(inachevé) Pour quelques feuilles au sol... - pv Elliot
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Sujet: (inachevé) Pour quelques feuilles au sol... - pv Elliot Dim 31 Jan - 20:06
Il agita la main et les laissa filer en souriant : Sarah pencha un peu la tête en passant, inquiète malgré tout et surtout déçue de ne pas pouvoir l’aider mais il la rabroua gentiment. Elle devait filer en cours sinon elle allait rater le début et ne pourra plus suivre : il la connaissait par cœur, il avait eu le temps de tous étudier et il savait pertinemment que Sarah avait besoin de suivre un cours du début à la fin. Lui pourrait attendre, reprendre plus tard : il était coincé de toute façon devant sa pile de feuilles éparpillées à travers le couloir qui se vidait progressivement. Ses amis partaient un à un, quittant la salle de cours pour se rendre dans l’amphithéâtre, pendant que lui ramassait et triait calmement les feuilles qu’il avait lâché en sortant. Comme un maladroit. Comme l’éternel maladroit qu’il était.
Il n’avait jamais été particulièrement doué avec les mains mais cela semblait empirer avec le temps : la veille il avait cassé deux béchers dans le cours de Crowlley, juste en faisant passer la feuille d’émargement… Et aujourd’hui, l’échappée libre de ses notes de cours et ses multiples fiches en plein milieu du couloir… Loin de se précipiter néanmoins, il ramassait calmement chaque feuille pour la ranger chronologiquement, refusant de ranger cela dans le désordre pour devoir tout reprendre une fois dans sa chambre d’étudiant. Tant pis s’il ratait le cours d’après : ce n’était qu’un rappel et il était facultatif. Andrew n’en avait pas vraiment besoin, et c’était uniquement parce que les autres avaient insisté, sachant qu’il aurait forcément les réponses aux questions potentielles du professeur, qu’il avait accepté de venir. Avoir un Andrew avec soi en cours, c’était s’assurer de ne jamais pêcher devant une question un peu trop ardue : pour cette fois-ci, ils feraient sans lui.
Sa main repêcha une feuille qui avait glissé quelques mètres plus loin et il la ramena sagement dans son giron, guettant la date qui y était inscrite. « Ah te voilà, je te cherchais toi ! » chuchota-t-il doucement à ladite feuille coupable.
Il la rangea dans le tas correspondant en souriant, heureux comme un gamin de si peu. A défaut d’avoir une véritable raison de rire, il se contenterait de celle-là : plus l’année avançait et plus les catastrophes s’amoncelaient au-dessus de sa tête, telles des épées de Damoclès acérées et impatientes de sceller son destin ici… Se penchant sur le côté, il mit la main sur une feuille et tira : celle-ci ne bougea pas d’un centimètre, fermement retenue par un pied qui était posé dessus et ne semblait pas vouloir bouger. A genoux au sol, Andrew cligna des yeux et remonta son regard le long de la jambe, passant rapidement le torse pour découvrir un visage qu’il connaissait.
MacTavish. « Excusez-moi, je dois récupérer ma feuille. » déclara-t-il calmement, avant de lui renvoyer le même éternel sourire qu’il ne réservait qu’à lui.
Un sourire qui ne voulait rien dire et n’avait rien à dire.
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Sujet: Re: (inachevé) Pour quelques feuilles au sol... - pv Elliot Dim 31 Jan - 20:50
Pour quelques feuilles au sol...
Andrew & Elliot
Même après toutes ces années, parcourir les couloirs de l'université restent étrange pour Elliot, il ne s'y sent tout simplement pas à sa place, il n'y ai pas. Il n'est qu'un gosse battu, un meurtrier, un monstre, le prof de littérature qui sort d'on ne sait trop ou, il n'est pas quelqu'un de respectable et les rumeurs continuent de lui coller désespérément à la peau, chaque jour il affronte, affronte certains regards, certaines paroles et il y fait abstraction, il passe outre pour mieux se protéger, il passe outre parce qu'il n'a, au fond, pas le choix, cela a toujours été comme cela et le sera toujours, Elliot le sait, alors il ignore tout ce qu'on peut dire à son sujet, pour mieux rêver le soir venu, plongé dans un livre, buvant les mots écrits sur papier comme quelque chose de sacré dans son petit appartement, il n'a pas besoin de plus pour vivre, quelques mots couchés sur papier et son imagination suffisent, quelques pensées rêver qui ne se réaliseront sans doute jamais, parce que le monde est trop cruel, trop violent et si peu indulgent, parce qu'Elliot est différent des autres, parce qu'il se cache presque, fuit la réalité et fuit ses actes, tente par tous les moyens de se détacher de ses démons mais n'y arrive pas, il coule lentement, son âme se perd dans les méandres de la vie.
