You beatin' drum like dum di di dey - Eden

Aujourd’hui avait été une journée plutôt tranquille. Je n’avais pas travaillé et donc j’avais pu faire une grasse matinée, luxe que je n’avais pas connu depuis bien trop longtemps. Je n’étais même pas sortie la veille, c’est pour dire à quel point j’étais fatiguée. Fatiguée par quoi ? Et bien mon train de vie. Bien que j’appréciais vivre jusqu’à l’excès chaque soir de la semaine, il y avait des jours où je saturais et où je voulais juste dormir. C’est pourquoi j’ai dormi jusque midi, en position fœtale sous ma couette, à l’abri du moindre rayon de soleil. L’après-midi je suis sortie me promener pour me ressourcer et voir du monde car rester seule chez soi, ce n’est pas forcément plein de plaisir et de fun. Surtout que mes amies et colocataires n’étaient pas là de la journée. Au Starbucks, je disais mas commande lorsqu’un jeune homme m’aborda. Il devait avoir mon âge, peut-être un ou deux ans de plus et il me disait que je l’avais embrassé à une des soirées où j’étais allée. Il rajouta même qu’on avait passé à plus. Bien évidemment je ne me souvenais pas de lui tant j’avais embrassé de personnes mais je fis comme-ci je me rappelais de lui. J’étais étonné d’avoir couché avec lui et de ne pas m’en souvenir. Généralement je me rappelais de chaque personne avec qui je passais la soirée. Bien qu’il était un gringalet sans muscles qui devait certainement jouer au criquet et qu’il portait un petit polo avec un pantalon chino et des mocassins, il était plutôt pas mal, voire même carrément mignon. Je ne le voyais pas du tout dans les soirées auxquelles j’allais mais tout est possible à Oxford.

C’est donc ainsi que je me suis retrouvée à passer l’après-midi avec lui. Il était drôle et avait des tas de compliments mais je le voyais plus comme un ami, limite un petit frère mais pas comme quelqu’un avec qui je pourrais coucher régulièrement. Et puis je devais de suite le freiner car vu comment il se rapprochait de moi, il voulait un plus. Plus que je ne pourrais lui offrir. Mais je ne voulais pas gâcher l’après-midi, surtout qu’il me proposa d’aller boire un verre au bar du club de tennis car il avait un cours dans peu de temps. J’acceptai, je ne pouvais pas refuser un verre de bon alcool.  Il décida de m’emmener au club dans sa mini cooper cabriolet. Vous vous souvenez quand j’ai dit qu’il était mignon que je pourrais devenir son amie ? Je me suis trompée. Ce fils à papa m’exaspérait mais je ne laissai rien paraître et plaquai un faux sourire lorsque je montai à bord de son véhicule. Il se la donnait, il montrait qu’il avait de l’argent et je me mis à le détester en deux secondes. Il représentait le genre d’homme que je haïssais au plus haut point. Je n’aurais jamais dû accepter son invitation, je commençais seulement à regretter ma décision lorsqu’il se gara sur le parking du club. Le calvaire pouvait commencer.

Austin, le fils à papa que j’avais eu la malchance de croiser, ne parlait que de lui et de la fortune de son papa chéri. Mais il me payait mes consommations et j’affichai donc un faux sourire en hochant la tête de temps en temps. J’étais plutôt une bonne comédienne, il n’y voyait que du feu et au moindre de mes sourires, il renchérissait sur ses possessions et sa fortune. Les gens autour de nous croyaient certainement que l’on flirtait, que l’on était en plein moment d’amour. S’il savait ce que je pensais en silence, ils se moqueraient tous de ce prétentieux. Nous étions installés depuis environ trente minutes lorsque le sourire d’Austin tomba. Je relevais la tête vers la cause de ceci et vis Yani. Yani-Grey Mirigian, celui qui me faisait perdre tous mes moyens. Mon corps manqua un battement et des papillons firent leur apparition dans mon estomac, volant et heurtant les parois. Lorsque je l’ai vu pour la première fois, j’ai eu un véritable coup de foudre. Jamais de ma vie je n’ai ressenti quelque chose d’aussi instantané. Mais je ne devais l’avouer à personne, je ne voulais pas devenir faible aux yeux de tous. Un immense et véritable sourire étira mes lèvres mais je le cachai aussitôt en prenant une gorgée de mon cocktail. Mais à peine eu-je le temps d’avaler que Yani dit à Austin qu’il devait « m’emprunter ». Je le regardai en haussant les sourcils, surprise, car j’en ai vu des hommes, je les connais par cœur et son ton ressemblait hautement à de la jalousie. Je feins un ton ironique et dis :

