Prêt à te faire jeter ? Anackiel

Prêt à te faire jeter ?
Anastasia & Ezeckiel
Ce n'était pas de l'agacement. C'était pire que cela encore. Depuis le début de la journée elle croisait les regards mi-moqueur, mi-critiques de ses collègues et de quelques étudiants, et c'était une situation qu'elle n'acceptait pas. Pire encore, elle avait eut le droit à une convocation dans le bureau du Doyen pour une petite mise au point . Une conversation qui avait coupé court lorsqu'Anastasia c'était penchée sur Cornelius en lui affirmant qu'il devait trouver mieux à faire que de s'intéresser aux ragots balancés par un journal étudiant minable et sans envergure autre que de jouer avec les qu'en-dira-t-on. Une fougue qui avait fini par mettre le feu au poudre, la jeune femme sortant du bureau en claquant la porte. Ce n'était pas la première fois qu'elle et le Doyen se disputaient, et souvent - au vue de leur caractère - cela pouvait être explosif. Mais c'était la première fois qu'elle était en tord, et elle ne l'assumait pas. Pas du tout.
Les nerfs à vifs, elle décida de prendre une pause clope-café à l'arrière du bâtiment, refusant de se retrouver dans la salle de repos, ou dans une salle des professeurs, mise à nue sous le regard de ses collègues. Agacée par l'article, elle était d'autant plus sur les nerfs qu'elle n'avait pas vu Ezeckiel depuis plusieurs jours. Il faut dire qu'elle n'en avait pas eut le temps, passant ses soirées dans son bureau à boucler les nouveaux dossiers de bourses pour la rentrée des vacances de Noël. Le conseil avait demandé une ré-évaluation des bourses des clubs et de certains élèves. Un travail qui aurait pu être évité s'ils n'avaient pas voulu jouer les bons samaritins en début d'année. Passons.

En colère, donc, la jeune femme prit son portable et trouva rapidement le numéro de son futur-ex-amant-s'il-continue-comme-ça. Il avait peut être rien fait, ou alors il s'était vanté de ses exploits à un pote. Elle sait pas. Elle s'en fout. Elle a besoin de gueuler. Une sonnerie, et il répond. « Allô ? » « C'est moi. » Dit-elle sèchement, entrée en matière terrible preuve de son agacement. Elle prend une cigarette, bloque son téléphone entre son oreille et son épaule et l'allume. Elle fume rarement. Mais quand elle fume elle ne fait pas semblait. « Ho... Ana ? Comment tu vas ? » Question intéressante, et au combien pertinente dans ce cas de figure précis. Elle prend le temps de tirer une latte avant de répondre à son amant, reprenant son téléphone à son oreille, et la cigarette dans l'autre main. « Comme une prostituée qui baise à la vue de tout le monde. Et toi ? » Sarcasme. « Tu as lu l'article de l'Oxymoron ? Ca t'éclate de raconter notre vie sexuelle ? » demanda-t-elle, froidement, presque injustement. Qu'importe ce qu'il répondra, ca tombera sur lui. Il est fichu.

Prêt à te faire jeter ?
Anastasia & Ezeckiel
Même fumer sa clope arrive pas à la calmer. C'est peu dire. Cela fait des années qu'elle travaille à Oxford - deux ou trois ans déjà - et elle ne s'était jamais retrouvée dans une situation aussi détestable. Les regards des élèves qui se moquaient soudainement d'elle, et de Cornelius qui la traitait presque comme une adolescente. Elle avait l'impression de perdre le contrôle, et c'est une chose qu'elle ne supporte pas. Elle perd le contrôle avec Ezeckiel. Il l'a met dans des états impossibles, et elle le hait pour cela. Autant qu'elle adore être avec lui, à ses côtés, dans ses bras, dans son lit. Putain. Alors qu'elle compose le numéro d'Ezeckiel et qu'elle l'appelle, son corps tremble tant ses nerfs sont à vifs. Même sa clope n'arrive pas à la calmer. Tirant dessus comme une malade, elle n'arrive pas à trouver la sérénité qui l'envahit d'habitude.
Et il semblerait que son amant n'apprécie pas vraiment le ton sur lequel elle lui parle. Tant mieux, une petite engueulade il n'y a que cela pour lui calmer les nerfs. « Arrête ton sarcasme Ana, pas avec moi ! » Et tu vas faire quoi Bennett ? Une sextape de nous deux ? Sans doute cela pourrait ravir une bonne partie de l'Université. Voir la Fitzwilliam se foutre dans la perversion avec une rock star, y aurait de quoi faire parler d'eux. Encore. Agacée, incapable de se calmer, et s'alimentant elle-même dans sa colère, elle attaque. Première attaque. « Je n'ai rien raconté à personne. Tu sais bien que je ne vois personne en dehors de toi, à qui j'aurais pu raconter notre vie sexuelle ? Tu m'accuses de quelque chose que je n'ai pas fais ! » Genre. Il devrait au moins avouer qu'il est en manque de tabloïds. Ca les fait bander toutes ces rocks stars quand on parle d'elles. Qu'on s'intéresse à leur petite vie. Mais Anastasia ne supporte pas cela. Elle ne supporte pas d'être bafouée, et mise à terre, regardait comme un morceau de viande. Regardée comme si elle ne valait pas mieux que tous les élèves débauchés de cette école. C'était une regrettable erreur. « J'aimerais que tu me dises ce que j'aurais gagné à tout raconter autour de nous. »
Oh ca elle pouvait le faire, ce n'était pas un souci. Elle prit une latte de sa clope, et inspira profondément, comme pour prendre l'air suffisant pour une grande tirade. « Qu'on parle enfin un peu de toi Bennett ? L'ancienne Rock star en toi doit jouir d'être au centre de toutes les conversations de cette université ! Avoue que ça te plait assez d'être au centre des rumeurs ! Ca ravive la flamme de ton putain d'orgueil, ça fait grandir ton putain d'égo. » Dit-elle, crachant son venin sur lui, de plus en plus excédée. Dans son esprit elle repensait au regard, aux chuchotements lorsqu'elle passait à côté d'un groupe d'élèves - ou même de professeurs. L'Oxymoron était un poison. Et elle refusait d'y être à nouveau mise en première page. La dernière fois c'était à cause de sa relation avec Néo. La dernière fois elle avait fini par quitter Oxford, n'acceptant plus les regards de travers. Pas cette fois. « Ca y est ? Tu t'es bien amusée à détruire ma réputation ? Tu as assez joué avec la Gorgone ou tu veux me sauter à la vue de tous maintenant ? Ca pourrait faire scandale un peu plus. Qu'en dis-tu Ez ? Tu as d'autres idées pour tenter de me faire perdre ma place ? Tu cherches quoi ? »