hearts are wild creatures, that's why our ribs are cages.

En anglais, on appelle ça des love bites. Mais quand elle toucha son cou encore rougis par les exploits de la veille, elle ne pu y trouver signe d’amour. Au contraire, elle se sentit encore plus sale, détestable. Elle se regarda longtemps dans son miroir, effleurant d’un doigt son reflet dans la glace. Le bain chaud qu’elle se prépara ne fit pas glisser sur sa peau son mal-être, à l’instar de ses vêtements qui rejoignirent de nouveau le sol dans des mouvements presque mécanique, lui rappelant à nouveau les évènements de la veille. Elle ne saurait probablement pas expliquer ça à ses frères, ni à personne.

Certaines personnes ne peuvent pas s’endormir seule. Elles virent et tournent dans leur lit jusqu’à ce que le sommeil daigne les emporter au loin, dans les bras d’un amant imaginaire. Elisabeth aimait dormir seule, pas parce qu’elle n’avait pas trouvé le bon partenaire, mais parce qu’elle aimait passer ses nuits à ne rien faire, mis à part regarder les étoiles par la vitre de son plafond. C’était une des rares choses qu’elle aimait dans le fait d’être riche. Par un seul caprice, elle avait réussit à obtenir un de ses rêves d’enfant. Lorsqu’elle fut séparée de son jumeau et qu’il emménagea dans une autre chambre, elle avait décidé que les étoiles seraient le témoin de sa solitude. Durant vingt-quatre nuits d’affilées elle commençait sa nuit dans sa chambre et la finissait dehors, bien trop souvent retrouvée à l’aube par un des domestiques. Jusqu’à ce que ses parents craquent et réalisent son petit fantasme. Parfois elle n’y voyait pas grand-chose et alors son cœur s’assombrissait un peu plus. Comme si le ciel n’appartenait qu’à elle et que le fait qu’il lui échappe la mettait en colère.

Ecrire sa propre histoire, marquer au fer rouge son identité d’une main fine et raffinée, donner de l’espoir à l’humanité, c’était bien une des rares choses qu’elle était capable de faire. Un oiseau, dont la cage était ouverte, décidée à partir mais trop confortablement installée dans sa routine. Elle n’aimait pas écrire lorsqu’elle était joyeuse, pensant que son malheur n’était que source d’inspiration. Alors elle se laissait aller dans les bras de connards sans visage et d’héritiers de tous milieux. Excitée plus par le fait que ses frasques exaspéraient ses parents que par le plaisir de la chair en elle-même, elle errait de corps en corps, dans une délicatesse nocturne, à pas de loup, elle sortait d’une paire de drap pour s’y glisser dans un autre. Elle était forte et passionnée mais fragile et lointaine, comme une étoile.

Devant ses frères ce n’étaient plus la même histoire, et ce masque se détachaient de son joli visage. Elle pouvait tout faire mais pas tout dire, elle pouvait tout entendre mais pas tout répéter. Elle se sentait forte et à la fois si fragile devant ses aînés, ses modèles malgré le fait qu’ils étaient tout ce qu’elle ne voulait pas être. Elle ne voulait pas baisser les bras, elle ne voulait pas changer le monde mais commencer par le sien. Sortir d’une prison avec laquelle elle entretenait un lien de dépendance, accroc qui ne voulait jamais passer la porte de la guérison malgré tout les pas qu’elle faisait, toutes les frasques qui hérissaient les poils de maman psychiatre et papa ministre. Elle voulait de la liberté, elle se retrouvait enfermée, elle voulait l’égalité, elle était offensée chaque fois qu’elle osait porter une jupe, elle voulait l’art elle avait dû choisir le journalisme, elle exigeait Paris et malheureusement elle avait eu Oxford.