INTRIGUE 13 ✗ Gala de charité Lewis Caroll.

Le travail de coulisse, Rae connaît. C’est ce qu’elle fait à longueur de journée dans son bureau, lisant et survolant les demandes de bourses, en refusant la plupart. Depuis son retour sur Oxford, elle est toujours restée dans l’ombre – ce qui ne veut pas dire qu’elle ne prend pas un malin plaisir à observer – et c’est dans l’ombre qu’elle compte bien rester. Lentement, elle pousse James sur l’estrade, tente de l’encourage d’un rapide signe de la main avant de retourner vers les projecteurs à l’autre bout de la salle. Une dernière fois, l’Irlandaise vérifie les branchements, que l’enregistrement est en court et que la soirée est en live sur le site de l’université. Le bouton rouge clignotant ; tout va pour le mieux.

De temps en temps, la secrétaire de l’association hoche la tête. Non pas que le discourt de James soit parfait ; mais plutôt parce que cela fait partie de ce que l’on attend d’elle. Depuis ses dix-sept ans, elle sait qu’Oxford ne fonctionne qu’en fonction des apparents et, parfois, elle se demande si l’université n’est pas en partie responsable de la manière dont elle se comporte à présent. Peut-être, peut-être pas – le résultat lui intéresse peu. Le discours étant lancé, la brune s’offre un moment de pause. Les entrées se font de moins en moins fréquentes et, à part les retardataires, elle doute que d’autres personnes n’iront se joindre à cette mascarade. Alors, trempant ses lèvres dans une flûte de champagne volée quelques instants auparavant à un serveur mobile, elle porte son regard sur l’ensemble de la pièce. Elle s’arrête sur les coutures mal taillées d’une robe qui se veut hors de prix. Elle bute contre la calvitie naissante d’un des professeurs d’économie. Elle retient les imperfections des uns et des autres, ne peut s’empêcher de soupirer (d’aise ?) lorsque le diaporama est lancé. Les photos de Gordon bébé : rien de mieux pour attirer la sympathie et pousser les gens à faire d’autant plus preuve de gentillesse … ou de facticité. D’ici, elle les voit déjà reconsidérer le prix de leur donation et rajouter un supplément.

Sourire aux lèvres, elle retourne à pas lents vers l’entrée. Et vers l’urne, surtout. En chemin, elle capte quelques murmures à propos de la facticité du groupe ASTRAL – et elle s’en moque comme de sa carte bancaire. L’idée la fait sourire, que ce ne soit qu’un groupe monté de toutes pièces dans le but d’accuser les RIOT et POSH du crime de Balthazar. Ca la fait rire, oui. Mais alors que certaines personnes viennent s’en offusquer, les rumeurs démarrent de plus belle. L’Irlandaise relève la tête, mesquine, et voit l’ancienne Cambridgienne dont Daisy lui avait parlé défiler nue sur le diaporama. Son sourire carmin s’agrandit – elle s’en délecterait presque, d’être témoin d’une crucifixion sur place. Mais, de l’autre côté de la salle, elle voit le Doyen qui agite grand les bras pour lui demander d’interrompre le live de l’université. Pas de problème. Elle le fera. Dans pas longtemps. Après être retournée – quelle lenteur – en traînant des pieds jusqu’au moniteur.  

Interruption de Fleming.
Margaret est n’est qu’amour, gloire et beauté.

\ ! / Plus que 5 jours \ ! /

Diner du doyen. Festival des associations. Soirée du nouvel an. Ou bien gala de charité. L’ancêtre est de toutes les célébrations, trainant sa carcasse d’un évènement à l’autre pour surveiller ses filles et repérer les futurs membres des POSH. Elle garde l’œil ouvert, Francis accroché à son bras, assise dans un coin de la salle. Son âge ne lui permet plus de rester bien longtemps debout ; elle fatigue et s’essouffle. Elle fatigue et s’essouffle mais ne perd ni l’ouïe ni cette envie de se faire bien voir. Alors, quand elle a entendu parler de cet appel à financement, Maggie s’est empressée de secouer ses connaissances et ses filles. Main dans la main, à quelques coups de bec près, ils ont réussi à récolter plus de 20.000 livres en un temps record. Education avant tout.

« Francis ! », s’exclame-t-elle alors que le jeune homme se penche vers son oreille. « Faites-moi penser à féliciter celui qui veut mettre à mal le groupe de ces astrals. » Le ton, dédaigneux, ne transmet qu’une partie de l’animosité qu’elle éprouve pour ce nouveau groupe. Pour savoir qui se déplace dans son manoir et qui a ses faveurs, Maggie a du mal à penser qu’une meurtrière ne s’y cache. Ou alors, c’est qu’elle ment à la perfection. L’ancêtre se pince l’arête du nez, tire le cou en direction des rumeurs et espère que Francis a une meilleure vue qu’elle, bien planté sur ses deux jambes.

Quelques instants plus tard, les rumeurs changent d’ordre pour devenir plus amusées et moqueuses. Relevant la tête, elle découvre Walsh en tenue d’Eve … la même Walsh qu’elle avait demandé à Francis de voler lors du Nouvel An – requête express de ses filles. « Faites-moi également penser de refuser toute candidature concernant les personnes proches de la demoiselle. » Coup d’œil en direction de la blonde alors qu’une autre, quelques instants plus tard, débarque dans la salle. Maggie pince les lèvres, la sait en retard (chose dont elle a horreur – les grandes femmes de ce monde doivent être irréprochables) tout en appréciant son maintien et sa dignité. Regardant @Seraphina Egerton, elle murmure une derniere fois pour son bras droit : « Et gardez celle-ci à l’œil, Francis. Elle m’intéresse. »