Il s'avance dans les couloirs, observe du coin de l'œil les étudiants qui passent, qui semblent être heureux, mais que cachent tous ses sourires, que peuvent-ils bien cachés ? Elliot était souriant, lui aussi, mais ce n'était qu'une façade, combien de personnes sourient pour faire bonne impression, pour rassurer leur entourage ? Beaucoup trop. Et beaucoup trop peu affichent un sourire pur et sincère. Quelques feuilles de cours qui volent, il a juste le temps d'en coincé une avec son pied pour qu'elle ne s'envole pas et son regard parcours la foule d'étudiant avant de se figer, son cœur rate un battement et il refuse de l'écoule, il reprend calmement sa respiration. « Excusez-moi, je dois récupérer ma feuille. » Regards qui se croisent, c'est lui, ça ne peut être que lui, Elliot l'aurait reconnu entre milles, son pied se décale légèrement et il ne sait que faire d'autre, il ne sait que dire, complètement perdu dans un monde presque inconnu pour lui. « Andrew. » Un simple souffle, un murmure, il a finalement appris son nom par quelques collègues, posant les bonnes questions aux bons moments. « Ne fuit pas, s'il te plait. » Il s'agit presque d'une supplication, une demande lourde et profonde, il a besoin de parler, il a besoin de lui dire merci, après toutes ses années. Ca le bouffe de ne pas avoir pu le faire, c'est vital.
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Sujet: Re: (inachevé) Pour quelques feuilles au sol... - pv Elliot Dim 31 Jan - 21:12
Cet homme, il le connaît. Du moins, il en connaît une facette cachée, celle que tout le monde se refusait à voir. Celle qu’on avait délibérément occulté pour se donner bonne conscience dans un monde où les secrets restaient bien cachés malgré tout. Il n’en connaissait rien d’autre mais cela lui avait suffit pour se rendre au commissariat ce jour-là pour faire une déposition mensongère. Il n’avait eu besoin de rien d’autre, et comme s’il ne s’y rendait que pour une formalité, il en était reparti l’esprit libre et léger. Quelques mots, une signature, rien de plus, rien de moins. L’apocalypse était venue après, quand son père avait été mis au courant et qu’on avait traîné leur nom dans la boue parce qu’on le croyait homosexuel. Son géniteur avait failli en faire une syncope et n’avait plus voulu lui adresser la parole à partir de cet instant, hormis pour l’insulter…
Mais Andrew n’avait jamais rien regretté : pour le peu qu’il perdait, il avait sauvé une vie qui aurait dû être sauvée depuis des années. Il avait agi là où personne n’avait osé soulever la moindre objection et cela lui convenait parfaitement. Il n’avait jamais demandé de compte ou même de remerciement à MacTavish : qu’en aurait-il fait d’ailleurs ? Il était temps que le jeune homme reprenne une vie normale, et lui qu’il se préoccupe de sa propre destinée : leurs avenirs n’étaient pas forcément appelés à se croiser…
Du moins c’était ce qu’il pensait, jusqu’à ce que ses yeux se posent sur lui. Une nouvelle fois, pour y lire la même détresse qu’autrefois, ponctuée d’une faiblesse qu’il ne lui reconnut pas. Pour l’avoir épié suffisamment longtemps dans les couloirs des écoles et dans les rues écossaises de leur ville natale, il avait toujours senti en MacTavish une force hors du commun… C’était sans doute ce qui lui avait permis de tenir toutes ces années de souffrance. Mais aujourd’hui, cette force semblait avoir fondu comme neige au soleil devant lui, et cela le surprit.
