Terminé / ARABIM ♦ Les liens du sang sont impénétrables

Arabim

Voilà quelques jours qu’Arabella est au courant, mais au courant de quoi me demanderez-vous ? Au courant que toute sa vie n’est que mensonge, que rien n’est vrai, et que tout reste encore à découvrir. Elle cherchait une bombe, mais certainement pas celle-ci ? C’est un juste rappel des choses, il ne faut jamais pousser le destin. Les cartes sont distribuées à la naissance, les remettre en cause, c’est remettre sa vue question, et c’est ce qui venait juste de se produire. Il y a quarante-huit heures de cela, Bella découvrit que le professeur de Biologie était de son sang, de sa famille. Pas de la famille à laquelle la jeune femme a toujours cru appartenir, mais à sa vraie famille, sa famille biologique. Vous pensez que l’étudiante à du mal à digérer l’information ? Vous devriez voir la tête de son demi-frère ! Arabella est partie, ne sachant quoi faire d’autres, le laissant réfléchir à tout cela calmement, sans pression supplémentaire de sa part. Quant à elle, elle repartit dans ses recherches, jamais satisfaite. Si la demoiselle avait un demi-frère, qu’est-ce qui lui certifie qu’elle n’aura pas d’autres surprises dans le même style ? Et, qui était ce père qui sème des enfants aux quatre coins du monde ? Autant de questions auxquelles l’apprentie avocate souhaitait des réponses.

Le contre choc passé, Bella partit se promener, regardant les passants sans même les voir, marchant simplement, perdue dans ses esprits. En fin de compte, elle finit au pont des soupirs. Ce couloir extérieur qui relie deux grands bâtiments emblématiques d’Oxford. À y réfléchir, ce lieu est comique. Arabella pourrait très bien être le bâtiment de droite, rénové récemment, et Eliakim celui de gauche, ancien et imposant. Ce pont représentant leur lien de fraternité, leur père, cette nouvelle. Certes, il faut être tordu pour s’imaginer à la place d’un immeuble, mais que sommes-nous, en réalité ? Rien de plus qu’une représentation qui entre en interaction avec une autre représentation. Dans une autre dimension, nous serions des ondes qui, lorsqu’elles se croisent, produisent des réactions chimiques. Positives ou négatives.

Perdue dans ses esprits, Bella remarqua à peine le chat qui vint se frotter à ses jambes, recherchant des câlins de l’étudiante en droit. Souriante, elle se pencha pour le prendre dans ses bras, puis parla d’une voix douce « que fais-tu là mon beau ? Personne ne s’occupe de toi ? » Caressant la bête, le câlinant, elle finit par lâcher « nous sommes tous deux perdus, cherchant quelqu’un a qui nous rattacher… ». La petite bête ronronnait, elle appréciait se faire caresser, et Bella était à deux doigts de le récupérer, personne ne se rendrait compte que le chat aurait disparu, de toute façon. « Simpkin, ils ne se sont même pas donné la peine de chercher un nouveau prénom, pathétique. »

Soudain, le chat arrêta de ronronner, et Arabella entendit des bruits de pas, se retournant vivement, elle aperçut Eliakim qui approchait en sa direction. Impossible de fuir, serrant un peu plus le chat contre sa poitrine, elle ne souhaitait pas le lâcher, c’était son bouclier. Son bouclier contre qui au juste ? Son demi-frère ? Ridicule. Devait-elle lui sourire ? Mauvaise idée, elle était trop stressée pour un sourire vrai. Bella inspira, puis expira, et redevint sirène. Être sous pression n’était pas une nouveauté, mais elle savait parfaitement contenir ses émotions. C’était obligatoire dans son domaine. « Bonjour, Eliakim » le salua-t-elle poliment. « Vous aussi, vous appréciiez ce pont ? » S’enquit-elle, pour détendre l’atmosphère.

Frère et sœur pour la vie.

Lentement sa main glisse sur le dos chaud de son amant. Ses doigts joueurs câlinent la peau offerte à ses mains. Et avec un sourire de délectation il vient se lover contre le dos de Leigh, respire son odeur, cale ses propres battements cardiaques sur le rythme du beau brun. Ce dernier bouge dans son sommeil, se retourne, offre son torse finement taillé à la bouche d'Eliakim. Ce dernier parsème les pectoraux et les abdos de Leigh, de plusieurs baisers sonores. Que c'est bon cette tendresse... Enfin il vient nicher sa tête dans le cou du beau brun qui le serre plus fort contre lui. Ils restent ainsi plusieurs minutes, à se nourrir de l'autre. Eliakim ne pense à rien d'autre, Alice est loin dans son esprit. Il est plein d'amour, de tendresse, un homme complet et satisfait. « T'es trop chaud... » La voix endormie de Leigh arrache un sourire des lèvres du blond. Eliakim relève la tête et pose un smack sur les lèvres de son amant. Une façon de lui dire d'arrêter de râler, même si il sait que c'est impossible. Alors pour se faire pardonner il glisse sur le corps de son amant, plus bas, sous les draps... Ils s'aiment.

