(inachevé) [hot] Oxford by night ~ Noah et Eden

Il y a des moments dans la vie où vous vous perdez. Pas au sens physique du terme mais plutôt au sens psychique. Vous ne savez plus qui vous êtes réellement, vous ne connaissez plus vos habitudes, vous errez telle une âme en peine cherchant la rédemption. Vous ne savez plus où être votre place, vous ne savez même plus si vous voulez vivre. J’étais dans l’un de ces moments. Plus les soirées passaient, plus je me perdais. Bien sûr, là était mon but. Je voulais finir ma vie sans regret, c’est pourquoi j’enchaine soirée sur soirée avec chacune d’elle son lot de drogue, d’alcool et de sexe. Cette soirée-là était d’enfer, comme toutes les précédentes d’ailleurs. Evidemment, quand elle se déroule dans la maison d’un fils d’un quelconque duc, ça ne peut que bien se passer. Toute la bourgeoisie d’Oxford et alentours est présente ce soir-là et je peux vous assurez que la drogue est bien meilleure lorsque vous ne la payez pas. Enfin, tout se passait parfaitement bien, je planais si haut que je pouvais toucher la lune du bout des doigts. Mais je suis vite redescendu. Apparemment le duc est rentré plus tôt que prévu. Et il n’a pas aimé le fiston qui organise une fête comme celle-là. Les flics sont arrivés et nous voilà tous dehors comme des cons, certains à poil, d’autre en train de vomir le trop plein d’alcool. Et puis il y a moi, assise sur un muret qui les regarde. Je finis de fumer mon joint sous les regards menaçant des flics. Un regard leur suffit à arrêter. Une fois la drogue consommée, je redescends de mon muret et me dirige vers le quartier ouest de la ville et je vais errer le restant de la nuit.

Je marche le regard perdu devant moi en réfléchissant à une date. La date. Celle de ma mort. Ou de ma renaissance. Ouais je suis le genre de fille à croire à la réincarnation et toutes ces conneries. Je m’allume une cigarette. Puis une autre. Je suis totalement défoncée, je ne sais même plus où je suis vraiment. Des cris me sortent de mon état de plannitude et lorsque je tourne la tête, je remarque les Posh passer. Elles doivent fêter les nouvelles recrues. Ce monde est trop bien pour moi et merci mais non merci. Je retourne à mes pensées morbide et bien évidemment, il a fallu que je fonce dans quelqu’un. Je pousse un soupir d’agacement et dit à l’inconnu :

« Bordel tu pourrais faire attention »

Je m’en fous qu’il ait 40 ans ou 18, qu’il soit fils de ou pas. Je lève les yeux vers lui et remarque un visage familier. Noah. Noah Mills. Putain j’aurais pu tomber sur n’importe qui et je suis tombée sur ce prétentieux affreusement sexy. Je me recule afin de le détailler et lui dis :

« Alors Mills, on me court toujours après ? »


   

J’adore ces moments le soir où la ville était calme. Certes le début de soirée avait été mouvementé à cause de la fête puis de l’arrivée des flics en uniformes terriblement sexy mais je savourais chaque instant de ma promenade nocturne. J’adore marché dans la ville la nuit, tout est différent. Aucun bruit de klaxon, aucun rire ou cri, rien. Le silence le plus total. Cela me permet de réfléchir calmement, les yeux rivés sur les étoiles au-dessus de moi. Je n’en voyais pas beaucoup à cause des lumières de la ville mais le peu que j’apercevais me suffisait. Certains disent que ce sont les âmes de ceux qui nous ont quittés. Je me demande comment sera mon étoile à moi quand mon heure sera venue. Brillera-t-elle plus que les autres ? Bien évidemment, à trop avoir la tête dans les étoiles, je ne regarde pas ma route et percute quelqu’un de plein fouet. Je ne prends pas le temps de le détailler et lui lance une remarque des plus cinglantes. Sauf qu’au moment où je lève la tête, je me rends compte que j’ai foncé dans Noah Mills. Et bizarrement, j’étais en quelque sorte heureuse que ce soit lui ce soir.

Ce regard remplit de colère s’adoucit aussitôt lorsqu’il remarque que c’est moi, la fille qui a toujours su lui résister. Il y avait toujours eu cette sorte de jeu en nous. Lui qui me court après, moi qui l’évite, le repousse. J’ai failli céder de nombreuses fois mais je devais tenir bon. Ce mec était prétentieux comme pas deux et pensait qu’il pourrait avoir toutes les filles dans son lit. Toutes les filles sauf moi, bien entendu. Mais je ne sais pas pourquoi, je sens que ce soir était différent. Après tout, il se pourrait bien que je lui donne ce qu’il souhaite avant de quitter ce monde. Ce soir ou plus tard, je ne me suis pas encore poser la question. Lorsqu’il me dit que c’est moi qui lui cours après, je ne peux retenir un petit rire moqueur.

