(terminé) Tisane & bavardage

Disney, ce monde enchanté, ce monde où toutes les petites filles pouvaient être des princesses, des belles filles qui ont certes au commencement bien des misères mais qui vivaient dans l'espoir de rencontrer quelqu'un qui changerait tout et qu'ils lui donnent une fin heureuse. Aucune princesse correspondait au type de Lucia. Elle n'avait pas de fin heureuse, elle a pas eu un début heureux, elle a eut une mère qui s'en fichait complètement d'elle. Laissant la rue lui faire des traces indélébiles. Ce n'était pas facile, parfois, elle était chez la voisine qui lui demandait de surveiller ces enfants. A elle, une simple enfant de 7 ans, on lui avait demandé de faire le ménage, la cuisine, et donner le biberon à certains et gérer 4 enfants. Mais sa voisine, d'une cinquantaine d'année a été la seule à se préoccuper quelque peu d'elle. Voilà la triste figure maternelle qu'elle s'était faite. Serait-elle comme ça avec Ethan ? Avec sa fille ? Si elle a d'autres enfants ? Le souvenir amer de son enfance, les traces de la rue seraient-elle plus fortes contre son envie d'être une bonne mère.

La douceur du chocolat envahit ses sens, une chose qui lui avait manqué durant son enfance, elle n'avait pas de petit déjeuner. Ni le réconfort d'une mère avec une tasse de chocolat chaud et sa voisine réservait ça , à ses enfants, pas à elle. Elle était généreuse mais elle pensait à faire vivre ses enfants d'abord et après les autres.

-Oui cela a été dur, dit-elle pensivement, très pensivement. Oh Paris, tu étais très riche pour vivre là-bas ! S'exclama-t-elle étonnée.

Lucia te lançait un regard. Paris. La ville du romantisme mais des riches aussi. Tu étais donc une riche. Il fallait être riche pour vivre à Paris. Une amertume lui vint. Elle se traitait mentalement d'idiote, personne ne pourrait vraiment lui ressembler, ce qu'elle a vécu. Il y aurait toujours un cliché entre elle et les gens d'ici. Tu avais beau lui ressembler sur certaines choses, tu n'avais pas couché avec des garçons, à 13 ans. Appris à lire, extrêmement tard. Tu n'as pas attendu, comme elle a attendu pour finalement, apprendre la mort de ta mère sans que celle-ci puisse te demander pardon de ce qu'elle avait fait subir. Sans qu'elle puisse te donner une geste tendre, une photo de leur complicité. Elle n'avait que le souvenir de sa mère, d'une profonde amertume et d'une longue attente. Ses yeux vinrent briller tandis qu'un sentiment que les autres ne pourraient la comprendre, elle venait à boire son chocolat chaud pour oublier l'amertume qui lui serrait la gorge à ce moment. C'était mieux, il fallait oublier.

Lucia n'a jamais pu croire aux contes de fées. Sa mère ne lui avait jamais parlé de princes charmants, de belles princesses. Elle ne lui avait très peu parlé d'ailleurs. Sa relation avec sa mère se déterminait en deux phrases telles que " je vais me coucher, je suis fatiguée" ou encore " pas maintenant, Lucia". Sa mère n'avait jamais eu le temps pour venir voir sa fille, pour s'amuser avec elle ou juste passer du temps avec celle-ci. Lucia avait toujours ressenti une forme de rejet et une solitude. Tous les autres mères restaient avec leurs enfants , sauf la sienne. La sienne, lorsqu'elle lui parlait, c'était comme si c'était un effort surhumains. Elle était déjà lasse d'elle. Parfois, elle s'étonnait d'être encore en vie. Sa mère ne semblait pas l'aimer. Sa mère ne lui avait jamais dis, conseillé à propos des hommes. Son père n'arrivait pas à s'occuper assez d'elle, trop occuper à subvenir à leurs besoins. Alors, pauvre petite fille, n'avait jamais appris ce qu'était un prince charmant, un homme doux, intelligent et courageux.  Elle s'était mis à coucher avec des garçons et ce n'était pas des plus doux, intelligent et courageux.

Etrange, Lucia était sortie avec un dealeur lorsqu'elle était un peu plus jeune. Ce n'était pas bizarre pour elle. Ayant vécu avec des dealeurs, en tant que voisin ou amant. Lucia ne comprenait pas ce qu'était une cité, enfin, elle avait vécu dans une grande pauvreté mais elle ne comprenait pas ce qu'était une cité.

-C'est quoi une cité ? Je ne trouve pas ça étrange de traîner avec des dealeurs mais après , c'est peut-être parce que je suis sortie avec un, s'enquit-elle.

Lucia eut un sourire malgré l'amertume qui perçait son coeur. Son chocolat chaud dans la main, en le buvant doucement. Son péché mignon bien qu'elle adorait plutôt les crêpes au chocolat ainsi que les gaufres, chez elle, ce n'était pas réputé tout cela.

-C'est vrai lorsque j'étais petite à Cuba, tout cela n'était pas réputé , surtout avec les gaufres et les crêpes, déclara-t-elle tout doucement.

