TERMINE Rester dans l'eau me semble une meilleure option ... (Eliakim&Aedan)

Un bon entraînement, il y a rien de mieux pour bien terminer une journée intense de cours tous plus longs les uns que les autres. Aedan avait beau aimé ce qu'il faisait, aujourd'hui n'était pas un jour pour rester enfermer dans des classes à écouter un cours et prendre des notes tel un automate sans émotions et ne connaissant pas la fatigue. Aedan n'était pas un automate. Ces derniers temps, il envisageait réellement de tout bazarder pour arrêter quelques mois, histoire de se reposer. Sa mère le disait, il se surmène un peu trop, avec ses cours, ses options, la natation et ses sorties. Il ne prenait même plus le temps d'aller voir sa mère ou de se reposer, il restait éveillé jusqu'à trois heures du matin juste pour se réveiller deux heures plus tard, achevant ce qu'il n'avait pas eu le temps d'achever la veille. En plus de cela, il commençait à envisager de prendre un travail, histoire d'avoir son propre argent et de ne plus dépendre de sa mère et de son argent mensuel qu'elle envoyait à son frère et lui, comme si cet argent ne pouvait pas lui servir à s'occuper d'elle-même, parce qu'elle en avait bien besoin.
Dans tous les cas, lorsqu'il avait piqué une tête pour l'entraînement, il avait senti l'eau et tous ses problèmes glisser le long de son corps et retourner se mélanger à l'eau de la piscine. Que ça faisait du bien, un moyen de décompresser quelques temps et d'oublier les choses qui le tracassaient et l'empêchaient presque de dormir, le peu de fois où il dormait plus de quatre heures par nuit. Nager était un des seuls moyens de décompresser pour lui. Pour certains chanter ou jouer d'un instrument les défoulaient, ou encore faire du théâtre, lui c'était être dans l'eau, se sentir nager, bercer par l'eau glissant sur sa peau, lui donnant presque des frissons. C'était le seul endroit où il pouvait être tranquille, presque seul (sans compter l'équipe et le coach qui hurlait sans cesse) et qu'il pouvait à peu près réfléchir sur sa vie. Ses remises en question étaient toujours dans une piscine, sans savoir pourquoi, lorsqu'il était dans l'eau Aedan passait son temps à se poser des questions plus idiotes les unes que les autres sur lui-même.
Lorsque l'entraînement fut fini, Aedan voulut sortir du bassin lorsqu'il remarqua quelqu'un qu'il ne voulait pas du tout voir. Perdant alors toute trace de courage et de volonté, Aedan sauta dans l'eau presque dès qu'il vit que la personne s'approchait du bassin. Pourquoi devait-il tomber sur lui aujourd'hui ? Y avait-il quelqu'un en haut qui voulait le punir pour toutes les choses qu'il a faites ou pensées ? Lui qui s'était efforcé de se cacher dans l'université et de l'éviter le plus possible depuis le temps qu'il était ici, il fallait qu'il tombe sur lui aujourd'hui. Eliakim Crowlley, il fallait vraiment que tu viennes ici aujourd'hui ?!

Bien sûr, il fallait que son demi-frère le remarque. En même temps, il n'avait pas fait grand chose pour qu'il ne le remarque pas. Sauter ainsi dans l'eau, tout ça pour l'éviter, ce n'était pas glorieux et intelligent. Surtout que ce n'était pas un poisson, il ne pouvait pas respirer sous l'eau. Eliakim semblait l'avoir compris, parce qu'il met ses jambes dans l'eau juste à côté d'Aedan. Celui-ci, surpris, est obligé de retourner hors de l'eau pour respirer. Dès l'instant où il ressort la tête de l'eau, il entend la voix d'Eliakim qui lui dit :

« Tu te sens pas un peu idiot là ? J'veux dire... Tu peux pas respirer sous l'eau. »

Il lui faisait penser à Mischa, dans sa façon de parler. Il avait raison en plus, il se sentait vraiment idiot d'avoir agi ainsi. Au lieu de prendre son courage à deux mains et de lui faire face, il avait fui comme un enfant en se cachant dans la première chose qu'il avait trouvé, l'eau.