Le professeur de science sort de son appartement, les cheveux encore mouillés, quelques gouttes d'eau sur le visage. L'une d'elle d'ailleurs glisser sur son menton et vient s'échouer dans son cou. Leigh dort encore, trop épuisé par le réveil dont il a été victime. Eliakim a un rendez-vous, il sait qu'il est attendu où du moins il l'espère. Il doit revoir cette jeune fille, sa jeune sœur apparemment ; les tests sont formel, elle a le même ADN que lui, du moins à moitié. Ils sont frère et sœur de père. Eliakim Senior aura encore déposé des enfants un peu partout dans le monde, cette idée ne l'étonne même pas. En soupirant le professeur grimpe sur sa moto, enfile son casque et roule jusqu'à l'université. Avec un peu de chance il la retrouvera ici enfin c'est ce qui était convenu. En arrivant il se gare et, le casque dans la main, il commence à traîner dans l'immense parc de l'université d'Oxford. Ses yeux se perdent entre les visages qu'il ne connaît pas.

Quelque fois il croise un étudiant en biologie ou biochimie, il leur fait un bref signe de tête avant de poursuivre son chemin. Ses pas l’emmènent jusqu'au pont des soupirs, lieu incroyablement romantique et peu fréquenté en ce début d'été. Assise sur le pont, une chevelure rousse attire son attention. Elle le regarde pais se retourne aussitôt, comme si il allait l'agresser. Il s'avance vers elle, Simpkin court vers Eliakim et vient s'enrouler autour des jambes du professeur. Ce dernier vient s'asseoir à côtés de la belle, le gros chat sur les talons. Mais avant de dire quoi que ce soit, sans même saluer la jeune fille, il sort de sa sacoche un petit sachet de croquettes. Il l'ouvre, le donne au chat qui s'empresse de venir dévorer les friandises offertes. En ronronnant il grignote, sans même regarder les deux personnes proches de lui. « Bonjour Arabella, tu vas bien ? » Demande poliment le professeur. « Nous sommes frère et sœur, je pense que tu peux me tutoyer... » Lui signale son demi-frère avec un sourire.

Mais la boule de poils revient gratter l'amitié, s'installe entre eux en ronronnant, cherchant des câlins. « Oui c'est un endroit très calme, parfait pour discuter... » Enfin il sort de sa sacoche une feuille qu'il déplie avant de la lui tendre. « Les tests sont sur. Je me suis permis d'envoyer les échantillons dans un laboratoire de Londres et... Enfin nous sommes de la même famille. » Il ne sait pas comment lui dire ça, comment lui avouer, alors il le dit comme ça lui vient. L'idée est délicate. Il a une sœur, une petite sœur. « Peux-tu me parler de toi... ? » Demande timidement le blond. Ils ont les même yeux, c'est ce qu'il remarque.

Arabim

Eliakim donna un sachet de croquettes à Simpkin, et le chat se jetta immédiatement sur la nourriture comme un SDF en manque de vivre. Après tout, c’est un peu son statut au sein de l’université. Il ne possède aucun foyer, et mange au bon vouloir du personnel. Bella est persuadée au plus profond d’elle-même que l’administration oublie même de nourrir le félin quotidiennement. La réaction du chat la convainquit, étant donné que le félin l’appréciait, elle l’adopterait clandestinement. Une compagnie ne lui fera pas de mal. Bien entendu, la demoiselle ne prendrait aucun risque devant le professeur de biologie. Pas la peine qu’elle apparaisse comme une voleuse, dès la seconde rencontre avec son demi-frère.

À ce propos, comment est-on censé réagir quand on découvre à vingt-sept ans qu’on a un frère ? On le taquine, l’embrasse sur la joue, le tutoie, lui pose des questions intimes ? Ou il reste un inconnu qu’on apprend à connaitre ? Entre les deux choix possibles, Arabella choisit la précaution, et opta pour la seconde possibilité. Peut-être deviendrait-elle proche de son demi-frère, mais pas avant d’en savoir davantage à son sujet. Toutefois, la demoiselle pouvait le tutoyer, puisqu’il le lui proposer, pas la peine de garder une distance gênante inutilement. « Je vais bien, merci, et toi ? » Autant se jeter à l’eau, et être honnête dès le départ. « J’ignore si tu as d’autres frères et sœurs, légitimes, comme illégitimes, mais j’ai toujours vécu en étant persuadé que j’étais fille unique alors j’ai un peu de mal avec cette nouvelle. Bien que tu m’es l’air tout à fait sympathique ».

Elle pouvait paraitre froide de prime abord, mais en réalité, l’étudiante ne se dévoile pas facilement, préférant donner l’apparence d’une femme forte, et indépendante. Ce masque allait être mis à rude épreuve au cours de la conversation. Simpkin venait de terminer son repas, et revint se glisser entre les jambes des deux adultes. Quand il vint se caller entre les deux, Bella en profita pour le caresser, un moyen d’évacuer la tension, de se détendre. À ce moment précis, Eliakim lui tendit une feuille de papier. Apparemment, il avait fait vérifier ses propres résultats par un cabinet londonien. « Merci, je vois que nous sommes tous deux précautionneux, et minutieux. Vaut mieux être sur deux fois qu’une, une erreur pouvant toujours apparaître la première fois. » Dépliant rapidement la feuille de papier, Bella chercherait à comprendre les chiffres plus tard, seul le résumé l’intéressait, celui qui marquait noir sur blanc le lien familial entre le professeur, et l’étudiante.

