Terminé / Un meilleur ami est le frère que l’on n’a pas eu ~ Angeden

Réveil difficile. Putain de réveil difficile. J’ouvre difficilement les yeux et je me rends compte que je suis chez moi, pour une fois. Personne à côté de moi, c’est bizarre. Quelle putain de soirée, j’ai encore fini à l’envers et je ne me souviens plus de rien. Et ma tête, nom de dieu ma tête. J’ai l’impression qu’il y a vingt marteaux-piqueur et une dizaine de piverts qui frappe contre mon crâne. Je me lève difficilement et lorsque je passe devant le miroir de ma chambre, j’ai limite un cri d’horreur. Je ressemble à un panda toxico. Un putain de panda drogué au bambou. La douche, il n’y a que ça de vrai. Je file donc me laver et au bout de trente minutes passées sous l’eau, ce connard de mal de tête n’est toujours pas passé. Putain je vais mourir, voilà ce que c’est que de repousser ses limites. Je reçois soudain un SMS qui me fait presque oublier ma migraine. Angelus, mon meilleur ami de toujours, celui qui a toujours été là pour moi, celui que je considère comme mon frère. On a fait les 400 coups ensemble et jamais je ne veux être séparée de lui. Je pense que je finirai mal si cela venait à arriver. Comme d’habitude, il ne me connait que trop bien et m’invite à venir chez lui. Lui et ses aspirines. Lui et son gâteau. Rien de mieux que mon meilleur ami et de l’aspirine pour décuver. Je réponds vite fait que j’arrive de suite. J’enfile un jogging, un sweat et un bonnet et je file de l’appart en marmonnant un « J’suis chez Angelus » à mes coloc’ puis je pars.

Sur le chemin pour aller chez lui, des tas de passants me regardent de travers et me dévisage. Ouais je ressemble légèrement à une clocharde avec mes vêtements et ma cloque au coin de mes lèvres mais bordel que je m’en fous. Je veux juste retrouver Angelus et faire disparaitre ce mal de tête. Un fois arrivée devant sa porte, je ne toque pas et rentre directement. Je n’avais pas l’habitude de toquer et puis bon, Angelus est comme mon frère, mon jumeau. Je le trouve à la cuisine à faire je ne sais quoi, dos à moi lorsque j’arrive. Je passe mes bras autour de sa taille et pose ma tête contre son dos. Je marmonne, limite en bavant sur son T-Shirt :

« Bordel dis-moi que t’as des aspirines. Des tas aspirines. J’ai jamais eu une telle gueule de bois. J’te jure, y’a genre dix chantiers dans ma tête avec les bulldozers et tout le bordel. »

Ma voix est rauque, on dirait une vieille de 50 piges qui a fumé deux paquets de clopes pas jour toutes sa vie. Ouais, je suis un cas désespéré.


   

Il n’y a pas meilleur sensation que d’avoir quelqu’un sur qui on peut se reposer. Pour moi, ce quelqu’un est Angelus, mon meilleur-ami. Je l’ai aimé à la seconde où je l’ai vu à Paris, lorsque j’avais sept ans. La belle époque, l’insouciance, l’innocence. J’ai grandi avec lui, chaque été était meilleur que le précédent. J’ai tout essayé avec lui, grâce à lui, il a fait de ces vacances des putains de moments que je n’oublierais jamais. Je lui confierai ma vie, je pourrai mourir pour lui et jamais de ma vie je n’ai fait confiance à quelqu’un comme cela. Je sais qu’il ne me trahira jamais, je sais que peu importe ce que je fais il restera près de moi. Il m’a vu dans les pires états qu’il soit, il sait que j’ai fait des choses dont je ne suis pas fière et pourtant, il ne m’a jamais repoussé. Angelus sait tout de ma vie, dans les moindres détails, il peut lire en moi comme un livre ouvert et en regard, je le comprends autant qu’il me comprend. Il ne m’a pas oublié durant toutes ses années où l’on ne sait pas vu et pour ça, je lui en serai éternellement reconnaissante. Aujourd’hui je serai perdue sans lui car derrière l’allure de la fille débauchée comme pas deux se cache une autre fille, celle qui souffre de l’absence de sa mère, celle qui souffre des non-gestes de son père. Une petite fille perdue et sans repères. Angelus est ma bouée de sauvetage et il m’empêche de couler.