« M’emprunter hein ? Serais-je donc un livre mon cher Yani ? »

L’instant d’après, le beau brun me prit la main pour m’inviter à me lever. Je me suis levée avec l’intention de le suivre n’importe où il ira, je n’allais tout de même pas rester avec l’autre imbécile. Mais avait de partir il se pencha vers Austin pour lui dire quelque chose que je n’entendis pas puis nous sommes partis. Je voulais jouer un peu avec lui, comme à notre habitude alors je lui dis, en mentant bien sûr:

« Tu viens de gâcher un magnifique rendez-vous amoureux qui aurait pu se conclure sur une belle note. Tu avais un besoin si urgent de me voir? »

Je baissai ensuite la tête pour cacher mon visage de mes cheveux. Je souriais comme une fille de 15 ans. Je ne lâchai pas sa main, je voulais sentir sa peau contre la mienne. Dieu qu’il me rendait heureuse.


   

Les sentiments ? Je ne connaissais pas. Une des seules fois où je suis tombée amoureuse, le garçon en question est parti à l’autre bout du pays. Ce jour-là, je me suis promis de ne plus jamais tombée amoureuse car je ne voulais plus souffrir comme j’ai souffert mais hélas, jamais n’existe pas. Ça a recommencé avec Isadore, en première année de fac. Je suis tombée sous son charme au fil de nos rendez-vous, plus il venait me voir, plus je tombais amoureuse. Et puis on s’est séparé et je me suis refait la même promesse, celle de ne plus tomber amoureuse. Promesse que j’ai brisé dès que mon regard à croiser celui de Yani. Le coup de foudre instantané, celui qui peut bouger des montagnes, vider des océans entiers. Mais je ne voulais pas l’avouer de peur qu’il me rejette, de peur qu’il parte lui aussi. Donc je me contente de jouer avec lui, de le rendre jaloux avec l’espoir qu’il m’oublie. Mais encore une fois, mes vœux ne se réalisent jamais et encore une fois je retombe dans le piège de l’amour.

Revenons l’instant où Yani me tenait la main, l’instant où Yani m’emmenait loin de cet Austin au polo sur mesure. Il gardait un sourire moqueur sur le visage, sourire dut à ce qu’il avait murmuré à cet imbécile de riche. J’ignorais ce qu’il avait dit mais vu son sourire, il en était assez fier. Mon sourire quant à moi était un sourire de béatitude totale et il ne voulait pas quitter mes lèvres. Cela ne me ressemblait pas du tout et je ne savais pas pourquoi lui et lui seul me faisait cet effet-là. Il était la meilleur des drogues mais il ne devait pas le savoir, il ne devait pas savoir que j’étais tombée folle amoureuse de lui dès qu’il a croisé mon regard, le moment où ses yeux bruns ont rencontré mes yeux bleux, le moment où la terre a rencontré l’eau, le moment où un tsunami a déferlé sur mon corps, sur ma vie. J’aimais jouer avec lui, j’aimais le rendre jaloux et bien que je joue la fille qui s’en fiche de tout, je ne pouvais m’empêcher de l’aimer. Ça ressemblait peu à l’Eden libertine et volage qu’Oxford a l’habitude de voir. J’étais amusée devant sa surprise et son regard lorsque je parlais du « rendez-vous » avec l’autre abruti. Essayant tant bien que mal de ravaler mon sourire, je lui répondis :

« Une très belle note même, un magnifique do si tu veux mon avis. »

Je ne pouvais m’empêcher de rire mais j’essayai de garder mon sérieux en mordant ma lèvre inférieure. Il retrouva son sourire fier lorsqu’il vit mon sourire qui j’essayai de faire disparaitre. Il me dit ensuite que je ne pouvais lui mentir, pas à lui. « Belle Eden », il m’avait appelé « Belle Eden » et mon sourire n’en fut que plus grand. J’avais l’impression qu’il allait d’une oreille à une autre. J’arrêtai notre marche et me rapprochai de lui en le regardant dans les yeux :

« Je suis sure que je peux te mentir, quand je veux. Juste là…. C’est pas quand je veux disons »

Il ne cessait de sourire et mon sourire faisait écho au sien. Ouais, on respirait le bonheur et je pense que c’est pour cela que les gens qui nous croisent nous sourient aussi. Nous étions toujours arrêtés, à environ une centaine de mètres d’Austin et son polo. Sa main se resserra autour de la mienne et l’électricité s’empara de mon corps, un vrai coup de jus. A mon plus grand regret, Yani relâcha ma main la seconde après ce coup de jus. L’avait-il ressentit lui aussi ? Mon sourire s’effaça, je ne voulais pas qu’il me lâche. Le sien pourtant était toujours présent et il m’invita même à prendre un verre avec lui. Mon sourire revint lorsqu’il se qualifia de super-héros. Il ne me laissa pas le temps de répondre qu’il passa son bras autour de mon épaule et m’entraina vers le bar.  Je haussai un sourcil en le regardant de côté et répondis :