« Bonjour Aedan, je suis heureux de voir que ma présence t'enchante toujours autant. Oui moi aussi je suis content de te voir, j'espère également que tu vas bien et que ta journée n'était pas trop mauvaise. »

L'ironie était palpable dans sa voix. Jamais ils ne se parlaient, ou très rarement. Quand ils se parlaient, il se passait la même chose qu'avec son jumeau, les piques fusaient des deux bouches, plus blessants les uns que les autres.

« Salut Eliakim, je t'avais pas vu. J'ai toujours été heureux de te voir, tu le sais bien. Et puis ma journée a été splendide, ta présence est d'ailleurs la cerise sur le gâteau. Je crois bien que je vais marquer cette journée d'une croix rouge sur mon calendrier personnel. « Meilleure journée de ma vie, j'ai vu mon cher demi-frère ! ». Et toi alors, ta journée ? »

Il n'avait jamais été aussi sec avec quelqu'un. Le dédain et l'ironie perçaient sa voix, il ne pouvait s'en empêcher, voir son demi-frère n'était pas la plus belle chose qu'il faisait. D'ailleurs, l'idée d'Eliakim n'était pas bonne non plus. Sauter ainsi, sans prévenir, arrosant Aedan au passage. Il remonta ensuite et regarda Aedan droit dans les yeux. Déterminé à ne pas flancher, Aedan soutint son regard. Il avait les mêmes yeux que Mischa et lui. C'était assez troublant de voir qu'en fait, ils se ressemblaient plus que l'irlandais le pensait.

« Tu te forces tellement. Tu es mauvais comédien mon frère. »

Depuis quand il le connaît assez pour dire s'il joue la comédie ou non ? Bon certes, à ce moment précis, cela se voyait comme le nez au milieu de la figure qu'il était ironique et qu'il jouait la comédie. Mais en temps normal, il était bon acteur, et cela, il n'était pas là pour le savoir. Peut-être que si tu lui avait laissé un peu de temps, vous auriez pu vous rapprocher ? Non non, il l'a peut-être évité, mais Eliakim, lui, n'a pas insisté non plus pour revenir le voir. Il était prof, il avait sûrement accès à ses cours et à son emploi du temps, il aurait très bien pu le voir entre les cours … Mais il a des cours à assurer lui aussi ! Oh ferme la toi !

« Depuis quand es-tu capable de le savoir ? »  maugréa-t-il, plus pour lui qu'autre chose.

Tandis que Eliakim s'assit sur le rebord de la piscine, Aedan voulait en profiter pour fuir, comme à son habitude. Cependant, il fut arrêté par une question qui lui fit se rendre compte d'une chose …

 « Pourquoi tu me détestes autant ? »

Aedan ne savait pas quoi répondre. Être ironique, cela il savait faire. Jouer les beaux mecs aussi, mais répondre à cela, non, il ne pouvait pas.

« Je … »

Je te hais parce que tu as la chance d'avoir le père que je n'ai pas eu. Je te hais parce que tu n'as pas cherché non plus à venir me parler. Si tu es réellement mon frère, pourquoi n'es-tu pas venu me voir pour vraiment discuter, comme un frère l'aurait fait ? Je te hais parce que toi, tu as eu la vie que je voulais. Je te hais parce que nous avons le même sang. Je te hais parce que tu me fais penser à Mischa. Je te hais plus que tout au monde.

« Je n'ai jamais dit que je te détestais. »

Il n'allait pas lui dire en face. Même s'il était énervé par la présence du professeur ici, il n'allait pas risquer de le blesser à ce point. Cependant, dans ses pensées, celles qui lui étaient encore privées, il pouvait le dire. Ô grand Dieu, je te hais, Eliakim Crowlley, tu ne peux pas savoir à quel point.