C’est pourquoi j’ai limite couru jusque chez lui lorsqu’il m’a envoyé ce SMS. Encore une fois il a su que j’étais dans un état au-delà de pitoyable. Lui seul sait quoi faire lorsque je suis comme ça, lui seul peut faire partir ces maux de tête insoutenables. Lui seul est là pour moi de toute façon. En temps ordinaire je mets environ dix minutes pour aller chez mon meilleur ami. Sauf qu’aujourd’hui j’ai mis vingt bonnes minutes avant d’enfin voir le bout de mon calvaire matinal. Je trainais des pieds, grognais, soufflais et les gens me dévisagent d’une drôle de façon. Ouais je ressemble à une folle furieuse échappée de l’asile et je soupçonne même certains d’hésiter à appeler l’hôpital le plus proche. Un regard méchant suffit pour les dissuader. Mon nom allait encore être évoqué aujourd’hui par toutes ces foutues commères. Je m’endors limite dans l’ascenseur puis j’entre d’un pas lourd dans l’appartement de mon frère de cœur. Un vrai zombie, je suis sure que je pourrais jouer pour la prochaine saison d’une de ces séries. Je trouve bien vite Angelus à la cuisine grâce à l’odeur de déo présente dans tout l’appartement. Il a dû aller courir ce matin, ou faire un quelconque sport genre musculation ou autre. Au moins, il dépense les calories que je ne dépenserais jamais. Lorsque je lui parle tête contre son dos il rigole doucement et me dit que tout est prêt. Il parle doucement car il sait que les sons sont amplifiés lorsque je suis comme ça. Je lui marmonne alors :

« T’es vraiment le meilleur des meilleurs amis, je ne te mérite pas »

Je bois le verre d’aspirine d’une traite. Il se retourne ensuite vers moi pour me donner une part de gâteau que je prends à contre cœur. J’aime les gâteaux mais là j’ai juste envie de me droguer à l’aspirine. Il me parle d’un ton protecteur et je lui souris tendrement avant de répondre :

« Mon estomac va bien, je crois, mais alors mon foie lui…. »

Il me prend la main pour m’emmener vers le canapé où il m’installe contre lui. C’est là où est ma place, dans ses bras. Je pose l’assiette à côté de moi et me love contre lui avant de fermer les yeux pour lui raconter.

« C’était ce genre de soirée qui part en vrille vers 23h, où tout le monde est allongé par terre. J’ai essayé des mélanges de dingues et tu sais ce qu’on dit, les mélanges c’est le pire truc qu’il soit dans ces soirée. Le dernier truc dont je me souviens c’est de faire le poirier sur un fut de bière pour battre un record. Record que j’ai battu, j’ai tenu genre 30 secondes tête en bas à boire de la bière. Ouais c’est ça qui m’a foutu mal j’suis sure. Mais ce matin je me suis réveillée dans mon lit et je ne sais pas comment j’ai atterri là mais bon. »

Je me relève pour saisir l’assiette devant moi puis retombe en arrière dès que je l’ai. Je mange une bouchée et un soupir s’échappe de mes lèvres tant la sensation est exquise. Je dois l’admettre, j’avais une faim de loup.

« Et toi, ta soirée ? T’as fait quoi de beau ? »



   

« Un jour je devrais te donner un rein. Avec tout l'alcool que tu bois tu en auras besoin, et je serais là... » Je souris tellement lorsqu’il me dit ça que mes joues me font mal. Je sais qu’il serait capable de le faire, ça a toujours été comme ça entre nous. Pas s’échanger des organes, dieu merci je suis entière, mais être là l’un pour l’autre en toute circonstance. Je me souviens de l’été de mes douze ans où j’avais pris une valise vide au lieu de ma valise de vêtements. J’avais quelques vêtements dans ma maison de vacance mais ils étaient pratiquement tous petits. Angelus m’a prêté plusieurs de ses vêtements et je m’en foutais d’être habillée comme un garçon. Bien sûr après mon père m’a racheté des robes et autres froufrous mais je gardais quand même ceux d’Angelus. Ces souvenirs me font tout le temps sourire et pour rien au monde je ne voudrais les oublier. Il a toujours sur m’écouter et me conseiller et ce, même lorsque l’on était des enfants. Il m’expliquait le monde, allongés dans un des jardins de Paris et on passait des journées entières à observer les nuages. Je revins à moi, un sourire scotché aux lèvres et je lui réponds :

