bien des choses et elle savait qu'à présent, elle pouvait rentrer chez Alex sans aucun problème, à part peut être se manger quelques piques de la part du jeune homme, mais elle était tout à fait prête à les lui rendre. D'ailleurs la porte s'était ouverte sur un Alexandre en tenue décontract' et elle ne s'était pas faite prier pour entrer et se mettre au chaud. Une accolade et un bisou plus tard, Ana se retrouvait sans manteau et avec un Alex tout sourire lui disant que cela faisait en effet des lustres qu'ils ne s'étaient pas vus. Et c'est son rire qui lui répondit. La bonne humeur était toujours au rendez vous avec ces deux là et la demoiselle adorait le temps passé avec son ami. Elle avait le sourire lorsqu'ils se dirigèrent vers le salon et Ana s'installa dans un fauteuil avant de répondre à la question qu'on venait de lui poser. La demoiselle avait réfléchi un instant, mais en réalité, un verre d'eau serait largement suffisant, elle avait soif et boire une quelconque boisson alcoolisée ou une boisson sucrée, ça serait pire. Connaissant presque par coeur son hôte, Ana lui demanda l'eau et elle enchaîna ensuite afin de ne pas essuyer de refus. Bah oui, de l'eau ce n'était pas assez pour Alex. Alors qu'il se dirigeait vers la cuisine, Ana lui répondit presque en riant.

"Bien chef, mais un verre d'eau c'est parfait pour l'instant"

La jeune femme observa le retour du blond avec le sourire, elle le laissa s'installer avant de lui demander le pourquoi de cette invitation. Elle n'allait pas l'agresser non plus, elle pouvait au moins lui laisser le temps. Par contre Ana voulait vraiment savoir pourquoi elle était là. Bien entendu, elle était plus que contente et elle n'aurait pas du avoir besoin de cette invitation pour voir son ami, mais peut être qu'il y avait une raison après tout. Il avait peut être une grande nouvelle, ou une annonce particulière à lui faire. La réponse qu'il lui donna élargit le sourire de la demoiselle, toutes ces raisons finirent par la faire rire de nouveau, elle avait hâte d'entendre ce qu'il avait fait. La musique n'était pas vraiment son univers, bien sur qu'elle en écoutait, mais lorsqu'Alex commençait à rentrer dans les détails de ses compos, elle ne suivait plus rien du tout. Ça devait surement être la même chose pour lui quand elle lui parlait de bio. Ana récupéra son verre d'eau et but une longue gorgée avant de répondre avec le sourire.

"Je dois toujours bosser autant, peut être même plus parce que c'est l'université dont j'ai toujours rêvé et que j'ai pas le droit de me louper... Mais ça se passe plutôt bien, de toute façon, y a pas de secret, faut bosser."

Et c'était peu dire, la jeune femme s'accordait peu de pauses et elle avait toujours peur de ne pas en faire assez, mais pour l'instant elle n'avait pas à se plaindre de ses résultats. C'était peut être bizarre pour une jeune femme de son âge de préférer bosser ses cours plutôt que sortir avec ses potes, mais c'était un choix personnel et elle l'assumait. En plus de cela elle n'avait pas beaucoup d'amis alors ça réduisait les possibles. Anaëlle déposa son verre sur la table basse et se radossa au fauteuil en soupirant.

"Dis moi que t'as vie est plus palpitante que la mienne ! Parce que sinon ça veut dire qu'on a de quoi déprimer !"

Son sourire s'était élargi. Elle savait que la voie qu'empruntait Alex était nettement plus fun que la sienne et qu'il y avait beaucoup plus de chances pour le jeune homme de s'amuser et de faire des choses cool. Et puis s'il lui racontait un peu ce qu'il vivait, elle pourrait vivre un peu par procuration et aurait un peu moins l'impression que sa vie se résumait aux cours ces derniers temps.

Alexandre & Anaelle

Les retrouvailles s'étaient faites dans la bonne humeur. En même temps, comment auraient-elles pu se faire autrement ? Entre Ana et moi, ça faisait des années et des années que ça durait, tout simplement. Elle avait été l'une des rares, pour ne pas dire la seule, à tout avoir su à une époque, et maintenant que cette époque de peines et de douleurs était derrière moi, elle était l'une des seules à connaître encore un peu tout, les joies principalement, parce qu'il fallait dire que j'avais une belle vie maintenant, et que je ne pouvais que très difficilement m'en plaindre, du coup. Enfin, j'avais joué l'hôte parfait, la débarrassant de ses affaires et l'invitant à passer au salon afin de lui demander si elle voulait quelque chose. Et non sans râler face à sa première réponse et rire lorsqu'elle m'appela chef. Puis j'étais parti dans la cuisine préparer les boissons et de quoi grignoter et enfin retourné au salon, où je m'étais installé.