Dans l’esprit de la jeune femme, les informations défilaient à toute allure, mais elle n’avait pas le temps de s’arrêter de penser si elle ne voulait pas perdre pied. Comment allait-elle annoncer à ses parents que la demoiselle qu’ils ont choyé une majeure partie de leur vie n’est en réalité pas leur fille biologique, mais qu’en plus de cela, Bella a un frère. Cette discussion ne sera pas des plus aisée. À peine se reconcentrait-elle sur la discussion avec son interlocuteur, qu’il lui demanda de lui parler d’elle, mais que pouvait-elle bien dire sur elle à ce moment précis ? Sa vie était une gigantesque remise en question. À l’heure actuelle, Bella n’est plus sure de rien, et cherche à découvrir qui elle est. « Que je te parle de moi… » Sa vie n’a été qu’une mascarade depuis sa naissance, toute sa vie était devenue une énorme remise en question, une question à laquelle elle n’avait aucune réponse justement. Toutefois, elle pouvait tout de même lui raconter une partie de sa vie, et peut-être pourrait-il l’aider par la suite ? Qui sait. « Je suis née en Italie, en plein baby-boom. Mes parents sont aimants, généreux, parfaits. Je n’aurais pu rêver de meilleurs parents pour m’élever. Je suis partie il y a huit ans, après avoir fait un test génétique, et avoir découvert qu’ils n’étaient pas mes parents biologiques. Malgré ses tests, ils resteront toujours mes parents, mais je suis venue à Oxford pour retrouver une fille du même âge que moi pouvant être, potentiellement, leur fille biologique. Je trouvais cette situation déjà compliquée à gérer, mais maintenant, c’est juste le bordel  » résuma-t-elle.

Frère et sœur pour la vie.

L'air frais roule dans ses cheveux, lui déclenchant un frisson car il sort à peine de la douche et que l'air ambiant est plutôt frais en cette fin de journée. Quelques personnes passent derrière eux, le chat de l'université vient se blottir entre les deux personnes après avoir avalé son repas. Ronronnant, le ventre plein, il semble être bien et satisfait. Rassasié même. Alors il vient cherche quelques câlins qui ne tardent pas arriver de la main d'Arabella, elle semble avoir un nouvel ami apparemment. Ce chat est bien gras quoi qu'en manque d'attention, souvent les jeunes de l'université ne font pas attention à la mascotte d'Oxford, mais ils ont interdiction évidemment de lui faire du mal. Pire encore les caméras veillent a ce qu'il ne lui arrive rien. Même le Riot Club n'a jamais tenté de s'en prendre au chat, et pourtant ça aurait été le genre de certain membre du club. Eliakim s'étonne de voir qu'aucun élève n'a jamais pensé à l'adopter, sans doute parce qu'il n'a jamais vraiment voulu, préférant sa liberté dans les parcs de la cité universitaire.

Il fait avouer que l'endroit prête aux rêves et au repos. Sous le pont un petit lac artificiel abrite des poissons ainsi que plusieurs plantes aquatiques. Le clapotis de l'eau apaise, il pourrait s'endormir si il n'avait pas tant envie d'en apprendre un peu plus sur cette nouvelle sœur. Il sait depuis quelques mois qu'il est le frère aîné de deux jumeaux, Misha et Aedan. Mais la surprise d'avoir une petite sœur, il doit avouer qu'il ne s'attendait pas à ça. Et puis ce n'est pas comme si il avait été préparé a la nouvelle, il l'a appris bêtement en effectuant des tests pour le compte de la jeune fille. Autant dire que les risques d'erreur sont minimes. Ce n'est pas qu'il n'est pas content, simplement ça surprend. De voir que son père a encore semé des enfants à travers le monde, et trompé sa mère jusqu'à lui faire des enfants dans son dos. Enfin un jour il s'habituera à l'horreur que représente son père qu'il ne supporte pas.

Quand elle lui demande si il va bien il hoche simplement la tête. Oui ça va, étonné simplement d'avoir une nouvelle sœur, mais plutôt content. Lui qui a  toujours voulu avoir une sœur. Pourtant il ne sait pas encore comment elle prend la nouvelle.  « J'ai... Nous avons deux frères. Jumeaux, Aedan et Misha mais ils prennent plutôt mal la nouvelle. Je veux dire... Le fait que j'ai eu notre père et pas eux. » Il lui adresse un sourire d'excuse, voudrait ajouter qu'il aurait bien laissé son père avec plaisir mais ne rajoute rien pour l'instant. « Je préfère être sur, ce n'est pas une nouvelle que je peux prendre à la légère alors je voulais que les tests soient confirmés. » Lui dit-il, avec un sourire. En effet il a fait vérifier les tests, et a même passé toute une nuit à refaire encore et encore les tests, il est sur de ce qu'il dit.

Enfin il lui demande de parler d'elle, un peu afin d'en apprendre un peu sur elle. Il la détalle légèrement. Ils ont les même yeux, le même nez et cette expression si particulière quand ils réfléchissent. Ils ont également les cheveux roux, quoi qu'elle plus foncée que lui. Eliakim tient également de la blondeur de sa mère, ce qui fait que parfois, ses cheveux ne sont pas roux mais blond foncé. En revanche elle doit avoir la bouche de sa mère, car luises lèvres sont fines, elle pulpeuse. Il la regarde et la trouve très jolie, très belle. Il serait incroyablement fier d'avoir une sœur tel qu'elle. « Je suis née en Italie, en plein baby-boom. Mes parents sont aimants, généreux, parfaits. Je n’aurais pu rêver de meilleurs parents pour m’élever. Je suis partie il y a huit ans, après avoir fait un test génétique, et avoir découvert qu’ils n’étaient pas mes parents biologiques. Malgré ses tests, ils resteront toujours mes parents, mais je suis venue à Oxford pour retrouver une fille du même âge que moi pouvant être, potentiellement, leur fille biologique. Je trouvais cette situation déjà compliquée à gérer, mais maintenant, c’est juste le bordel  » Il l'écoute attentivement, comprend que la situation qu'elle vit est tout sauf simple. « Si je peux t'aider... Enfin je le ferais avec plaisir. » Lui assure Eliakim en la regardant dans les yeux. Il ne sait pas où ira cette nouvelle découverte, mais il est content d'être là.

