[Terminé] « But are we all lost stars, trying to light up the dark? » † Ruby & Ezeckiel

« But are we all lost stars, trying to light up the dark? »

Ruby & Ezeckiel

Ce qui était vraiment bien à Oxford, c'était que les salles restaient ouvertes tant que l'université l'était. Pour des élèves restant là le midi, c'était réellement pratique, parce que la possibilité de les utiliser lorsqu'il n'y avait aucun cours permettait de ne pas perdre de temps s'il venait à y avoir deux heures à tuer. Pour le coup, j'avais décidé de manger sur place, et je savais qu'une des salles de musique était normalement - normalement - libre sur les heures du midi. Et les instruments mis à disposition étaient utilisables par les étudiants en musique. La seule chose c'était cette insupportable caméra de surveillance qui allait tourner. Comme si j'avais une tête à aller casser un piano ou une batterie, franchement. Enfin, au moins j'aurais de quoi m'occuper pendant deux heures, si tant est que les disponibilités de la salle n'aient pas changées et qu'elle ne soit pas assaillie par d'autres musiciens déjà en train de jouer. Tout faire virer à la cacophonie pour trois chansons en même temps mais totalement différentes, très peu pour moi. Quoi que, dans tous les cas, ça ne m'empêcherait pas d'aller m'y installer et éventuellement de reprendre un cours pendant ce temps-là.

J'avais donc quitté les cours à onze heures trente, ce qui était mon horaire normal, et mangé mon sandwich avant de rentrer das la salle de musique juste après la sortie du dernier élève et du professeur du dernier cours de la matinée. J'étais visiblement pour le moment la seule à avoir eu cette idée-là, et je trouvais que c'était tant mieux. J'aurais un peu de temps pour pianoter avant d'éventuellement laisser ma place à quelqu'un d'autre. Je posais donc mes affaires dans un coin de la salle, gardant seulement des partitions sur lesquelles je voulais travailler devant moi et un crayon pour pouvoir annoter mes ressentis et les erreurs à souligner. Machinalement, je commençais par quelques gammes, tant pour échauffer mes doigts que pour vérifier l'accordement - parfait - du piano qui était à disposition. Il y avait tellement d'élèves qui s'en servaient que c'était toujours un peu la surprise, même si son entretien était plus que régulier. Et puis, une fois mes doigts prêts à jouer, j'avais attaqué vraiment, suivant la partition des yeux assez rapidement. Je commençais à bien connaître cet air, mais un oubli était vite arrivé et c'était une faute trop bête pour la faire, vraiment. Surtout que cette chanson avait déjà une difficulté sur dans le rythme, alors inutile d'encore plus me compliquer la vie.

J'était totalement concentrée sur mon morceau, que je réussissais vraiment bien à jouer, pour le coup, lorsque la porte de la salle grinça. Restant un maximum concentrée, je ne pus m'empêcher un coup d'œil sur la personne qui venait d'ouvrir. Juste assez rapide pour voir que cette personne entrait, pas vraiment dérangée que je sois là. Pas plus dérangée que moi par sa présence, en réalité. C'était juste un peu de curiosité, mais bon, j'étais suffisamment sur mon piano pour ne pas m'inquiéter d'être écoutée. Bon et puis la musique servait à ça, aussi. A être écouté. A s'écouter soi-même, parfois. Je finis le morceau, posant délicatement les dernières notes, tenant un bon résultat jusqu'au dernier son. Un sourire très satisfait étira mes lèvres. C'était loin d'être parfait, mais certains points s'étaient améliorés. Je griffonnais rapidement les détails à revoir sur la partition, avant de relever la tête et de voir clairement qui était entré, cette fois-ci.