Et là, la blonde n'avait pas vraiment perdu de temps avant de me poser une question qui, si elle n'était pas venue d'elle, me serait apparue comme une pique. Mais voilà, c'était Ana, et voilà le genre de questions qu'Ana me posait sans détour ; il n'y avait définitivement pas à en prendre ombrage. Alors je lui avais répondu de mon ton amusé. Mais en même temps, c'était vrai ; Depuis quand devais-je me trouver une excuse pour pouvoir la voir ? Les amis n'étaient-ils pas sensés se voir, voire passer à l'improviste les uns chez les autres ? Bon, connaissant la demoiselle, on pouvait oublier qu'elle passe prendre des nouvelles à l'improviste, si elle le faisait c'était qu'il y avait vraiment un souci, mais voilà le principe, quoi.

Lorsque miss Collins commença à me parler de son rythme d'études, je m'adossais au fauteuil, mon regard rivé sur le mien, commençant à boire ma bière en l'écoutant bien attentivement. Qu'elle doive bosser pour réussir, je le comprenais parfaitement bien. J'en étais à un niveau d'études tel qu'il me fallait aussi beaucoup de travail pour arriver à un résultat. Un moment donné, le talent ne suffisait plus, même en musique, c'est vous dire. A la façon détournée dont mon amie me demanda comment allait ma vie, je ris légèrement, passant une main sur ma nuque, vieux réflexe, avant de prendre la parole à mon tour. Pour, il faut l'avouer, ne rien dire de bien folichon.

« Je bosse beaucoup aussi. Mais ce n'est pas vraiment du boulot de passer des heures avec mes notes et mes gammes. » Je lui fis un clin d'œil entendu. Pas simple mon travail, mais terriblement plaisant. « Par contre les répétitions avec les Dingoes sont une agréable distraction, et puis en ce moment on est à fond, on prépare le nouveau set pour le Deepers, la date approche. » Vrai de vrai, ça venait même à grands pas, et c'était super excitant ! « Et puis je passe mon temps libre à essayer de nouveaux sons, c'est assez ... Prenant et amusant. »

Un sourire en coin étira mes lèvres. Je repris une gorgée de ma bière, avant d'attraper deux ou trois trucs à grignoter du bout de mes doigts de musicien et de les avaler aussi sec. Puis je reposais mon regard sur la demoiselle, rebondissant un peu après sur quelque chose qu'elle avait dit et que je n'avais pas relevé.

« Remarque Ana, on n'a pas vraiment de raisons de déprimer ... Pas d'ennuis, pas de problèmes de santé ... Et des vacances d'ici peu ! » Puis j'eus un sourire de chat. « Je sais comment casser ta petite routine ... Viens voir les Dingoes la prochaine fois qu'on prend possession du Deepers. Ca te fera du bien et ... » Je marquais une petite pause, marquant l'effet de style. « Ça me fera extrêmement plaisir. » Sincère et sans arrière pensée. Absolument trop mignon.

acidbrain

« Tout le monde a droit au bonheur, mais personne n'a le droit de détruire celui des autres. »

Les voilà tous deux installés dans leur fauteuil avec leur boisson et prêt à entamer la discussion, réellement. Ana appréciait ses moments de détente avec Alex, surtout qu'ils n'avaient pas fait ça depuis longtemps et que ça lui manquait. Elle n'avait pas de véritables amis sur Oxford alors elle ne pouvait pas dire qu'elle parlait de sa vie tout le temps, loin de là même. Anaëlle était, de toute façon, bien plus branchée cours et boulot que blablatage entre copines et sorties jusque pas d'heure. Elle avait un peu l'impression d'être à l'opposé de certaines personnes qu'elle avait pu croiser et qui sortaient plus qu'elles n'allaient en cours. Comment pouvait-on payer une fortune pour cette université et ne profiter que des fêtes... Il y avait un diplôme au bout, un travail. Ce fut d'ailleurs leur premier sujet de conversation : la petite vie de chacun et Ana ne pouvait pas dire que sa vie était des plus trépidantes, les bouquins étaient sa vie pour l'instant et c'était tout. Très loin étaient l'éclate et l'amusement. La demoiselle avait conscience qu'elle ratait peut être une partie de sa vie d'étudiante, mais elle savait aussi que c'était un petit sacrifice pour avoir un bel avenir, car même s'il ne fallait pas vivre pour travailler, mais travailler pour vivre, le boulot ferait partie intégrante de sa vie et il était hors de question qu'elle n'ait pas ce qu'elle pouvait souhaiter.