« Ça serait cool d’avoir un de tes reins, on aurait la même cicatrice et tout. »

Puis je pars dans le récit de ma soirée démentielle. Sa joue sur le haut de mon crâne m’apaise, me calme et plus les secondes passent, plus mon mal de crâne s’évapore. Mon meilleur ami et le meilleur des médicaments, le meilleur des remèdes. Sa voix est douce lorsqu’il me parle, pas une once de jugement, ni de méchanceté. Il continue en me disant être une alcoolique. Je lui donne un léger coup de coude dans les côtés, très léger. Je ne suis même pas sure qu’il l’ait senti.

« Je pense qu’à la fin, de la bière coulera dans mes veines. Je te ferais des dons si tu veux. Mais n’empêche, sans manger je maigris ! Tu verras quand je serais mannequin. »

Puis je le sens se lever et vu que je ne m’y attendais pas, je retombe comme une larve sur le canapé dans une position. Je repose l’assiette sur la table basse et me mets sur le dos en l’attendant. J’écoute et je l’entends aller dans la salle de bain. L’eau coule puis s’arrête et enfin il revient. Je me révèle bien difficilement puis il se poste devant main et pose un gant d’eau fraiche sur mon front. Je ferme les yeux puis à peine est-il installé que je me love à nouveau contre lui. Je reprends ma part de gâteau et mange. Je l’écoute puis il continue en me disant qu’il a revu son ex. J’ai déjà entendu parler de cette ex qui se nomme Daisy, brune et tout le bordel. Tout s’assemble dans mon esprit. Putain il n’y a pas 50 Daisy à Oxford. Sous le coup de la surprise, je m’étrangle et je sens que le morceau de gâteau a du mal à descendre. Je tousse violemment tout en me tapant la poitrine. Je m’écarte de lui et repose mon assiette avant de lui dire, non du lui crier :

« Putain Angelus Azazel Debussy, ne me dis pas que ton ex c’est Daisy Hamilton. Putain non dis-moi que c’est une autre Daisy, n’importe qui mais pas elle putain. »

Je prends ma tête entre mes mains. Cette peste est la fameuse ex d’Angelus, celle qu’il a aimé plus que sa vie. Putain j’hallucine.  

 




   

Angelus est mon soleil, mon centre de gravité. Je sais que sans lui je m’effondre, je ne suis plus moi-même. Durant les années où je ne l’ai pas vu, je sentais qu’il me manquait quelque chose, qu’il manquait quelque chose à mon existence, à mon âme. Il est mon âme sœur. Pas au sens amoureux du terme mais amical. Il me complète, me protège tout comme je le protège, m’écoute, me conseille. Même si pour le dernier point, il galère souvent à me faire entendre Raison. La plupart du temps il me donne un conseil, conseil que je n’écoute pas puis une fois la connerie faite je reviens vers lui pour lui faire savoir qu’il avait raison. Mais je suis comme ça, je n’écoute que rarement ce que l’on me dit et bien souvent j’ai tort. Et mon meilleur ami est bien là pour me le rappeler ce fourbe. Mais ne dit-on pas que l’on apprend de ses erreurs ? On va dire ça, il me faut bien une excuse de toute façon. Mais voilà, avec Angelus ça se déroule comme ça. Lorsque l’on est dans la même pièce, on ne peut s’empêcher de se faire des câlins, d’être collés ensemble. On m’a souvent demandé si j’étais en couple avec lui et j’aime répondre que oui, histoire d’alimenter un peu plus de rumeurs sur moi. Une chose est sure : maintenant je ne peux plus rester loin de lui, j’ai besoin de lui comme j’ai besoin de respirer.