Arabim

Ce chat aux airs maussades, boudeurs, était une vraie peluche. Se blottissant sous la main d’Arabella, il commençait à ronronner tandis que la belle se targuait à le récupérer discrètement une fois la nuit venue. Simpkin la suivrait probablement, il se sentait bien en sa compagnie, et il aurait toujours sa liberté d’aller et venir. Du moment où ce dernier ne lui ramenait pas des puces en douce, ils formeraient un duo de choc. Si quelqu’un de l’établissement venait à remarquer sa disparition, il n’aura qu’à venir le chercher chez elle. Il allait être bien reçu. Bien que les animaux soient encore considérés comme des choses dans l’ordre juridique, c’est en train de changer petit à petit. Dans certaines jurisprudences, l’animal ayant le même statut qu’un enfant. Bella pourra toujours invoquer la maltraitance, le manque d’attention.

Tout en caressant son futur animal de compagnie, Bella se demandait à quoi cela ressemblait d’avoir un frère, de partager ses affaires, mais également ses sentiments. Ses parents n’ont jamais voulu avoir de seconds enfants, malgré les demandes de leur fille. Enfin, de la fille qu’ils ont élevée toutes ces années. Bella n’avait pas eu le courage de leur annoncer, mais elle le ferait sous peu. Elle avait prévu de leur annoncer à son retour lors des grandes vacances. Elle devait rentrer en Toscane une semaine. Ainsi, elle profiterait de sa terre natale entre deux épreuves des Varsities si elle allait jusqu’en finale. Sinon, elle pourrait y rester bien plus longtemps. Pour le moment, Bella concourt pour la première étape qui est « habileté » face à une cambridgienne. Une concurrente qu’elle a appris à connaitre… En profondeur.

Quand l’étudiante lui demanda s’il allait bien, le professeur hoche légèrement la tête. Il devait être sous le choc, comme sa demi-sœur. Vivre une grande partie de sa vie en ignorant des liens fondamentaux tels que celui-ci peut désorienter n’importe quel individu. Et les nouvelles étaient loin d’être terminées. Quand il lui apprit qu’elle avait deux jumeaux comme demi-frères, elle manqua d’avaler de travers, de tourner de l’œil, de s’enfuir. À la place, elle réfléchit, et son cerveau commença à faire des allusions entre les prénoms, et deux étudiants qu’elle connaissait bien. « Aeden et Misha. Je connais deux jumeaux qui portent ces noms-là. Tu parles des jumeaux Dempsey ? Ce n’est pas possible… Dis-moi que ce n’est pas vrai… ». Dans sa tête, elle rigolait, d’un rire cynique, d’un rire à s’en tordre les boyaux. Peut-être serait-elle également tentée de se fracasser la tête contre un mur. Oui, bonne idée, un mur. La demoiselle aurait aussi bien pu se jeter du pont, mais la rivière artificielle aurait amorti sa chute. Était-il en train de lui annoncer que l’un de dec deux meilleurs amis était en réalité son demi-frère ? Un lien de sang ? Un lien qui viendrait tout remettre en question ? Impossible. Bella refusait d’y croire.

Quand Eliakim lui annonce qu’il préfère être sur des tests, l’étudiante se dit qu’à sa place, elle aurait fait pareil. Son père donne l’air d’un vrai quetard. Vivre avec n’a pas dû être évident. Peut-être qu’elle a eu de la chance de ne pas le connaitre, et d’être recueillie par une toute autre famille. Quand la jeune femme raconte la situation qu’elle vit, il lui propose aussitôt son aide. Leur relation, contrairement à celle d’Aeden, prenait le droit chemin. Celui de la complicité, de l’amitié, de l’entraide. La demoiselle le prit rapidement dans ses bras, dans une légère étreinte fraternelle. C’était étrange, ils ne se connaissaient presque pas, et elle se sentait déjà proche de lui. « Merci, peut-être, pourrais-tu m’aider à la retrouver si tu as accès aux dossiers des étudiants en tant que professeur d’Oxford ? J’ai son nom, sa date de naissance, son sexe. » L’informa-t-elle. Plus tard, elle tenterait d’avoir des informations sur la vie du séduisant professeur. Sur son enfance, ses parents, son choix de carrière, et peut-être était-il marié ? Tant d’informations qu’elle n’aurait aucun mal à recueillir une fois devant son PC, mais qu’elle préférait entendre de vive voix.

Frère et sœur pour la vie.

Eliakim sourit en voyant la jeune fille câliner, dorloter même le chat de l’université. Simpkin ronronne plus encore en venant se blottir contre Arabella, à la recherche de plus d'attention qu'il n'a déjà. Le professeur aurait adoré l'adopter mais il a déjà Summer son Jack Russel et Kinaï un chaton Bengal. Il ne peut pas prendre un autre chat surtout qu'il n'est pas souvent chez lui et que Summer le suit partout. Et puis Kinaï est du genre jaloux et possessif, il supporte Summer, il le tolère plutot. Le professeur n'est pas sur qu'un autre animal serait bien accueillit avec les montres qu'il a déjà chez lui. « Tu comptes l'adopter ? » Demande le beau blond avec un sourire, en voyant comment elle agit avec lui. Elle le couve d'un regard tendre et de plusieurs câlins qui rendent le chat fou de joie, si bien qu'il s'allonge après avoir lâché un bâillement des plus sonores, tout en griffant le pont en bois de ses griffes acérées. Enfin il se pose contre elle et somnole pendant que les deux adultes discutent. Il lui avoue avoir deux autres demi-frères, des jumeaux aussi adorable que profondément différent. Elle l'arrête une seconde, il pense avoir dit une bêtise donc il ferme la bouche et la regarde.