Alors en retournant sa question à Alex, Ana espérait qu'il aurait des choses un peu plus croustillantes qu'elle à lui raconter. Ce n'était apparemment pas le cas, mais il était vrai que même si pour elle le parcours musique lui semblait moins conventionnel que celui de la biologie par exemple, il était logique qu'il ait du boulot et qu'il ne pouvait pas passer sa vie à faire deux trois accords en espérant avoir son année. Enfin, il avait quand même son groupe, ça devait bien aider pour décompresser, ils devaient bien s'amuser et c'était certainement un moyen de se détendre, même s'il y avait les concerts et qu'il fallait quand même qu'ils se préparent. Surtout si comme il le disait, la date de leur prochain concert approchait. La jeune femme l'imaginait très bien derrière sa batterie pendant leurs répét', c'était plus sympa qu'elle qui essayait de se remémorer certaines parties de cours pendant son temps libre histoire d'être certaine de ne rien avoir oublié.

Ana observa le jeune homme et elle lui sourit quand il lui dit qu'il préparait de nouveaux sons durant ces moments libres. Ca ne devait pas être évident tout de même, elle qui n'avait aucune notion en musique et pratiquement pas de rythme, elle avait du mal à se dire que c'était amusant de composer quelque chose de nouveau... Ana préférait de loin écouter ce qui existait déjà, c'est moins prise de tête quand même, non ?! Son grand regard bleu posé sur Alex, elle but une gorgée de son verre d'eau et le déposa sur la table basse avant de redresser la tête pour regarder le blond qui lui parlait de nouveau. Il n'avait pas tort, ils étaient en forme tous les deux et ils n'avaient pas vraiment à se plaindre du reste. Anaëlle acquiesça avec le sourire, c'était un bon point pour lui. Il lui fit ensuite une proposition. Sur le coup elle se demanda s'il se moquait d'elle, non pas parce que c'était improbable qu'il l'invite, juste parce qu'elle n'était pas tout à fait ce genre de fille. Le genre à suivre un groupe de musique et de faire la groupie. Elle n'était même pas le genre de fille à aller dans un bar après 22h... Mais en même temps, il n'avait pas tort, ça casserait sa routine et puis ça ne pourrait pas lui faire du mal de sortir un peu. Au contraire. Il ajouta que cela lui ferait plaisir et Ana ne put retenir un petit rire.

"Ca te ferait plaisir que je vienne te voir ou juste que je sorte ? Je sais que je suis un cas désespéré mais quand même... je suis là aujourd'hui non ?!"

Ana savait faire preuve d'auto-dérision, de toute façon c'était souvent le meilleur moyen pour se protéger, ce qu'elle pouvait dire d'elle même au moins les autres ne le lui disaient pas, ou alors après... c'était moins gênant. Et même si elle savait ne pas être obligée de faire ça avec Alex, c'était plus fort qu'elle. Une vieille habitude à présent. Elle passa une main dans ses cheveux et après une petite moue de réflexion, elle reprit la parole.

"Je sais, je vais voir ce que mon emploi du temps de ministre me permet. J'essaierai d'être là je pense."

Elle préférait ne rien lui promettre, comme ça elle avait encore toute la liberté de ne pas y aller ou d'y aller d'ailleurs. La demoiselle aviserait certainement le jour même, en fonction de ce qu'elle avait à faire. Elle attrapa son verre et but une gorgée avant de lancer un regard rempli de malice à Alex.

"Et si tu me montrais un peu ce sur quoi tu travailles en ce moment ? J'aimerai voir si t'es toujours aussi doué."

Parce que oui, Ana avait eu l'occasion de voir ce qu'il savait faire, son petit talent pas si caché que ça et elle aimait bien voir, enfin entendre, ce qu'il faisait. Et étant une amie proche, elle aimait ce privilège de réussir à entendre de nouvelles choses et de donner son avis de petite novice.