« But are we all lost stars, trying to light up the dark? »

Ruby & Ezeckiel

C'était tout à fait agréable, d'avoir une salle pour moi seule. L'acoustique y était extra, et en même temps c'était mieux vous me dirait, puisque cette salle était totalement dédiée à la musique, que ce soit son apprentissage ou sa pratique. Alors si le son n'était pas convenable ça aurait pu légèrement être embêtant, surtout dans une université telle qu'Oxford. Le pôle artistique n'était peut-être pas celui qui rapportait le plus, mais il était plus développé que dans la plupart des universités pour lesquelles je m'étais renseignées, et surtout il y avait de la graine de champions qui était passée par ici. En témoignait le véritable tissu de réseaux pour le monde professionnel qu'on pouvait sortir en venant de là. D'anciens parrains devenus professionnels, d'anciens étudiants, passés par ici près d'une dizaine d'année plus tôt, qui avaient percé dans leur domaine et préféraient pécher leur suite dans l'université qui les avait accueilli qu'ailleurs avant toute chose ... C'était un bon coup de pouce. Mais il fallait le dire, le monde de la musique était dur. Ceux qui rêvaient de scène étaient parfois chanceux de pouvoir se produire en arrière plan pour un soundtrack de film et s'ils plaisaient on pouvait les entendre sans les voir. Tout un programme auquel je ne me sentais pas confrontée, parce que j'avais déjà mon piston bien efficace par l'intermédiaire de mes deux parents, chacun un pied dans la musique professionnelle.

Bref, tout un tas de pensées qui tournaient dans ma tête tandis que j'exécutais un morceau de piano plutôt retord et surtout qui me donnait du mal depuis quelques temps. Les choses avançaient pourtant, même s'il restait quelques imprécisions, quelques imperfections, et quelques trucs qui ne sonnaient pas terriblement. Chaque essai me permettait de corriger quelque chose, c'était positif ça, et généralement je réussissais moi-même à trouver d'éventuelles modifications pour fluidifier le jeu. Mais je n'étais pas parfaite et il restait des choses qui clochaient clairement. Certaines clochaient depuis un moment, et le nombre de coups de gomme et reprises visibles en témoignaient. Il y avait pas mal de choses à changer, et certaines étaient encore hors de ma compétence, même si je me débrouillais la plupart du temps toute seule. J'avais aussi un léger problème de fierté, des fois, pour demander un coup de main, même si ça ne m'empêchait pas d'écouter les conseils avisés de certaines personnes.

Si à son entrée dans la salle le visiteur ne m'avait pas plus déconcentrée ni dérangée que ça, c'était vrai qu'une fois mon morceau fini, j'avais plus de curiosité pour son identité. Un simple sourire étira mes lèvres en découvrant Ezeckiel. Professeur de musique et ancienne étoile montante musicale. Contrairement à d'autres filles, je ne minaudais pas en sa présence. C'était typiquement le genre de personnes que je côtoyais depuis toute jeune à suivre mon père un peu partout, et surtout à l'accompagner à des concerts d'autres groupes, ou simplement chanteurs. J'avais joui de l'enfance d'une VIP et aujourd'hui je ne rougissais plus de la présence d'une star autour de moi. Surtout que je n'avais pas massacré le piano alors je n'avais pas de quoi me sentir gênée. Non, en réalité la seule raison qui me poussait à faire preuve d'un vrai respect et pas juste de mon caractère habituel était qu'Ezeckiel était mon professeur, et ça me donnait naturellement une certaine réserve, même si plus d'une fois j'avais fait preuve de caractère en argumentant mon désaccord sur un opinion quelconque. Remarquez ce jeu d'argument n'était pas méchant, c'était des points de vue et non de véritables principes élémentaires que je titillais, et au final ça ne m'empêchait pas d'apprendre. Et de respecter le talent du professeur.

« Bonjour monsieur. Je vais bien, merci. Et vous ? »

Répondis-je à la question du professeur tout en me décalant pour lui laisser une place sur le banc court. J'avais la manie de m'étaler beaucoup alors que je n'était pas fort grande. J'observais finalement ce qu'il modifiait sur la partition. Et c'était en réalité le passage que j'avais le plus de mal à rendre juste. Il fallait l'avouer, ces deux notes-là ne sonnaient pas bien, j'en étais consciente, mais je n'arrivais pas vraiment à rectifier le tir. Là c'était vrai que je n'avais pas pensé à cette combinaison là, mais si c'était la correction appliquée par Ezeckiel ça fonctionnerait forcément ; son oreille absolue était un cadeau du ciel et c'était parfaitement impossible de s'y tromper. J'eus finalement un sourire, quelque chose de naturel et de presque enfantin, enfin quelque chose qui allait parfaitement sur mon visage.