« Aeden et Misha. Je connais deux jumeaux qui portent ces noms-là. Tu parles des jumeaux Dempsey ? Ce n’est pas possible… Dis-moi que ce n’est pas vrai… » Lui demande la belle avec une certaine panique, comme si elle n'en croyait pas ses yeux et ses oreilles. « Si pourquoi ? Tu les connais ? » Demande poliment le professeur. Nul doute qu'elle les connaît, ils ne laissent personnes indifférents avec leur caractère de feu et leur beauté à couper le souffle. Le sujet dérive sur autre chose, il écoute lorsqu'elle parle de sa mère et lui propose même de l'aider à la retrouver si il le peur.  « Merci, peut-être, pourrais-tu m’aider à la retrouver si tu as accès aux dossiers des étudiants en tant que professeur d’Oxford ? J’ai son nom, sa date de naissance, son sexe. » Il hoche vivement la tête, bien évidemment qu'il l'aidera. « Si tu veux ce soir, quand l'université sera quasiment vide je demanderais à une amie qui travaille dans les bureaux d'Oxford de nous aider, personne ne verra rien et elle ne refusera pas je le sais par avance. » Lui assure le professeur.

Et puis en silence il attrape sa sacoche, sort son porte monnaie et fouille dans ses papiers une seconde pour trouver ce qu'il a en tête. Enfin il sort une photo et la tend à la belle. L'image n'est pas vieille, vous pouvez apercevoir dessus Eliakim tenant chaleureusement sa mère dans ses bras, ainsi que son père à ses côtés, avec son éternelle sale mine agacée. Sans doute en voyant son fils et son ex femme si proche. « Mon... Notre père. Et ma mère et moi juste à côtés. » Lui présente Eli' en lui tendant la petite photographie. Il ne sait pas si il peut se permettre de faire ça, mais il a pensé à prendre une photo avec qu'elle mettre un visage sur un nom, qu'elle sache à quoi ressemble l'homme qui l'a engendré. « Si son visage te dit quelque chose c'est normal. Il est le PDG de Burberry et ma mère... Est rédactrice en chef d'un grand magasine de mode. » Avoue Eliakim, un peu honteusement. En effet il sait qu'il a eu une enfance dorée, loin des problèmes d'argents comme l'ont eu ses frères Aedan et Misha. Il ne sait pas si sa demi-sœur ici présente a souffert du manque où pas du tout. Malgré tout ça, il aurait adoré échangé les violences de son père et son enfance dorée, contre une vie avec des parents aimants.

Même si il ne peut pas dire le contraire, sa mère revient doucement vers lui maintenant qu'elle n'est plus sous les ordres d'un mari autoritaire comme elle l'avait. Ainsi son enfance n'aura pas été aussi douce qu'on peut le penser, c'est en tout cas ce qui brouille Eliakim et ses demi-frères. Ils lui en veulent d'avoir eu un père et pas eux. Avec le temps cela s'arrangera, il l'espère en tout cas. Revenant vers Arabella il lui sourit alors qu'elle lève son visage vers lui. Il reprend la photo une fois qu'elle la lui rend, la déchire soigneusement pour enlever son père et garde l'image où il n'y a que sa mère dans les bras de son fils. L'autre moitié de la photo, contenant l'un des hommes qu'il déteste le plus au monde, rejoint le lac artificiel et coule jusqu’au fond du lac, là où c'est sombre et où la lumière ne passe pas. « Il n'est pas une bonne personne. » Assure le professeur avec une tristesse immense au fond de la voix.

Arabim

Eliakim lui demande si elle compte adopter le chat de l’université. Après tout, c’est son frère, Bella peut lui révéler cette information sans qu’il la dénonce auprès de l’administration. Simpkin serait mille fois mieux dans son appartement, qu’errant dans les interminables couloirs d’Oxford. Les nuits hivernales, le pauvre chat doit mourir de froid. Sans compter les journées à attendre qu’on le nourrisse. « On peut l’adopter ? Je pensais que l’université ne le permettrait pas, mais c’est vrai que j’ai un faible pour cette boule de poil. À mon avis, il serait bien mieux loti chez moi, qu’ici. Au pire des cas, ce sera notre petit secret. Tu me couvriras si on te demande où il est passé ». Voilà qu’elle commençait à lui faire confiance, à lui demander de petits services. Bien qu’en récupérant le chat Bella ne commette aucun crime, c’était plutôt sa BA du jour.