Il cligna des yeux, légèrement déstabilisé, et continua de ranger ses feuilles avec le même calme, tout en lâchant catégoriquement sur un ton presque offensé :
« Je n’ai jamais fui. »
Pas même quand il aurait dû. Il s’était juste éloigné pour le laisser respirer, sans rien exiger en retour. Sa démarche avait été raisonnée et il pensait que MacTavish l’avait compris, mais ce n’était apparemment pas le cas alors il finit de ramasser ses feuilles, les regroupa et se releva lentement, faisant face à l’homme qui se tenait en face de lui, lui adressant son éternel sourire énigmatique. Un sourire qui n’atteignait pas ses yeux alors qu’il assenait d’une voix ferme :
« Ne me dites plus jamais ‘s’il te plaît’. C’est à moi de vous supplier de me pardonner d’avoir mis autant de temps avant de réagir. J’espère toutefois vous avoir été utile. »
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Sujet: Re: (inachevé) Pour quelques feuilles au sol... - pv Elliot Dim 31 Jan - 21:58
Pour quelques feuilles au sol...
Andrew & Elliot
Recroiser cet adolescent devenu aujourd'hui jeune homme, s'est retourné des années en arrière, dans une période bien trop douloureuse, bien trop honteuse pour Elliot. Il peut presque sentir sa peau chauffer sous les coups, sous le claquement des coups de son géniteur, il n'en montre rien, démons intérieur qui s'amuse, qui refait surface une fois de plus, qui veut simplement pousser Elliot à bout, mais il résiste, pour le moment, il est plus fort que toutes ces sensations, plus fort que tous ces flashs dans son esprit hanté par ces visions d'autrefois. Il retient le soupire qui veut franchir ses lèvres, ne sait pas comment réagir face à l'autre, ne sait pas comment réagir face à cette envie de goutter à ses lèvres, chaleur qui se repend dans son corps comme le venin d'un serpent. Elliot refuse, il refuse de mettre un nom sur tout ça, sur tout ce qui peut se passer dans son crâne et pourtant, cinq malheureuses lettres et un fou rire menace d'éclater, Elliot se pince les lèvres « Je n'ai jamais fui. » Et pourtant, pourtant Elliot a vécu cela comme un abandon, Andrew était là, il lui tendait la main et l'a soudainement lâché après l'avoir aidé à sortir la tête de l'eau, l'a laissé se débrouiller seul face à l'ouragan qu'était sa vie, mais ça lui a suffi, à l'époque. Désespérément seul. Mais Elliot ne peut pas lui en vouloir, au fond, il est tout simplement incapable de lui en vouloir.
« Ne me dites plus jamais ‘s'il te plaît'. C'est à moi de vous supplier de me pardonner d'avoir mis autant de temps avant de réagir. J'espère toutefois vous avoir été utile. » Les lèvres d'Elliot se relèvent en un rictus nerveux, un demi-sourire qui contraste avec celui plaqué sur les lèvres d'Andrew, énigmatique, le professeur ne sait pas s'il est sincère ou non, est incapable de le dire. « Tu aurais pu faire comme les autres, me laisser sombrer, mais tu ne l'as pas fait et je n'ai jamais pu te dire merci pour ton acte, alors je te le dis maintenant, Merci. » Il s'arrête, cherche ses mots, il a l'impression de faire une déclaration des plus importantes. « C'est en partie grâce à toi si je suis ici aujourd'hui, dieu seul sait ce qu'il me serait arrivé si tu n'étais pas venu. » Et voilà qu'il commence à s'agiter, se dandinant presque d'un pied à l'autre, incapable de rester totalement calme face à une unique personne alors qu'il est capable du plus grand des sang-froid face à un amphithéâtre plein. « Je n'aime pas ce vouvoiement conventionnel, j'aimerais que tu me tutoies, après tout on est censé se connaître bien mieux que cela. » Rire nerveux, plus gêné qu'autre chose et il se maudit pour cette phrase.