Il avait toujours fuit la présence d'Eliakim, dès qu'il le voyait quelque part, il faisait en sorte de ne pas le croiser. Ce stratagème avait fonctionné jusque là, parce que depuis qu'ils connaissaient leur lien de parenté, ils ne s'étaient pas beaucoup croisés, pour le bonheur d'Aedan. Maintenant, il comprenait pourquoi il n'avait pas voulu être plus en sa présence, ou tout du moins pourquoi c'était bien mieux pour son confort personnel. La présence de son demi-frère le gênait, vraiment.
Eliakim se laise tomber dans l'eau, remonte et nage vers Aedan en lui disant qu'il pourrait l'incendier là, maintenant, tout de suite. Aedan n'avait aucune envie de créer une dispute avec son frère, maintenant. Il ne savait même pas ce qu'il faisait encore là à discuter avec Eliakim comme deux membres de la même famille le feraient. Aedan avait du mal à voir Eliakim comme un membre de sa famille. Tout simplement parce qu'il n'avait pas été habitué à ça. Dans sa vie, c'était sa mère, Mischa et lui, depuis qu'il était petit. L'identité de son père n'était arrivée qu'en plein milieu de son adolescence, celle d'Eliakim plus tard encore.

« Je t'ai dit que je ne te détestais pas. »

Il avait répliqué sèchement, tandis que le professeur arrivait vers lui en nageant. Il s'en approchait de plus en plus, Aedan était obligé de reculer. Il fut bientôt plaqué contre le rebord de la piscine, Eliakim posant ses mains sur le rebord, une de chaque côté de sa tête. Juste un instant, la respiration de l'irlandais se fit haletante. Il soutint le regard du professeur tout en se sentant assez mal à l'aise.

« Si je n'ai rien à dire, ça signifie que tu ne vas pas me lâcher ? Parce que là, c'est pas que j'aime pas que tu sois là, mais, j'ai pas que ça à faire pour rester avec mon superbe et adorable demi-frère. »

Il passa en dessous de l'eau pour se dégager de la situation où Eliakim l'avait engouffré. Il ressortit de l'eau et enleva les cheveux qu'il avait dans les yeux. Il planta alors son regard dans celui de son demi-frère.

Eliakim commence à l'énerver. S'il avait été hors de l'eau, son demi-frère aurait vu qu'il tremblait en commençant à rager. Cela ne se voyait pas sur son visage, parce qu'il faisait en sorte de garder de la contenance lorsqu'il était à côté de lui, mais à l'intérieur, il écumait de rage. Eliakim voulait le forcer à faire une chose qu'il ne souhaitait, il était indépendant et aimait prendre ses propres choix, ou alors aimait réagir comme lui le voulait. Il détestait qu'on essaye de lire en lui comme dans un livre ouvert. Surtout lorsqu'une personne qu'il ne le connaissait que très peu le faisait. Et c'était le cas d'Eliakim, il le connaissait trop peu pour lui dire ce qu'il pensait.
Ce qu'il l'énervait encore plus, c'était qu'Eliakim le troublait. Il était mal à l'aise en sa présence. Le charisme et le physique plus qu'avantageux de son demi-frère lui faisait dire que, si Eliakim et lui n'avaient pas de sang en commun, il serait peut-être déjà passé dans son lit et en aurait redemandé. Rien que le fait qu'il pense cela de son frère le dégoûtait et le rendait encore plus rancunier envers lui. Le pauvre, il n'avait pas demandé à être fait comme un dieu, mais Aedan n'en avait rien à faire, c'était de sa faute, il avait fait de la chirurgie esthétique.
Aedan prit grand soin de ne pas répondre à la remarque d'Eliakim, parce qu'il savait que l'autre avait totalement raison. Il n'avait rien qu'il l'attendait, il voulait juste éviter le prof comme il avait toujours évité sa présence. Cependant, aujourd'hui il ne pouvait s'en tirer. Son petit cœur lui disait de donner une nouvelle chance à Eliakim, une vraie chance de le connaître et de peut-être agir comme un frère.
La phrase d'Eliakim le bloque totalement. Tout en lui le révulsait-il vraiment ? Le détestait-il à ce point ? Il menait une vraie bataille entre ses différents sentiments. La haine d'un côté, l'amour familial de l'autre, la compassion cherchant son camp. Eliakim semblait vraiment triste de voir Aedan réagir ainsi face à lui. Le pire fut ce que dit le professeur juste après. Oui, il le déteste, oui, il n'arrive pas à le supporter. Il était temps qu'il soit au courant. Alors, d'une voix mal assurée, il dit en premier lieu.

« Je te hais. »

Bizarrement, cette phrase firent remonter en lui tous les sentiments négatifs de sa journée. Malgré lui, il haussa la voix comme il ne l'avait jamais fait en regardant son frère avec des yeux remplis de violence et d'agressivité.