Quand Eliakim lui parle d’Aeden, l’information tourne en boucle dans l’esprit d’Arabella. C’était impossible, IM-PO-SSI-BLE. L’étudiant était son meilleur ami depuis plusieurs années maintenant. Arabella commençait à s’inquiéter de la réaction de son ami quand tenue qu’il a mal réagi lorsqu’il a appris pour la première fois qu’il avait un demi-frère. Peut-être que la demoiselle arriverait à tous les réunir ? À faire en sorte qu’ils s’apprécient. Cela restait encore à voir. Eliakim fit une pause au vu de la réaction inattendue de son interlocutrice. Quand il finit par lui demander si elle les connaissait, sa réponse ne se fit pas attendre, mais fut brève. « Oui ». C’est tout ce qui sortit de sa bouche, dans un premier temps tout du moins. « Je ne connais pas très bien Mischa, mais Aeden est l’un de mes plus proches amis. Nous nous sommes rencontrés il y a trois ans, une pure coïncidence, et depuis nous sommes devenus inséparable quasiment. » Aeden avait eu du mal à se confier sur l’identité de son demi-frère, étant donné qu’ils n’étaient pas en très bon terme, mais savoir son nom lui aurait bien utile.

Concernant son histoire de bébé échangé, Eliakim était prêt à l’aider. Le professeur transmettait une aura très positive. Il semble avoir le cœur sur la main, très gentil, et compréhensif. Peut-être que leur lien de parenté n’était pas la pire chose au monde, finalement. « Si tu lui fais confiance, tu as carte blanche. Fouiller directement dans le serveur de l’université me fera gagner un temps précieux. Je t’enverrais toutes les informations que j’ai pu recueillir par mail. »

Pendant qu’elle lui répondait, le professeur fouilla dans sa sacoche pour en sortir une photo récente. Il la tendit à Bella qui s’en empara pour regarder les personnes présentes sur le cliché. Elle reconnut immédiatement Eliakim, mais il apporta quelques précisions concernant les deux autres adultes. Leur père, et sa mère. Sa mère faisait preuve d’une grande prestance malgré l’ambiance détendue, elle donnait l’air d’une grande femme d’affaires, très sure d’elle. Son charisme inspirait le respect. De l’autre côté, se trouvait un homme grognon. Visiblement, il ne désirait pas être pris en photo, ou alors c’était la proximité entre Elia et sa mère qui l’agaçait fortement. Sa mère était-elle restée marié à cet homme, malgré ses multiples escapades ? Probablement pas. Ce qui pourrait expliquer cet air renfrogné. « Notre père a l’air très chaleureux » plaisanta-t-elle. Si Bella le croisait dans la rue avec cet air, elle changerait probablement de trottoir.

Ainsi, son père est le grand PDG de la marque Burberry. Ceci explique ses voyages fréquents au sein de la zone européenne. « Leurs visages me disent vaguement quelques choses, j’ai dû lire quelque chose à leur sujet dans la presse, mais je ne les ai jamais rencontrés. Sont-ils encore mariés, où ont-ils divorcé ? » La question la taraudait, il fallait qu’elle la lui pose. Après tout, s’il lui proposait une photographie, c’était pour faire plus ample connaissances. Entrer dans les détails. De son côté, Bella avait de multiples photos de ses parents dans son téléphone, mais cela ne représentait aucun intérêt. Ils faisaient tous deux parties de l’aristocratie italienne, et aimaient profondément leur fille. Mise à part ça, il n’y avait aucun lien de parenté. Aeden allait-il lui en vouloir à son tour, d’avoir une meilleure enfance que la sienne ? Probablement pas, étant donné que la demoiselle n’a pas vécu avec son père, et qu’elle n’a même pas été élevée par ses parents biologiques. Chacun son lot de malheur dans la vie.

Bella rend le cliché à Eliakim qui déchire soigneusement la photo. Il range une partie dans son portefeuille, et jette l’autre partie dans le lac. L’étudiante est légèrement surprise, voir choquée, puis le professeur lui explique que leur père n’est pas une bonne personne. Progressivement, le papier redevient blanc, l’homme s’efface, disparaissant dans l’eau multicolore. « Si c’était une bonne personne, nous ne serions probablement pas là, à découvrir trente ans après, que nous sommes frères et sœurs. »

Frère et sœur pour la vie.

Sa sœur lui demande si elle peut adopter le chat de l'université, il ne sait pas exactement mais en tout cas, il jette un regard méfiant aux personnes autours d'eux. « Je ne sais pas. Mais tu devras être discrète, il y a toujours quelqu'un pour te voir faire. Je te couvrirais, promis. » Murmure le professeur avec un sourire complice à l'intention de sa sœur. En parlant avec Arabella il se rend compte qu'elle est beaucoup plus amicale que Aedan et Misha, ses frères qui font tout pour l'éviter et surtout ne pas lui parler. Il ne sait pas exactement les raisons de cette haine sourde que lui portent les eux jeunes hommes, mais il ne cherche même pas à aller vers eux. La dernière fois c'est légèrement parti en dispute et en piques lancés l'un envers l'autre, tel un match de Tennis. Ils ont du se calmer sous ordre d'une tierce personne, sinon nul doute que les piques allaient devenir plus violente encore. Pourtant pendant quelques secondes le sujet reste sur les frères qu'ils ont en commun Arabella et lui. Elle lui dit qu'elle connaît bien Aedan qui est un ami proche, mais très peu Misha.