La façon dont il me regarde lorsque je lui parle me suffit à me faire sentir mieux. Il est le meilleur des médicaments. Lorsque j’évoque ma possible carrière de mannequin, il lève les yeux au ciel, ce qui me fait sourire. Il a toujours eu ce don de me faire sourire comme une débile mentale. Mais bordel ce que ça fait du bien. Ce qu’il me dit ensuite étire un peu plus mes lèvres et je me love un peu plus contre lui avant de lui répondre d’une voix perchée imitant celle des filles superficielles, tout en plastique:

« Je ne comprends pas pourquoi tu dis ça hein »

Puis j’éclate de rire face à mon imitation médiocre. Lorsqu’il part dans la salle de bain, je reste allongée sur le dos et repense à notre amitié. Je pense qu’il est la personne qui me connait le mieux, qui me comprend et le reste. Et malgré les quelques années qui nous ont séparé, rien n’a changé. Il est désormais une partie de moi, la meilleure partie de moi. Un sourire nostalgique ne quitte pas mes lèvres lorsqu’il revient avec un gant d’eau froide, le Saint Graal. Mais bon, cette situation était trop parfaite et il a fallu qu’il parle de son ex. Pas que je sois jalouse mais cette ex-là, je ne peux tout simplement pas la voir. Daisy Hamilton, Satan personnifié. Je lui hurle dessus, littéralement. Ma gorge me brule mais je m’en balance. Il me regarde avec un sourire de con après m’avoir demandé un « pourquoi » presque inaudible. Je suis encore sous le choc. Enfin bon il m’en faut peu. Surtout que j’ai encore l’alcool et la drogue trop présents, un rien m’irrite et je suis lunatique un lendemain de cuite. Lorsqu’il blague quand je m’étrangle moitié s’en est trop, je m’éloigne un peu plus de lui et part à l’autre bout du canapé. Je suis tellement énervée, je vais forcément dire des choses que je vais regretter. Exaspérée, je me lève et bordel je tourne encore, j’ai failli tomber. Mais je ne montre rien, ce n’est pas le moment.

« Non mais tu te fous de moi ? Tu oses me demander pourquoi ? Cette fille est une peste ! Putain mais Angelus sérieux t’es aveugle ou quoi ? Tu ne vois pas le mal qu’elle fait autour d’elle ?! J’hallucine putain »

Ce qu’il me dit après m’achève. Le summum de la colère, l’exaspération, la fatigue, tout. Moi exagérer ? Pas le moindre du monde, comment ose-t-il me dire ça ? Tout s’accumule et putain pourquoi faut-il qu’elle s’immisce toujours dans ma vie ? D’un ton bien trop calme je lui réponds :

« Tu sais quoi ? Laisses tomber. Vas profiter de ta Daisy. »

Puis je pars m’enfermer dans la salle de bain, en prenant soin de bien claquer la porte. Je me sens en sécurité dans cette petite pièce et je m’adosse à la porte en prenant ma tête entre les mains. Si elle apprend qu’il est mon meilleur ami, elle va l’éloigner de moi, faire tout pour qu’il me déteste et elle y arrivera. Cette garce arrive toujours à ses fins. Elle peut tout me prendre, je m’en fous. Mais pas Angelus. Si elle me le prend, s’en est finit de moi, je ne peux pas vivre sans lui. Un sanglot secoue mon corps et des larmes commencent à s’accumuler dans mes yeux. Je les frotte rapidement pour ne pas pleurer mais lorsque je reprends mon souffle, un cri étranglé s’échappe de ma gorge. Adossée contre cette foutue porte, recroquevillée la tête sur mes genoux relevés, je ferme les yeux ignorant les bruits qui se font entendre de l’autre côté.
 




   

Tout au long de notre vie, nous allons rencontrer des centaines de personnes. Certaines resteront à vos côté pendant un an, d’autre pendant cinq ans et d’autres vous accompagneront jusqu’à la fin. Angelus fait partie de cette dernière catégorie. Je le connais depuis que je suis gosse et il m’a tellement apporté durant toutes ces années qu’il m’est difficile de m’imaginer sans lui. Il ne peut y avoir d’Eden sans Angelus. Il me comprend en un regard et je sais qu’il me protègera toujours envers et contre tous. Je sais que si jamais je venais à avoir des ennuis, il viendrait me sortir de là et arrangerait tout l’histoire. Je fonce dans le tas, lui est plus du genre à penser. Au fond, nous sommes pas mal différents mais on se complète, telles deux pièces de puzzle. Depuis qu’il est revenu à Oxford, il m’a toujours accompagné pendant mes gueules de bois. Il les rend plus supportable on va dire. Nos retrouvailles étaient pour le moins épiques, le plus beau jour de ma vie à présent. C’est un jour pluvieux, un vrai temps de chien ! Il pleuvait depuis le matin et comme une con, je n’avais pas pris de parapluie. Je rentrais du boulot en courant, mes fringues étaient trempées et je fonçais tête baissée. Arriva ce qui arrivé, j’ai foncé dans quelqu’un et ce quelqu’un était Angelus. S’en ai suivi une nuit blottit l’un contre l’autre sur son canapé à se raconter les années l’un sans l’autre, à rire, à se retrouver, tout simplement. Depuis ce jour, on ne se quitte plus et il m’est difficile de passe un jour sans le voir ou ne serait-ce que l’appeler. J’aime ses petites attentions, ses gâteaux au chocolat, son jus d’orange et ses aspirines. Je le frappe doucement à l’épaule lorsqu’il me dit que je serais mauvaise en chant. D’un ton presque méchant, presque, je lui réponds :