« Non, on n'a pas cours ensemble aujourd'hui, mais j'avais deux heures à tuer ce midi et follement envie de jouer alors ... J'ai profité que la salle soit libre. » Je haussais les épaules avec un peu d'amusement. Ce n'était pas interdit, de toute façon ! « En tous cas merci pour la partition, ça fait un moment que je me creuse la tête avec et je trouvais pas comment arranger les notes. » Autant être honnête, ça ne payait pas de mentir. Je sortis finalement une autre partition, entièrement écrite à la main, avant de poser mon regard sur le professeur. « Je travaille sur une composition personnelle ces derniers temps, vous auriez un moment pour l'écouter et me dire ce que vous en pensez ? »

Parce que ça serait clairement un avis éclairé. J'en avais bien besoin, parce que je n'étais pas sûre que ma musique prenne la bonne direction. Le départ était fluide, tout à fait à mon idée. Parfois, pour la suite, mes idées divergeaient, et il y avait des petites choses qui finissaient par sonner désagréablement. Je les corrigeais au fur et à mesure mais j'avais aussi l'impression d'un ensemble un peu discordant, et un avis extérieur ne pourrait que m'aider à me recentrer sur l'essentiel si nécessaire, ou alors me pousser à continuer de suivre mon instinct si c'était la meilleure chose à faire.

« But are we all lost stars, trying to light up the dark? »

Ruby & Ezeckiel

Le calme de la pièce était apaisant, ça me permettait de me concentrer, de jouer, et donc de me ressourcer. C'était bon, vraiment bon. Même l'entrée d'une personne dans cette pièce ne parvenait pas au bout de la concentration qui m'habitait actuellement tant j'avais réussi à rentrer dans ma bulle. Pourtant c'était un lieu que je connaissais assez peu, et je n'y étais pas forcément aussi à l'aise que chez moi. Mais ça m'allait parfaitement aujourd'hui. J'arrivais à rester en tête à tête avec moi même, malgré la présence d'une personne nouvelle arrivée durant ma période de jeu. Une fois finis, je découvris cette personne qui aurait pu impressionner bien du monde, mais je me contentais d'un sourire et d'une réponse polie. Il y avait quelques années que je ne rougissais plus de la présence de stars dans mon entourage. Surtout que c'était un de mes professeurs, et qu'il n'avait rien d'impressionnant dans sa façon d'être, au contraire, le professeur Bennett était quelqu'un d'avenant et de prévenant pour ses élèves. Sa présence n'avait rien pour me déranger, au contraire.

La conversation tourne autour de la musique, et c'est bien normal. Autour de pourquoi je suis là à profiter, et lorsque le professeur me dit que j'ai bien raison, un soupçon d'amusement vient changer mon sourire. Parfois je faisais confiance à mon intuition, et visiblement c'était payant. Ce n'était par ailleurs jamais désagréable qu'on nous dise qu'on avait raison, même s'il ne s'agissait jamais que d'un détail. Enfin, en réalité, passer un moment en tête à tête avec Ezeckiel ne pouvait qu'être bénéfique. le professeur avait l'oreille absolue, et la correction qu'il apporta à ma partition ne pourrait que m'aider à m'améliorer. Surtout que ça m'enlevait quand même une sacrée épine du pied parce que je m'arrachais les cheveux sur cet accord en particulier depuis un petit moment. Finalement, je demandais au professeur s'il pouvait me donner son avis sur une de mes compositions, et un sourire satisfait étira mes traits lorsqu'il accepta, se levant pour me permettre de m'installer.