Il l'écoute attentivement, jusqu'à ce qu'elle termine de parler. « Il prendra sans doute bien la nouvelle te concernant alors... » Assure Eliakim avec un sourire vers la belle rousse. « J'ai toute confiance envers Rae, elle ne parlera pas si je lui demande de fouiller dans les ordinateurs. Mais sache que ça prendra une peu de temps, il y a énormément de possibilités... » Avoue le professeur afin qu'elle ne se fasse pas de fausse joie. Et surtout qu'elle ne pense pas trouver en quelques clics, car c'est impossible. Afin qu'elle puisse mettre un visage sur un nom il lui fait passer une photo assez récente, la dernière prise tout les trois. « Notre père a l’air très chaleureux » Ha ça, on ne peut pas dire que c'est un homme qui respire la douceur et le bonheur d'être entouré des siens. Sans rien dire il déchire soigneusement la photo et jette le morceau avec son père à l'eau. Lentement le morceau de papier perd de ses couleurs pour devenir blanc, il regarde le visage de son père disparaître dans l'eau avant de couler au fond.

La belle lui demande si ils sont toujours ensemble, il attend une seconde avant de répondre. « Non, ma mère ne supportait plus son caractère et puis un jour... Quelque chose c'est brisé entre mes parents. » Il pose ses yeux sur elle et lui sourit, des souvenirs qu'il pensait caché au fond de son cœur remontent doucement à la surface. Le fait d'avoir des frères et sœurs va le pousser à parler de son père, même si il ne le supporte pas. « Si c’était une bonne personne, nous ne serions probablement pas là, à découvrir trente ans après, que nous sommes frères et sœurs. » Il hoche la tête sans un bruit, le silence est seulement brisé par le ronronnement du chat qui se fait toujours câliner par la belle. « Notre père... Est un homme violent. Pas envers ma mère mais seulement avec moi. Je ne te raconte pas ça pour me faire plaindre, je suis un homme maintenant et tout cela est du passé. Simplement non ce n'est pas une bonne personne, c'est un homme orgueilleux et mauvais, avec une âme aussi noire que l'enfer. Il n'a jamais supporté notre relation proche avec ma mère alors il a fait en sorte de nous éloigner ce qui a bien marché. Lorsque j'avais 15 ans ma mère c'est interposée entre mon père et moi, c'est cela qui a brisé leur mariage. Elle c'est rendue compte qu'il était violent, elle ne l'avait jamais vu. » Doucement il vient lui aussi câliner le chat, passe ses doigts dans la fourrure douce du petit félin qui ronronne plus encore sous ce double assaut de papouilles.

« Je pense que Aedan m'en veut d'avoir eu une vie... Qu'il pense douce et sans problème. Mais ce n'est vraiment pas le cas. Toute ma vie j'ai tout fait pour me détacher de ce père qui n'en est pas un, et je pense avoir réussi. Seul une chose me colle à la peau, nous avons le même prénom lui et moi... » Murmure Eliakim avant de lever la tête vers sa sœur et de lui sourire. Un sourire sans joie, un peu triste même.  

Arabim

Quand Eliakim lui dit qu’elle peut prendre le chat à condition de rester vigilante, Bella suit son regard envers les passants et fronce légèrement les sourcils en acquiesçant. C’est fou comme parfois Oxford est bien plus qu’une université, qu’une simple ville étudiante, c’est comme si le plus petit des faits et gestes pouvaient être enregistrés par la CIA. Tout du moins, ce que les étudiants craignent ici c’est davantage l’Oxymoron. Cet étrange journal qui publie les plus gros ragots de l’Université, mais dont tout le monde ignore l’identité du reporter. Arabella n’a encore jamais été publiée, et espère bien que cela restera ainsi. Elle n’a pas besoin de mauvaise publicité. Surtout qu’elle n’a pas un passé blanc comme neige, pas la peine qu’on s’intéresse à sa vie dans les journaux. Revenant à l’histoire du chat, l’étudiante lui répondit « ne t’inquiète pas, je sais rester discrète. Puis, si l’administration souhaite le récupérer, elle n’aura qu’à venir le récupérer ». La jeune femme était persuadée que personne ne s’inquiéterait du sort du chat, au pire des cas, l’administration pensera que le Riot ou le Posh club en ont fini du minet. C’est même étrange qu’il n’est même pas essayé de faire du mal à la mascotte d’Oxford. Chanceux Simpkin.

Areballa réfléchissait au caractère de son meilleur-ami, à son passé, à tout ce qu’il lui avait révélé ses dernières années. Comment pouvait-elle avoir choisi son frère comme meilleur ami ? Une coïncidence telle que celle-ci était improbable. Replongeant dans ses pensées, la demoiselle se souvint la première fois qu’elle avait rencontré Aedan, il testait un étrange mélange de glace et de café et était assis sur le seul banc où il restait de la place. Il avait l’air sympathique, et lui inspirait confiance, même s’il possède un caractère bien trempé. Il est totalement différent de son frère Mischa. Toutefois, leur amitié pourra-t-elle continuer de l’avant une fois que la vérité aura éclaté au grand jour. Ce changement de statut les empêchera-t-ils de se révéler tout un tas de secrets comme au pare avant ou cela paraitra-t-il bizarre désormais ? Discuter avec Eliakim ne semblait pas étrange, Bella gardait espoir pour que ce soit la même chose avec son ami. « Je ne sais pas, j’appréhende sa réaction je connais bien son caractère. Je pense qu’il aura besoin d’un peu de temps pour assimiler la nouvelle… ». Parler avec Eliakim était si naturelle, il était le grand frère qu’elle n’avait jamais eu, une personne protectrice et compréhensive.

