j'ai besoin de toi comme d'une cigarette ≈ Roman

The story of my life
Quand il s'agit de ma vie, je ne trouve jamais rien de très intéressant à dire. Elle a eu un début, elle aura une fin un jour. Tout le monde a son histoire, la mienne n'est pas mieux qu'une autre. Que voulez-vous. Je vis dans un univers que j'ai toujours haït et je veux bien avouer à demi-mots que ça ne me déplaît pas autant que j'aime le faire croire. Je traite tous ceux que je croise de gosse de riche alors que mon père possède lui-même une multi-nationale étendue jusqu'au Japon. Ma petite soeur étudie à Oxford, et ma mère promenait son yorkshire en poussette. Je devrai être un pur produit de consommation. Je ne prétend pas valoir mieux que tout ça, j'espère seulement avoir assez de recul pour comprendre que tous ces gens se crachent les uns sur les autres alors que l'un ne serait rien sans l'autre. Tout est dans le paraître. Si je ne suis pas vu, je n'existe pas, se disent-ils tous. C'est cette mentalité que je déplore, et que je constate tous les jours. Je ne le comprendrai jamais. Mais ma mère était comme ça, et ma mère était la femme de ma vie. Elle était superficielle au plus haut point, mais il n'y avait pas plus touchante qu'elle. Alors je me dis que tous ces gens sont peut-être bons, au fond. Je trouve ça surtout triste pour eux en fait. Ils n'ont rien vu du monde. Après mon BTS en hôtellerie en France je suis allée aux USA, et j'ai vu des choses incroyables, vécu des choses incroyables. Je n'avais pas un sous en poche et j'ai tout de même vécu les plus belles années de ma vie. Alors je ne reprendrai pas ces souvenirs pour tout l'or du monde. J'ai pourtant tenté ma chance à Oxford aussi. Oh, à peine une année. Tout est partit d'un jour il y a 5 ans, dans le petit appartement New-yorkais que je partageais avec ma copine. Tu n'es pas obligée de partir. Je recommencerai plus. C'est juste un petit écart. En plus c'était nul. Ca vaut pas le coup. Pendant que j'essayai de convaincre d'une façon plutôt douteuse ma petite-amie trompée de rester, le téléphone a sonné. J'ai vu le nom de mon père s'afficher à l'écran. J'ai hésité à décrocher, c'était si rare qu'il m'appelle que je suis resté bouche bée quelques instants. J'ai finalement décroché pour apprendre que ma mère venait de mourir d'un cancer foudroyant. Je n'étais même pas au courant qu'elle était malade. Depuis des mois elle avait fait promettre à tout le monde de ne rien me dire pour que je ne m'inquiète pas, et en trois jours tout s'est empiré. Ma copine me regardait, attendant que je dise quelque chose. Ok, bon écoute on s'appelle ? J'ai d'autres choses en tête en ce moment. Connard. Elle partit. Je n'ai pas pleuré. A la télé on voit toujours des gens crier, pleurer à chaudes larmes, jusqu'à se taper la tête contre les murs pour soulager la douleur. Je suppose que je trouvais la mort de ma mère trop surréaliste pour la reconnaître. Alors j'ai fais comme si de rien n'était pendant presque deux mois. J'ai même repris avec ma copine. Je l'aimais. Je crois. Je me suis finalement décidée à rentrer à Londres. C'est à ce moment là que tout est devenu trop réel. Ma mère était morte. Mon père noyait son chagrin dans l'alcool, la coke et les putes. Et ma soeur s'était retrouvée seule. Mon Dieu Roman, t'étais dans une des villes où la mode règne en maître et c'est habillé comme ça que tu rentres ? T'aurai pu faire un effort. Voilà les premières paroles que mon adorable soeur a pronnoncé, après 5 ans sans se voir. Elle avait tellement changé. Elle était devenue une vraie jeune femme. J'avais l'impression d'avoir une étrangère face à moi.. Et pas n'importe laquelle. Elle était en talons, une robe tirée à quatre épingles, aucun cheveu n'était placé plus haut que l'autre. Pour la première fois de ma vie, je me suis vraiment sentit con. Elle était le cliché de la petite fille modèle. J'avais raté tant de choses. Je suis donc allé voir mon père. Et je ne sais pas comment il a réussit à me faire reprendre des études de sociologie. Il a été fort. Très fort. Même au fond du trou il n'avait pas perdu le nord. Je n'ai donc aucune idée de comment c'est arrivé. Ca a commencé par une conversation banale sur la pluie et le beau temps, et en deux temps trois mouvements je me suis retrouvé à remplir des dossiers d'inscription. Pour l'honneur de maman, il me semble. Mais ce n'était définitivement pas ma place, et mon père accepta finalement l'idée qu'une seule de la fratrie sera une fierté pour la famille, quand moi je serai la petite tâche sur le tableau familial. Au final j'ai été embauché comme cuisinier il y a trois ans et je crois que ça me convient, pour le moment. Ca me permet de me rapprocher de ma soeur sur qui je veille comme je peux, et jusqu'à présent ça me permettait d'être plus proche de la fille que j'aime, même si nous venons de rompre. Mais je pense que c'est mieux comme ça. Elle était trop.. De bonne famille. Roman, sortant avec une riche petite pimbêche ? Ca ne pouvait pas continuer ainsi, ce n'est pas une fille comme ça qui me correspond. Bien que j'ai l'impression désagréable que quoi que je fasse, cet univers me rattrape. Peut-être qu'au fond je le cherche sans l'avouer.