(inachevé) Encore un soir (Ezrea)

Un mois, deux mois et bientôt trois mois à vivre avec son absence. Je n’y arrivais toujours pas. Je survivais tel un zombie dans cette vie. J’avais déserté le travail, je ne m’étais pas présenté à la pré-rentrée d’Oxford. De toute manière vu l’état dans lequel je suis, cela ne sert strictement à rien. Je n’ai pas les épaules pour assumer mon poste de professeur. Je m’étais mis en congés sans solde, de toute manière je pouvais me permettre de vivre sur mes réserves pendant quelques semaines voire quelques mois. Pourtant travailler me ferait le plus grand bien, cela m’aiderait à ne pas ressasser sans cesse cet abandon.

Je m’étais calmé, je commençais même à me résigner. J’avais laissé éclater ma colère il y plus d’une semaine, lors du retour de ma soeur à Oxford. Elle était parvenue, avec bien du mal à me contrôler. Mais c’était un passage obligatoire pour accepter. Ce n’était pas agréable, surtout que je me suis rendu compte que je laissais derrière moi la personne que j’étais réellement. Je n’étais plus que violence, dédain et douleur. J’ai fait vivre l’enfer à mes proches, à mes amis, à cause d’une seule personne qui ne le méritait définitivement pas. J’avais bien de choses à me faire pardonner.

Mais je n’étais pas encore prêt à faire face à mes erreurs, j’étais encore assez fragile, et continuait de noyer mon chagrin dans la boisson. Je ne peux pas soigner tout mes travers en même temps. J’avais déjà stoppé ma propre violence, c’était déjà un grand pas vers la rédemption. Et ça me demandait une énergie folle. Surtout que maintenant ma soeur ne lâchait pas vraiment les basques, à mon grand désespoir. Je sais que c’est parce qu’elle s’inquiète qu’elle surveille mes moindres faits et gestes. Mais j’avais besoin d’un peu de liberté.

Alors ce soir j’avais fui tel un voleur de ma propre maison. J’avais besoin de me retrouver seul, enfin avec moi-même. J’avais donc pris la direction d’un bar pas très loin de ma maison. Je m’étais accoudé au bar après avoir commandé un scotch qui était arrivé après une minute d’attente. C’était mon premier verre et j’en avais déjà bu la moitié dès que la serveuse l’a posé au bar. Le liquide doré me brûlait la gorge, mais c’était agréable. Je fermais les yeux pour savourer l’alcool. Puis je fais tourner mon verre entre les doigts. Je devais très certainement puer le malheur à des kilomètres. Je n’arrivais pas à me débarrasser de cette odeur, même si on me disait que je devais laisser le temps faire. Faire un trait sur l’histoire de ma vie est compliqué, c’est même plus que douloureux.