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Sujet: Re: (inachevé) Pour quelques feuilles au sol... - pv Elliot Dim 31 Jan - 22:13
Il déteste ce ‘merci’ dans la bouche de cet homme, sans trop savoir pourquoi, car après tout, n’est-il pas naturel ? Normal ? Attendu même, d’une façon conventionnelle certes, mais comme entendu par chaque interlocuteur ? Andrew sait qu’il devrait ne serait-ce que baisser légèrement la tête pour montrer qu’il l’accepte mais il ne peut pas. Il n’arrive même pas à supporter de l’entendre le prononcer. Des années à l’observer de loin, des années à se repaître de sa vue, à se sentir à chaque fois un peu plus mal de ne rien pouvoir faire face aux bleus et aux boitements, face aux faux sourires et aux grimaces de souffrance dissimulées maladroitement… Ce ‘merci’ il n’en veut absolument pas, parce qu’il ne le mérite pas. Parce que ce n’était pas cela qu’il attendait de toute façon…
Il reste de marbre, droit comme un i devant l’adulte, devant celui qui est probablement un professeur ici, puisqu’il en a tous les attributs : âge, mallette reconnaissable et ce petit air propre sur lui. Extérieurement, parce qu’intérieurement, Andrew lit un désordre total à travers la fenêtre de ses yeux. On raconte qu’ils sont un aperçu de l’âme : il s’en rend compte désormais, lui qui n’avait jamais pu les approcher d’aussi près.
MacTavish est troublant, comme un tableau de Monet qu’on découvre et qui refuse de se livrer de prime abord, et dont les ombres vous laissent entrevoir milles et un entrelacs de merveilles dissimulées à la vue du simple spectateur. Il est là sans être là, tout comme Andrew est également absent, replongé des années en arrière. Il sert imperceptiblement le poing quand MacTavish évoque ce qui lui serait advenu s’il n’avait pas agi. La question ne se pose pas : il a agi. Et il le referait même si les conséquences devaient s’avérer encore plus terribles. Il le referait mille fois. Pour cet adolescent dégingandé qui suppliait du regard tous ceux qu’il croisait sans que sa bouche n’avoue jamais rien à voix haute.
Sa dernière phrase vient cependant troubler son fameux sourire, qui disparaît subtilement, et il cligne des yeux. « Je… C’était déplacé de ma part de laisser supposer cela, je suis sincèrement désolé si cela a pu vous nuire. Ce n’était pas mon intention du tout. »
Cher Andrew, qui finalement avait été le seul à subir les remous d’une telle révélation… Encore aujourd’hui, face à ce père qui désire le déshériter et rêve de le voir se faire exclure de l’université pour ne pas avoir payé ses droits. Il a payé le prix fort mais il sait que le jeu en valait la chandelle. « Mais je me suis dit que ce serait le seul argument qu’ils n’oseraient jamais contester. »
Et c’était la vérité : dès que l’adolescent avait évoqué cette nuit, les policiers s’étaient tus et n’avaient plus moufté. MacTavish avait été libéré le lendemain, assez rapidement.
Son regard un peu trop clair percuta violemment celui de MacTavish, dans un défi presque personnel alors qu’il ajoutait : « Aux grands maux, les grands remèdes. »
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Sujet: Re: (inachevé) Pour quelques feuilles au sol... - pv Elliot Lun 1 Fév - 21:45
Pour quelques feuilles au sol...
Andrew & Elliot
Parfois il se demande s'il n'aurait pas du succomber sous les coups de son géniteur, s'il n'aurait pas du se laisser tomber dans le gouffre sombre et effrayant qui s'ouvrait à lui à l'époque, mais Elliot ne l'a pas fait et aujourd'hui encore li lui arrive de se demander ce qui aurait bien ce passé s'il avait eu le courage de le faire, ou alors de dénoncer son père aux flics, les bleus couvrant son corps meurtri comme preuve irréfutable de la violence exercée. Elliot laisse son accent écossait rouler sur sa langue et franchir ses lèvres, pour une fois il n'essaye pas de le dissimuler, parce que tous ça fait part de son passé, tout comme Andrew, d'une certaine manière. Passé et présent se rencontrent enfin et il ne faut pas s'attendre à ce que tout aille pour le mieux dans le meilleur des mondes, si la vie était simple, ce serait connu de tous et cela ne serait pas drôle, pensées amères qu'Elliot écarte de son esprit. « Je… C'était déplacé de ma part de laisser supposer cela, je suis sincèrement désolé si cela a pu vous nuire. Ce n'était pas mon intention du tout. » Elliot se pince les lèvres, il ne sait pas réellement ce qui a bien pu arriver à Andrew à la