« Je te déteste Eliakim Crowlley, tu me donnes envie de vomir ! Je te hais plus que tout au monde, toi et ton père ! Vous qui n'avez jamais cherché à être là avant ! Tu me révulses à un tel point que j'ai envie de te frapper dès que je te vois ! Tu as tout eu alors que moi non ! Je te détestes à un tel point, toi, le fils légitime, et moi, le bâtard jeté aux oubliettes avant même sa naissance ! »

Il tremblait désormais. Des larmes commencèrent à parler au coin de ses yeux avant de se mettre à couler le long de ses joues. Il avait la tête mouillée, avec chance, elles ne se verraient pas. Dans son regard, plus rien ne passait d'autres que tous les sentiments désagréables qu'il possédait en lui.

« Eliakim Crowlley, le grand professeur d'Oxford. Je te déteste de tout mon être. »

Peu importait les gens autour, peu importait que quelqu'un puisse répandre cette rumeur. Que l'Oxymoron en fasse un article, il l'afficherait sur les écrans de tous les ordinateurs du campus pour que tout le monde voit la véritable nature de son demi-frère, un monstre. Aedan le voyait comme le pire monstre de tous les temps. Un monstre diablement sexy.

Lui, égoïste ? Il l'était, bien sûr, comme s'il avait besoin de lui pour le savoir. En revanche, ce qu'il n'aimait pas du tout, c'était que  ce cher Eliakim le lui dise. En quoi pouvait-il se permettre de lui dire ce qu'il était ? Il le comprenait déjà bien assez seul, pas besoin d'en faire tout un plat ! Ce qu'il pouvait lui rappeler son frère, celui qui lui fait des leçons, la pauvre victime avec qui le monde est injuste. Si déprimant et pathétique, comme si le monde n'était pas injuste avec les autres personnes non plus.

« ça me fait vraiment plaisir que tu me complimentes comme ça, je n'en attendais pas moins de toi, frérot. »

Le dédain, cela devait être la seule chose qui perçait dans sa voix. Après tout, c'était la seule chose qu'il ressentait depuis que Eliakim était là, tout comme cet étrange sentiment de trouble, mais ça, ce devait être une autre histoire. Aedan avait l'impression que le professeur faisait tout pour ressembler à son frère. Dès que Mischa était prêt de lui, Aedan ne ressentait que l'agressivité qu'il ressentait avec Eliakim à cet instant. La plupart du temps, vu que les choses partaient en vrille dès qu'un regard était de travers ou une parole considérée comme inapproprié était prononcée, le dédain et la méchanceté perçait entre les deux jumeaux. À cet instant précis, Aedan ressentait qu'il y avait ce même phénomène entre Eliakim et lui, une dédain, une agressivité qui en devenait électrique. Cet homme lui retournait le cerveau. Dès qu'il l'apercevait, il avait envie de le frapper.
Aedan remarque l'expression d'Eliakim qui commence à l'inquiéter. A-t-il été trop loin ? Non, il n'avait pas à se poser cette question, il n'avait pas été trop loin, il était légitime qu'il ait ce genre de comportement envers son frère. Si Eliakim était enragé, c'était parce qu'il n'appréciait pas les remarques, cela n'avait rien à voir avec lui. Leur père un connard égoïste ? Très bien, voici une chose qu'ils ont en commun. Au moins quelque chose qu'il tient de son père et dont il connaît au moins la provenance. Si l'étudiant est égoïste et en plus de cela un connard, parce qu'il en est un quand il le veut, il sait au moins que cela est dans ces gênes, que celles de sa mère n'ont pas réussi à éteindre ce « défaut  de fabrication » qui est devenu presque une doctrine chez Aedan. Aller, envoie encore Eliakim, il n'attend que ça !