« Je vais m’inscrire à The Voice tu vas voir ! Et c’est moi qui gagnerais ! J’irais avec le coach sexy là »

Puis je lui tire la langue, comme l’éternelle gamine que je suis. Enfin voilà, tout avait bien commencé mais il a fallu qu’il parle de son ex. Le diable en personne j’ai nommé Daisy Hamilton, fille du Doyen. Je tourne en rond devant lui et il reste assis sur son foutu canapé, à ne rien faire. Putain mais c’est une blague, une putain de caméra cachée. A un moment, s’en ai trop, j’explose. Lassée de lui et de cette dispute à la con, je pars trouver refuge dans la salle de bain où je m’adosse à la porte en bois. Je l’entends s’approcher, c’était sûr. De nous deux, c’est toujours lui qui a fait le premier pas après une dispute. Je ne suis pas du genre à mettre ma fierté de côté si facilement. Mais je ne lui ouvrirai pas, qu’il aille avec sa chère et tendre Daisy. Non je ne suis pas jalouse. Pas le moindre du monde. Lorsqu’il me dit d’ouvrir, je me racle rapidement la gorge et essaie de ravaler mes larmes, en vain. La gorge nouée, je lui réponds :

« Vas t’en Angelus, laisses moi. »

Mais si moi je suis une tête de mule, Angelus est pire. Ses coups deviennent de plus en plus forts, la porte tremble derrière moi. Je ne peux empêcher les larmes qui roulent le long de mes joues et je me cache dans mes mains afin qu’il ne m’entende pas pleurer. Bien évidemment, ça ne marche pas. Puis soudain, sa voix se fait plus forte et il me dit de reculer. Putain je sais ce qu’il va faire. Sans plus hésiter je me lève et me refugie près du lavabo. L’instant d’après, mon meilleur ami enfonce la porte qui cède sous la violence de l’impact. Il s’approche de moi et ce qu’il me dit me décroche un sourire, malgré moi. Il ouvre son bras droit et je fonce vers lui. J’entoure sa taille de mes bras et je le sers fort, si fort que je pourrais l’étouffer. Assez violent comme câlin. Je me cache dans son débardeur et marmonne :

« T’as rien de déplacer, espèce de mauviette »

Je suis faible de toute façon, impossible d’être en colère contre lui. Et puis la gueule de bois me rend légèrement lunatique. Ou schizophrène. Ce qu’il me murmure me réconforte légèrement et je le serre encore plus. La tête toujours plaquée contre son torse, je murmure :

« Elle me pourrit la vie au quotidien. Tu n’as pas idée à quel point elle m’énerve. Bon c’est œil pour œil aussi, je lui rends bien mais merde, si elle sait que je tiens à toi plus qu’à quiconque elle va tout faire pour séparer de moi. Elle va te demander de choisir et je sais que… »

Je ne peux pas finir ma phrase, les larmes reviennent et recommencent à couler lentement sur mes joues. Je pense que c’est dû à un mélange de tout, fatigue, gueule de bois, et le reste. La voix tremblante, je reprends :

« Il ne faut pas qu’elle sache, elle va t’éloigner de moi, te raconter des conneries et putain, j’en mourrais Angelus. Si elle t’éloigne de moi je ne pourrais pas le supporter. T’es ma famille, la seule personne qui compte vraiment pour moi. »

Puis je me déplace légèrement afin de me retrouver devant lui. Je me hisse sur la pointe des pieds et enroule mes bras autours de sa nuque. Ma tête se loge dans son cou et il n’y a pas meilleur endroit au monde. Mes mains jouent avec ses cheveux pendant que les battements de mon cœur ralentissent. Le calme après la tempête. Ou avant.