« Un super héros, rien que ça ? Très bien Superman, allons boire un verre ensemble, je sais que t’en meurs d’envie. »

Il semblerait que la fin d’après-midi allait mieux se passer que le début. Je me serrai un peu plus contre lui afin de sentir son parfum qui m’enivre tant. Une fois arrivés au bar, je me perchai sur un tabouret, lui à côté de moi. J’appelai le barman qui rappliqua aussitôt en me fixant d’un regard charmeur. L’occasion est trop belle, je ne peux pas la louper. Continuons notre petit jeu Yani. Je regardai le barman portant le doux nom de James avec un sourire tout aussi charmeur et lui dis :

« Salut beau gosse, pour moi ça sera une Piña Colada et pour toi Yani? »

Je me tournai vers Yani, un grand sourire plaquait sur mon visage afin de jauger sa réaction. J’aimais jouer avec lui, espérons qu’il joue avec moi.



   

Je ne savais pas quoi faire avec Yani. Un jour j’avais envie de l’embrasser passionnément, de lui montrer que j’en avais envie et celui d’après, j’avais envie de le repousser, de l’éloigner de moi. C’était un garçon bien, trop bien pour moi et je sais qu’un jour ou l’autre je le ferais souffrir. Je l’ai aimé au premier regard et dieu sait que j’ai essayé de l’oublier, de bien des manières. Mais je n’y suis pas arrivée et il hante mon esprit sans arrêt, jour et nuit. L’alcool, la drogues et aventures d’un soir n’ont pas suffi à enlever Yani de ma tête et de mon cœur. Je n’avais jamais eu de coup de foudre, je pensais que cela n’arrivait que dans les films niait pour les adolescentes de 15 ans mais non, cette merde existait bel et bien. Et bien évidemment, il a fallu que ça arrive à moi.

J’adorais passer du temps avec lui et ce fut sans regret que j’ai lâché Monsieur polo et ses mocassins pour rejoindre celui qui me met dans tous mes états. Je devais stopper mes sentiments, les faire reculer mais lorsqu’il passa ses bras autours de mes épaules, je sus que j’étais belle et bien sous son emprise et que je ne pouvais m’en défaire. Vous vous rendez compte ? Eden Winchester la débauchée d’Oxford, la fille aux 1001 coups d’un soir qui ressent quelque chose pour quelqu’un. Si l’on m’avait dit ça avant que je ne le rencontre, j’aurai ri à cette blague avant de me refaire un rail de coke. Personne n’y croyait, personne ne pouvait y croire en même temps, même pas moi, mais les faits étaient là : les papillons dans le ventre, les cœurs qui bat à tout rompre et ce sourire idiot en permanence sur le visage. Il rit à ma comparaison à Superman et je le suivis de bon cœur. Nous pouvions paraitre idiots à rire comme ça en public mais personnellement, je m’en contre-fichais de ce que pensaient ces gens. Je n’entendis pas toute sa réponse, juste le surnom qu’il m’a donné à la fin de celle-ci. « Ma jolie », il m’a appelé « ma jolie ». Je tentai de réprimer un sourire et me mis intérieurement une claque. Il fallait que j’arrête d’agir comme une pucelle de 15 ans mais je ne pouvais pas m’en empêcher. J’haussai un sourcil et lui répondis :

« Et qui te dit que je suis ta jolie et pas celle d’un autre hein ? »

Il me présenta le tabouret pour que je m’asseye, tel un gentleman distingué. J’imitai une grande dame et dit avec un ton perché :

« Merci mon brave, que vous êtes aimable »

Il n’arrêtait pas de sourire et il faut avouer que moi non plus. Il avait un sourire magnifique et j’aimais penser que c’est moi qui le rendais comme ça. Au fond je ne voulais pas le blesser aux autres mais c’était plus fort que moi, j’aimais jouer avec lui et au fond, j’espérais que je ne le blessais pas car ce n’était pas mon but. Je savais que je le rendais jaloux, je voyais souvent son visage changer d’expression mais la seconde d’après, il retrouva son sourire et entra dans mon jeu. Lorsque j’accostai le barman, Yani perdit son sourire et me regarda en haussant un sourcil. Il mit ensuite sa main sur ma cuisse, et mes muscles se figeaient. J’eue des frissons puis repris mes esprits lorsque je le vis s’adresser au James en m’appelant Ursule. Je me redressai et mis mon coude sur le bar afin de poser mon menton sur ma main. Je fis signe au serveur de se rapprocher de moi et lui dis à l’oreille, assez fort pour que Yani entende :

« Excuse mon frère Alfred, il vient juste de sortir de prison. Et puis, vu que ce n’est que mon frère, ça te dirait de me rejoindre ce soir, James ? »

Le dit James me fis oui de la tête avec un sourire de pervers que je me mis à détester de suite. Je me reculai avec un petit sourire en coin puis me tournai vers Yani pour lui ébouriffer les cheveux et lui coller un bisou sur la joue.