« J'ai au moins hérité d'un truc de papa, c'est pratique. »

Le mot « papa » n'était pas habituel venant de lui. Même le mot géniteur était trop pour qualifier la personne qui avait engrossé sa mère. C'est pour cela qu'il avait réellement appuyé sur ce mot, comme pour montrer à Eliakim qu'il savait le dire, lui aussi, mais que la vie ne lui avait pas donné cette chance. Enfin, ce « connard égoïste » de père dont il n'avait jamais vu ne serait-ce que les vêtements. Maintenant, il avait un autre morceau de sa progéniture devant lui, et ils s'engueulaient dans une piscine. Il y avait meilleur endroit pour une dispute de « famille », mais au moins, il n'était pas seul avec Eliakim, bien que l'idée ne lui aurait pas déplut.
Lorsque son demi-frère soulève son bas, il lui montre une cicatrice rose qui barre sa cuisse. Quoi ? C'est de sa faute s'il est tombé en vélo quand il avait trois ans et que ça l'a traumatisé ? Ah non, apparemment, il s'agit des coups de bâton de leur père. Vous voulez un avis parmi tant d'autres ? Eliakim est un bon gros menteur, c'est tout ce qu'il est pour Aedan. Si cette cicatrice avait vraiment été provoquée par « l'ordure » qui avait engendré Eliakim, Mischa et Aedan, pourquoi personne ne s'était interposé ? De plus, Aedan n'en voyait qu'une seule, son petit corps n'avait pas l'air d'être parsemé de cicatrices, preuve de la maltraitance dont il avait fait preuve. Encore une fois, le mensonge est simple d'utilisation pour certaines personnes.

« Coups de bâton ? Tu veux pas dire qu'il soulevait les arbres pour te les lancer à la figure aussi ? »

Peut-être allait-il trop loin ? En tout cas, Aedan sentait que ce qu'il faisait, c'était aller dans la mauvaise direction. Il commençait à nager doucement vers l'échelle, où il commença à grimper alors que le professeur reprenait son discours de pauvre enfant battu par son papa chéri d'amour.

« Ta mère a mis du temps à s'interposer, entre toi et ton père. Oh, excuse moi, parce que tu t'es fait un plaisir de le préciser, il s'agit de notre père. »

Aedan avait totalement conscience qu'il allait beaucoup trop loin dans ses propos. Mais peu lui importait. À cet instant précis, il marchait le long de la piscine, prêt à partir aux vestiaires pour se changer et fuir Eliakim aussi vite qu'il le pouvait, sans même prendre la peine de chercher des explications. Enfin, cela, c'était sans compter sur ses pieds, qui eurent la très bonne idée de le faire déraper sur le sol mouillé et de le faire tomber la tête la première dans l'eau. Lorsqu'il ressortit la tête de l'eau, il prit une profonde inspiration et hurla un juron qui retentit dans toute la piscine. Une bonne façon de se ridiculiser devant une personne avec qui on est en train d'échanger des propos assez violents.

« Je sais tout de suite ce que tu penses, que je suis ridicule. À ta place je serais déjà allongé sur le sol à me moquer de moi-même. Ne te prives si jamais tu veux évacuer la pression et toute la colère que tu as en toi à cet instant. De toute façon, j'en ai carrément rien à foutre, tu peux penser ce que tu veux de moi, ça ne m'affectera même pas. J'en ai vraiment rien à foutre de ton avis. »

Au fond de lui-même, il savait que tout ceci était faux, il avait besoin de l'avis des autres pour avancer, c'était pour cela qu'il était autant dans la démonstration. Et maintenant, il avait besoin de montrer à Eliakim qu'il était plus fort que lui, qu'il n'allait aucunement le battre, et ce, de toutes les façons imaginables.

Il avait l'impression que son frère arrivait à lire en lui comme dans un livre ouvert. C'était si effrayant que le professeur semble connaître chaque parcelle de son demi-frère sans qu'ils ne se soient parlés des tas de fois.

« Trembler ? Tu ne dois pas voir très bien si tu penses que je tremble maintenant. »