« Ne rêve pas, le jour où je courrai après un mec n’est pas près d’arrivé. »

Je n’eus pas le temps de dire un mot de plus que Noah se rapproche de moi et plaque sa main contre ma nuque afin de me maintenant en place. Nos visages sont proches, beaucoup trop proche. Nos souffles se mélangent et je ne peux décrocher mes yeux des siens. L’alcool et la drogue circulent en trop grande quantité dans mon corps que je ne contrôle plus. Il est plus grand que moi mais je me mets sur la pointe des pieds et appuie mes lèvres contre les siennes dans un baiser timide après qu’il m’ait supplié de ne pas le repousser. Mes lèvres frôlant les siennes, je lui réponds en murmurant :

« Allons marcher Noah et parles moi de ta journée dégueulasse. »

Puis je me recule de lui avec un sourire innocent aux lèvres et je lui tourne le dos afin qu’il me suive. Je ne sais pas pourquoi mais j’en avais assez de courir. Je ne comptais pas coucher avec lui ce soir. Ou peut-être que si, je n’en sais rien. La nuit risque d’être intéressante.



   

Je pense qu’il n’y a rien de plus intéressant que de se promener la nuit. C’est à ce moment que nous voyons le véritable aspect des choses, c’est à ce moment que la ville existe vraiment. A la lueur du jour, tout est factice, tout n’est qu’illusion. La nuit, les gens s’en foutent de sortir en survêtement, pas coiffé, pas maquillé alors que le jour, on dirait que tous ces hypocrites vont à une conférence avec la Reine. On se fout de tout la nuit parce qu’on se dit qu’on ne croisera personne, on se dit qu’on est seul. Mais au contraire, c’est lorsque la lune apparait que les meilleurs de ce monde sortent enfin. Après cette soirée merdique écourtée par les flics, j’avais décidé de me perdre dans la nuit fraiche d’Oxford, espérant trouver du réconfort auprès d’un alcoolique ou je ne sais quoi. Mais j’ai trouvé mieux. Tellement mieux. Noah Mills. Ce mec représente à lui tout seul l’archétype de l’étudiant trop confiant. Arrogant, hautain et tout ce qu’il va avec, il m’exaspère autant qu’il m’attire. Il croit que toutes les filles sont à ses pieds, ce qui est probablement vrai. Enfin toutes les filles sauf une, moi. J’ai toujours su lui résister, je n’ai jamais cédé à ses avances. Et dieu sait qu’il ne me fait pas de cadeaux et qu’il est dur de résister à ce mec. Ce soir, pour une fois, j’ai envie de lâcher prise. Je me suis jurée de ne rien me refuser avant le jour fatidique.

Je pose mes lèvres sur les siennes dans un baiser timide mais qui n’en dit pas moins. Puis nous allons marcher afin qu’il me raconte sa journée. Lorsque nous marchons côtes à côtes, l’atmosphère se fait déjà de plus en plus électrique, comme à chaque fois que je le vois et que l’on parle. Ou qu’il cherche à m’avoir. Il brise le silence apaisant qui c’était installé entre nous pour me dire la cause de sa journée merdique. La famille. Une accumulation de trop de chose. J’ai remarqué que tout le monde ressentait ça lorsque l’automne approchait et que les feuilles commençaient à tomber sur les trottoirs. Ce blues automnal me touchait aussi malheureusement. Et malheureusement, ce n’était pas qu’une passe. Je tourne la tête vers lui puis prends sa main dans la mienne afin de le… réconforter ? Ou quelque chose qui s’en rapproche du moins. Je pense surtout que l’alcool et les drogues me font perdre le contrôle de mon corps. Noah me propose ensuite d’aller chez moi alors je lui réponds :

« Ce n’est jamais simple avec la famille… Ok, on va chez moi alors, on n’est plus très loin en plus. »

Je ne lui lâche pas la main et le reste du trajet se fait en silence. Je sais ce qu’il va se passer, je le sais depuis que j’ai levé les yeux vers lui. Une fois arrivés devant mon immeuble, je fais le code et nous entrons. J’appelle l’ascenseur qui arrive aussitôt. Nous entrons dans la cabine et l’ambiance se fait plus électrique. J’en ai marre, je peux plus attendre. Je le plaque à la paroi et l’embrasse sauvagement, fougueusement. Ce baiser contraste avec le premier que je lui ai donné tout à l’heure. Je me colle à lui et passe ma main dans ses cheveux. Nos langues dansent ensemble, se cherchent, se trouvent. Avant que l’ascenseur arrive à mon étage, je me sépare de lui et dis à bout de souffle :

« J’ai envie de toi Mills, plus que jamais. »

Enfin la cabine termine son ascension et le "ping" sonore annonce qu'on est bel et bien arrivés. Je le regarde les yeux pleins de désire, attendant que la porte s'ouvre.