« Aaaah mon petit frère, quel plaisir de te retrouver en liberté ! »

Je pris ensuite mon verre dans les mains pour boire tout en cachant ce putain de sourire qui revenait sur mon visage.




   

Yani ne méritait pas tout cela, il ne méritait pas tout ce jeu. C’était quelqu’un de bien et il comptait beaucoup pour moi.  Mais il ne pourra jamais y avoir quelque chose entre nous. Parce que je suis Eden Winchester et qu’il mérite cent fois mieux que moi. Il mérite une fille bien, pas une droguée. Pas une fille qui a couché avec tous les mecs d’Oxford. Ce mec a un potentiel incroyable autant extérieurement qu’intérieurement. Je pense que tout n’est qu’un jeu de séduction entre nous, pas de sentiments, juste le besoin de se sentir bien et de savoir que l’on plait encore. Juste de la drague pure et simple et je ne pense pas que cela puisse aller plus loin. Je n’ai jamais connu tous ces trucs de couples, rentrer ensemble le soir, s’endormir devant la télé et le reste des trucs niais que je déteste. Enfin je ne peux pas savoir puisque je n’ai jamais vécu ça mais bon. J’ai trop souvent joué avec des mecs, des filles mais jamais comme Yani. Notre jeu à nous prend une tournure qui m’effraie, je dois l’avouer. Je ne sais pas comment tout cela va se finir, je ne sais même pas si cela se finira un jour car moi, je ne veux pas que ce jeu se termine. Tout ce que je peux faire, c’est de laisser le temps passer et de voir comment évoluent les choses.

J’ai été surprise lorsque je l’ai vu arriver à notre table à Monsieur Mocassin et moi, agréablement surprise. Je ne sais pas comment il m’a retrouvé mais il l’a fait et heureusement. L’autre était ennuyant à mourir et il voulait juste baiser avec moi pour changer des filles de son genre, celles aux sacs Chanel et robe Versace. Et nous voilà maintenant accoudés à ce bar, avec ce serveur qui me fait de l’œil depuis qu’on est assis. Serveur plutôt mignon, il faut que je pense à revenir ici. Seule. Lorsque j’évoque la fausse sortie de prison de Yani, celui-ci baisse la tête pour se retenir de rire tandis que moi je garde une tête totalement sérieuse. Alors que le serveur nous tourne le dos pour un autre client, le beau brun s’approche de moi et m’embrasse sur la joue comme je l’ai fait avant. Le regardant droit dans les yeux, tout comme j’ai regardé le serveur, je lui réponds tout aussi doucement :

« Je ne vois pas de quel regard tu parles ‘Alfred’ »

Puis le fameux James revient, interrompant ce moment. Il me regarde toujours avec ses yeux de chien en manque mais ce que lui dit Yani lui fait baisser le regard. De ma voix toujours séductrice, je dis au pauvre barman :

« C’est vrai j’ai oublié ce détail... En fait il a juste tué un de mes exs. Enfin c’était un con aussi. Passons, 22h devant chez moi, James ? »

Il ne sait plus où se mettre. Il ne nous regarde même plus et s’en va à l’autre bout du comptoir, évitant à tout prix de regarder dans notre direction. Puis là, c’est trop. Je regarde Yani du coin de l’œil et j’explose de rire. Je rigole tellement que mes joues me font mal et des larmes roulent sur mes joues. Bordel ce que ça fait du bien de rire comme cela. J’essaie tant bien que mal de me calmer puis saisis mon verre qui se trouve devant moi. Je le tends vers mon compagnon de fin d’après-midi et lui dis :

« Bordel sa tête était mémorable, j’aurai trop aimé filmer ça. A nous deux Mirigian et au pauvret qui n’ose plus me regarder. »

Puis j’entame mon cocktail en le regardant, un sourire en coin des lèvres. Je repose la boisson sur le comptoir et demande à Yani :

« Bon, tu m’expliques ce que tu fais là ? Mis à part jouer les super-héros ? Je ne savais pas que tu fréquentais le club de tennis. »