suite de cette « annonce » plus ou moins véridique, mais ce qui est certain, c'est que dans ce monde si fermé d'esprit ou aimer quelqu'un du même sexe peut devenir la cause d'une répugnance totale, Andrew n'a pas du s'en être sorti indemne de toute cette histoire. Pourquoi est-ce que la culpabilité semble ronger le cœur d'Elliot ? « Mais je me suis dit que ce serait le seul argument qu'ils n'oseraient jamais contester. Aux grands maux, les grands remèdes. » Apporte une preuve tangible de ce genre d'alibi est impossible et les policiers n'avaient pu qu'accepter cette déclaration de la part de l'adolescent qu'était Andrew, l'alibi parfait, si l'on excepte la surprise qui a bien pu travers Elliot à cette révélation, fort heureusement il a, à l'époque, réussit à jouer le jeu, prétextant avec un air honteux une relation non assumée. Souvenirs quand vous nous tenez. Son regard orageux croise celui du plus jeune et Elliot se perd dans l'océan de ses yeux pâles. « Au contraire ... » Il se racle la gorge qui semble tout à coup sèche. « Enfin, je veux dire que ce n'est rien, ne t'en fais pas. » Enfin, j'aurais simplement aimé pour réellement coucher avec toi. Elliot a simplement envie de se taper la tête contre un mur pour sortir ces conneries de son crâne, mais il faut avouer que cette situation deviendrait encore plus bizarre qu'elle ne peut l'être. Elliot laisse un soupire inaudible passer ses lèvres, il ne sait pas pourquoi toute cette situation est tellement incontrôlable et il fuit soudainement le regard de l'autre, conscient qu'on peut lire dans le sien comme on lit un livre.
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Sujet: Re: (inachevé) Pour quelques feuilles au sol... - pv Elliot Mar 2 Fév - 11:24
Il lit dans le regard de l’autre un maelström d’émotions qui l’effraye légèrement. Il ne peut que deviner ce qu’il a vécu, les horreurs, l’humiliation, la douleur, et puis ce rejet par la société alors qu’on le croyait coupable. Il ne peut qu’envisager ce qu’Elliot McTavish a pu traverser, et cela le peine réellement. Mais il a fait sa part du travail : même si pour cela il a dû mentir, même s’il s’est parjuré et a Sali irrémédiablement l’honneur d’un homme qui ne méritait pas cela. C’était une solution à la Andrew, bancale et désespérée… La solution d’un gamin qui voyait que les adultes ne réagiraient pas. Qu’aurait-il pu faire d’autre ?
Et il en est satisfait, parce qu’il sait que sans cela, McTavish ne serait pas là aujourd’hui. Ses mots restent des questions qu’il n’ose pas poser : il préfère encore rester avec cette incompréhension qu’oser bousculer ces deux orbes tourmentés qui le fixent avec véhémence. McTavish avait toujours eu un regard perdu mais jamais encore à ce point-là, alors qu’il le regarde sans oser s’approcher ou bouger. Confrontation des regards, ralentissement du temps. Ils se jaugent, incapables d’avouer quoi que ce soit qui risquerait de perturber cet équilibre fragile que chacun a réussi à trouver au fil des années. Ils sont perdus tous les deux, mais Andrew se sait plus solide que l’autre : aucun doute quand il le voit ainsi baisser le regard comme s’il cherchait à s’effacer définitivement. A disparaître.
Non. Il a trop lutté pour succomber aussi facilement. Pas McTavish, pas comme ça. Pas aussi facilement : Andrew se l’ait toujours représenté comme un roseau qui luttait désespérément dans la tempête mais jamais ne cassait. Un monstre de volonté, même si cette dernière avait été brisée par son monstre de géniteur.
Le geste est inconscient, inconsidéré. Il n’y a même pas réfléchi, lui qui réfléchit toujours à tout. Le petit génie de biochimie se découvre soudain un cœur et comprend que ce dernier est capable d’agir contre sa volonté.
Sa main se tend, il attrape le menton de McTavish – surpris que ses doigts ne se brûlent pas à son contact – et il l’oblige délicatement à remonter son regard pour pouvoir de nouveau lire en lui. Ses propres yeux le cherchent, le trouvent, le fouillent… et lentement un sourire tendre se dessine sur son visage.
« Hey… » lâcha-t-il dans un murmure de voix presque béat. « Je suis heureux de voir que vous semblez aller bien. »
Juste ça. Il lui en faut peu mais après tout, on parle d’Andrew McGregor, l’éternel sourire plaqué sur un visage rêveur.
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Sujet: Re: (inachevé) Pour quelques feuilles au sol... - pv Elliot
(inachevé) Pour quelques feuilles au sol... - pv Elliot