La belle cubaine but encore une gorgée de son chocolat, remplissant son coeur de bien-être et de cette chaleur insouciante.

Lucia avait dû être terre à terre, tout au long de sa vie. Elle s'était battue, elle avait foncé, faisant des choses impardonnables, comme d'avorter son premier enfant, avoir couché avec des mecs à 13 ans, et avoir été une femme soumise aux hommes, aux dealeurs. Elle n'avait pas toujours été cette femme sage au caractère bien trempé. Celle que Liam connaissait n'était pas celle qu'elle fut, il y a quelque années. Auparavant, Lucia était plus complexe et beaucoup moins sociables. Elle avait été une vraie saloperie, il y a quelques années. Elle n'était pas une personne à approcher, instable, violente et surtout en pleine crise d'identité. Elle s'était cherchée. Son travail à Oxford l'avait changé, métamorphosé, elle s'était calmée et avait compris son rôle sur Terre, ce qu'elle devait faire, qu'elle devait changer et garder son caractère d'origine. Lucia était devenue plutôt calme, l'impulsivité avait disparu pour laisser paraître un certain calme, bien sûr son caractère était encore là et valait mieux pas la chercher. Maintenant, elle était enceinte et devait encore plus se calmer. Lucia ne savait pas, si elle allait réussir.

Lucia t'offrit un sourire, c'était assez différent des favelas , très même, les favelas étaient encore plus pauvres que ceux qui habitaient dans une cité, et quasiment aussi riche dans la culture et tout cela. Mais les favelas, constituaient des maisonnettes très bancales, sans électricité, ni eau. La précarité absolue et la violence aussi. Des gangs avaient sévi chez elle, et il n'était pas rare que certains se prennent des balles perdues. Lucia aurait été toujours la plus pauvre de toute sa vie. Elle devait s'habituer.

-Oh, je vois. Je connais un peu cela. Enfin, je crois. Je sais ce que c'est d'être pauvre. Très même, dans les favelas, déclara-t-elle avant de la regarder et soupirer. Dans les favelas, tu mangeais ce qui était potable. Ma voisine me donnait les restes de sa cuisine pour que je mange, poulet à la cubaine, je ne prenais pas de petits déjeuner et encore moins des choses sucrées, si tu veux savoir, j'ai découvert le chocolat chaud au Venezuela, quand je suis partie vivre chez mon père, j'avais environ 9 ans et c'était la domestique qui me le faisait tous les ans, bref, voilà, répondit-elle avec un sourire en coin.


Lucia but encore une autre gorgée de son chocolat chaud, il était vrai que vivre dans la pauvreté absolue était très dur mais Lucia connaissait cet environnement mieux que personne.

Les favelas étaient autre choses pour elle. C'était son lieu natale, son lieu de prédilection, où malgré le malheur qu'elle avait vécu. Elle y retournait très souvent. Les voisines d'autrefois étaient en quelque sorte la seule famille qui lui restait, les seules qui connaissaient sa mère et les seules qui s'étaient préoccupées d'elle. Cuba était paradisiaque alors. Autrefois, lorsqu'elle était petite. Elle ne mesurait pas la chance qu'elle avait de vivre dans une île si belle, pour elle, Lucia voyait la misère, la pauvreté. Elle ne voyait que sa mocheté. Autrefois, elle mandait dans les rues maintenant, elle donnait aux petites qui faisaient la même chose en leur promettant que tout allait s'arranger. Sans grande conviction, mais c'était pour donner de l'espoir.  Lucia restait une exception, elle s'en était sortie, car elle était partie relativement jeune des favelas bien qu'elle avait des souvenirs très nettes de son enfance passée là-bas.

Lucia adorait maintenant se balader dans les rues colorées de Cuba. Elle avait un certain attachement à cette île, même si ce n'était que celle qui lui avait donné des malheurs. Elle s'était fait une promesse pour son enfant, il ne vivrait pas ce qu'elle a vécu là-bas. Elle but une nouvelle gorgée de son chocolat chaud.

- Je ne m'en plains pas, je fais avec. De toute manière, je n'ai pas eu le choix et faut que je vis avec, mais parlons d'autres choses, déclara-t-elle tout doucement.

Elle avait ignoré ta compréhension. Tu ne pouvais que comprendre une partie mais pas l'autre. Elle n'était cependant pas la plus à plaindre dans ce monde, et elle était fière d'être la gamine qui est partie de rien et qui était un des professeur les plus appréciés d'Oxford.