Il avait raison, Aedan était loin de ne pas se préoccuper de l'avis de son frère, au contraire, s'il devait le connaître et que celui-ci était négatif, parce qu'il le serait forcément, vu comme il s'était montré mauvais envers lui, cela serait comme une explosion détruisant tout sur son passage. Malgré tout, Eliakim était quand même un membre de sa famille, il ne l'avait pas choisi, si jamais Eliakim avait une mauvaise opinion de lui, ce serait horrible ! Ce qui était paradoxal avec le comportement que Aedan avait envers son frère aîné, puisqu'il était détestable au possible en compagnie du professeur. Mais, quelque chose lui disait que, peut-être, il allait un peu trop loin en réagissant de cette façon avec lui.
La force dont fait preuve Eliakim en soulevant ainsi Aedan le surprend lui-même. Il se laisse bêtement soulever par son demi-frère avec une expression idiote sur le visage. Il se retrouva alors les deux pieds sur le sol ferme de la piscine, son frère lui disant qu'il n'avait pas besoin de mentir sur ce sujet là. Aedan ne prit même pas la peine de répondre tellement il se sentait toujours idiot de s'être laissé soulever aussi facilement. Eliakim l'avait juste attrapé par le bras et il s'était senti aussitôt soulevé et s'était retrouvé debout sur le sol. Il fallait avouer que Eliakim était beaucoup mieux fait que Aedan, qui lui semblait beaucoup plus faible physiquement, malgré qu'il soit malgré tout assez bien battit, grâce à la natation.
Quelques secondes à peine après qu'il fut sorti de l'eau par son frère, Aedan finit contre un mur, Eliakim devant lui, ses bras de chaque côté de la tête d'Aedan. Devant tant de proximité avec Eliakim, le cœur du cadet rate un battement et son souffle se coupe quelques secondes. Son cerveau oublie que Eliakim est son frère et leurs regards se croisent, déclenchant une sensation assez étrange chez Aedan.

« J'ai tout dit, tu n'as plus rien à savoir. »

L'agressivité, c'est la seule alternative qu'il trouve face à Eliakim et à cet étrange sentiment qu'il ressent à côté de lui. Il est tellement charismatique, sa présence est si forte que chaque personne qui l'a à côté doit se sentir assez étrange à ses côtés, enfin, c'est ce que se dit Aedan pour ne pas dire qu'il est troublé par la présence d'un membre de sa propre famille. Le professeur est si impressionnant, par sa taille, par sa carrure, par sa personnalité, c'est normal que l'irlandais soit troublé face à lui, non ? Enfin, c'est assez bizarre malgré tout, c'est comme s'il ressentait cela face à Mischa, cela n'aurait aucun sens et serait assez malsain malgré tout.

« C'est plutôt étonnant que tu n'aies pas encore levé la main sur moi, dans ce cas. »

Aedan le cherchait beaucoup trop. Cependant, c'était le seul moyen qu'il trouvait pour ne pas rester les yeux collés au visage d'Eliakim, à en détailler chaque partie. C'est pour cela que, dès l'instant où Eliakim s'éloigne, Aedan respire de façon plus nette et ose enfin poser son regard sur Eliakim. Il s'agit enfin d'un regard rempli de ressentiment, comme si Eliakim était celui qui l'avait blessé. Cependant, il n'avait rien à voir avec tout ce qu'il s'était passé dans la vie de Aedan et de Mischa. Avait-il demandé à ce que son père soit si infidèle et qu'il ait deux autres gosses avec une simple serveuse irlandaise alors qu'il avait déjà un enfant qui pouvait assurer sa succession ? Avait-il demandé à ce qu'on le roue de coups de bâton ? Est-ce qu'il était vraiment responsable de tout cela ? Bien sûr que non ! Aedan le voyait seulement maintenant. Il avait blâmé son demi-frère pour quelque chose dont il n'était pas responsable, et ce, depuis des années. S'il avait laissé une chance à Eliakim dès son arrivée à Oxford, il aurait pût avoir des moments de complicité familiale avec Eliakim, peut-être comme deux frères, comme deux réels frères qui n'avaient rien à se reprocher l'un envers l'autre. Il était désolé pour toutes les abominations qu'il avait craché au visage d'Eliakim sans raison, mais il n'oubliait cependant pas que son demi-frère lui avait répondu aussi méchamment que lui. Alors, si quelques tâches de regret venaient gâcher cette scène, il n'y avait rien qui pouvait lui faire oublier que son frère avait été aussi abominable que lui sur certains points. Alors, un sourire s'apparentant à un sourire machiavélique vint s'installer sur son visage. Il s'approcha de Eliakim et lui sauta dessus pour qu'ils tombent tous les deux dans l'eau. Juste après, il ressortit la tête de l'eau en reprenant sa respiration. Cette fois, Aedan était sûr qu'il allait déclencher une énorme colère chez son frère.