Le moment n'était pas de céder à la pression, au contraire même. je pris le temps qu'il me fallait avant de démarrer. Le temps d'ouvrir ma partition à la bonne page, de me remettre en place, mais surtout de respirer un grand coup et de détendre mes épaules. Si je tétanisais, je ne sortirais définitivement rien de bon. Et puis finalement je démarrais, tout à fait concentrée. Le thème n'avait rien de compliqué, sans être des plus simple. Il produisait son effet. Lorsque je fermais les yeux, je me baladais en forêt, à l'automne. C'était une image que certains ne verraient pas, une invocation de mon esprit, certes, mais c'était comme ça que j'avais créé cette musique. Enfin. Je me laissais aspirer par ma musique, oubliant mon environnement, oubliant le monde entier, et oubliant même la présence d'Ezeckiel, et ce juste pour donner le meilleur de moi, ne pas rater une note, ne pas sortir du rythme à quatre temps que j'avais imprimé dès les premiers accords. J'avais en quelques sortes raconté mon histoire, l'automne, ses belles journées ensoleillées, avec un son qui montait un peu plus dans les aigus, mais aussi le vent, la pluie, les tempêtes, sur les graves. Pour l'instant, la composition ne durait pas très longtemps, et manquait peut-être un peu de structure, mais ce n'était qu'un premier jet. Le travail n'était pas arrivé à maturité, j'en étais consciente, mais je préférais profiter de l'occasion pour montrer un peu de mon travail. Le but c'était d'avoir un avis, peut-être un conseil pour suivre une ligne, peu importe, tout pour ne pas mettre des semaines de travail à la poubelle pour un ensemble discordant et irrattrapable.

Finalement, je posais les dernières notes, tout en légèreté, comme les premiers flocons de neige à l'entrée de l'hiver, avant de me redresser doucement et de laisser mes mains quitter le clavier, pour venir le long de mon corps. Je me retournais finalement, tout sourire partit de mon visage, mais sans grande gravité pourtant. J'attendais juste l'avis du professeur, assez silencieusement il fallait l'avouer. Tout mon bel aplomb était parti, parce que c'était une des premières fois que je présentais quelque chose de personnel et la première fois où un étranger l'entendait avant que je n'ai eu l'aval paternel, ce qui limitait normalement les risques. Cette fois-ci j'avais décidé de m'exposer à une critique aussi construite que méritée, et j'attendais simplement.  

« But are we all lost stars, trying to light up the dark? »

Ruby & Ezeckiel

Proposer d'écouter une de mes compositions à un professeur me demandait un peu plus de cran que de la faire écouter à mon père, ou même à ma mère qui aujourd'hui encore était professeur de musique, mais c'était tout de même un défi à relever. Surtout que j'avais la chance d'avoir pour oreille attentive Ezeckiel Bennett. Un monstre sacré de la musique, une star, et pour l'occasion il n'y avait pas que sa belle gueule qui avait joué dans son ascension jusque la gloire. Il fallait avouer que certaines filles étaient de véritables groupies juste pour cette raison, mais en tant que musicienne, et surtout de fille de musicien, la raison pour laquelle j'admirais son travail était son oreille absolue, sa connaissance de la musicalité et surtout l'ensemble de son œuvre. Avoir un don ne servait à rien sans le talent, et le talent restait limité sans ce don du ciel qu'était l'oreille absolue du professeur. Ce qui faisait son génie musical était incontestablement le mélange des deux, et si je faisais parfois ma difficile en ne prenant pas pour parole d'évangile ce qu'il avait à dire, ça au moins je l'acceptais tout à fait.

Enfin toujours est-il que j'avais présenté ma composition telle qu'elle était, c'est à dire imparfaite et inachevée, mais en m'appliquant au maximum, pour que les sons que je produisais soient exactement ceux que j'avais imaginé, et plus tard couchés sur le papier. J'étais plutôt fière de mon interprétation, à mon sens elle comportait mes émotions, les messages que j'avais voulu faire passer, et par rapport à ce que j'avais déterminé, comme partition, c'était parfait. Les seules choses dissonantes venaient de l'écriture par elle-même, et elles seraient normalement corrigées avec le temps et la réflexion. En tous cas j'avais donné le meilleur de moi même, et pour cela j'étais assez fière. J'attendais juste l'avis du professeur, et c'était un peu plus angoissant. Après tout, il pouvait démolir point par point ma partition. Encore lui fallait-il les arguments mais ça restait une possibilité, la musique était rarement objective. Néanmoins la réaction du professeur fait revenir progressivement un sourire sur mes lèvres. Ce n'était pas de l'immense fierté, c'était plutôt comme un remerciement muet. Je lui étais sincèrement reconnaissante de m'avoir écouté, pour commencer. Et puis, un compliment d'un avis extérieur à la famille était toujours quelque chose d'agréable à entendre. Je m'empressais de répondre à ses questions.