Lucia était revenue et les rues faites de sables, et de maisons délabrées s'étaient quelque peu transformés. Autrefois, les routes étaient chaotiques, remplies de trous et des cailloux partout, crevant les pneus des voitures. Le sable s'envolant, venant dans les yeux des enfants qui jouaient à proximité des routes sans surveillance. La rue, les routes étaient leurs terrains de jeu, à défaut d'avoir la télévision, l'attention des parents et d'un parc seulement pour eux. Lucia découvrit les joies de l'électricité à ses 13 ans, à sa venue de l'Angleterre, pour ce qui était quelque chose de simple et de naturel pour les enfants. Elle, en fut étonnée et surprise d'en découvrir plus de choses sur cela. Disney en faisait partie, tous les enfants furent bercés par les dessins animés, par les contes de fées, par des parents mais pas elle, pas Lucia. Son enfant aurait ce qu'elle n'a jamais pu avoir enfant. De l'amour, de la tendresse, de l'attention et des joies.

Le temps, Lucia avait grandi trop vite. Son innocence avait laissé place trop vite à une moue grave et adulte. Elle avait croulé sous des problèmes d'adultes, sous la solitude. Elle aurait aimé que sa mère s'intéresse à elle mais elle était morte et ne reviendrait jamais. Sans éducation, Lucia fut laissée à elle-même alors elle parlait mal, ne mangeait pas à table comme les autres. Elle avait livrée à elle-même et même dans ces cours, cela se faisait ressentir.

- Plutôt cool quand mes élèves me respectent et font ce que je leur demande, sinon, je suis plutôt sévère, mais pas dictatrice, déclara-t-elle.

Après les élèves étaient assez grands pour comprendre que Lucia n'était pas leur ennemie ni aucun des profs.

Lucia avait entendu parler des attentats, cela l'avait touché. Elle avait vécu dans la même peur que ces personnes durant le massacre. Elle avait toute son enfance dans la peur de perdre son taudis qui lui servait de maison. Elle avait vécu dans la peur des gangs, de leurs coups de feu la nuit. La criminalité faisait partie des pauvres. Les pauvres qui faisaient partis des gangs essayaient de s'en sortir, tant bien que mal dans leur misère. Mais ces hommes qui avaient fait n'avaient pas de causes justifiées. Ils étaient fous , ces hommes. Fous de croire que le monde entier allait se taire. Ils l'ont fait pendant quelques heures, deux journées avant de s'illuminer, de crier, et de rire, danser. La meilleure réponse qu'on pouvait faire à ces personnes. Ils ne soumettraient pas le monde entier, et ces personnes qui avaient péri, préféraient que les personnes continuent à vivre, à faire la fête, donner cette magie à Paris. C'était tout ce qui comptait pour Lucia. Il ne fallait pas se laisser à la panique et la peur. Il fallait la combattre. Le feu appelle le feu. Lucia eut un petit rire.

-Et heureusement, sinon, je les aurais puni , déclara Lucia en plaisantant.

Lucia était une femme qui aimait la liberté d'expression, qu'on lui dise clairement ce qu'on pensait d'elle, du moment que c'était justifié. Elle but une gorgée de chocolat chaud qui lui donnait tant de souvenirs tendres.

- Mon père faisait fondre le chocolat au lait dans du lait qui bouillait et rajoutait un peu de cannelle, sourit-elle en se rappelant de ce que son père faisait pour elle.

Lucia te regardait, les yeux pétillants à ce souvenir tendre de son enfance, un des seuls qui lui faisait du bien. Le chocolat chaud adoucissait énormément ses moeurs.

Lucia n'avait jamais voyagé, elle avait déménagé au Venezuela puis en Angleterre, où elle avait du apprendre une langue inconnue rapidement. Mais jamais, elle n'avait été en vacance, enfant. Elle n'avait jamais passé réellement du temps avec son père. Elle n'avait jamais été à un concert ou dans un parc d'attraction. Son père travaillait trop pour subvenir à leurs besoins. Au Venezuela, Lucia avait passé plus de temps avec son père qu'en Angleterre. Là-bas, avec les grandes études que son père avait fait, il arrivait à avoir un bon travail et du temps libre pour jouer avec sa fille. Faire en sorte qu'elle oublie que sa mère lui avait fait du mal en ne lui donnant pas de l'attention et de la tendresse. Mais en Angleterre, le niveau d'étude n'était pas le même, il avait du trouver un boulot rapidement, une maison terne. Il devait subvenir à leurs besoins quitte à ce que sa fille paye le prix. Son père avait finit par ne plus passer du moment avec lui.  Elle avait du atteindre l'âge adulte pour aller au concert sans lui.

- C'est vrai, je les punis rarement, déclara-t-elle tout doucement. Les rumeurs sont justes là pour mettre le bordel, ajouta Lucia tout doucement.

Lucia sourit face à la mine envieuse. Rare étaient les fois où elle faisait envier les personnes. Avec sa vie misérable et minable. La belle trentenaire eut quelque peu mal au ventre, le bébé allait la faire devenir chèvre. Lucia eut un sourire malgré la douleur. Ce chocolat chaud de son père lui manquait tellement. Son père lui manquait plus que tout.

- Ca l'était, j'adorais son chocolat. Il était le seul à vouloir me comprendre et me donner de l'attention, il me manque tout comme son chocolat, déclara Lucia pensivement.

Sa voix se brisa tandis qu'elle regardait la tasse et son coeur se serrait à la pensée de son père.