Retrouver ses frères, puis retrouver le bébé avec lequel Arabella avait été échangée à la naissance en si peu de temps, en une seule ville, à l’université. Le destin était décidemment très joueur. « Je te fais confiance si tu m’assures qu’on peut lui faire confiance. J’ai attendu 27 ans, je peux encore attendre quelques mois je suppose. » Annonce l’étudiante avec un sourire compréhensif. Quand Eliakim lui passe une photo de sa famille, et la déchire par la suite, Bella commence à comprendre le mal être qui habite le professeur. Aucune famille n’est parfaite, du moins rare sont celles qui le sont, et beaucoup de personnes finissent briser par leur problème familial. Leur père semblait chaleureux sur la photo, mais il ne l’était visiblement pas. C’est étrange comme une photographie peut être libératrice. On la regarde, on voit des moments de notre passé capturé sur du papier, et l’on peut le bruler, ou le laisser dériver dans un fleuve, il finira inévitablement par disparaitre rapidement. Un moyen de faire la paix.

Quand Eliakim lui annonce que ses parents sont divorcés, peut-être n’étais-ce pas une si mauvaise chose compte tenue des multiples aventures de l’époux et père de famille. « Une personne volage n’est pas forcément mauvaise, mais à priori ce n’est pas son seul défaut. » Pendant que la jeune femme caresse Simpkin qui ronronne de bonheur, un silence s’installe avant d’être brisé par une révélation de la part du professeur. Son père était violent, pour une révélation, Bella ne s’attendait pas à ça. Sur le moment, elle ne sait trop quoi répondre. Un enfant victime de violence est toujours un drame, malheureusement ça arrive bien plus souvent que ce que l’on pense. « Me raconter ça ne doit pas être évident pour toi… Ta mère a bien fait de s’interposer et de le quitter, je m’étonne qu’elle ne s’en soit pas rendue compte plus tôt… J’ai l’impression que le fait d’être échangée à la naissance m’a sauvé de bien des malheurs, l’autre bébé va me haïr quand il saura la vérité… » Finit-elle en chuchotant. Perdue dans son esprit, Bella réfléchissait à son enfance de princesse pendant que son frère se faisait battre, que la fille avec laquelle elle a été échangée s’occupait d’une mère dépressive, et que ses deux autres demi-frères vivaient dans la pauvreté. Au final, Aedan en veux à Eliakim, mais ces reproches seraient davantage appropriés contre Arabella. Sa vie devenait un cauchemar.

« Tu as le même prénom qu’Aedan ? Comment cela se peut-il ? Eliakim n’est pas ton vrai prénom ? » Demanda-t-elle surprise. C’était vraiment surprenant, et d’un autre côté j’imagine ce que peut ressentir Eliakim. Est-ce leur père qui a choisi leur prénom, ou n’est-ce qu’une coïncidence supplémentaire ?

Frère et sœur pour la vie.

« Je ne sais pas, j’appréhende sa réaction je connais bien son caractère. Je pense qu’il aura besoin d’un peu de temps pour assimiler la nouvelle… » Eliakim hoche la tête. Il sait comme son frère peut-être impulsif et colérique, il en a fait les frais plusieurs fois depuis qu'ils ce sont retrouvés. Aedan ne le supporte pas et a tout fait pour le lui faire sentir, jusqu'à faire exploser Eliakim d'une colère sourde dans la piscine. La dernière fois qu'ils ce sont retrouvés, Eliakim a failli frapper son frère même si il ne le voulait pas. Le professeur ne sait toujours pas ce qu'il l'a poussé à se calmer et reculer, sans doute la raison et une petite voix sage dans son esprit. Le sujet dérive sur son père, il ne s'attarde par et survole les grandes lignes. Assez déjà pour se rendre morose et penser aux mauvais souvenirs qu'il voudrait pourtant éviter.

La réaction de sa sœur l'étonne, après tout la dernière fois qu'il a parlé de la violence de son père c'était avec Aedan et ce dernier l'a proprement traité de menteur et de comédien. C'est d'ailleurs cela qui a déclenché la colère de Eliakim. Il l'écoute parler de cet autre enfant qui a été échangé, sans rien dire. Que dire face à cette histoire ? Ses frères ont grandis dans une famille pauvre, lui a été maltraité et il ne sait rien de cet autre bébé, mais nul doute que la vie n'a pas été facile également. Elle n'est facile pour personne. « Ce n'est pas ta faute. Tu n'as rien demandé. Pourquoi te haïr ? Tant mieux si tu as eu une enfance heureuse, c'est tout le bonheur que je te souhaite. » Murmure Eliakim avec un sourire, tel un grand frère protecteur. Il sent un sentiment profondément fraternel naître en lui en présence d'Arabella. Il a toujours voulu avoir des frères et des sœurs mais un accouchement difficile à forcé sa mère à devenir stérile. Jamais elle n'a pu lui donner ce qu'il espérait, au grand désespoir de l'enfant qu'il était.

« Tu as le même prénom qu’Aedan ? Comment cela se peut-il ? Eliakim n’est pas ton vrai prénom ? » Eliakim fronce les sourcils et se tourne vers sa sœur. « Non je me suis mal exprimé pardonne moi. Notre père et moi... Nous avons le même prénom. Eliakim. Junior et Senior. » Souffle le professeur avec un sourire. Là dans sa poche, au même moment, son portable sonne. Il regarde l'heure une seconde. « Je suis en retard ! Excuse moi... Nous remettrons cette entrevue à bientôt tu veux bien ? » Demande Eliakim avec une pointe d'espoir. Il sort en même temps de la poche de son blouson, sa carte de professeur. « Voici mon numéro. N'hésite pas... Appelle moi... » Il s'arrête, hésite et puis finalement, lui pose un baiser sur le front avant de se retourner et de tracer à sa voiture. »