« Merci beaucoup. Oui tout est de moi. » Je remis une mèche de cheveux derrière mon oreille. « Mon père m'a fait parvenir de vieilles photos qu'il a retrouvé par hasard, et c'est en les regardant que j'ai trouvé l'inspiration. Elles m'ont rappelé de nombreux souvenirs. »

C'était ce qui faisait que ce morceau était beau à écouter, d'après moi. Finalement, je me décalais légèrement, laissant une place sur le banc au professeur pour qu'il puisse s'asseoir. Nous n'étions tous les deux pas bien épais, alors il n'y avait aucune crainte à avoir sur le fait de pouvoir tenir à deux là-dessus. A sa question suivante, mon regard se pose sur la partition. Non, bien sûr que non. Peu importait la longueur, pour le moment elle avait un goût d'inachevé. Elle pourrait faire le double que ça ne serait pas différent, il manquait quelque chose, une partie, un liant, sans que je ne sache trop quoi. Mais ça viendrait, c'était sûr. Alors secouant légèrement la tête, je répondis au professeur.

« Non, pas encore. J'y travaille. »

J'eus un léger sourire. Composer ne se faisait pas si vite, mais après tout, le professeur ignorait depuis combien de temps je m'étais attelée à la tâche, ni ma propre vitesse de travail. Il était vrai que certaines personnes nécessitaient de plus de temps que d'autres, et surtout que certaines s'investissaient moins, ce qui n'avait rien à voir avec le temps qu'ils avaient besoin de consacrer à leur travail pour obtenir un bon résultat. Tout était dans l'inné. Certains naissaient pour la musique, d'autres devaient se battre pour elle, mais tout le monde s'en donnant la peine pouvait obtenir un résultat honorable en musique. J'étais un peu entre deux, c'était pas mal. J'avais été plongée toute petite dans la musique et c'était un atout de poids, mais il me manquait parfois un petit quelque chose de sensible ou simplement d'indéfinissable. Ce n'était pas pour rien que j'étudiais, de toute façon. Cette scolarité m'aidait tellement à avancer sur mon travail musical ... D'accord c'était le but mais c'était quand même impressionnant ! A la question que posa finalement le professeur, je hochais la tête en lui tendant un crayon et la partition.

« Je vous en prie ! Si j'ai voulu vous la faire écouter c'est justement pour avoir votre avis, principalement sur les petites imperfections. »

Un sourire presque amusé étira mes lèvres. Après tout, l'avis d'un professionnel ne me ferait qu'évoluer. Parce qu'il y avait la théorie, et ensuite il y avait la pratique. En théorie cette note était bien placée. En pratique elle n'était pas tout à fait juste, et elle méritait un tout petit ajustement de pas grand chose. c'était vrai. En refaisant la mélodie dans ma tête, j'entendais un son différent, plus agréable, plus proche de ma recherche. D'un autre côté j'aurais du y penser moi-même et pas attendre qu'on me mette le nez sur une erreur, et c'était pour moi que ce n'était pas bon, un petit manque de méthode peut-être ... Bref, un truc à revoir en privé, c'était clair. Finalement une mélodie piano-guitare électrique, quelque chose de très particulier, s'échappa de mon téléphone portable, et un sourire étincelant étira mes lèvres. Mon père. C'était sa sonnerie, et s'il appelait maintenant, c'était qu'il avait un peu de temps à consacrer à sa fille, ne serait que par téléphone. Je me levais donc.

« Merci beaucoup d'avoir pris le temps de m'écouter. Je suis désolée, il faut que je réponde au téléphone, et que j'aille en cours. J'espère pouvoir vous faire écouter le résultat final. Bonne journée, professeur ! »

J'étais un peu un feu follet de bonne humeur en récupérant mes affaires, et à peine consciente du léger manque de politesse de la situation, mais j'espérais bien que mon enthousiasme suffirait à m'excuser vraiment. Je n'étais pas encore sortie de la salle que je décrochais le téléphone, sur la dernière tonalité, pour entendre la voix de mon père au bout de la ligne.